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Le développement durable : une totale nécessité

Interview de Jean Michel GIRES, ingénieur de l’école Poly-technique, fait ses débuts dans l’administration, notamment dans le contrôle de construction des centrales nucléaires, il travaille ensuite à l’utilisation rationnelle de l’énergie ainsi qu’à la promotion des énergies renouvelables. En 1988, il rejoint le groupe Total. Depuis 2002, il est directeur du développement durable et de l’environnement.

Pourquoi Total s’est-elle engagée dans une politique de développement durable ?

Le développement durable est une aspiration importante de la société civile, le problème de la durabilité des ressources nous concerne tous. Total est impliquée dans l’énergie et les hydrocarbures. Or, Total a le souhait d’être un véritable acteur pour apporter des solutions et être un moteur dans le développement durable. Ce défi est essentiel pour Total.

Depuis combien de temps Total s’engage dans ce schéma ?

Les préoccupations liées à l’environnement sont apparues à la fin des années 80. Au sein de Total, cela fait déjà une quinzaine d’années que cette démarche se structure mais elle est devenue systématique depuis 5 ans. Dans la société civile, plus personne n’y échappe, c’est devenu un enjeu extrêmement important comme le montrent les débats du Grenelle. Il faut donc en être partie prenante pour jouer un rôle d’acteur industriel de premier rang. De même apporter des solutions, compte tenu de la taille et des enjeux dont le groupe est porteur, est une obligation.

Comment préparez-vous l’après pétrole ?

Le premier défi est d’apporter des solutions énergétiques par les hydrocarbures, matière principale du groupe, mais aussi de réfléchir aux autres alternatives, comme les énergies renouvelables. Les alternatives souffrent encore d’un manque d’effet de taille comme le Solaire photovoltaïque, encore trop petit à l’échelle de la demande énergétique mondiale. Il faut encore du temps afin de libérer les solutions techniques, de baisser les coûts, d’avoir de nouveaux moyens sans créer d’autres problèmes. L’autre pari est celui du charbon, qui possède aussi ses inconvénients : le dioxyde de soufre, d’azote, et l’émission de poussière, et surtout les émissions de CO2.

Le projet novateur du captage et stockage du CO2, pouvez-vous nous le décrire ?

Il existe une accumulation de CO2 car l’ensemble de la planète n’a pas la capacité de réabsorber ce CO2 émis par l’homme dans les océans et les écosystèmes terrestres. Alors pour éviter qu’il ne parte dans l’atmosphère, il est tentant de le capter, le comprimer et le réinjecter dans le sous-sol, dans certaines formations géologiques pour qu’il y reste le temps d’affiner d’autres solutions. Un pilote industriel nous ouvrira la voie dès 2011, car il faut deux ans d’injection et de surveillance et le passage en phase de déploiement à grande échelle dès 2015/2020.

Quels sont les moyens mis en place par Total pour sensibiliser le public ?

Nous investissons pour informer correctement les clients sur les produits novateurs qui permettent une émission réduite de CO2. Il est très encourageant de constater que nos clients évoluent eux aussi, de plus en plus sensibilisés au développement durable, avec le souhait de savoir quoi faire à travers le choix des produits qu’ils sont amenés à acheter et ensuite à l’utilisation qu’ils peuvent en faire. Comme par exemple le nouveau carburant excellium qui leur permet d’économiser en moyenne 3,7% d’énergie à l’utilisation.

Qu’est-ce-que les biocarburants ?

C’est un carburant qui intègre une certaine proportion de produits d’origine végétale ou animale, d’ascendance agricole. Total en est le principal distributeur à l’échelle européenne.

Votre lien avec les constructeurs automobiles ?

Il est bien sûr incontournable, comme le couple carburant-moteur : il est la garantie du constructeur afin que le moteur fonctionne de façon satisfaisante, qu’il respecte les conditions d’émissions. Ainsi toute la qualification de ces biocarburants se fait dans un travail en commun avec les constructeurs automobiles, que ce soit pour les véhicules particuliers ou les poids lourds. Nous travaillons beaucoup à la préparation d’une nouvelle génération de biocarburants qui fera appel à des ressources d’une autre nature : bois, paille, autres matières cellulosiques, déchets agricoles et forestiers.

Quelles sont les actions sociales mises en place par Total ?

Dans le cadre des Ressources Humaines, notre politique consiste à renforcer les institutions locales de formation pour qu’elles puissent répondre aux besoins de personnel. Elles doivent pouvoir assurer la formation d’un nombre suffisant d’acteurs capables de rejoindre nos projets et opérations.Sur la partie sociétale, nous avons des problèmes de cohabitation entre nos projets industriels et les riverains. Il faut veiller à la maîtrise des risques environnementaux et sanitaires, à une bonne cohabitation entre nos activités et la vie de ces personnes mais aussi apporter une véritable contribution au développement économique et social des communautés d’accueil.

Pourriez-vous donner un exemple concret de ce type d’aide ?

Nous essayons de contribuer au développement humain par des actions sur l’éducation et sur la santé. Egalement au développement économique, grâce à la batterie des outils du micro développement : l’utilisation de micro crédits par exemple, mais aussi des apports de compétences dans le domaine agricole ou artisanal.

L’environnement est parfois vécu comme une contrainte par certaines entreprises, mais d’autres en font le moteur de leur stratégie, quel est votre ressenti sur ce point ?

Nous ne sommes pas impliqués dans les métiers de l’environnement à proprement parler. Total est dans les métiers de l’énergie. A l’inverse, la maîtrise de la performance environnementale liée à nos activités, est un thème d’excellence, parce que nous n’avons pas le choix ; nous nous devons de maîtriser et de réduire l’impact environnemental de tout ce que nous faisons, c’est une responsabilité. En cherchant à travailler positivement, malgré l’augmentation des coûts, il en résulte des solutions efficaces. Total est reconnue dans sa maîtrise de l’environnement et est plus facilement choisi comme partenaire, au regard de ses performances dans ce domaine.

Quelle est l’action de Total dont vous êtes le plus fier ?

Le captage et stockage du CO2. Savoir aujourd’hui déclencher un tel projet, et le voir se réaliser en France, fait de Total une référence.

Dans quelle mesure un jeune entrepreneur, peut-il mettre en place une politique de développement durable à travers son activité ?

La bonne façon de rentrer dans le sujet est d’identifier ses parties prenantes. L’entreprise doit connaître les partenaires, les interroger pour savoir quelles sont leurs attentes sur cet axe du développement durable.

Développement durable : volonté marketing ou volonté de préserver la planète

Le développement durable est un véritable enjeu mondial et une opportunité commerciale évidente. Il est important de faire la part des choses dans cette médiatisation qui génère autant d’inquiétude, de mobilisation que de répulsion face aux abus marketing. Cette problématique bénéficie-t-elle d’un véritable écho ? Comment se situe la France dans ce contexte international ? Quels sont les espoirs de trouver des solutions durables dans ce monde fragile et instable ?

L’entreprise durable : une harmonie tactique

L’éclosion du phénomène de « développement durable », pousse les entreprises à identifier, au delà de la logique purement écologique, des critères qui pourraient assurer la pérennité de leur existence. Ainsi, bien loin des débats de croissance et de parts de marchés, ce label d’entreprise durable se veut avant tout équilibré pour les hommes, pour les structures et pour leur environnement. C’est tout simplement une réflexion de bons sens. A l’image du slogan du groupe MICHELIN, « Les plus belles performances sont celles qui durent », la logique du « Développement Durable » donne un renouveau aux critères de performance des entreprises actuelles.

Alors que nous avions tendance à croire que ce concept n’avait de sens, que pour des entreprises confrontées aux problématiques énergétiques ou dont les matériaux utilisés devaient respecter l’environnement, nombreux sont ceux qui voient dans les fondements du développement durable, les conditions appropriées au succès des entreprises modernes. Ainsi, les trois critères fondamentaux font de ces entreprises des sociétés économiquement viables, socialement équitables et respectueuses de leur environnement.

Un équilibre nécessaire

Et loin d’une simple utopie pour consultant, cette prise de conscience s’avère aujourd’hui vitale pour résister dans une économie qui s’internationalise à grands pas, réduisant les distances vis-à-vis de nouveaux fournisseurs, des clients, comme des concurrents. Mais au-delà de ces trois critères d’ores et déjà respectés par de nombreuses entreprises, c’est avant tout l’équilibre de l’énergie portée sur ces trois conditions qui font de l’entreprise, une aventure pérenne.

