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Comment redynamiser une entreprise en difficulté ?

Tout au long de votre vie entrepreneuriale, votre société peut rencontrer certaines difficultés et vous n’êtes pas à l’abri de vous retrouver en présence de circonstances compliquées. Des produits ou services présentant des défauts, des soucis de trésorerie, des dettes accumulées, un carnet de commandes vide, une absence de client, un chiffre d’affaires en baisse, autant d’éléments qui sont susceptibles d’entraîner votre firme au bord du gouffre. Dans ces moments de crises, un entrepreneur doit rapidement s’appuyer sur ses réflexes et obligatoirement se montrer réactif pour sauver son établissement. Pour vous aider à vous attaquer à cette situation difficile avec détermination, voici quelques astuces pour redynamiser une entreprise dans le but de la remettre sur les rails du succès.

Le mois de mars pourrait marquer un point de bascule des faillites d’entreprise en France. Alors que les défaillances ont considérablement reculé depuis le début de la pandémie en raison du soutien de l’État, les signaux de détresse se multiplient. Le cabinet Altares note une explosion de 155 % des faillites fin mars et un « taux jamais atteint depuis 20 ans » d’entreprises.

Selon Thierry Million directeur de Altare : « Alors que la tendance à la baisse des défaillances d’entreprises était forte depuis un an, les deux dernières semaines de mars marquent un point de bascule. Les défaillances ont explosé de 155 % comparés à mars 2020 et on remarque une hausse encore plus importante sur les deux premières semaines d’avril ».

Ainsi, huit entreprises sur dix qui se présentent devant les tribunaux sont tellement en difficulté qu’elles sont directement liquidées. « C’est un taux jamais atteint depuis 20 ans », constate Thierry Million. E

 Si vous êtes dans l’une de ces situations, découvrez quelques conseils pour dynamiser votre société.

Réduire les coûts inutiles

Plus vous saurez comment réduire les coûts de votre entreprise, plus vous aurez la possibilité d’assurer son développement et de la sauver des difficultés. Pour y arriver, il faut d’abord faire un état des lieux des dépenses et des recettes pour identifier les problèmes de frais. Il est alors important que vous les classiez dans plusieurs catégories comme « Salaires », « Achats fournisseurs », « prestataires » ou encore « Fracturation client » afin de ne pas se retrouver débordé. L’utilisation d’un logiciel de gestion peut s’avérer profitable. Une fois cette démarche effectuée, vous serez en mesure d’analyser les éléments superflus. Afin de réduire les dépenses, faites tout votre possible pour renégocier les contrats avec vos fournisseurs lorsqu’ils vous semblent trop élevés ou n’hésitez pas à en trouver d’autres.

Désengagez-vous des partenariats et des activités contre-productives qui vous soulageront des frais de gestions tout en vous recentrant sur des éléments rentables. En cas de factures onéreuses en énergie, partez en guerre contre le gaspillage en utilisant le moins possible les lumières, le chauffage et en privilégiant la voie électronique par rapport au papier. Procédez à des réorganisations au sein de votre société en affectant vos salariés à des postes en adéquation avec leurs compétences et en cas de nécessité majeure, réduisez vos effectifs.

Enclencher des dispositifs d’urgence

Si votre entreprise rencontre des difficultés économiques, financières ou juridiques, des solutions existantes de dernier recours vous permettent d’éviter le redressement judiciaire. Trois issues sont possibles, avec la procédure du Mandat Ad Hoc, de conciliation et de sauvegarde. La première a pour but de rétablir la situation de toute société avant qu’elle ne débouche sur une cessation de paiements. En faisant une demande au Tribunal du Commerce, elle attribue à l’entrepreneur un mandataire Ad Hoc dont le rôle est de l’aider à identifier et résoudre les problèmes en toute confidentialité, notamment en négociant un accord de rééchelonnement de dettes avec les créanciers.

La deuxième cherche à trouver une entente amiable entre l’entreprise et ses principaux créditeurs et partenaires lorsque celle-ci peut être en cessation de paiement, mais seulement depuis 45 jours. Un conciliateur est affecté pour proposer des propositions dans le but de préserver la société, son activité et les emplois. La dernière a pour objectif de mettre en place un plan de sauvegarde à l’aide d’un juge-commissaire, d’un administrateur et d’un mandataire judiciaire pour que l’entreprise puisse continuer à fonctionner en effectuant une réorganisation. Avec l’optique de maintenir les jobs et d’épurer les dettes.

Accéder à des aides et services

Votre société connaît toujours des difficultés malgré vos tentatives répétées pour trouver des solutions adéquates et vous vous demandez comment sortir de cette impasse. Des aides et des services existent pour vous soutenir. L’État et les collectivités territoriales peuvent sous certaines conditions intervenir via  diverses mesures comme des délais de paiement, des exonérations d’impôts et de taxe ou une prise de participation dans le capital de votre firme. Des comités d’aide aux entreprises sont également disponibles comme la CCSF (Commission des chefs des services financiers, ndlr), le CODEFI (Comité départemental d’examen des difficultés de financement des entreprises, ndlr) et le CIRI (Comité interministériel de restructuration industrielle, ndlr).

La première octroie des délais de paiement pour certaines dettes fiscales et sociales en cas de trésorerie temporairement en difficulté. Le deuxième recherche des solutions financières aux sociétés de moins de 400 salariés en proposant la mise en place d’un audit ou en accordant un prêt tout en servant de médiateur auprès des actionnaires, fournisseurs ou banquiers. La dernière propose les mêmes aides décrites précédemment pour garantir l’avenir ou la reconversion des entreprises de plus de 400 employés.

Ces diverses astuces vous seront fructueuses pour permettre à votre entreprise en difficulté de redresser la barre et de prendre un nouveau départ avec ambition et avec persévérance, pour donner une autre chance à votre projet. L’important est avant tout pour un entrepreneur de s’engager avec courage et inflexibilité dans la sauvegarde de son entreprise et d’impliquer l’ensemble de ses membres pour parvenir à ses fins.

Tout savoir sur le renouvellement d’un CDD

Le Contrat de travail à Durée Déterminée présente la particularité de délimiter le temps qu’un salarié passera dans une entreprise. Le Contrat CDD demeure toutefois soumis à plusieurs règles, s’appliquant à la période d’essai comme au nombre de renouvellements possibles dudit contrat. Mais alors combien de fois peut-il être reconduit au juste ? Pour quelle durée ? Et sous quelles conditions ?

Le CDD, un contrat pour dépanner ?

Un Contrat de travail à Durée Déterminée présente, comme son nom l’indique, une période définie durant laquelle un salarié occupe un poste dans une entreprise. Ce document doit tout de même préciser quelques informations indispensables, telles que son échéance. Il existe, dans cette mesure, deux types de CDD : celui à terme précis et celui sans terme précis. Dans le premier cas, la date de fin du contrat est connue d’avance et mentionnée dans le texte, contrairement au deuxième cas. Ce dernier évoque une époque approximative de fin du contrat et s’avère généralement employé dans le cadre d’un remplacement temporaire. Le CDD s’adresse aux firmes ayant besoin de pourvoir un poste de façon passagère, un employeur ne peut donc recourir à ce type de contrat que dans certaines circonstances. Ce contrat peut servir à remplacer une personne absente pour une durée limitée, en congé maladie ou maternité, ou à recruter des saisonniers, par exemple. Dans certaines situations, en revanche, proposer un CDD demeure interdit : si l’objectif consiste à « pourvoir un poste lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise, pour remplacer un ou plusieurs salariés en grève ou pour effectuer des travaux particulièrement dangereux et faisant l’objet d’une surveillance médicale spéciale, sauf dérogation exceptionnelle », d’après le site du service public.

Contrat à Durée Déterminée et période d’essai

Inclure une période d’essai dans un Contrat de travail à Durée Déterminée s’avère tout à fait possible. Cette mesure reste facultative mais peut rassurer l’employeur comme le salarié au sujet du poste. Ce dernier détermine si le travail lui convient pendant que son superviseur estime ses capacités et voir si le candidat répond aux attentes. Dans le cadre d’un CDD, la durée de la période d’essai dépend de celle prévue par le contrat : si celle-ci s’avère supérieure à six mois, la période d’essai sera d’un jour par semaine, jusqu’à un mois. Si le contrat doit durer six mois ou moins, celle-ci peut correspondre à un jour par semaine jusqu’à deux semaines. Dans le cadre d’un CDD sans terme précis, la période d’essai durera un jour par semaine en fonction de la durée minimale prévue. Cette mesure reste renouvelable sous conditions et peut être rompue à tout moment de façon anticipée.

Renouvellement d’un CDD : un acte limité et à justifier

Un CDD à terme précis ne peut être légalement renouvelé que deux fois. Une justification doit expliquer ce geste, par exemple, si l’activité de la société s’accroît et que le salarié n’a, pour cette raison, pas pu réaliser complètement la tâche qui lui incombait. Une clause dédiée à la reconduite du contrat doit être précisée dans le document. Si tel n’est pas le cas, un avenant comportant cette information soumis au salarié avant le terme de son contrat peut convenir. Dans le cas d’un renouvellement, le contrat se poursuit, inutile d’en signer un nouveau.
Beaucoup se demandent si le renouvellement du CDD dépend de sa durée, ce à quoi l’Etat répond que cette opération ne peut avoir lieu que si le contrat respectait, à l’origine, la durée maximale autorisée pour un CDD : « 18 mois dans la plupart des cas, 9 mois lorsque le contrat est conclu dans l’attente de l’arrivée d’un salarié recruté en CDI ou 24 mois si le contrat est exécuté à l’étranger, s’il est conclu dans le cadre du départ définitif d’un salarié avant la suppression de son poste ou en cas d’accroissement exceptionnel d’activité», précise le site du service public. La durée du renouvellement dépend, en réalité, du motif. S’il s’agit, par exemple, d’accroissement temporaire de l’activité de la firme, celle-ci peut s’étendre sur 12 mois.
Un CDD sans terme précis ne peut, quant à lui, être reconduit. Si l’entreprise a besoin du salarié, celle-ci doit alors requalifier le contrat en CDI.

