Le V.I.E a été créé afin de mettre en lien des entreprises françaises voulant se développer à l’international avec des jeunes professionnels, français ou européens. Ce sont environ 40 000 jeunes, compétents, ouverts à l’international qui sont en permanence à la recherche de responsabilités autres que celles qu’ils pourraient avoir en France. De l’autre côté nous recensons 2 000 entreprises qui font régulièrement le choix du V.I.E. Au 30 Novembre 2015, 8 953 V.I.E. étaient en poste pour le compte de 1 877 entreprises.
Quelques repères en chiffres :
44% des départs concernent l’Europe (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Roumanie, Italie, Espagne, Tchéquie…)
19% l’Asie (Chine, Japon…)
13% l’Amérique du Nord (essentiellement les Etats-Unis),
12% l’Afrique, 5.5% l’Amérique Latine
3% le Proche et Moyen-Orient
En quoi consiste le Volontariat International en Entreprise (V.I.E) ?
Un V.I.E ne séjourne pas forcément à plein temps à l’étranger. Il peut passer jusqu’à 165 jours par an en France afin de s’initier à la culture, aux produits et à la mission de l’entreprise qu’il représente.
Aujourd’hui, plus de 6 000 jeunes actifs effectuent des missions dans 135 pays. Une formule qui a fait ses preuves depuis sa création, il y a de cela 7 ans, et qui continue à attirer un nombre croissant de jeunes (+18 à 20 % par an depuis 3 ans).
Cette formule est ainsi intrinsèquement liée au marché : lorsqu’une entreprise décide de replier la voilure, elle réduira ses contrats locaux et enverra moins de V.I.E. D’autres entreprises, au contraire, vont saisir des opportunités et renforcer leur présence à l’étranger.
Quels sont les avantages du V.I.E pour l’entreprise ?
Le V.I.E n’est pas inclus dans la masse salariale de l’entreprise pendant toute la durée de son contrat. Rappelons que le V.I.E a été créé par une loi ad hoc, en mars 2000, et qu’il s’agit donc d’un statut légal particulier. Il constitue une forme de contrat assez atypique sur le marché : l’état a délégué à Ubifrance, l’Agence française pour le développement à l’international des entreprises, qui est un EPIC, la gestion nationale de ce type de contrat. Dès lors qu’une entreprise décide d’avoir recours au V.I.E, elle conclut un contrat avec Business France qui lui propose des profils aux compétences adéquates. De son côté, Business France contractualise sa relation avec le candidat, afin de le faire bénéficier de ce statut particulier.
• Le V.I.E, c’est, avant tout, la possibilité de tester en grandeur réelle un futur collaborateur, qui sera parfois le n°1 ou n°2 de l’entreprise dans le pays. Grâce aux échanges entretenus avec l’entreprise, Business France recrute des profils appropriés à leurs besoins. Il faut savoir que, dans la majeure partie des cas, le V.I.E intègre par la suite l’entreprise. 85 % des entreprises déclarent d’ailleurs qu’elles font appel à un V.I.E dans la perspective de le recruter en fin de mission.
• Pour les PME, il existe de nombreux dispositifs au plan subventionnel ou fiscal qui vont permettre d’alléger la facture. Dans 16 régions françaises sur 22, l’entreprise peut bénéficier d’une subvention locale ou territoriale car il a été jugé que cette formule représentait un bon tremplin pour les PME et les jeunes. En moyenne, les V.I.E peuvent donc être financés de 40 à 50 %.
• Les V.I.E n’ayant pas de contrat direct avec l’entreprise, il n’y a pas de charges fiscales à payer. Autrement dit pas de CSG, pas de CRDS. Uniquement des tarifications nettes pour le chef d’entreprise ! Un avantage corollaire aux jeunes, puisqu’eux aussi ne sont pas fiscalisés. Ainsi, le contrat de V.I.E permet à des jeunes salariés d’être rémunérés entre 1200 et 2500 euros net par mois.
• Pour les PME, il s’agit de l’unique contrat en France qui soit non seulement déclencheur du bénéfice du crédit d’import-export, mais dont le volet rémunération puisse être intégré dans l’assiette fiscale. Prenons un exemple : une PME envoie un bac +5 en Allemagne. Cela lui coûte 20 000 euros net/an, soit sur 2 ans, 40 000 euros. Ces 40 000 euros, auxquels on ajoute les frais de prospection liés à la mission, seront déductibles à hauteur de 50 % de l’impôt sur société pour l’entreprise. Cela signifie donc que le V.I.E représente un crédit d’impôt non négligeable.
En France 65 % de nos entreprises utilisatrices du V.I.E sont des PME et 30 % ont un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions d’euros. La vraie condition pour bénéficier de ces avantages, reste que l’entreprise soit en capacité de générer des budgets suffisants pour assumer cette chasse aux marchés internationaux.
Les VIE sont placés sous l’autorité fonctionnelle de l’ambassadeur de France dans le pays donc, en cas de conflit, ceci représente un important gage de sécurité pour l’entreprise : en cas de problème, les V.I.E seront traités comme le personnel de l’ambassade.