En effet, nous avons tous autour de nous des exemples d’entreprises dont les qualités économiques sont exceptionnelles, mais dont les conditions humaines du travail ne peuvent durer dans le temps. D’autres sont dites citoyennes, veillant tant au bien-être de leurs collaborateurs qu’à leur gestion énergétique, mais dont la logique financière est un gouffre inacceptable, nécessitant l’intervention permanente de l’Etat ou du citoyen lui-même pour combler ces déficits. Certains surfent sur la vague du boom économique des produits écologiques, mais sans pour autant être cohérents en matière énergétique ou suffisamment à l’écoute de leurs collaborateurs.

Les entreprises durables seront donc celles qui réussiront à gérer le plus harmonieusement possible, ces dimensions humaines, financières et environnementales. Ainsi, depuis que le monde est monde, nous vivons des équilibres instables, précaires, mais sources de capacité d’imagination et d’adaptabilité aux grandes ruptures. Et comme nous cherchons à mieux équilibrer nos vies dans notre vie (amicale, familiale, d’entreprise et des hobbies), l’entreprise sera une aventure durable si elle veille à respecter ces points.

Un climat social à construire

Ces entreprises doivent donc construire un climat social permettant l’épanouissement de leurs collaborateurs, pour que le mot « travail » dont les origines étymologiques issues du latin « tripalium » (instrument de torture) puisse laisser place à une véritable « récréation », favorisant le plaisir de satisfaire ensemble les clients. L’efficacité de ces entreprises doit être basée sur l’adaptabilité, l’innovation et l’anticipation pour que leurs résultats financiers permettent l’enrichissement des compétences.

Enfin la prise de conscience environnementale n’est pas qu’une question de mode temporaire favorisant les messages marketing, mais bel et bien une condition sine qua none, du développement durable dans le respect écologique de son environnement.

L’innovation à l’échelle internationale

L’innovation technologique est au cœur des solutions de développement durable. Après une communication basée sur le catastrophisme remuant les consciences, l’heure est à l’application individuelle de solutions efficaces Les innovations technologiques, fidèles à la fameuse loi des 3 C (Cleve, Clean and Competitive) sont nombreuses et réellement source d’espoir pour le futur.

Je pense à ces solutions d’auto gestion interactive de la consommation énergétique apportant des économies de plus de 50 % dans les bâtiments actuels, à de nouveaux capteurs d’énergie solaire qui suivent le parcours des rayons du soleil concentrant davantage la chaleur, à ces voiles de Kite qui équiperont les bateaux de croisières et autres cargos pollueurs des mers, réduisant ainsi de moitié leur consommation de carburant, à ces nano-membranes filtrant l’eau la rendant potable, à ces nouvelles piles flexibles recyclables de la taille d’un ticket de métro qui à base de nanotechnologies permettent de générer de l’énergie, par simple différence de température de quelques degrés, des ascenseurs à eau de mer fixant quotidiennement 100 millions de tonnes de carbone au cours d’un processus naturel.

Les innovations ne manquent donc pas, pour trouver des solutions respectant les trois dimensions écologiques, sociales et économiques. Ces technologies ont un apport direct pour l’environnement : la vidéoconférence, le télétravail peuvent permettre de diminuer directement les impacts environnementaux de l’activité humaine. Les technologies de l’information permettent l’organisation du covoiturage, du partage de propriété des voitures, facilitent les transports en commun.

L’impact des innovations

Elles ont un apport direct pour l’économie : c’est à travers le développement de compétences que la société évolue en profondeur. Ce besoin de compétence se couple au besoin de recherche pour encourager l’innovation en matière de TIC et d’efficacité énergétique au sens large. De nombreux secteurs économiques peuvent en profiter : des modes de transport moins gourmands en carburant, des bâtiments plus efficaces en matière énergétique (eau, carbone) etc. Il est à rappeler que les transports et le bâtiment représentent aujourd’hui plus de 50 % des pollutions.

Les outils de management environnemental permettent d’identifier et de mettre en œœuvre des démarches de progrès importantes. Ils sont un apport direct pour l’équilibre social : toute démarche de développement durable est fondée sur la participation, la gouvernance. C’est tout l’enjeu du collectif, du collaboratif. Il est envisageable de réellement parler de cogestion, de codécision, de coproduction.

Des mesures à prendre

Pour cela, il convient de faire progresser réellement le niveau culturel global, et donc d’éduquer et de former. En Californie, la bulle Internet semble bien lointaine ! Sous l’impulsion du gouverneur californien Arnold Schwareznegger, la « Silicon Valley » veut se positionner comme le centre de Recherche et Développement mondial, des Technologies de l’Information du développement durable.

Une politique musclée à coups de millions de dollars pour apporter des solutions concrètes au respect de la planète. Alors que les USA sont parmi les plus gros pollueurs de notre belle planète, l’état de Californie montre l’exemple en étant le premier état américain à avoir de fait, adopté le protocole de KYOTO, obligeant l’état à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. Et fidèle à la réactivité du « Golden State », les sociétés de capital risque californiennes ont très bien compris que le Développement Durable est probablement la plus forte opportunité économique du XXIème siècle.

L’engagement de l’administration californienne permettra la création de 100.000 emplois et le développement de 4 milliards de dollars de valeur ajoutée. Par ce type d’actions réunissant des politiques, des industriels, des scientifiques et des financiers, l’état californien souhaite devenir l’épicentre des « technologies vertes ».

La France est au cœur de l’action

Dans ce contexte international, la France est au cœur de l’action, étant elle-même très impliquée dans ces problématiques via le transport, l’énergie, l’agriculture et le tourisme. Dans ce cadre, le sillon rhodanien est en train de devenir un terrain fertile aux projets de développement durable.

Capitalisant le savoir-faire de nombreuses entreprises spécialisées dans les technologies de l’information, les projets naissent rapidement dans une dynamique de réseaux synergiques, alliant les compétences du design stéphanois, les nanotechnologies grenobloises, le « serious game » lyonnais… Ainsi voit-on diverses solutions technologiques jouer leur rôle dans les projets de développement durable : sondes wifi d’information de la qualité environnementale de l’air et de l’eau, des solutions de gestion interactive d’énergie solaire apportant des économies de 50 %, de nouvelles piles flexibles génératrices d’énergie.

C’est en s’appuyant sur cette richesse naturelle, en développant des expériences dignes de sens, et en poussant les acteurs variés à coopérer, que cette « Silicon Valley du développement durable Française » peut naître. C’est donc en jouant la « glocalisation » (vision internationale et capitalisation locale), en poussant les coopérations en réseau, entre acteurs aux compétences variées, et en capitalisant les expériences que ces territoires peuvent donner lieu à de grands projets aux résonances internationales.

Une complexité des enjeux

Ce contexte international ne doit pas occulter la véritable complexité des enjeux qui sont devant nous. Pendant que de nombreuses mesures sont prises pour lutter contre une meilleure gestion de ressources planétaires, des gaspillages et des catastrophes écologiques viennent tous les jours réduire à néant cette colossale énergie dépensée pour inverser la tendance actuelle.

Certes, les nombreuses communications sur les conséquences catastrophiques du réchauffement de la planète ont véritablement engendrées une prise de conscience collective, mais il reste encore beaucoup de travail pour faire changer les comportements individuels. Il suffit de regarder le nombre de personnes qui laissent le moteur de voiture fonctionner, alors qu’ils sont en train de vider des emballages dans les containers de recyclages prévus à cet effet.

Stratégies durables : l’affaire de tous

Aujourd’hui la réalité de l’avancée est une affaire de tous, où chaque individu apporte un peu de son action, de son expérience. Et, comme le définit Michel Serres : « La science, c’est ce que les parents apprennent aux enfants, la technologie, ce que les enfants apprennent aux parents ». L’intégration des technologies dites vertes dans notre quotidien familial comme entrepreneurial est issue de la volonté de tous, et non pas d’une décision étatique ou purement économique. A l’image de ce qui se passe dans le monde des technologies de l’information avec le succès des blogs, des forums c’est avant tout les nombreux échanges d’expériences qui donnent lieu à des succès applicatifs.