Requalification vers un CDI

Cette situation se présente généralement dans deux cas de figure. Soit la société souhaite reconduire le contrat car elle a besoin du salarié pendant plus de temps que prévu, soit elle est proclamée par un juge en cas de CDD frauduleux ne respectant pas les périodes évoquées. La requalification vers un CDI relève d’une mesure exceptionnelle prévue pour protéger les salariés de tout abus de la part des dirigeants. Cette procédure accélérée permet aux salariés de reconnaître leurs droits rapidement. L’article L. 1245-2 du Code du travail prévoit également le versement d’une indemnité de requalification incombant à l’employeur. Son montant est également fixé par des juges, le salaire moyen touché par le salarié constituant sa base de calcul.

Créer son entreprise de service à la personne

Interview de Jean-Marc Bruguière, auteur avec Alfred Scardina de « Créer son entreprise de service à la personne »

Quelles sont les activités qui peuvent être qualifiées de services à la personne ?

Une liste de 22 activités qualifiées « services à la personne » a été publiée en 2005. Aujourd’hui cette liste en compte 24. Les services à la personne représentent de nombreux types d’activité, mais il n’y en a que 24 qui peuvent bénéficier des avantages fiscaux proposés par la Loi Borloo. Ces avantages fiscaux s’appliquent non seulement aux entreprises, mais également à leurs clients.

Pouvoir pratiquer des activités de services à la personne, il faut bénéficier d’agréments spéciaux ?

Si vous souhaitez entrer dans le cadre de cette loi Borloo, il faut en effet que l’entreprise obtienne des agréments des pouvoirs publics. Ces agréments diffèrent selon la nature des publics auxquels vous vous adressez. Il vous sera demandé un agrément « simple » ou « qualité », c’est-à-dire que l’agrément que vous allez demander aux pouvoirs publics va être plus ou moins exigeant en fonction de votre activité et du public auquel elle s’adresse.

Comment obtient-on ces agréments ?

Il faut déposer un dossier administratif à la direction départmentale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP). L’agrément simple est relativement facile à obtenir. A l’inverse, dans le cas de l’agrément qualité les conditions sont beaucoup plus exigeantes. La procédure pour obtenir ces agréments est relativement rapide (de 2 à 3 mois).

Un agrément qualité requiert obligatoirement la mise en place des normes du cahier des charges élaboré par l’Agence Nationale des Services à la Personne. Vous pouvez par ailleurs décider de vous faire qualifier qualité par un organisme de type SGS-Qualicert ou Afaq-Afnor. Les agréments sont valables cinq ans, renouvelables si l’entreprise satisfait toujours aux critères demandés.

De quels avantages fiscaux bénéficient les entreprises agréées ?

Ces entreprises bénéficient d’un dégrèvement de charges patronales et d’une TVA à 5.5% au lieu de 19.6 %. Les clients aussi profitent d’avantages fiscaux grâce à une réduction d’impôt de 50 % sur les dépenses faites dans les entreprises agréées services à la personne, avec un plafonnement de 6 000 euros. Ceux qui ne payent pas d’impôt bénéficient d’un crédit d’impôt, c’est-à-dire une somme que le gouvernement leur rend. Un client peut payer les prestations d’une entreprise de SAP par tous moyens : chèque, espèces, cesu. Il utilisera sa facture pour bénéficier des avantages fiscaux. Le cesu ne reste qu’un moyen de paiement dédié qui peut être cofinancé.

Comment peut-on innover dans les services à la personne ?

On peut innover en matière de marketing, mais, en matière d’activité, si vous voulez rentrer dans le cadre de la Loi Borloo, il faut que l’activité puisse être reconnue. En dehors de cette loi, vous pouvez innover en termes d’activité, mais sans être pour cela aidé fiscalement.

Sous quel statut créer son entreprise de services à la personne ?

Le statut le plus répandu pour ce type d’entreprise est la SARL. Les créateurs de sociétés de services aux particuliers se tournent naturellement vers ce statut, sans réellement connaître les autres statuts possibles.

Peut-on créer une entreprise de services à la personne sous le statut d’auto-entrepreneur ?

Bien sûr, et je pense que cela devrait largement se développer avec les personnes qui veulent travailler seules, par exemple pour aider aux tâches ménagères.

Le nombre de créations d’entreprises de services à la personne a-t-elle augmenté depuis la Loi Borloo ?

Auparavant, beaucoup de services se faisaient au noir. C’est d’ailleurs en partie pour cela que la Loi Borloo a été créée, afin de réintégrer dans l’économie officielle ces personnes qui peuvent ainsi bénéficier d’une protection sociale. Depuis la Loi Borloo, plus de 4 500 entreprises privées de services à la personne ont été créées. Elles interviennent à coté des organismes publics et des associations caritatives opérant dans le cadre de la loi 1901. Tout ce qui est de l’ordre social est largement resté le propre des organismes publics et des associations, alors que les entreprises privées se sont tournées principalement vers les activités à but non social.

Est-ce qu’il y a des formations ou des accompagnements spécialisés dans la création de services à la personne ?

Oui, j’en connais au moins deux : l’école d’Advancia, qui relève de la CCIP, et l’institut Iserp, lié à la Fédération des Entreprises de Services à la Personne.

Un conseil aux entrepreneurs souhaitant créer leur entreprise dans le secteur des services à la personne ?

Ces créateurs d’entreprises doivent déjà bien comprendre le cadre légal qui entoure leur secteur. Ensuite, ils doivent avoir conscience que leur difficulté sera de trouver du personnel qualifié et responsable. Enfin, l’enjeu pour une entreprise de services à la personne est de réussir à se faire connaître dans son quartier. Pour cela, elle peut essayer de s’affilier à une grande enseigne qui lui servira d’accélérateur de développement.

L’après-exit : que deviennent les entrepreneurs après la revente de leur start-up ?

La revente d’une start-up n’est jamais une fin en soi. Pour ceux qui ont vendu leur entreprise, l’exit ne signifie pas retraite anticipée mais le début d’une autre aventure, souvent plus complexe, plus réfléchie et plus libre. En France, plusieurs figures connues de l’écosystème ont prouvé que l’après-cession pouvait devenir un terrain de jeu où les ambitions changent, mais restent tout aussi intenses.

De serial entrepreneur à investisseur engagé

Jonathan Benhamou, qui a cofondé PeopleDoc, une entreprise spécialisée dans la digitalisation des processus RH pour les grandes organisations, a revendu sa start-up pour environ 300 millions d’euros. Après la cession à Ultimate Software, il est resté fortement engagé dans l’écosystème français en devenant business angel, en particulier auprès de Spendesk et PayFit, deux jeunes pousses issues de la scène parisienne. En plus du financement, il apporte un accompagnement stratégique, en transmettant son savoir-faire en structuration d’équipe et en expansion internationale.

Le passage d’opérateur à investisseur ne transforme pas seulement le rôle, il modifie également l’influence exercée sur l’écosystème. En diffusant ses pratiques de gouvernance, de croissance structurée et d’ouverture à l’international, Jonathan Benhamou agit comme catalyseur de maturité pour des start-up qui accélèrent souvent leur développement grâce à cet accès direct à une expérience entrepreneuriale vécue. Son engagement illustre un changement profond de posture, où il ne s’agit plus seulement de construire un produit, mais d’aider à bâtir un environnement entrepreneurial complet.

Recréer une entreprise plus grande et plus internationale

Frédéric Mazzella, après la montée en puissance de BlaBlaCar, la plateforme de covoiturage qu’il a lancée depuis Paris, n’a pas opté pour un retrait progressif. Resté président exécutif de BlaBlaCar, il a poursuivi son implication dans le développement de l’entreprise, tout en lançant des initiatives à fort impact social comme Captain Cause, une plateforme dédiée au mécénat participatif. Cette trajectoire montre que l’après-exit peut être l’occasion de bâtir de nouveaux projets ambitieux tout en renforçant ses racines françaises.

L’expérience du scaling mondial acquise avec BlaBlaCar nourrit sa nouvelle approche entrepreneuriale, plus diversifiée et alignée sur des objectifs sociétaux. En capitalisant sur la solidité de son réseau international et une compréhension fine des enjeux globaux, Frédéric Mazzella s’emploie désormais à concilier impact sociétal et modèle économique pérenne. Cette évolution prouve que l’après-exit est aussi un espace de redéfinition stratégique, où les logiques de croissance s’enrichissent de finalités nouvelles.

Transformer l’expérience entrepreneuriale en levier sociétal

Nicolas Rohr et Frédéric Mugnier, qui ont fondé Faguo, une marque de mode française engagée dans la réduction de son empreinte carbone, ont vendu leur entreprise au groupe Eram tout en continuant à en assurer la direction. Grâce à leur leadership, Faguo est devenue l’une des premières marques françaises à obtenir la certification B Corp. La revente leur a offert des moyens supplémentaires pour déployer leur vision, sans sacrifier leur engagement écologique.