• Le contrat de V.I.E est souple. Sa durée varie de 6 mois à 2 ans, renouvelable une fois dans la limite des deux ans. Par ailleurs, le V.I.E peut être actif dans plusieurs pays (8 au maximum) sur la durée de son contrat.
Est-ce que Business France propose une aide pour l’installation des V.I.E ?
Bien qu’ayant envie d’exporter des jeunes actifs, une question freine souvent les PME : « où vais-je mettre mon V.I.E ? ». Si la petite entreprise n’a pas de structure d’accueil dans le pays, Business France essaie d’en mettre à sa disposition gracieusement, au moins de manière temporaire ou alternative, jusqu’à qu’elle décide d’investir. Pour cela, nous faisons appel à notre propre réseau et tentons de trouver un espace pour les nouveaux arrivants, mais les places ne sont pas illimitées. Par volonté de développer le portage de petites entreprises à l’étranger, de grands groupes nous proposent également d’aider de façon quasi-gratuite ces PME. Nous transmettons aussi des demandes d’aide aux Conseillers du Commerce Extérieur de la France.
Quels sont les métiers les plus recherchés pour les contrats de V.I.E ?
Le développement commercial représente 60 % des V.I.E. Autrement dit, un tiers des missions sont d’ordre technique et les 10 % restant rassemblent des métiers très divers (ceux-ci sont plus l’apanage des grandes sociétés).
Pour les PME, le V.I.E représente un réel accélérateur pour leur chiffre d’affaires. Le problème des petites entreprises vis-à-vis du marché international reste souvent que, si leurs produits se vendent bien et que leurs politiques de prix demeurent compétitives, elles négligent trop souvent le contact avec les clients. Beaucoup d’entreprises n’ont pas de personnes dédiées à l’international. Il s’ensuit que le gérant ne voit, en général, qu’une fois par an son fournisseur ou son client. Avoir un V.I.E sur le terrain permet d’entretenir le lien avec son client, de l’informer et le rassurer.
Il est à noter que les entreprises sont avant tout à la recherche de compétences (notamment dans les domaines techniques ou commerciaux). Dans certains cas, les doubles formations (ingénieur + 3ème cycle) sont prisées.
Les spécialisations les plus demandées :
Contrôle de gestion, comptabilité, finances
Commerce international, Ventes
Mécanique, Génie Civil, Chimie
Electronique, Informatique, Télécommunications
Comment recrute-t-on un V.I.E ?
Le schéma est très simple : l’entreprise doit se faire agréer en remplissant une fiche recto-verso, téléchargeable sur le site Internet de Business France. Ce document nous renseigne sur l’identité de l’entreprise et nous apporte un aperçu de l’état de ses comptes. Ces informations sont nécessaires afin de pouvoir juger si l’entreprise possède les moyens pour être à la hauteur de sa stratégie internationale. 98 % des entreprises qui font la demande de cet agrément l’obtiennent et celui-ci est valable pour 5 ans. Un second document devra être rempli quand l’entreprise aura sélectionné un candidat au V.I.E afin que nous soyons informés de son identité, de son lieu d’affectation et de la mission confiée.
Pour trouver les candidats, l’entreprise peut consulter la base de données de Business France comprenant 40 000 candidats. La recherche peut s’effectuer par critères de sélection. Si l’entreprise n’a pas le temps ou ne possède pas les compétences requises pour faire un bon recrutement sur ce type de profil, nous pouvons l’aider gratuitement dans cette démarche et lui envoyer des CV présélectionnés.
Qu’advient-t-il, lorsque le V.I.E se passe mal ?
Si la conjoncture économique n’est pas favorable au secteur d’activité ou que les retours sur investissement ne sont pas à la hauteur des espérances de la direction, l’entreprise peut à tout moment décider le repli du V.I.E de façon souveraine. La règle veut qu’un délai d’un mois de préavis soit tout de même respecté. Dans une telle situation, nous examinons avec l’entreprise la possibilité de réaffectation du V.I.E sur une nouvelle zone.
• Si l’entreprise estime qu’elle s’est trompée dans le choix du candidat, elle doit prévenir Business France et, là encore, respecter ce préavis d’un mois. Si l’interruption de contrat intervient dans les 6 premiers mois, le jeune ne pourra pas bénéficier du certificat de V.I.E.
• Si le V.I.E trouve un CDI et décide de mettre fin à sa mission, il devra effectuer un préavis de 3 mois.
• L’entreprise qui expatrie un V.I.E peut également faire appel à d’autres aides, notamment l’assurance prospection de la COFACE. Celle-ci permet, en cas d’insuccès commercial, de se voir rembourser jusqu’à 65 % des sommes engagées.
• Pour une PME, le V.I.E représente une chance de drainer vers elle les jeunes talents qui, traditionnellement, sont davantage attirés par les grandes entreprises. En proposant des perspectives de carrières et des missions à l’étranger, les PME deviennent attractives pour des profils très prometteurs.
Entretien avec Lorenzo Cornuault, directeur V.I.E d’Ubifrance