Chaque individu, chaque entreprise, chaque association, chaque politique, a sa part de responsabilité dans sa capacité à expérimenter, à coopérer et transmettre le fruit de ses succès. C’est sans doute à ce prix que le changement comportemental donnera des résultats visibles à l’échelle internationale. Ceci, en veillant à ce que notre attitude face aux technologies propres évolue progressivement de contre-active à réactive, puis de pro-active à interactive. Le développement durable est une condition vitale de la survie de l’humanité.

La communication de la part des entreprises, qui ont parfaitement compris les enjeux économiques et les opportunités marketing associées, doit être maniée avec grande précaution. L’effet boomerang d’une communication mercantile exagérée serait évidement lourde de conséquences. Les changements sont donc en cours, mais veillons à rester vigilants afin que la trilogie du développement durable (équitable, économique, écologique) ne devienne pas un argument marketing plus important que la réalité de ses mises en œuvre, vitales pour notre avenir et celui des générations futures.

Article par Bertrand Lazare

Rhodia : des paroles oui ; mais des actes aussi !

Interview de M. Khéliff, directeur du développement durable chez Rhodia, a un parcours quelque peu atypique. Il débute à 16 ans et demi en usine comme tourneur fraiseur ajusteur. Il intègre ensuite la chimie à l’âge de 19 ans, en tant que mécanicien. Pendant une douzaine d’années, il occupe la fonction de délégué syndical sur un site chimique. Devenu permanent syndical par la suite, il quitte son entreprise et devient secrétaire général de la Fédération Chimie Energie de la CFDT. Après avoir occupé durant une vingtaine d’années des fonctions au niveau national, européen et international, il choisit de retourner en entreprise. Il lui paraissait normal, qu’un militant, un responsable syndical puisse retrouver le monde de l’entreprise.

Quelle est la différence entre la charte globale de l’engagement pour le progrès, le global compact, et la global charter ?

Ce sont deux choses complètement différentes. La Global Charter s’inscrit dans le prolongement du programme en « excellence de sécurité » développé par la profession au niveau mondial juste après l’accident dramatique de Bhopâl en 1984, qui a fait des milliers de victimes. L’accident a conduit à la disparition de l’entreprise « Union Carbide ». Le seul nom de l’entreprise était devenu insupportable à la profession et au marché. A cause ou grâce à ce choc, la profession a décidé de définir un code de bonne conduite en matière de sécurité et d’hygiène appelé le « responsible care » auquel les entreprises chimiques étaient conviées à adhérer d’une manière volontaire. Rhodia a adhéré immédiatement. La Global Charter en est une version « sévèrisée » que nous avons signée fin 2006. Le Global Compact est le pacte mondial de l’ONU dont nous sommes également adhérents.

C’est un ensemble de dix principes qui portent sur les droits humains fondamentaux, le respect de l’environnement, les règles anti-corruption. Chaque année, les entreprises signataires sont invitées à mettre en ligne sur le site intranet du Global Compact les actions de progrès qu’elles ont développées durant l’année écoulée.

Dans quelle mesure cela ressort-il dans vos stratégies, vos actions ?

Le développement durable est un concept relativement neuf, dont la compréhension et la réalité de prise en charge peuvent être différentes d’une entreprise à l’autre. Ces différences sont d’ailleurs critiquées notamment par les ONG et sont observées et évaluées par les agences de notations extra financières comme VIGEO pour l’Europe, ou le « Dow Jones sustainability index » au niveau mondial. La dernière notation de VIGEO distingue ainsi Rhodia comme leader du secteur Chimie.

Nous sommes partis relativement tôt dans la démarche de développement durable. Nous avons engagé cette démarche en 1999 ; le premier rapport est celui de 2000.Soulignons qu’en 2002, sur 50 000 multinationales, seules 2 000 sortaient un rapport autre que financier. Si nous remontons plus loin, c’est en 1992 que Rhône Poulenc, ancêtre de Rhodia, a diffusé son premier rapport « environnement ». Cet engagement précoce s’est appuyé sur une solide culture de sécurité.

Depuis les années 70 notre groupe a développé une politique très exigeante en matière de sécurité au travail. Cette politique, régulièrement renforcée, fait que Rhodia a aujourd’hui les meilleurs résultats en France et se place dans les 3, 4 meilleurs mondiaux. Nous avons moins d’un accident de travail par million d’heures travaillées, soit un taux de fréquence de 0,7 % pour les accidents avec arrêts de travail. Ce taux couvre bien évidemment les salariés Rhodia mais également les personnels intervenants sur nos sites (sous-traitants, intérimaires, etc …) car nous considérons que l’appréciation de la sécurité doit prendre en compte tous ceux qui travaillent chez nous.

Est-ce qu’il y a eu d’autres actions ?

En plus de cette expertise, en matière de sécurité, Rhodia est également doté d’une forte culture de dialogue. Dialogue avec les salariés et leurs représentants bien entendu. Mais dialogue aussi avec les riverains de nos sites et c’est très important car la transparence sur la réalité de nos risques et les modalités de leur maîtrise est le fondement d’une relation de confiance qui conditionne notre licence d’opérer.Au plan environnemental nous sommes un des acteurs industriels principaux du protocole de Kyoto.

Cet intérêt pour le problème que pose l’effet de serre remonte aux années 90. Dès cette date, des ingénieurs se sont penchés sur le fait que dans la chaîne de fabrication de l’acide adipique, qui rentre dans la fabrication du nylon, nous émettons du protoxyde d’azote. Ce N2O est un gaz non toxique mais il a un pouvoir réchauffant 310 fois plus élevé que le CO2. Face à cela l’entreprise a investi 100 millions de francs de l’époque dans un projet qui depuis 1997 nous permet de réduire de 80% les émissions de N2O par tonne d’acide adipique produit.

Comment se traduit cet engagement ?

L’engagement de Rhodia en faveur du développement durable s’apprécie aussi au regard de sa permanence dans le temps en dépit des difficultés traversées par le Groupe. En 2003 nous étions au bord de la faillite, et bien des raisons pouvaient conduire à stopper ou ralentir notre action. Or nous avons décidé d’aller plus loin et plus fort dans le développement durable, en construisant un programme que nous avons baptisé Rhodia Way. Ce programme inscrit notre démarche au cœur des processus managériaux. Il se décline sous la forme d’un référentiel de responsabilités par parties prenantes (clients fournisseurs, investisseurs, employés, communautés, environnement).

Face à chacune d’elles nous définissons des ambitions de responsabilité ; chaque ambition renvoie à des bonnes pratiques qui sont classées sur une échelle à quatre niveaux, allant du basique à l’excellence. La grille ainsi formée permet aux managers de Rhodia, partout dans le monde, de réaliser l’auto évaluation des pratiques, de leur entité et d’en repérer les limites pour définir un plan de progrès.

Rhodia Way est en lien avec Ambition 2010 ?

« Ambition 2010 » est un plan qui participe au renouveau de Rhodia. Rhodia Way prend sa part de cet effort mais constitue une démarche de responsabilité permanente.

Le développement durable est-il un point majeur de différenciation face à vos concurrents ? Quels sont vos rapports avec les différentes parties prenantes ?

Nous pensons en effet que l’engagement dans la voie du développement durable et la qualité de cet engagement vont s’affirmer de plus en plus comme un discriminant relationnel. Cet engagement rapproche déjà les entreprises qui le partagent et resserre les liens entre l’entreprise et ses parties prenantes car le niveau de responsabilité qu’appelle le développement durable ne peut être atteint seul.

A l’interne, l’implication des salariés est une absolue nécessité et à l’externe c’est l’exigence d’un dialogue renforcé avec les riverains, les fournisseurs et les clients. Le transport des produits est ainsi pour nous un risque très important et si l’on considère que nous ne possédons pas les camions et que les chauffeurs ne font pas partie de nos employés, on voit aisément l’enjeu que constitue la responsabilité de nos transporteurs.

Sur votre brochure d’entreprise, il est indiqué « Développer l’employabilité sur le volet social » : qu’est ce que cela signifie ?

Cela concerne la bonne gestion des Ressources Humaines, pour assurer le développement des compétences et l’évolution de carrière. Ce qui intéresse les jeunes étudiants qui choisissent Rhodia, c’est que nous sommes un groupe mondial dans lequel on peut évoluer dans des spécialités différentes mais également circuler entre différentes zones géographiques. Le Groupe a conduit sa restructuration en privilégiant le reclassement des salariés concernés.