Plutôt qu’une absorption, leur passage sous l’égide d’un groupe industriel français a été pensé comme une alliance stratégique. En industrialisant leur démarche environnementale tout en imposant des standards exigeants à leurs partenaires et circuits de distribution, ils montrent que l’après-exit peut devenir un accélérateur de valeurs fondatrices. Le soutien financier du groupe Eram a servi d’amplificateur à leur stratégie d’impact, sans dilution de leur ADN entrepreneurial.

Intégrer un grand groupe sans diluer son ADN

Clément Buyse, cofondateur de PeopleDoc aux côtés de Jonathan Benhamou, a accompagné l’intégration de l’entreprise au sein d’Ultimate Software après la vente. Contrairement à de nombreux fondateurs qui quittent rapidement les grandes structures, il a su tirer profit de cette opportunité pour approfondir ses compétences en gouvernance à l’échelle mondiale, tout en initiant par la suite de nouvelles activités entrepreneuriales depuis la France.

En restant engagé au sein de l’organisation acquéreuse, Clément Buyse a participé activement à préserver l’esprit d’innovation et la culture produit de PeopleDoc. Cette posture hybride entre autonomie et collaboration montre qu’un exit peut être transformé en laboratoire d’apprentissage. En s’appropriant les meilleures pratiques des grandes organisations, il renforce ses capacités de création de valeur pour ses futurs projets tout en restant connecté au tissu entrepreneurial français.

Bâtir des écosystèmes au service des nouveaux entrepreneurs

Bertrand Diard, après avoir cofondé Talend, l’une des pionnières françaises de l’intégration de données massives, a choisi de s’investir dans le développement de l’écosystème tech français après la revente de son entreprise. Cofondateur d’Influans et membre actif de France Digitale, il milite pour une meilleure structuration du paysage entrepreneurial en France, en plaidant pour des conditions plus favorables aux start-up.

Son action ne se limite pas à des interventions ponctuelles auprès des jeunes pousses. En s’engageant sur des sujets de politique publique, de financement de l’innovation et de souveraineté numérique, Bertrand Diard participe activement à l’émergence d’une scène tech française capable de rivaliser à l’échelle internationale. Son parcours illustre que l’après-exit peut devenir une source d’impact systémique bien au-delà de l’aventure individuelle.

Réinventer une aventure entrepreneuriale à échelle humaine

Jean-Baptiste Rudelle, fondateur de Criteo, société française de référence dans la publicité programmatique, a quitté la direction après l’entrée en bourse de l’entreprise. Plutôt que de relancer une aventure de même envergure, il a créé Foxintelligence, une start-up spécialisée dans l’analyse des données issues du e-commerce, opérant toujours depuis Paris. Ce choix d’une structure plus agile traduit une recherche assumée d’indépendance et de flexibilité.

Avec Foxintelligence, Jean-Baptiste Rudelle revient à l’essence même de l’entrepreneuriat : expérimenter rapidement, garder un lien direct avec les utilisateurs, et piloter un projet sans l’inertie d’une multinationale cotée. Ce retour à une organisation à taille humaine n’est pas un repli mais une volonté affirmée de construire une innovation plus immédiate, plus souple et plus alignée avec l’évolution rapide des marchés numériques.

Éthique et performance : les marques qui refusent certaines pratiques publicitaires

Certaines entreprises françaises décident de ne pas exploiter tous les leviers de persuasion disponibles pour faire croître leurs ventes. Refuser d’exagérer, de manipuler ou de contourner la vigilance du consommateur devient un choix stratégique assumé. Ces marques qui refusent certaines pratiques publicitaires parient sur la transparence, la pédagogie ou la modération, convaincues qu’une relation commerciale solide se construit sans compromission, même si cela impose de renoncer à des gains immédiats.

Refuser le greenwashing pour préserver sa crédibilité

Patagonia, dont l’activité en France est significative, a interdit toute communication enjolivée autour de son engagement écologique. La marque va jusqu’à inciter ses clients à réparer leurs vêtements plutôt que d’en acheter de nouveaux. Le modèle repose sur la cohérence entre les actes et les discours, quitte à limiter la tentation du renouvellement systématique de produits.

Veja, fondée par François-Ghislain Morillion et Sébastien Kopp, suit une logique comparable. La marque de baskets n’achète pas de publicité classique et refuse de rémunérer des célébrités pour porter ses produits. Son discours se limite aux faits : origine des matériaux, conditions de production, prix de revient. Cette stratégie rigoureuse n’a pas freiné sa croissance; elle a au contraire renforcé la fidélité de consommateurs attentifs aux écarts entre marketing et réalité.

Rompre avec la publicité ciblée fondée sur la surveillance

Qwant a bâti son modèle sur un refus explicite : ne pas pister ses utilisateurs pour leur afficher de la publicité ciblée. Ce moteur de recherche français propose une alternative à Google en misant sur la protection stricte des données personnelles. Ce choix exclut la possibilité d’exploiter les profils de navigation pour maximiser le taux de clic, ce qui limite mécaniquement certains revenus publicitaires.

Qwant préfère vendre de l’espace publicitaire sans traçage comportemental, quitte à capter un volume d’annonceurs plus réduit. Ce pari attire aujourd’hui des administrations publiques, des entreprises sensibles aux enjeux de conformité RGPD, ainsi qu’une base croissante d’utilisateurs particuliers qui refusent de troquer leur vie privée contre des services gratuits.

Échapper à la spirale des promotions permanentes

Aigle a choisi de ne pas dégrader la valeur de ses produits par une politique de rabais systématiques. L’entreprise contrôle strictement les périodes de soldes et refuse de s’aligner sur la pratique des promotions flash omniprésentes dans le prêt-à-porter. Cette discipline tarifaire vise à protéger l’image qualitative de ses vêtements et de ses bottes.

La démarche s’accompagne d’une sélection rigoureuse des partenaires de distribution, pour éviter que les produits soient banalisés par des canaux discount. Aigle accepte de perdre des ventes immédiates pour conserver une perception de durabilité et de robustesse, éléments clés pour fidéliser sur plusieurs cycles d’achat.

Maîtriser l’usage des influenceurs pour préserver l’authenticité

Typology, marque française créée par Ning Li, limite volontairement sa collaboration avec des influenceurs rémunérés. Les campagnes s’appuient sur des utilisateurs authentiques et des retours organiques plutôt que sur des partenariats sponsorisés massifs. Cette stratégie vise à maintenir la crédibilité du discours et à éviter le soupçon de communication forcée.

Les revues de produits sont intégrées au fil de l’activité naturelle sur les réseaux sociaux, sans mise en scène artificielle. Cette approche impose un rythme de notoriété plus lent que celui des marques surmédiatisées, mais elle permet d’ancrer Typology dans une relation de confiance durable avec ses clients.

Ne pas forcer l’acte d’achat en jouant sur les ressorts psychologiques

ManoMano refuse d’utiliser les méthodes de manipulation comportementale connues sous le nom de “dark patterns”. Aucun faux compte à rebours, aucun faux nombre de places restantes sur les fiches produit. L’interface du site est conçue pour faciliter une décision d’achat réfléchie, sans pression invisible sur l’utilisateur.

Ce choix réduit certains effets de conversion immédiate mais construit une relation d’égal à égal avec l’acheteur. ManoMano capitalise ainsi sur une fidélisation de clients autonomes, capables de revenir naturellement sans être constamment relancés par des artifices anxiogènes.

Adopter une communication qui éclaire au lieu de séduire

C’est qui le patron ?!  se distingue par un refus systématique des campagnes émotionnelles et culpabilisantes. La marque n’utilise ni images larmoyantes de petits producteurs ni slogans chocs. Chaque message explique, de manière factuelle, le coût réel d’un produit, les marges, et les conséquences de chaque achat sur la chaîne de valeur.

Cette approche pédagogique repose sur la conviction que l’acheteur peut comprendre et intégrer les enjeux s’il est respecté intellectuellement. Ce choix a permis à C’est qui le patron ?! de s’imposer dans les rayons sans recourir à la mécanique publicitaire classique, en faisant du respect du consommateur un pilier de sa performance commerciale.

Choisir l’intégrité même sous la pression commerciale

Michel et Augustin, connu pour ses biscuits et ses produits laitiers, a longtemps refusé de céder aux sirènes du marketing agressif malgré sa forte croissance. L’entreprise privilégie des opérations de communication basées sur la proximité, l’humour et l’interaction directe plutôt que sur la répétition massive de messages publicitaires. Aucun matraquage promotionnel, mais des événements conviviaux, des portes ouvertes et une communication interne rendue publique pour humaniser la marque.

Ce choix, atypique pour une entreprise ayant connu une expansion rapide, repose sur la volonté de créer une adhésion naturelle plutôt qu’une adhésion provoquée par des surstimulations commerciales. Il illustre que même sous pression concurrentielle, certaines marques françaises préfèrent construire leur notoriété à un rythme contrôlé, fidèle à leur identité d’origine.

Marques B2B françaises qui misent sur l’humour : un pari encore rare

La communication B2B conserve souvent une réputation sérieuse et technique, axée sur la performance et la rationalité. Pourtant, certaines marques B2B françaises n’hésitent plus à utiliser l’humour pour se différencier, capter l’attention de leurs prospects et renforcer la proximité avec leurs clients. Cette approche encore peu courante démontre que l’humour peut devenir un levier de préférence dans des secteurs où l’émotion est rarement convoquée.