Dans cet effort, le profil d’employabilité des personnes est un atout essentiel. C’est un élément de la performance du groupe et c’est également la meilleure façon de rendre service à nos salariés. Dans un contexte d’évolution permanente de l’entreprise, la meilleure garantie pour un salarié, c’est en effet de relever constamment le niveau de son employabilité, et nous l’y aidons.

De quel projet en particulier, êtes vous le plus fier ?

C’est bien sûr d’avoir mené à bien la construction de Rhodia Way ; que le groupe ait choisi de le faire et que nous y soyons parvenus dans une période de crise.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent investir dans le développement durable ?

Il n’y a pas d’avenir pour les entreprises, et plus particulièrement pour les entreprises à risques comme la chimie, en dehors du développement durable. Le développement Durable est certes un cadre d’exigences mais il est aussi un espace d’opportunités. Les problèmes que doit affronter la planète sont souvent nés du développement industriel et le paradoxe est que l’industrie est aussi la source principale des solutions à apporter. Quelque part le développement durable est le moteur de l’industrie parce qu’il faut produire des solutions nouvelles ; Industrie des industriels, la chimie a un rôle important à jouer pour aider ses clients, à répondre aux enjeux de responsabilité qui sont les leurs.

Des marchés nouveaux se dégagent. Prenez par exemple le pneu vert rendu possible grâce aux silices de Rhodia ou encore celui de la dépollution des gaz d’échappement des véhicules. Deux marchés où Rhodia est leader et qui n’existaient pas avant les exigences posées par le Développement Durable. Il faut être attentif aux marchés que dégagent les attentes en matière de responsabilité. Beaucoup de produits que nous connaissons aujourd’hui vont disparaître. Les comportements vont profondément changer et des besoins nouveaux vont naître. Le développement durable n’est pas la fin de l’industrie, c’est sa réinvention.

Environnement : Les actions du ministère

Amoureux de l’environnement de longue date avec 40 ans de militantisme pour l’environnement, Christian Brodhag intègre le parti des verts. Expert en développement durable, il devient ensuite tout naturellement délégué interministériel au développement durable. Théoricien autant que praticien, il est également directeur de recherche à l’école des mines de Saint-Étienne où, dans ce cadre, il travaille souvent avec des PME.

Quelle est votre action au sein du ministère ?

En tant que délégué interministériel, je coordonne l’action entre ministères, je contribue à l’élaboration et l’animation de la stratégie nationale de développement durable. C’est ce programme qui coordonne la politique de développement durable. Depuis 2004, de nets progrès sont constatés car plus d’un tiers des Français estiment posséder les connaissances en matière de développement durable. Il en est de même pour les collectivités locales et les autres acteurs qui affirment posséder les outils et mettre en place des politiques de développement durable.

Pour les collectivités locales nous avons développé un cadre de référence pour les Agendas 21 locaux. Pour les PME, le SD 21000 de l’AFNOR aide les entreprises à implanter leurs politiques de développement durable et de responsabilité sociétale. Cette norme induit une trentaine d’enjeux et hiérarchise les questions clefs, de façon à avoir une approche structurée et stratégique du développement durable.

Des actions collectives et des clubs de développement durable en région ont permis aux différents acteurs de s’engager concrètement dans ce mode de développement. Ce n’est plus un discours, nous avons de l’expérience. En 2000, la difficulté était l’absence de savoir-faire, maintenant il existe un réel retour d’expérience.

En quoi consistent vos actions ?

Pour les PME, l’action s’est appuyée sur des expérimentations régionales, et des animations dans les chambres de commerce. Des réseaux sont en place. Néanmoins il nous faudra sans doute mener une réflexion par filière. Mais nous jouons aussi sur la demande, par les marchés publics. En effet, nous orientons la demande publique vers le développement durable, elle représente 10 à 15 pour cent du PIB. Il s’agit de développer un modèle économique viable pour valoriser les entreprises vertueuses en développement durable.

Quels sont les résultats et les mesures primordiales du Grenelle de l’environnement ?

Maintenant les discussions sont finies, les pistes ont été lancées, nous entrons dans la phase de traduction opérationnelle. Ce rassemblement a généré une réelle émulation entre acteurs et a montré une maturité et un consensus.La question de l’environnement a progressé dans les institutions. Avant il y avait seulement un dialogue binaire entre l’économique et le social, maintenant il s’agit d’une discussion à trois avec l’environnement pour le développement durable.

Les mesures phares concernent notamment une réorientation des investissements vers les transports collectifs et les logements anciens qui eux génèrent beaucoup de CO2.Quant aux actions pour inciter les entreprises à avoir une attitude de responsabilité sociétale, elles s’inscrivent dans le cadre de la loi NRE, avec les obligations de reporting.

Les PME peuvent-elles changer leur mode de fonctionnement pour rentrer dans cette logique ?

Effectivement, il y a des contraintes fortes sur le développement en termes de ressources notamment. La gestion est obligatoire, si les entreprises mettent de coté le développement durable, elles vont se faire dépasser par d’autres qui l’auront pris en considération. Le lien entre compétitivité et développement durable existe bien. La question n’est donc pas de savoir si j’ai les moyens de faire du développement durable, mais plutôt si j’ai les moyens de ne pas m’inscrire dans ce contexte !

Le problème reste le consommateur. En effet, il se dit capable de payer plus cher un bien produit par une entreprise qui s’inscrit dans le développement durable. Cependant, quand le produit arrive en tête de gondole, l’acte d’achat se volatilise. Il existe donc un fossé entre le dire et le faire. Tout dépend de la responsabilité des consommateurs. Nous réfléchissons à ce que nous devons faire pour que ce type de produits reste accessible, comme la proposition d’une baisse de la TVA sur les produits dits « durables ».Ce qui est intéressant pour les entreprises, c’est l’évolution des coûts que nous avons constatée.

En effet, une entreprise vertueuse en développement durable utilise moins de ressources, moins d’énergie. De fait, elle gagne de l’argent. C’est pourquoi, bien gérer une entreprise vertueuse peut être plus efficace qu’une entreprise qui ne l’est pas. Un de nos objectifs, est d’amener le consommateur à raisonner sur l’ensemble du cycle de vie du produit, comme par exemple : les ampoules à basse consommation. Elles sont rentables sur le cycle de vie mais plus chères à l’achat. Sur le long terme, elles permettent une économie certaine, tant énergétique que monétaire. Pour réaliser notre objectif, la pédagogie et l’information s’avèrent nécessaires.

Y a-t-il une réflexion internationale ?

Différentes initiatives comme le Pacte mondial sur 10 principes (droit de l’homme, droit du travail, environnement et lutte contre la corruption) ou la Global reporting initiative sur les rapports de développement durable. L’ISO vient de lancer la rédaction de lignes directrices sur la responsabilité sociétale : l’ISO 26000. Cette norme touche à l’environnement mais aussi au droit du travail, à l’éthique, 80 pays y contribuent, cependant il n’y a pas de certification, pas de labellisation.

Des aides existent-elles pour la création d’entreprises dans le développement durable ?

Non, il n’y a pas d’approches spécifiques, c’est juste une prise en compte supplémentaire et plus sérieuse. Il s’agit d’une intégration dans les critères, cela permet une meilleure évaluation, Oséo et le Crédit Foncier les ont d’ailleurs intégrées.

Quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune entrepreneur ?

Le monde qui se profile offre des opportunités. Il s’agit de trouver à travers le développement durable un nouveau créneau et une meilleure exploitation d’anciens projets ; un regard neuf pourrait prolonger leur pérennité. L’innovation principale est de passer du produit au service avec de nouveaux systèmes d’insertion, de nouveaux modèles. Ainsi, la source Internet est essentielle. Son réseau d’information est d’ailleurs le résultat d’une hybridation entre la société de connaissances et des projets concrets.

L’innovation est obligatoire car nous devons diviser notre émission de CO2 par 4 d’ici à 2050, ce qui se traduit en une baisse de 3 pour cent par an. De toute façon le changement s’effectue par l’innovation, les solutions sont complexes mais la rétribution par le service apporté est plus grande. C’est tout à fait possible pour les PME et le TPE car il existe de vraies opportunités. N’importe quelle entreprise peut faire de l’innovation, la rupture s’effectue si l’on se pose les bonnes questions. Le développement durable permet désormais d’intégrer des raretés nouvelles dans l’ensemble des métiers. Il ne faut éviter à tout prix de rester englué dans des anciennes pratiques.

Comment choisir la forme de votre entreprise

SARL, EURL, SA  ? Créer sa propre entreprise, voilà une belle et grande odyssée. Entre l’étude de marché, le bilan financier, la recherche de fonds, le choix du nom, les essais de produits ou de services, rien ne doit être négligé ou laissé au hasard. Mais avant même de se lancer dans cette aventure, l’entrepreneur doit déterminer quel statut et forme adopter pour sa future entreprise. Les aspects à prendre en compte sont multiples : la présence ou non d’associés, le montant des capitaux investis, la responsabilité du ou des dirigeants, le régime fiscal Et tous ces éléments sont à étudier au regard des objectifs fixés (et également des impératifs spécifiques au projet de l’entrepreneur).

Voici un panorama des principaux statuts d’entreprise existant en France :

EI

On parle d’Entreprise Individuelle (EI) quand une personne physique exploite directement son entreprise, sans passer par l’intermédiaire d’une société. L’entrepreneur est le seul dirigeant, et est omnipotent pour diriger son entreprise. L’EI n’est pas imposable à l’impôt sur les sociétés (IS), mais à l’impôt sur le revenu (IR).

Les avantages :

  • aucun coût de fonctionnement
  • pas de capital minimum de départ
  • formalités fiscales et administratives limitées

Les inconvénients :

  • responsabilité de l’entrepreneur indéfinie et solidaire sur ses biens personnels
  • statut n’ouvrant pas droit aux indemnités de chômage

Cette forme d’entreprise doit être réservée aux activités et métiers dits « sans risques », les artisans par exemple.

SNC

La Société en Nom Collectif est une société de personnes dans laquelle les associés ont tous la qualité de commerçant.

Les avantages :

  • pas de capital minimum de départ
  • pas d’obligation de libération immédiate

Les inconvénients :

  • responsabilité de l’entrepreneur indéfinie et solidaire sur ses biens personnels

Tout comme l’EI, la SNC est imposable à l’IR. Les associés se réunissent au minimum une fois par an en Assemblée Générale et les décisions importantes se prennent toujours à l’unanimité.

SARL et EURL

La Société à Responsabilité Limitée (SARL) est une société de personnes L’Entreprise Unipersonnelle à Entreprise Individuelle composée d’un seul associé, et leurs règles de fonctionnement sont identiques, à quelques aménagements près. Régime fiscal pour l’EURL : imposition à l’IR ou option irrévocable à l’IS. La SARL est en principe soumise à l’IS, mais dans certaines circonstances, les associés peuvent opter pour l’IR.

Les avantages :Les inconvénients :
– statut parfait pour les PME
– pas de capital minimum de départ
– simplicité et fonctionnement connu du plus grand nombre
– responsabilité limitée aux apports
– évolution peu souple : par exemple, interdiction de s’introduire en bourse, d’émettre des stocks options…
– attention au choix des associés
– peu de crédibilité vis-à-vis des banques si capital bas

La SARL est la forme juridique la plus répandue. Elle représente 20 % des entreprises.

SA

C’est une société de capitaux. Il existe deux types de Société Anonyme : celle à Conseil d’Administration ou celle à Conseil de surveillance/Directoire. La SA est imposable à l’IS.

Les avantages :

  • convient aux projets ambitieux
  • responsabilité limitée aux apports
  • possibilité d’appel public à l’épargne
  • bonne crédibilité
  • entrée facile de nouveaux partenaires dans le capital

Les inconvénients :

  • forme lourde pour un créateur d’entreprise
  • coûts de fonctionnement importants
  • minimum 7 associés
  • capital minimum de 37 000 euros

Certaines activités (comme les agences de placement d’artistes de spectacle ou les sociétés immobilières de gestion) ne peuvent pas être exercées sous forme de SA. A contrario, d’autres n’ont pas le choix : sociétés d’investissement, entreprises d’assurances.

SAS

La Société par Actions Simplifiée est à mi-chemin entre la SARL et la SA. C’est la dernière-née des formes d’entreprises (elle date de 1994). La SAS est toujours imposable à l’IS.

Les avantages :

  • possibilité d’un actionnaire unique, pas de nombre
  • maximum d’associés
  • grande souplesse de fonctionnement
  • responsabilité limitée aux apports
  • entrée facile de nouveaux partenaires dans le capital
  • possibilité de faire du « sur-mesure » dans les différents
  • répartitions (bénéfices, votes, pouvoirs).

Les inconvénients :

  • coûts de fonctionnement importants
  • interdiction de s’introduire en bourse
  • nécessité de définition rigoureuse des statuts et règles de
  • fonctionnement (pour éviter des futurs litiges)
  • capital minimum de 37 000 euros

Certaines activités ne peuvent être exercées sous cette forme (ex. : les sociétés immobilières de gestion)

Choisir le statut de son entreprise n’est pas irréversible. Toutefois, il est déterminant pour les principes d’administration, la responsabilité engagée et les développements futur.

Un petit conseil : si vous souhaitez réinvestir une partie des bénéfices réalisés afin d’économiser sur vos impôts : comparez le taux moyen d’IR auquel vous êtes soumis sur l’ensemble des revenus de votre foyer fiscal avec le taux de l’IS auquel l’entreprise est soumise. Si le taux moyen d’IR est supérieur au taux de l’IS, vous avez intérêt à choisir l’IS. Les bénéfices réinvestis ne seront en effet soumis à l’impôt qu’à hauteur de ce taux. Dans le cas où le taux moyen de l’IR est inférieur au taux de l’IS, vous avez intérêt à faire le choix de l’IR.

Article par Yann Fabrice Faucille et James Tchicaya

XS Logistics, une réussite sans frontières

Interview de Xavier SOENEN, diplômé d’Advancia en 1996, a créé XS LOGISTICS en 2000, dont il est le gérant associé. Très tôt intéressé par le transport, il a travaillé au sein de la société Martinair en tant que responsable des « opérations » et du « yield management » pour l’Europe du sud. Puis, il a œuvré chez China Eastern Airlines en tant que directeur de fret. Enfin, recruté par un chasseur de tête pour le groupe PSA, il s’est occupé du dépannage aérien de la chaîne logistique.

Pour quelles raisons avoir choisi Advancia pour vos études ?

Si j’ai choisi Advancia, c’est parce que c’était la seule école qui proposait une formation spécifique dans les transports et la logistique alliée à une formation généraliste tout en privilégiant l’apprentissage des langues étrangères. En effet, toutes les autres écoles étaient axées sur la micro-économie et n’offraient l’apprentissage que d’une seule langue. Aujourd’hui plus de 80 % de notre chiffre d’affaires est à l’étranger, vous comprenez aisément les raisons de mon choix. Etre sur la scène internationale, en maîtrisant plusieurs langues, se relève être un atout indéniable.

Pourriez-vous nous résumer l’histoire de votre activité en quelques mots ?

Nous avons axé notre activité sur un premier métier : Vol camionné pour les compagnies aériennes. Le principe en est simple : les marchandises partent d’un point du monde et doivent parvenir à destination. Comme il n’existe pas d’avions directs pour chaque destination, un transporteur routier doit assurer le pré et post acheminement aéroportuaire. C’est donc sur ce concept que nous avons développé notre activité.

Nous faisons aujourd’hui, 85 % du chiffre d’affaires sur les trafics internationaux et 90 % pour des compagnies aériennes, ou agents aéroportuaires. Le deuxième métier est ni plus ni moins la poursuite de ma dernière activité salariée. Nous gérons l’affrètement d’avions pour les constructeurs automobiles comme PSA sur la Chine et quelques équipementiers.

Quel est le dernier métier ?

Notre dernier métier est grossiste en express : c’est une messagerie express qui couvrent l’intégralité des réseaux mondiaux. Nous avons développé cette activité et la proposons aux TPE et PME qui, elles, ne sont pas ciblées par des « expressistes » tels que DHL ou encore TNT.

Notre offre va de l’enveloppe de plus de 100 grammes aux envois de 100 kilos, pour lesquels nous avons mis au point un service courrier et fret express permettant même des livraisons le jour même en porte à porte sur certains axes. Par exemple, un pli récupéré aujourd’hui à Paris sera livré après demain à Shanghai. A destination ce pli sera redistribué par notre agent local.
Nous avons le choix selon les jours, d’utiliser différents canaux pour envoyer les marchandises. Nous maîtrisons la chaîne de bout en bout ce qui nous permet une flexibilité et une réactivité optimales.