Transformer un produit technique en sujet de conversation

PayFit, spécialiste de la gestion de la paie pour PME, a rapidement compris l’intérêt d’adopter un ton léger pour séduire son public. Dès ses débuts, la marque a joué sur les clichés liés aux contraintes administratives : angoisse des bulletins de paie, complexité des démarches RH, absurdités du droit du travail.

Ses premières campagnes utilisaient des visuels humoristiques pour montrer l’enfer administratif que ses solutions entendaient simplifier. Cette stratégie a permis à PayFit de sortir du lot face à des concurrents qui communiquaient principalement via des démonstrations techniques ou des garanties de conformité. En misant sur l’humour, la marque a facilité l’adhésion des dirigeants de PME, souvent peu sensibles aux argumentaires strictement fonctionnels.

Le ton léger se retrouve également dans ses supports d’onboarding client, avec des tutoriels au style détendu, loin de la rigidité habituelle des logiciels de paie. Cet usage constant d’un humour bienveillant installe une connivence durable entre la marque et ses utilisateurs.

Casser la distance émotionnelle dans les secteurs réglementés

Alan, assurtech française spécialisée dans la couverture santé pour entreprises, a bâti son identité autour d’une communication rafraîchissante. Loin des conventions du secteur de l’assurance, Alan a opté pour un discours clair, dépouillé de jargon technique, et ponctué d’humour discret.

Des emails d’activation client aux campagnes sur les réseaux sociaux, la marque mise sur un langage chaleureux, avec des clins d’œil aux préoccupations quotidiennes des entrepreneurs et de leurs équipes. Sans jamais banaliser la portée de son offre, Alan réussit à aborder la question sérieuse de la protection santé avec un ton décontracté qui facilite l’appropriation de ses produits.

Utiliser l’autodérision pour construire la sympathie

Swile, acteur français des avantages salariés, a fait de l’autodérision un pilier de sa communication. Très tôt, la marque a tourné en dérision les petites absurdités de la vie de bureau : réunions interminables, pauses-café sur-organisées, déjeuners d’équipe maladroits.

Ses campagnes publicitaires s’inspirent de scènes de bureau universelles, toujours traitées avec humour. Ce choix de ton, visible aussi sur ses réseaux sociaux et dans ses newsletters, renforce la proximité avec son audience, principalement composée de jeunes actifs urbains. En adoptant un style direct, complice et sans prétention, Swile s’affranchit des codes du discours RH traditionnel. Cette stratégie participe à rendre les outils de gestion interne, souvent perçus comme rébarbatifs, plus attractifs et engageants pour les utilisateurs finaux.

Raconter des histoires décalées pour mieux ancrer l’offre

Sendinblue, devenu Brevo, propose des solutions d’email marketing et d’automatisation pour PME. Si sa communication reste essentiellement pédagogique, la marque insère régulièrement des touches d’humour dans ses contenus.

Dans ses webinaires ou guides pratiques, Brevo n’hésite pas à glisser des références légères aux erreurs marketing typiques : objets d’email maladroits, campagnes mal ciblées, envois intempestifs. Ce ton décontracté ne diminue pas l’expertise technique des contenus mais rend leur assimilation plus agréable. L’approche choisie par Brevo montre que l’humour n’a pas besoin d’être omniprésent pour être efficace : employé ponctuellement et avec subtilité, il renforce la capacité de la marque à installer une relation durable et mémorable avec une cible professionnelle exigeante.

Alléger l’acte d’achat B2B sans perdre en crédibilité

Pennylane, plateforme française de gestion comptable à destination des PME et experts-comptables, s’est rapidement démarquée par son style de communication direct et souvent humoristique. Sur son blog, ses podcasts et ses communications sociales, la marque n’hésite pas à évoquer avec humour les galères de TVA, les oublis de facturation ou la complexité des bilans de fin d’année.

Cette approche allège un sujet perçu comme anxiogène tout en renforçant l’identification des prospects à leurs problématiques quotidiennes. Pennylane démontre que l’humour, utilisé avec justesse, peut être un moteur d’engagement sans altérer la confiance dans la qualité d’un service financier. En créant un climat de proximité émotionnelle, la marque accélère l’adoption de ses outils, dans un univers où la réassurance technique seule ne suffit plus à emporter la décision d’achat.

Réenchanter des outils perçus comme austères

Lucca, éditeur français de logiciels de gestion RH, a choisi dès sa création de rompre avec l’image sérieuse des outils administratifs. Ses solutions de gestion des congés, des temps de travail ou des notes de frais sont mises en scène avec des visuels colorés, des mascottes souriantes et des slogans humoristiques.

Chaque point de contact avec le client, de la présentation produit aux emails transactionnels, reprend cette tonalité joyeuse. Cette identité de marque distincte transforme la perception des logiciels RH, traditionnellement considérés comme contraignants, en outils perçus comme simples, accessibles et même agréables à utiliser. En assumant ce style de communication dès l’étape de conception, Lucca parvient à installer une image moderne et dynamique sur un segment où l’ergonomie et l’expérience utilisateur sont devenues des critères déterminants.

Automatiser sans déshumaniser : retour sur des projets français de digitalisation respectueuse

Face à l’essor des technologies d’automatisation, de nombreuses entreprises françaises s’interrogent sur la manière de concilier efficacité opérationnelle et maintien d’une relation humaine de qualité. Certaines ont choisi de ne pas sacrifier l’expérience client ou collaborateur sur l’autel de la productivité, en intégrant des outils numériques de manière progressive et réfléchie. Loin de la digitalisation brutale, ces initiatives montrent qu’il est possible d’automatiser sans déshumaniser, en préservant ce qui fait la richesse de l’interaction humaine.

Redonner du temps aux collaborateurs pour mieux servir

La MAIF a été l’un des pionniers en matière de digitalisation responsable. Dès 2015, l’assureur mutualiste a investi dans des outils d’automatisation pour traiter les tâches administratives répétitives, comme la saisie de données ou la gestion des demandes simples. L’objectif n’était pas de remplacer les conseillers, mais de leur libérer du temps pour se concentrer sur les situations complexes et sur l’accompagnement personnalisé des sociétaires.

Le pari s’est révélé payant. En réduisant la part des tâches à faible valeur ajoutée, la MAIF a pu augmenter le taux de satisfaction client tout en améliorant les conditions de travail internes. Cette approche démontre que l’automatisation n’a pas vocation à éradiquer l’humain, mais à en renforcer le rôle là où il est le plus indispensable : l’écoute, le conseil et la résolution sur mesure.

Humaniser l’automatisation par un design de service soigné

Chez Leroy Merlin, l’intégration des caisses automatiques dans les magasins s’est accompagnée d’une politique active de médiation humaine. Chaque nouvel espace de self-checkout est encadré par un “ambassadeur caisse” chargé d’accompagner les clients, de répondre aux questions et d’intervenir en cas de problème. Ce dispositif évite que la digitalisation ne soit perçue comme un abandon du service, tout en fluidifiant le parcours d’achat.

L’enseigne a également investi dans l’ergonomie des bornes et la clarté de l’interface, pour rendre l’expérience aussi intuitive que possible. Plutôt que d’imposer un parcours digital unique, Leroy Merlin propose une alternative : le client choisit s’il préfère interagir avec une machine ou avec un vendeur. Cette liberté de choix est un élément clé de l’acceptabilité de l’automatisation dans le commerce physique.

Maintenir l’accès humain malgré la digitalisation massive

La SNCF, via sa filiale SNCF Connect, a massivement investi dans l’automatisation de la billetterie en ligne et du service client numérique. Cependant, consciente du risque de déshumanisation, l’entreprise a maintenu un service téléphonique accessible pour les cas complexes et les populations moins à l’aise avec le numérique. Elle a également renforcé la formation de ses agents pour gérer des interactions hybrides : assistance numérique en gare, accompagnement aux bornes, conseil personnalisé.

Cette stratégie repose sur un constat simple : tous les clients ne suivent pas le même rythme de digitalisation. En maintenant plusieurs canaux de relation accessibles, la SNCF évite l’exclusion d’une partie de sa clientèle et renforce la confiance dans ses services, y compris numériques. Loin de pousser uniquement vers l’autonomie digitale, elle propose un accompagnement ajusté au niveau de chaque utilisateur.

Utiliser la data pour personnaliser sans enfermer

Le groupe Accor a développé une approche fine de la personnalisation client dans ses hôtels, grâce à l’exploitation des données issues de ses programmes de fidélité et de ses plateformes de réservation. Cependant, cette automatisation de la connaissance client ne se traduit pas par une relation froide ou standardisée. Au contraire, les équipes sur site disposent d’outils simples pour personnaliser l’accueil et ajuster les services proposés en fonction des préférences détectées.

Plutôt que d’imposer des recommandations automatiques impersonnelles, Accor laisse ses collaborateurs interpréter les données pour offrir une expérience sur mesure. Cette autonomie de décision, soutenue par la technologie mais pas remplacée par elle, permet de conserver une dimension humaine authentique, même dans des établissements fortement digitalisés. La data devient ainsi un support à l’attention, pas un substitut.

Digitaliser l’accueil sans effacer la présence humaine

À l’Institut Curie, la modernisation de l’accueil des patients a intégré l’installation de bornes d’admission en libre-service pour fluidifier les démarches administratives. Ces outils permettent aux patients de s’enregistrer rapidement à leur arrivée, de vérifier leurs informations et de signaler leur présence.