Cette manière de procéder nous permet d’obtenir des délais qui sont meilleurs que ceux des expressistes. En résumé, nous sommes plus fiables et plus rapides.
La suite logique de ce développement notamment sur la Chine sera l’ouverture d’un bureau à Shanghai en 2007.

Quel est, selon vous, le facteur clé de votre succès ?

Dans certains pays comme la Chine, les délais peuvent être considérablement affectés puisque les « expressistes » se sont vus imposer des lieux d’implantation alors que nous utilisons tous les réseaux existants. Notre facteur clé c’est notre différence.

Pourriez-vous donner des conseils à une entreprise qui voudrait s’exporter à l’étranger ?

Réussir à l’exportation dépend en grande partie de la personnalité des dirigeants et de leurs compétences linguistiques. Le plus important, il me semble, c’est de ne pas imposer aux clients de nouvelles contraintes mais de s’adapter à leurs besoins.

La négociation à l’international

À l’heure de l’internationalisation, la question de savoir comment bien négocier est primordiale. Il nous éclaire sur son approche originale relative à la Négociation Convergente®. Pour les Vietnamiens, le secret de la négociation négociation à l’international réside dans une expression. Partons ensemble à la découverte de ce que la formule recèle.

Un exemple de négociation internationale réussie : le Vietnam et l’O.M.C.

Le Vietnam : 84 millions d’habitants, pour la plupart doués d’une capacité d’adaptation hors norme, et pour qui « rien n’est impossible ». Sa croissance économique atteint un taux annuel de 8,4 % depuis deux ans et celle-ci devrait perdurer dans les années à venir. L’O.M.C. : seule organisation coordonnant les échanges commerciaux internationaux « dans le respect du développement durable, des impératifs sociaux et environnementaux » des nations membres.

Le Vietnam devient le 150e membre de l’O.M.C. Le 7 novembre 2006 à Genève, les membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C.) approuvent à l’unanimité l’adhésion du Vietnam, mettant ainsi un point final à 12 années de négociations. C’est une victoire pour l’ensemble des protagonistes. Toute négociation repose sur des intérêts communs. Dans cette négociation, ce sont principalement :

  • La reconnaissance des efforts récents en matière d’ouverture politique et économique d’un pays en voie de développement
  • Le cadrage des activités commerciales dans le respect des règles internationales. Cette adhésion du Vietnam à l’O.M.C. permettra au pays d’accélérer ses exportations et de drainer les investissements étrangers, en hausse de plus de 40 % cette année ! Cette tendance se renforcera encore dans l’avenir et aura un effet bénéfique sur la pauvreté.

Développer ses talents de négociateur

Il faut avoir une vision claire de la situation (enjeux, stratégie, objectif), du message à faire passer (argumentation, réponse aux objections) et de ses modalités de transmission (tactiques, logistique) constituent quelques étapes clé pour devenir meilleur négociateur, tout comme l’est la collecte d’informations sur ses interlocuteurs. À cet égard, il est pertinent d’organiser, avant la négociation, une courte rencontre informelle avec le chef de la délégation adverse.

L’objectif affiché est diplomatique : créer un lien. En réalité, il est stratégique : juger l’état d’esprit de la personne et ajuster si nécessaire l’approche à suivre. Lors du déroulement de l’entretien, les qualités d’écoute, l’adaptation aux imprévus et la gestion du temps feront la différence. La négociation requiert également une bonne santé physique et mentale, et de vrais talents de psychologue.

Spécificités de la négociation interculturelle

Vous devez également connaître les spécificités de la négociation interculturelle. L’environnement interculturel exacerbe les traits d’une négociation classique ; sa préparation est donc incontournable. Utiliser des « check-lists » est utile ; cela permet de se concentrer sur l’essentiel, y compris dans le domaine culturel. L’histoire, les valeurs, le protocole y ont leur place, tout comme le processus de décision (individuel ou collectif), le rapport aux règles (structurant ou bloquant), la relation au temps (allié ou ennemi), les cadeaux (signe de bienveillance ou de corruption), l’usage de l’humour (facilitateur ou « décrédibilisateur »). Cela limite les risques de contresens culturels.

Si la façon d’aborder la négociation diffère d’un pays à l’autre, quelques principes sont universels, comme faire preuve de détermination sur le fond et de souplesse sur la forme. Le « savoir être » l’emporte résolument sur le « savoir faire ». D’où la formule d’introduction  : « Lorsqu’on se connaît soi-même et qu’on connaît l’autre, cent batailles deviennent cent victoires. »

Par Marc Beretta

A propos de Marc Beretta

Marc Beretta est Consultant International. Diplômé de l’ESCP-EAP, il a la double nationalité française et irlandaise. Il met son expérience de Coach au service du Management dans des situations complexes (interculturel, conduite du changement) et de la Négociation. Il intervient auprès d’individus, d’entreprises, et d’institutions européennes et internationales. Ce dernier travaille avec une trentaine de nationalités sur 3 continents. En tant qu’expert, il a participé au processus final de négociation de l’entrée du Vietnam au sein de l’O.M.C. Il a participé au programme incubateur Advancia de la CCIP. Il a fondé Inis alga®, cabinet de conseil, de formation et de coaching.

Femmes 3000, une fédération au service des femmes

Interview de Josiane Gaude est présidente de Femmes 3000, fondée en 1989. Cette fédération nationale, reconnue par les instances institutionnelles de notre pays, s’appuie sur des délégations régionales pour aider la femme et la faire reconnaître dans tous les domaines de compétence.

Quel est votre rôle au sein de la structure ?

Depuis mars 2005, je suis devenue présidente de Femmes 3000 pour 3 ans. Nous avons voulu donner une ouverture nationale à notre association car Paris n’est pas la France et aujourd’hui nous avons 10 délégations régionales. Notre challenge c’est que fin mars 2007 notre association recouvre la France entière.

Femmes 3000, 5 objectifs majeurs :

  • Accroître la participation des Femmes dans la vie publique
  • Développer des projets qui les rendent visibles
  • Mettre en valeur leurs compétences
  • Encourager la prise de risques des femmes
  • Viser l’égalité hommes-femmes des chances dans tous les domaines

Pourriez-vous nous expliquer en quelques mots comment sont organisées vos activités ?

Nous avons créé des commissions qui se répartissent les responsabilités. Ces commissions doivent créer deux évènements par an. Par exemple, nous avons réalisé un événement en présence du Médiateur de la République qui sera dupliqué dans les régions. Ces évènements peuvent être des conférences, des débats sur des thèmes porteurs. Par ailleurs, tous les premiers mardis de chaque mois, nous organisons un débat au « Café de Flore » du boulevard Saint Germain. Lors de ces débats, nous recevons des personnalités éminentes sur des thématiques variées. Par exemple, au mois de janvier, nous aurons la fondatrice de « Milles Merci », société cotée en bourse depuis 2006.

Cependant, Femmes 3000 ne se réduit pas à l’organisation d’évènements, elle soutient les femmes qui souhaitent mettre en oeuvre leur projet. Grâce à son réseau de 1600 personnes adhérentes, Femmes 3000 réalise des partenariats et notamment avec Paris Pionnières, HEC jeunes Femmes, Les femmes business angels. Nous avons également créé un annuaire composé de 400 personnes pour faciliter les échanges.

De plus, chaque trimestre, nous éditons un journal avec les interviews de nos adhérentes. Nous sommes une association de Femmes pour défendre les femmes mais qui intègrent aussi les hommes qui souhaitent nous soutenir dans notre action. Toute la difficulté est de trouver des adhérentes qui puissent dégager du temps pour remplir les objectifs de l’association.

Comment êtes-vous financés ?

Nous fonctionnons grâce à l’aide des cotisations de nos adhérentes, des dons ou encore des subventions. Nous regrettons cependant de ne pas avoir un soutien plus grand des ministères.

Dans quelle mesure est-ce que les femmes ont besoin d’un plus grand soutien que les hommes ?

D’une part parce qu’elle manque de confiance en elle, c’est clair et d’autre part, parce que la société, même si elle a évolué, est encore loin de la parité. Ainsi, nous ne sommes pas si éloignés du temps où le rôle de la femme se limitait à élever les enfants. Nous le constatons au nombre restreint de femmes présidentes de grands groupes.