Cependant, la borne n’est jamais l’unique point d’entrée : des agents d’accueil restent présents pour accompagner les patients qui le souhaitent, notamment les personnes âgées ou en situation de fragilité. Cette cohabitation entre support numérique et présence humaine garantit que la simplification des procédures ne se fait pas au détriment de la qualité de la relation. La technologie agit ainsi comme un levier d’efficacité au service d’une expérience d’accueil plus accessible et plus humaine.

Associer les équipes à la conception des outils automatisés

Dans le secteur bancaire, le Crédit Agricole a fait le choix d’impliquer directement ses conseillers dans la définition et le paramétrage de ses outils de relation client automatisée, notamment les chatbots et les parcours digitaux. Plutôt que d’imposer des solutions clés en main conçues par des prestataires externes, l’entreprise a organisé des ateliers participatifs pour intégrer les besoins du terrain.

Cette démarche collaborative a permis de concevoir des interfaces plus pertinentes, mais aussi de renforcer l’adhésion des équipes aux outils mis en place. Les conseillers ne subissent pas la digitalisation : ils la co-construisent. Cela favorise une utilisation intelligente et personnalisée des solutions numériques, et maintient un haut niveau de satisfaction dans les interactions client, y compris lorsqu’elles passent par des canaux digitaux.

Recruter sans CV : quand l’intuition managériale supplante les outils RH classiques

Face aux limites des processus de recrutement traditionnels, certaines entreprises françaises choisissent de remettre en cause l’omniprésence du CV. Plutôt que de se fier exclusivement aux parcours académiques ou professionnels, elles privilégient l’évaluation des compétences réelles, du potentiel et de la personnalité. Recruter sans CV, cette approche, fondée sur l’intuition managériale et l’observation directe, bouscule les outils RH classiques et ouvre de nouvelles perspectives pour capter des talents différents.

Miser sur les aptitudes comportementales avant les diplômes

Le groupe Decathlon a été l’un des pionniers en France dans l’expérimentation du recrutement sans CV pour certains postes, notamment en magasin. L’enseigne privilégie des entretiens collectifs et des mises en situation pour évaluer les compétences comportementales : esprit d’équipe, sens du service client, dynamisme. Ce modèle repose sur la conviction que les savoir-faire techniques peuvent s’acquérir plus facilement que les qualités humaines fondamentales.

En abandonnant le filtre initial du CV, Decathlon donne sa chance à des candidats au parcours atypique ou sans diplôme formel, mais dotés des qualités recherchées pour évoluer dans l’entreprise. Ce changement de paradigme permet aussi de diversifier les profils recrutés, en réduisant les biais inconscients liés aux écoles fréquentées ou aux expériences passées. L’intuition des managers de terrain devient alors un outil stratégique de sélection.

Créer des processus de sélection basés sur l’expérience

L’entreprise Umanis, spécialisée dans les services numériques, a initié depuis plusieurs années des campagnes de recrutement sans CV pour ses fonctions commerciales et de support. Les candidats sont invités à participer à des ateliers pratiques, des jeux de rôle et des challenges collaboratifs, sans jamais soumettre leur parcours scolaire ou professionnel. Ce sont leurs réactions, leur capacité d’adaptation et leur créativité qui sont évaluées en priorité.

Cette méthode, loin de nier la compétence technique, considère qu’une grande partie de la réussite professionnelle repose sur des qualités non visibles sur un CV. Elle permet aussi d’identifier des talents non formatés, capables d’apporter un regard neuf. Umanis souligne que cette approche demande aux managers d’être formés à l’évaluation comportementale et à l’observation fine, des compétences managériales trop souvent sous-exploitées.

Remettre au centre l’évaluation du potentiel

Le groupe Accor a expérimenté, pour certaines fonctions hôtelières, des campagnes de recrutement “sans CV, sans expérience requise”. Dans le cadre de son programme “Heartist”, l’entreprise mise sur la motivation, la capacité relationnelle et l’envie d’apprendre plutôt que sur l’expérience passée. Des journées de recrutement sont organisées sous forme d’ateliers collectifs où les participants sont évalués sur leur posture, leur accueil et leur sens du service.

En valorisant l’attitude plutôt que le passé, Accor parvient à intégrer des profils variés, souvent éloignés de l’emploi classique, mais capables d’évoluer rapidement avec un accompagnement adapté. Ce processus repose sur une forte capacité des recruteurs à capter des signaux faibles, à faire confiance à leur jugement humain et à ne pas se reposer uniquement sur des critères objectifs et standardisés.

Fluidifier l’accès à l’emploi local

La Ville de Paris, pour ses opérations de recrutement d’agents de la propreté urbaine, a mis en place des processus simplifiés sans demande de CV. Les candidats sont évalués à travers des tests pratiques, des mises en situation sur le terrain et des entretiens centrés sur la motivation et la capacité physique. Ce choix vise à faciliter l’accès à l’emploi pour des publics qui n’ont pas toujours un parcours formalisé, tout en garantissant que les compétences opérationnelles sont bien présentes.

Ce type d’approche directe, basé sur l’observation des aptitudes en situation réelle, redonne une chance à des profils souvent écartés par des procédures RH trop académiques. Elle permet également d’accélérer les embauches dans des métiers en tension, en réduisant la durée et la lourdeur des processus de sélection classiques. L’intuition des recruteurs de terrain devient ainsi un levier de fluidité, précieux dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Faire émerger des talents cachés par les biais classiques

Chez Chronoflex, entreprise spécialisée dans la maintenance de flexibles hydrauliques, le recrutement sans CV est devenu une norme pour les postes de techniciens. Les candidats passent par une journée d’immersion où leur capacité d’adaptation, leur autonomie et leur envie de coopérer sont mises à l’épreuve. Ce format permet d’identifier des potentiels que ni un diplôme ni un historique professionnel ne sauraient révéler.

Chronoflex constate que cette approche augmente significativement la rétention des collaborateurs et favorise leur montée en compétences rapide. Le management y joue un rôle essentiel : il ne s’agit pas seulement de recruter autrement, mais aussi d’accompagner autrement, en misant sur le développement des talents sur le long terme. L’intuition, loin d’être une simple impression subjective, devient une compétence managériale consciente et structurée.

Adapter le recrutement aux métiers émergents

Dans les start-up technologiques comme Alan, l’assurtech française, le recrutement sans CV se pratique également pour certaines fonctions où les parcours standards sont rares : développeurs autodidactes, designers UX issus d’universités non conventionnelles, spécialistes en data sans diplôme informatique classique. Les candidats sont évalués par des cas pratiques, des démonstrations de compétences et des échanges directs avec les équipes.

Cette approche pragmatique permet de recruter sur des critères de compétence réelle et de potentiel de progression, plutôt que sur des parcours balisés. Elle est particulièrement adaptée aux métiers en évolution rapide, où l’expérience traditionnelle n’est plus un indicateur fiable de la capacité d’adaptation future. Le recrutement devient ainsi un processus vivant, où l’intuition des managers, renforcée par des outils d’évaluation en situation réelle, construit des équipes plus diverses et plus agiles.

Racheter une entreprise en redressement : l’opportunité ignorée des entrepreneurs

Lorsqu’on parle de création d’entreprise, l’image dominante reste celle d’un projet neuf, bâti de zéro. Pourtant, en France, des centaines d’entreprises en difficulté changent de mains chaque année, souvent pour repartir sur des bases solides. Le rachat d’une société en redressement judiciaire reste un levier méconnu par de nombreux entrepreneurs, malgré les avantages qu’il offre : accès à des actifs existants, clientèle fidèle, savoir-faire établi, et conditions financières attractives. Certaines entreprises françaises ont fait de cette stratégie un moteur de leur croissance.

Une reprise facilitée par un cadre juridique clair

La procédure de redressement judiciaire en France est encadrée par des règles précises, qui permettent aux repreneurs potentiels de proposer un plan de cession partielle ou totale des actifs. Ce cadre offre une protection juridique appréciable : le repreneur n’est pas tenu des dettes antérieures, sauf exceptions spécifiques. L’exemple de l’enseigne André est emblématique. Placée en redressement en 2020, la marque de chaussures a été partiellement reprise par le groupe 1Monde9, dirigé par Frédéric Planchon. Ce dernier a conservé une partie des magasins et des salariés, tout en recentrant l’offre pour redonner un élan à la marque.

La reprise en redressement permet ainsi de capitaliser sur des éléments existants – notoriété, points de vente, contrats – tout en reconfigurant l’activité sans être entravé par les engagements passés. Ce mécanisme constitue un tremplin intéressant pour des entrepreneurs qui souhaitent accélérer leur développement sans partir d’une feuille blanche, tout en limitant les risques financiers.

Acheter à la juste valeur sans subir l’historique

Le cas du rachat de La Halle par Beaumanoir en 2020 illustre également les opportunités qu’offre un redressement judiciaire bien négocié. Le groupe breton a repris plusieurs centaines de magasins et environ 2 500 salariés de La Halle, en pleine déconfiture après des années de gestion compliquée. Beaumanoir n’a pas repris l’intégralité du passif ni les filiales déficitaires, concentrant son offre sur les actifs jugés stratégiques.

Cette approche sélective permet aux repreneurs de bénéficier d’un effet de levier : acquisition d’actifs à un coût inférieur à leur valeur initiale, sans l’héritage des erreurs passées. Cela exige une analyse fine du dossier – actifs, personnel, clientèle, environnement concurrentiel – mais offre une marge de manœuvre considérable pour reconstruire une activité pérenne. Loin d’être une opération risquée par nature, le rachat en redressement est souvent un investissement rationnel pour qui sait évaluer rapidement et précisément les enjeux.

Transformer un échec apparent en accélérateur de croissance

En 2017, la PME française Faguo, spécialisée dans la mode écoresponsable, a saisi l’opportunité de renforcer son réseau de distribution en rachetant certains magasins d’enseignes en difficulté. En ciblant des emplacements de qualité et des structures existantes, Faguo a pu développer sa présence physique à moindre coût, tout en maîtrisant sa stratégie commerciale et en adaptant les espaces à son identité de marque.

Ce type de rachat pragmatique transforme un passif apparent – un local vide, une clientèle en déshérence – en actif utile pour une stratégie d’expansion rapide. Il permet d’économiser sur les coûts d’installation, d’acquérir des contrats de bail avantageux et de bénéficier d’un certain effet de curiosité de la part d’une clientèle locale habituée à la présence du lieu. Le rachat en redressement devient ainsi un outil d’implantation stratégique, particulièrement pertinent dans un contexte de saturation des meilleures localisations commerciales.

S’adosser à un savoir-faire existant

Dans l’agroalimentaire, la reprise de l’entreprise alsacienne Poulaillon par ses propres cadres dirigeants, après une période difficile, montre que racheter en redressement peut aussi permettre de préserver et d’exploiter un savoir-faire unique. Plutôt que de laisser l’entreprise sombrer, les repreneurs ont soutenu un plan de continuation, restructuré l’offre et redynamisé la marque sans sacrifier l’héritage de qualité qui avait fait son succès.

S’adosser à un savoir-faire existant, à des équipes formées et à une organisation déjà en place permet de réduire drastiquement le temps de mise en œuvre opérationnelle après la reprise. Cela offre un avantage concurrentiel immédiat : l’entrepreneur ne part pas de zéro, il s’appuie sur une base tangible, qu’il s’agit d’améliorer et de repositionner. Cet ancrage permet aussi de conserver un capital humain précieux, souvent sous-estimé dans les évaluations financières classiques.

Bénéficier d’un accompagnement renforcé

Les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), ainsi que les tribunaux de commerce, jouent un rôle clé dans la transmission des entreprises en difficulté. Ils facilitent l’accès aux informations, organisent des audiences de présentation des plans de cession, et peuvent orienter les repreneurs vers des experts spécialisés. En 2021, à l’occasion de la reprise partielle de l’enseigne Camaïeu par Financière Immobilière Bordelaise, le tribunal de commerce de Lille a permis une opération rapide, structurée et accompagnée, réduisant les risques d’ombre au tableau juridique ou social.

Cet accompagnement institutionnel rassure les investisseurs potentiels. Il permet d’anticiper les problèmes juridiques, de négocier les conditions sociales et de bénéficier d’une relative transparence sur la situation financière réelle. C’est un aspect souvent sous-évalué par les entrepreneurs, alors même qu’il constitue un avantage considérable par rapport à une acquisition classique, où l’information est souvent asymétrique.

Profiter d’une dynamique de marché favorable

L’augmentation récente des procédures de redressement judiciaire ouvre un champ d’opportunités inédit pour les entrepreneurs capables d’agir vite et de manière ciblée. En 2023, selon l’Observatoire Altares, le nombre de défaillances d’entreprises en France a progressé de 35 % par rapport à l’année précédente, touchant aussi bien des TPE que des PME structurées. Ce phénomène n’est pas seulement un signe de fragilité économique, il crée aussi un vivier d’actifs, de savoir-faire et de marques disponibles dans des conditions avantageuses.

Certaines entreprises ont déjà compris l’intérêt de cette situation pour se renforcer ou se diversifier. Ainsi, le groupe automobile français Emil Frey a racheté plusieurs concessions en difficulté pour étoffer son réseau sans engager les coûts de développement d’implantations neuves. Le redressement devient ici un levier d’expansion rapide, permettant de capter de nouvelles parts de marché à moindre investissement initial, tout en bénéficiant de structures existantes prêtes à redémarrer.

Gérer un pic de croissance sans diluer la qualité

Quand une entreprise franchit un cap de croissance brutal, la tentation est forte d’aller vite, souvent au détriment des standards internes. Mais certaines sociétés françaises ont démontré qu’il était possible de faire face à une croissance soudaine de la demande sans sacrifier la qualité du produit, du service ou de la relation client. La clé ne réside pas dans le volume, mais dans l’organisation, la maîtrise des fondamentaux et une capacité à absorber sans déformer.

Croître sans renier ses exigences

Lors de la crise sanitaire, l’entreprise Respire a connu une explosion de sa demande. Créée en 2019 autour de produits d’hygiène naturels, la marque a vu ses commandes en ligne multiplier par cinq en quelques semaines. Plutôt que de céder à la facilité d’un sourcing de masse, elle a maintenu ses fournisseurs français, quitte à allonger légèrement ses délais de livraison. Ce choix délibéré a permis de préserver la qualité des produits et la traçabilité, renforçant la confiance de la communauté.

Cette maîtrise du rythme a été rendue possible par un dialogue permanent avec les partenaires industriels et une transparence totale avec les clients. En expliquant les délais, en montrant les coulisses de la production et en assumant les limites logistiques, Respire a renforcé son image plutôt que de la fragiliser. Elle prouve qu’un pic de croissance peut devenir une opportunité de renforcer son capital marque si l’on sait poser des garde-fous clairs.

Structurer sans rigidifier

La marque de prêt-à-porter Sézane, fondée par Morgane Sézalory, illustre une autre approche du pic de croissance. Confrontée à une très forte demande dès ses premières années, la marque a choisi de limiter volontairement ses stocks, de favoriser des ventes par collection et de maintenir un contrôle rigoureux sur la production. Cette stratégie de “drops” réguliers, bien que frustrante pour certains clients, a permis de garantir la qualité et l’exclusivité des pièces.

Pour accompagner la montée en puissance, Sézane a structuré ses équipes logistiques, renforcé ses systèmes d’information et professionnalisé la relation client, tout en refusant de tomber dans une logique de fast fashion. L’entreprise a ainsi trouvé un équilibre entre industrialisation et artisanat, croissance et exigence. En faisant du manque de disponibilité un outil de désirabilité, elle transforme la contrainte en levier de marque.

Adapter la chaîne sans perdre l’ADN

Dans le secteur alimentaire, Michel & Augustin a connu un développement fulgurant après son rachat partiel par Danone. Pourtant, la marque a veillé à ne pas perdre son ton, son style et son exigence produit. Les recettes n’ont pas été simplifiées pour répondre à la demande, les packagings ont gardé leur originalité, et la communication est restée incarnée. Pour absorber la hausse de la production, Michel & Augustin s’est appuyée sur un maillage de partenaires industriels français capables de respecter son cahier des charges.

Ce pilotage fin de la croissance passe par une attention constante à la perception client. Toute modification de produit, de format ou de prix est pensée en lien avec l’identité de la marque. Cette rigueur permet de conserver une cohérence perçue, même lorsque les volumes triplent ou que la distribution s’étend. Le client retrouve dans chaque biscuit ce qui faisait le charme des premiers lots vendus en supérette.

Organiser la montée en puissance sans rupture

Le Slip Français, confronté à une croissance rapide depuis ses débuts, a choisi de rester fidèle à son engagement de fabrication française. Ce choix implique des capacités de production limitées, des coûts plus élevés, mais une stabilité dans la qualité perçue. Pour tenir le rythme sans compromettre ses standards, la marque a renforcé ses ateliers partenaires en région et investi dans des outils de planification plus fins.

La montée en puissance s’est accompagnée d’un travail sur les flux, les prévisions et l’ajustement permanent des gammes en fonction des capacités réelles. Plutôt que de tout produire à l’avance, Le Slip Français opte pour des collections pilotées par les données de vente. Cette logique évite la surproduction, mais surtout, elle permet de garantir des produits bien finis, aux délais maîtrisés. C’est une croissance maîtrisée, presque artisanale, au service d’une marque qui mise sur la durabilité autant que sur l’impact.

Garder l’expérience client au cœur de l’opérationnel

La société française Merci Handy, qui a connu un pic d’activité considérable lors des vagues de Covid-19, a refusé de sacrifier l’expérience client pour suivre le rythme. Malgré une explosion de la demande sur les gels hydroalcooliques, elle a maintenu un ton de communication léger, une attention portée au packaging et un service client humain. L’industrialisation n’a pas effacé le lien direct avec les acheteurs.

Pour y parvenir, Merci Handy a renforcé ses équipes sans déshumaniser ses process. Elle a également investi dans l’automatisation des commandes tout en maintenant une présence humaine dans le suivi des réclamations ou des retours. Cette approche hybride a permis de répondre à la demande sans créer de rupture dans la relation client. L’entreprise a conservé la fraîcheur de ses débuts, tout en prenant une nouvelle envergure.

Croissance soutenue, identité préservée

Dans l’univers du vélo, la marque française Moustache Bikes a connu une montée en puissance rapide avec l’explosion de la mobilité douce. Plutôt que d’augmenter massivement ses cadences au risque de dégrader ses standards de fabrication, l’entreprise a étalé son développement. Elle a préféré allonger les délais plutôt que de recourir à des composants bas de gamme ou à des sous-traitants mal identifiés. Ce choix stratégique a permis de conserver une qualité perçue élevée, essentielle dans un marché où la confiance est déterminante.