Nous avons cependant constaté des avancées certaines autant en Europe que dans le monde, même si il reste encore du chemin à parcourir. Elles doivent prouver leur compétences plus que les hommes et franchir de nombreux obstacles pour parvenir à réaliser leur projet. Dans les mentalités, les stéréotypes ont la vie dure. Pourtant dès que les femmes prouvent leur compétence, elles se font respecter autant que les hommes, si ce n’est plus.

D’après vous est-ce que les femmes se freinent entre elles ?

Pas à mon sens. Je n’ai pas ce sentiment. Bien sûr, il arrive que certaines femmes refusent d’autres femmes mais dans ce cas la raison est souvent liée à d’autres facteurs. Elles doivent par exemple inverser leur culture. Ainsi, apprendre les femmes à se communiquer leur carnet d’adresses, à échanger ce que font sans problèmes des hommes.

Femme et entrepreneuriat

Les femmes entreprennent moins que les hommes en France. Ce contraste, Femme et entrepreneuriat, n’engage pas seulement la question des discriminations dont les entrepreneures sont victimes tant au fil de leur éducation et, par voie de conséquence, dans leurs comportements entrepreneuriaux qu’au travers des barrières qu’elles affrontent entre autres lorsqu’il s’agit d’accéder aux crédits, aux conseils et aux réseaux (Orhan, 05; Verheul, 05).

Les causes d’un entrepreneuriat plus masculin

Si les femmes entreprennent moins que les hommes, c’est aussi que les indicateurs de performances entrepreneuriales sont encore très centrés sur des modèles masculins en France et dans de nombreux pays développés (Watson and Newby, 05). La dernière grande étude française portant sur l’Entrepreneuriat féminin date de 2000 (Ducheneau et Orhan). Un questionnaire – 238 questions – a été adressé à 6000 entrepreneures ; 400 réponses ont pu être exploitées et 29 entretiens qualitatifs ont permis de compléter l’étude quantitative. Comme cette enquête compare systématiquement population masculine et population féminine (sans étudier les contrastes au sein de la seule population féminine ou au sein de la seule population masculine), ses conclusions donnent l’impression qu’il existe un seul vrai modèle d’Entrepreneuriat, à savoir le modèle masculin, les autres modèles possibles constituant des catégories exotiques non des catégories fort utiles pour renouveler la culture entrepreneuriale et redynamiser l’esprit d’entreprendre en France.

Un rattrapage progressif

Depuis 2000, les femmes ont commencé à rattraper leur retard du moins dans le domaine de la création d’entreprise. Elles représentent près de 40% des créateurs en 2006 (GEM) contre à peine 30% en 2001. La volonté de croissance qu’elles impriment à leur projet entrepreneurial fait cependant encore problème. En 2005, Annie Fouquet souligne que les patronnes de plus de 10 salariés ne représentent que 13,2 de la population entrepreneuriale totale (tableau, p.46). Elle invite également les spécialistes à se méfier de certains chiffres qui comptabilisent dans le nombre de chef d’entreprise féminin les travailleuses indépendantes y compris les professions libérales; sans elles, les femmes représentent 20,8% de la population entrepreneuriale française totale.

Dans ce contexte, les chiffres fournis par l’INSEE/SIRENE en 2000 nous permettent d’affiner les analyses de Ducheneau et Orhan; on relève en particulier que :

  • Les entreprises dirigées par les femmes sont plus petites que celles des hommes
  • (1 à 10 salariés en moyenne).
  • Les entrepreneures sont nettement plus présentes dans les services.
  • Les entrepreneures choisissent plus souvent que les hommes comme structure juridique l’entreprise individuelle.
  • En 2000, le CA global des entreprises dirigées par des femmes est de 300 millions d’euros soit 21% du CA total des entreprises françaises.

L’accession des femmes à l’Entrepreneuriat

1. Deux types de motivation guident les femmes françaises pour créer (Brush, 92 ; Daily, Certo and Dalton, 99 ; Chandler and Jansen, 00) :

  • La recherche d’indépendance sans recherche de développement dans un contexte de substitut au salariat. Cette approche résulte de divers facteurs : insatisfaction dans le travail, difficulté à trouver un emploi satisfaisant, recherche de flexibilité d’emploi du temps.
  • La recherche de développement. Ce type d’approche résulte de divers facteurs : besoin d’accomplissement personnel, besoin d’avoir une mission sociale, recherche de statut social ou de pouvoir.

Concernant ces deux dynamiques de création, aucune étude comparative d’envergure, prenant en compte les contrastes générationnels et sectoriels n’a été encore réalisée en France.

2. Au sein de la population guidée par la recherche de développement, on observe les qualités suivantes.

Elles sont encore trop calquées sur les modèles masculins tels qu’ils ont été dégagés par Mc Clelland et repris en grande partie par Aldrich et Minnitti (voir les études de Friedman et Rosenman, 74; Ducheneaut et Orhan, 00) :

  • goût de la compétition permanente avec soi-même (35% des entrepreneures concernées) ;
  • sens de l’indépendance (29%) ;
  • besoin d’accomplissement personnel (23%) ;
  • goût d’entreprendre et de diriger (sens du leadership ; pouvoir de contrôle interne ; prise de risque) ;
  • recherche de profit ;
  • besoin de se donner une mission sociale ;
  • besoin d’obtenir un statut social et le pouvoir ;
  • obligation de reprendre le flambeau familial.

Comportements entrepreneuriaux féminins et facteurs agissant sur ces comportements

D’après les enquêtes d’Olson et Currie (89), Carland and Carland (95), et Sonfield, Lussier, Corman, et McKinney (01), Gundry et Ben-Joseph (04), on a très tôt noté chez les femmes entrepreneures les traits de comportements suivants en terme de management :

  • L’attention aux autres et l’écoute; cela induit des relations plus humaines et une façon de penser l’entreprise comme une entité sociale en contact attentif avec les clients
  • Un équilibre réfléchi entre intuition et raisonnement dans les prises de décision.
  • La recherche du consensus avant la prise de décision, intégrant l’avis et recourant aux compétences de qui est concerné en opposition aux stratégies de décision autocratique
  • L’attention aux détails
  • La relativité vis-à-vis de la réussite professionnelle toujours remise en perspective avec la vie privée
  • Le manque de confiance en soi et l’appréhension du risque

Différentes thèses sur le sujet

La thèse de Candida Brush (92) démontre que les femmes considèrent leur entreprise comme un ensemble de réseaux coopératifs de relations intégrant les relations d’affaires aux relations personnelles, familiales, sociétales, l’entreprise n’étant qu’une partie constitutive mais indissociable de l’ensemble des activités de la femme entrepreneur. Cette thèse est confirmée par l’anthropologue Helen Fisher dans son analyse des compétences managériales spécifiquement féminines (99) .

Prue Cruishank (04) étudie l’usage que les entrepreneures néo-zélandaises font de leur capital social et confirme l’existence de process managériaux et entrepreneuriaux spécifiques aux femmes.

Il est clair que ces comportements sont en train de devenir aujourd’hui le fait de tous les acteurs du management entrepreneurial (via l’approche systémique croisée de réflexions sur le genre). Ces études nous incitent à relancer d’autres enquêtes pour savoir si les femmes chefs d’entreprise n’ont pas déjà élaboré des stratégies managériales qui permettraient de mieux gérer l’entrée dans une société performante de l’information, de la recherche et de la veille économique. Il semble également que les femmes savent mieux que leurs homologues masculins recruter des profils créatifs et entrepreneuriaux et s’entourer de compétences et de profils plus diversifiés qui leur permettent d’être à la pointe de l’innovation.