Moustache Bikes a également misé sur la formation interne et le maintien d’un outil de production en France. Cette stratégie ralentit l’expansion, mais sécurise chaque étape. La croissance est ainsi pensée comme un processus structuré, et non comme une fuite en avant. La marque démontre qu’il est possible de grandir vite sans céder à la facilité de l’accélération incontrôlée. C’est ce tempo maîtrisé qui lui permet aujourd’hui de s’imposer comme un acteur de référence, sans jamais trahir son positionnement initial.

Développer un branding qui vieillit bien : les marques françaises qui ont résisté 20 ans ou plus

Faire vivre une marque dans la durée relève autant de la cohérence stratégique que de la capacité d’adaptation. Si nombre d’enseignes perdent leur identité en tentant de coller aux tendances, d’autres, en France, ont su traverser les décennies sans jamais diluer leur singularité. Leur secret ne réside pas dans une communication figée, mais dans un ancrage suffisamment fort pour évoluer sans se renier. Ces marques démontrent qu’un branding pérenne ne se contente pas d’être reconnaissable : il doit aussi rester désirable.

Préserver une identité sans figer l’image

Le cas de Petit Bateau illustre cette alchimie rare entre constance et modernisation. L’entreprise, connue pour ses sous-vêtements en coton et ses marinières, n’a jamais dévié de son univers enfantin, rassurant et transgénérationnel. Pourtant, elle a su faire évoluer ses codes graphiques, ses gammes et sa communication sans perdre l’essence de son positionnement. En misant sur la qualité, le confort et la fabrication française, la marque s’est imposée comme un repère stable dans un marché souvent soumis à des effets de mode.

Cette stabilité s’observe également dans ses campagnes publicitaires. Ni trop disruptives, ni dépassées, elles valorisent l’enfance libre et joyeuse, en phase avec les attentes des nouvelles générations de parents. En refusant le repositionnement opportuniste, Petit Bateau a construit une marque refuge, dont la force repose sur la continuité plus que sur la rupture. Elle démontre que l’ancienneté peut devenir un avantage compétitif à condition d’assumer ses fondations.

L’innovation maîtrisée au service de la marque

Dans un secteur technologique où l’obsolescence est la norme, LaCie a su créer un branding premium, fondé sur la qualité de ses produits de stockage et la collaboration avec des designers iconiques comme Philippe Starck. En combinant fiabilité technique et excellence esthétique, la marque est parvenue à s’imposer sur un marché international tout en cultivant une image française haut de gamme. Cette cohérence a permis de maintenir une notoriété solide, même après son rachat par le groupe Seagate.

Le design est au cœur de cette stratégie. Là où la plupart des concurrents se contentent de mises à jour fonctionnelles, LaCie fait de chaque lancement une occasion de réaffirmer son identité. L’innovation est utilisée pour renforcer l’univers de la marque, non pour le déstabiliser. Cette approche a permis à l’entreprise de préserver une clientèle fidèle, sensible à l’élégance fonctionnelle de ses produits et à la régularité de sa promesse.

Une fidélité entretenue par la qualité perçue

Dans l’univers du soin, Avène a bâti une marque durable en s’appuyant sur l’eau thermale qui fait sa spécificité. Depuis plus de vingt ans, la marque reste positionnée sur le segment dermatologique, avec une communication sobre, scientifique et rassurante. Ce refus de la cosmétique spectacle lui a permis de s’imposer auprès des dermatologues, des pharmaciens et des consommateurs à la recherche de produits fiables. La cohérence du discours a consolidé une image de sérieux, perçue comme un gage de confiance dans un marché saturé de nouveautés.

Plutôt que de multiplier les gammes, Avène a développé une stratégie d’approfondissement. Chaque nouveau produit vient prolonger une promesse existante, dans un cadre de formulation rigoureux. Cette approche garantit la lisibilité de l’offre et la solidité du capital marque. En évitant les virages risqués, l’entreprise a su préserver une relation stable avec sa clientèle, tout en s’adaptant aux nouvelles exigences réglementaires et environnementales.

L’intemporalité comme positionnement assumé

L’entreprise Saint James, spécialisée dans les vêtements marins, a conservé depuis sa création une ligne esthétique quasiment inchangée. Cette constance ne l’a pas empêchée de renouveler ses cibles, notamment en s’ouvrant à un public plus jeune à travers des collaborations ponctuelles ou des éditions limitées. En conservant une production française et en capitalisant sur l’authenticité de son ancrage normand, la marque a transformé l’intemporalité en stratégie de différenciation.

Ce choix suppose une communication patiente, loin des coups marketing et des campagnes virales. Le temps devient ici un allié, pas un ennemi. En valorisant la transmission, le savoir-faire et la durabilité, Saint James s’adresse autant à ceux qui cherchent une mode responsable qu’à ceux qui recherchent des repères visuels stables. Cette fidélité aux origines, loin de limiter la marque, renforce sa valeur perçue auprès de publics en quête de sens.

Une narration continue, cohérente et maîtrisée

Michelin est un autre exemple de branding long-courrier. Avec son Bibendum iconique, la marque de Clermont-Ferrand n’a jamais cessé de faire évoluer son image tout en respectant son socle historique. De fabricant de pneus à acteur global de la mobilité durable, Michelin a su élargir son périmètre d’action sans perdre sa lisibilité. L’un des leviers de cette réussite est la maîtrise de sa narration de marque, construite sur des décennies autour de l’innovation, de la sécurité et de la performance.

La cohérence de la communication corporate, l’attention portée à l’image de marque employeur et la capacité à valoriser les transitions industrielles sans rompre avec le passé sont autant de piliers qui permettent à Michelin de traverser les mutations du secteur sans altérer sa réputation. Là encore, le branding est un fil continu, jamais coupé, même en période de transformation. C’est cette constance maîtrisée qui permet à l’entreprise de vieillir sans vieillir.

La culture de marque comme actif stratégique

Chez Yves Rocher, la longévité de la marque repose sur un équilibre subtil entre naturalité, accessibilité et proximité. Depuis les années 1960, l’entreprise revendique un lien direct avec la nature et une fabrication respectueuse, bien avant que ces thèmes ne deviennent des arguments commerciaux massifs. Cette avance a permis à la marque de traverser les décennies sans devoir se réinventer à chaque changement de tendance. Le discours reste stable, mais les formats, les visuels et les canaux de distribution ont su évoluer.

En conservant son siège et son jardin botanique à La Gacilly, en Bretagne, Yves Rocher a renforcé la dimension territoriale de son image, à rebours des stratégies globalisées de ses concurrents. Ce lien à la terre et à la communauté locale nourrit une culture de marque forte, mobilisatrice et différenciante. L’entreprise prouve qu’un branding bien construit peut devenir un actif stratégique au même titre qu’un outil industriel ou qu’un réseau commercial. Vieillir, dans ce cas, devient une manière d’approfondir sa légitimité.

Relancer un portefeuille client endormi : méthodes peu connues qui fonctionnent

Il est plus coûteux de conquérir un nouveau client que de réactiver un ancien. Pourtant, dans de nombreuses entreprises, les portefeuilles clients inactifs s’accumulent sans faire l’objet de stratégies spécifiques. Par manque de temps, de méthode ou de priorisation, ces contacts passés finissent oubliés. Certaines entreprises françaises ont pourtant développé des techniques efficaces pour transformer ces bases inertes en relais de croissance, en s’éloignant des approches classiques de relance automatique.

Rouvrir la conversation, pas la vente

La maison Dammann Frères, spécialisée dans les thés haut de gamme, a mis en place une stratégie originale pour réengager ses clients dormants. Plutôt que d’envoyer une promotion ou une newsletter générique, l’entreprise a opté pour une relance par contenu personnalisé. Chaque client inactif reçoit une sélection éditorialisée en fonction de son historique d’achat, accompagnée d’une anecdote sur l’origine des produits ou le travail des producteurs. Ce geste, qui ne pousse pas à l’achat immédiat, recrée un lien basé sur l’intérêt et la découverte.

En réactivant la curiosité plutôt que l’intention d’achat, Dammann Frères évite l’écueil de la sollicitation perçue comme opportuniste. Ce type de relance donne au client une raison de s’intéresser à nouveau à la marque, sans pression. Résultat : un taux d’ouverture supérieur à la moyenne du secteur, et une reprise d’activité commerciale dans les semaines suivantes, parfois plus durable qu’un simple pic promotionnel.

Redonner une utilité concrète au client

Chez Nature & Découvertes, les clients inactifs sont parfois sollicités non pas en tant qu’acheteurs, mais en tant qu’ambassadeurs ou testeurs. L’entreprise leur propose de participer à des enquêtes, à des avant-premières produits ou à des ateliers organisés en magasin. Cette approche valorise leur rôle dans l’écosystème de la marque, au-delà de leur fonction d’acheteur. Elle permet de créer une forme de reconnaissance implicite, qui incite à renouer une relation.

Cette stratégie repose sur un principe simple : un client qui ne commande plus n’est pas nécessairement perdu, il peut encore être engagé autrement. En mobilisant les clients autour de leur expertise ou de leur sensibilité (écologie, bien-être, pédagogie…), Nature & Découvertes réactive une connexion émotionnelle qui peut, à terme, relancer un cycle d’achat, mais aussi renforcer la recommandation ou la fidélité indirecte.

Miser sur la rareté plutôt que sur la répétition

Dans le secteur du prêt-à-porter, la marque Balzac Paris a expérimenté une relance par l’exclusivité. Plutôt que d’inonder les clients inactifs de rappels ou de codes promotionnels, elle réserve certaines pièces en avant-première à ceux qui n’ont pas commandé depuis plusieurs saisons. Cette stratégie transforme l’inactivité en avantage temporaire : le client reçoit une invitation personnalisée à découvrir une nouveauté inaccessible aux autres.

Cette inversion du rapport classique à la relance — où l’inactivité est punie ou ignorée — crée un effet de surprise et de valorisation. L’approche fonctionne d’autant mieux qu’elle n’est utilisée qu’occasionnellement, avec une vraie cohérence entre le message et le produit proposé. Balzac Paris en tire des taux de conversion remarquables, tout en préservant son image de marque et sans brader ses produits.

Utiliser le canal inattendu

La MAIF, dans le domaine de l’assurance, a développé une pratique atypique pour réengager ses sociétaires silencieux : la relance par courrier manuscrit. Certains clients inactifs reçoivent une lettre signée d’un conseiller, rédigée à la main ou en tout cas perçue comme telle, leur proposant un échange sans obligation de souscription. Loin de la communication automatisée, ce geste suscite un fort taux de retour, notamment chez les publics les plus âgés.

Cette méthode, coûteuse à l’échelle mais redoutablement efficace en ciblage fin, repose sur la réactivation de la confiance. En rétablissant une relation humaine, directe, et non transactionnelle, la MAIF recrée un climat propice au dialogue. Le client ne se sent pas considéré comme un segment statistique, mais comme une personne dont l’opinion compte. Ce canal analogique devient alors un levier différenciant à l’ère du tout digital.

Réengager via le service, pas le produit

Chez Boulanger, les clients inactifs sont parfois sollicités à travers des propositions de service plutôt que de vente. L’enseigne leur propose par exemple des diagnostics gratuits d’appareils achetés il y a plusieurs années, ou des conseils personnalisés pour optimiser leur consommation énergétique. Cette approche utilitaire remet la marque au centre du quotidien du client, sans forcer l’achat.

Ce modèle de relance repose sur l’idée que l’accompagnement post-achat peut être un point d’entrée plus crédible que la simple incitation commerciale. Il valorise la longévité du produit et le rôle de l’enseigne comme partenaire durable. Boulanger en tire un retour sur engagement qui dépasse la vente immédiate : recommandation, réassurance, préparation à un futur achat ou montée en gamme.

Reconnecter par le terrain

La chaîne de magasins Truffaut mobilise régulièrement ses équipes en magasin pour recontacter directement certains clients inactifs identifiés comme fidèles par le passé. Des appels téléphoniques personnalisés, sans script commercial, sont passés par les équipes locales pour proposer une invitation à un événement en magasin ou une simple prise de nouvelles. Ce contact direct, rare dans les enseignes de cette taille, recrée du lien là où les canaux numériques sont parfois saturés.

Cette stratégie humaine est rendue possible par un bon usage de la donnée client, croisée avec les historiques d’achat et de fréquentation. Truffaut réussit ainsi à réactiver une partie de son portefeuille sans artifices ni relances massives. Ce retour au contact individuel, même ponctuel, rappelle au client qu’il n’est pas un numéro dans une base, mais un interlocuteur reconnu. Et dans un univers où les sollicitations se multiplient, cette rareté devient un atout redoutable.

Innover à partir d’un produit obsolète : recyclage d’idées en entreprise

Transformer un produit considéré comme dépassé en une source de valeur renouvelée est un exercice stratégique que certaines entreprises françaises maîtrisent avec finesse. Loin d’abandonner ce qui ne fonctionne plus, elles décident de s’appuyer sur un existant parfois oublié, pour inventer une nouvelle offre, un nouveau marché ou un nouvel usage. Ce recyclage d’idées en entreprise, bien pensé, devient un levier d’innovation pragmatique, souvent moins risqué qu’un développement entièrement neuf.

Ressusciter des classiques pour séduire autrement

La marque française Duralex, connue pour ses verres trempés iconiques, a su capitaliser sur le regain d’intérêt pour les objets rétro. Jugés autrefois banals voire démodés, ses verres Gigogne sont aujourd’hui recherchés pour leur authenticité, leur robustesse et leur fabrication française. L’entreprise n’a pas modifié le produit, mais a entièrement revu son positionnement et sa communication pour s’adresser à une clientèle en quête de durabilité et de made in France.

Ce retour en grâce ne s’est pas fait par hasard. Duralex a investi dans la remise à niveau de ses chaînes de production et dans un discours de marque centré sur la transmission intergénérationnelle. En valorisant le passé tout en ancrant ses produits dans les nouveaux modes de consommation responsables, la marque a transformé un article obsolète en symbole d’une consommation plus consciente. L’innovation ne porte donc pas sur le design ou la fonction, mais sur la manière de raconter l’objet.

Transformer une contrainte en proposition différenciante

Dans l’univers du textile, la marque Armor Lux a fait de ses stocks dormants un point de départ pour innover. Plutôt que de brader ou de détruire ses anciennes collections, elle les utilise comme matière première pour lancer des lignes capsules ou des séries limitées à base de pièces revalorisées. Cette pratique, née d’une contrainte logistique, est devenue un argument fort dans sa stratégie RSE et un marqueur d’authenticité.

Ce recyclage de l’existant va de pair avec une communication transparente et une mise en récit du processus de fabrication. Chaque pièce porte une histoire, chaque réédition devient un objet unique. Armor Lux a ainsi réussi à faire du “déjà produit” un élément de rareté et d’identité, renforçant le lien émotionnel avec ses clients tout en allégeant son empreinte environnementale.

Repenser les usages pour prolonger la vie d’un produit

Dans le secteur du jouet, Meccano incarne une autre forme de réinvention. Confrontée à une concurrence intense et à la numérisation des loisirs, la marque a su redonner une nouvelle vie à son système de construction centenaire en le connectant aux attentes actuelles. Sans changer les pièces métalliques qui font son identité, elle a intégré de nouveaux usages : motorisation, programmation, compatibilité avec les objets connectés. Le jouet n’a pas été remplacé, mais augmenté.

Cette approche permet à Meccano de toucher de nouvelles générations tout en conservant une base fidèle d’aficionados. Elle témoigne aussi de la force d’un produit bien conçu dès l’origine, capable d’accueillir des ajouts sans perdre sa cohérence. C’est en se servant de cette structure éprouvée que la marque a pu intégrer les logiques de STEM (science, technologie, ingénierie, mathématiques) dans son offre, tout en gardant une dimension ludique et manuelle.

Réaffecter un usage industriel vers le grand public

Le groupe Seb a également fait le choix du recyclage d’idées pour innover. L’Actifry, l’un de ses produits phares, est né d’un croisement inattendu entre les technologies de cuisson professionnelle et les préoccupations diététiques des ménages. En partant d’un appareil initialement destiné à une utilisation en restauration collective, les ingénieurs ont retravaillé l’ergonomie, les dimensions et l’aspect pour en faire un produit domestique facile à prendre en main.

Ce transfert de technologie industrielle vers le grand public repose sur une analyse fine des besoins émergents. Le produit d’origine n’a pas été conçu pour la vente en magasin, mais une relecture des attentes consommateurs – alimentation saine, simplicité d’usage, gain de place – a permis de le transformer en best-seller. Ce type d’innovation incrémentale, basé sur un existant, limite les risques techniques et raccourcit les délais de mise sur le marché.

Capitaliser sur l’image patrimoniale d’un produit

Dans le secteur automobile, Citroën a démontré la puissance du recyclage symbolique avec l’édition modernisée de la Méhari. Plutôt que de relancer le modèle à l’identique, le constructeur a imaginé l’E-Méhari : un véhicule électrique léger, aux formes rappelant le modèle mythique, mais répondant aux standards techniques actuels. Ce clin d’œil au passé a permis de créer un produit original tout en capitalisant sur une aura affective intacte.

Ce type d’initiative permet de renouer avec une clientèle attachée à l’histoire de la marque tout en attirant des publics sensibles à l’écoresponsabilité et à l’innovation. Citroën prouve ainsi qu’un produit obsolète peut être le socle d’une proposition neuve, pour peu que l’on sache ce qu’il représente dans l’imaginaire collectif. En réinterprétant plutôt qu’en reproduisant, l’entreprise construit une nouveauté sans repartir de zéro.

Réutiliser des innovations mises de côté

Enfin, dans l’électroménager, Moulinex a récemment relancé des produits issus d’anciens brevets maison, en les modernisant grâce aux technologies actuelles. Certains modèles de cuiseurs multifonctions, développés dans les années 1990 mais non commercialisés à l’époque, ont été repensés avec des interfaces numériques et intégrés à la gamme Cookeo. Ce recyclage interne, rendu possible par un travail d’archivage et de veille technologique, permet de valoriser des idées passées sans les dénaturer.

Cette stratégie repose sur un capital intellectuel souvent sous-exploité : celui des prototypes oubliés, des pistes non poursuivies, des idées mises en pause. Moulinex illustre ici une forme de sobriété innovante : avant de chercher le prochain concept révolutionnaire, il est parfois plus efficace de réinterroger ce que l’on a déjà produit, testé ou conçu, et d’y appliquer les bons filtres contemporains. Ce retour aux sources devient alors un accélérateur de nouveauté.