Les tendances de la recherche internationale en matière l’Entrepreneuriat féminin : 11 questions majeures

Dans un article faisant le point sur les 30 dernières années de recherche en matière d’Entrepreneuriat féminin, Lisa Gundry et Myriam Ben-Yoseph abordent 11 questions majeures à ce propos :

  1. Le statut de la femme entrepreneur (le nombre d’entrepreneures et son évolution d’année en année; leur importance en CA, nombre d’employés, le dynamisme de leurs entreprises)
  2. Les secteurs d’activité économique dans lesquels elles évoluent
  3. Les caractéristiques de ces entrepreneures et de leurs entreprises (avec un appel à mener davantage d’études comparatives au sein de la seule population féminine et de la seule population masculine; voir à ce propos l’étude de Cruickshank et Rolland sur l’usage que les entrepreneures néo-zélandaises font de leur capital social)
  4. Les modes d’accès et les motivations qui mènent à l’entrepreneuriat (voir à ce propos l’étude sur les créatrices de start-ups israéliennes de Sibylle Heilbrunn, 04)
  5. Les difficultés de financement et de crédibilité rencontrées par les entrepreneures pour créer et développer leurs entreprises (Greene, Brush, Hart, Saparito, 01)
  6. Les facteurs qui influencent les stratégies de croissance des entreprises dirigées par des femmes (voir les recommandations en ce domaine de Starr et Yudkin dès 1996 ; voir aussi Kim and Mauborgne, 97 et Kamau et ali, 99; Harveston et ali, 96 traitent des problèmes de financement pour les femmes en cas de transmission)
  7. Les entrepreneures minoritaires, leurs besoins spécifiques, leurs liens avec la communauté entrepreneuriale et leurs apports en terme de valeurs et d’innovation (Sonfield, 01; Rogers, Gent, Palumbo, and Wall, 01; Chaganit and Greene, 02)
  8. Le développement des formations à l’Entrepreneuriat tournées vers les femmes et les interactions avec des formations qui ont été essentiellement dessinées pour des publics masculins (voir en particulier les critiques adressées par Candida Brush au système de formation des femmes entrepreneurs à Harvard, 97 et l’analyse de l’originalité de l’offre de Columbia College en Caroline du Sud réalisée par Gundry et ali, 02)
  9. L’originalité des interactions entre vie privée et vie professionnelle que réalisent les entrepreneures et leur impact sur les performances de l’entreprise (Stoner, Harman, and Arora, 90 donnent une vision pessimiste de la question; pour voir des conclusions plus optimistes, se référer à Gundry and Ben-Yoseph, 98 et Ufuk and Ozgen, 01)
  10. Les spécificités féminines dans la détection et la concrétisation d’opportunités (surtout dans les services à l’industrie, voir Kuratko et Hodgetts, 04; voir aussi Hofman, 00)
  11. Les défis à relever par les entrepreneures pour internationaliser leurs entreprises.

Les préconisations de Renaud Redien-Collot

Pour prolonger la réflexion internationale sur l’Entrepreneuriat féminin, je préconise 7 thématiques de recherche qui engagent directement les pouvoirs publics :

  • Les femmes françaises entrepreneurs en chiffres et leurs secteurs d’activité
  • Le mode d’accès à l’entrepreneuriat et les chances de pérennisation des entrepreneures
  • Les entrepreneures et leurs entreprises : valeurs, styles de management, communication, alliances inter-entreprises (études comparatives H/F et F/F des minorités)
  • L’équilibre vie professionnelle/vie privées des femmes chefs d’entreprise : une source d’inspiration pour demeurer créatives
  • Les entrepreneures et les modes de financement et de développement de leurs entreprises
  • Du leadership féminin au coaching entrepreneurial spécifiquement féminin en France dans les programmes d’enseignement supérieur (voire les formations continues) : état des lieux d’une problématique toujours abordée latéralement
  • Les entrepreneures ethniques en France: une réalité tronquée par le mythe républicain

Grâce à de nombreuses observations de terrain, je préconise 7 thématiques un peu plus innovantes dans le domaine de l’Entrepreneuriat féminin :

  • Le capital social des femmes entrepreneurs : utilisation des réseaux établis, pouvoir de constitution de réseaux autour d’une activité, valeurs et significations attribuées aux réseaux
  • Le lobbying et les chefs d’entreprise féminins ; un domaine encore masculin ?
  • Intrapreneuriat, Femme et entrepreneuriat : le rôle des femmes (salariées, dirigeantes, consommatrices, parties prenantes et membres d’association) dans la diffusion de l’esprit entrepreneurial des grands organisations et des PME françaises
  • Femmes et hommes, entrepreneurs associés aujourd’hui en France : renforcement des stéréotypes ou interaction créative ?
  • Femme et entrepreneuriat et entreprises familiales en France : le véritable partage des contraintes et des libertés
  • Le serial entrepreneur et l’entrepreneur à portefeuille au féminin : une réalité française encore masquée
  • Femmes entrepreneurs et femmes politiques : approches similaires ou complémentaires ?

Article par Renaud Redien-Collot

Les Clubs d’entrepreneurs : L’exemple de deux clubs passionnés par l’entrepreneuriat

2 interviews concernant les Clubs d’entrepreneurs et le Club des étudiants entrepreneurs d’Advancia.

Interview de Vincent LEFEVBRE pour le Club des Entrepreneurs CCIP Paris – Advancia.

Pourquoi les créateurs adhèrent au sein de votre club ?

Trois objectifs les conduisent à adhérer : sortir de l’isolement, appartenir à un réseau qui les mettra au cœur de l’information par son appartenance à la CCIP, mais aussi par le biais de réunions informelles, de partage de problématiques… Mais aussi avoir l’opportunité d’acquérir des réflexes de chefs d’entreprises, des déclics sur des sujets qui concernent les entrepreneurs en échangeant avec d’autres mais aussi en participant à des petits déjeuners débats.

L’activité du club ?

Le club c’est avant tout un partage d’expériences et d’expertises entre les différents adhérents. Il n’a pas pour vocation première de faire faire du business mais, se fonde sur l’échange afin de créer une relation de confiance entre les adhérents. Bien sûr, cette confiance conduit les membres du Club à travailler ensemble notamment avec des entreprises extérieures mais aussi entre elles car ils ont la connaissance de l’autre et sont membres d’une même entité. Ainsi, la négociation n’est plus au cour des préoccupations, chacun sait qu’il aura une prestation juste à un prix juste.

Comment se tenir au courant des activités ?

Il existe deux supports :

  • la « newsletter » hebdomadaire baptisée « l’entrepreneur de la semaine » dans laquelle nous présentons une nouvelle entreprise chaque semaine. Il y a aussi un volet info et un volet agenda pour savoir ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur du club
  • l’extranet qui différencie le Club des Entrepreneurs CCIP Paris – Advancia d’autres clubs car on y capitalise la totalité des échanges depuis sa création. Toute entreprise arrivant peut consulter les présentations et résumés de tous les événements, les fiches des entreprises du club, les photos des événements

Quelles sont les conditions pour y adhérer ?

Quatre conditions cumulatives : avoir créé ou repris une entreprise, être immatriculé au RCS donc pas de profession libérale ni d’artisan à titre exclusif, avoir son activité entrepreneuriale à Paris (sauf pour les anciens d’Advancia), passer un entretien individuel afin de valider sa démarche réseau avec l’animateur et s’assurer de la cohérence entre ses attentes et les services proposés.

A propos de Vincent Lefevbre

Vincent Lefèvbre a été conseiller en création d’entreprise à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris puis chargé de projet transmission d’entreprise, il est aujourd’hui créateur et responsable du Club des Entrepreneurs CCIP Paris – Advancia. Il nous parle avec passion de son club.

Interview de Hugues DE REVEL, Ancien Président du club des Entrepreneurs étudiants d’Advancia

Pourquoi avoir décidé de créer votre club ?

Notre club a été créé, il y a deux ans, à la suite d’un voyage au Canada par quelques étudiants entrepreneurs d’Advancia. Au Canada, le club, c’est une habitude…. C’est une idée qui nous a attirés car le côté « rencontre » avec des chefs d’entreprise, avec toutes les personnes impliquées dans une problématique entrepreneuriale nous semblait fondamental dans une aventure entrepreneuriale.

En quoi consiste votre club des entrepreneurs ?

Le club a plusieurs missions dont les conférences qui se déroulent tous les mois. Au travers de ces conférences, nous sensibilisons les étudiants à l’entrepreneuriat. Chaque année, nous participons au colloque de l’Association mondiale des Clubs Entrepreneurs Etudiants qui se tient au Québec. C’est pour nous l’occasion de rencontrer l’ensemble des Clubs dans toute la francophonie. Nous avons aussi l’intention d’organiser plusieurs dîners rencontres avec des étudiants d’autres écoles pour favoriser l’échange d’idées et permettre peut être de réaliser des « idées de business. »

Quelle est la différence entre votre club et celui des entrepreneurs délégation de Paris ?

La différence entre nos deux clubs c’est que le club des entrepreneurs délégation de Paris s’adressent aux entreprises qui ont déjà été créées tandis que notre club s’adresse aux jeunes dont l’entreprise est en cours de création, à ceux qui ont seulement une idée et qui cherchent à la concrétiser ainsi qu’aux curieux.