La plupart des créateurs d’entreprises entreprennent lorsqu’ils pensent avoir trouvé la bonne idée. Mués par la passion, ils sautent le pas vers un avenir qu’ils pensent meilleurs. Mais qu’en est-il vraiment au niveau du salaire des dirigeants ? À vous de juger.
On pense souvent qu’entreprendre c’est prendre le parti d’avoir un meilleur salaire au bout de deux ou trois ans en travaillant plus. La situation réelle reste plus contrastée et plus difficile dans la majorité des cas.
1er temps : les indemnités chômages (1 à 2 ans) ou rien
Dans un premier temps et dans l’immense majorité des cas (les autres étant tellement peu nombreux qu’on pourrait les négliger), vous ne vous versez pas de salaire pendant une période minimale d’un an. Certains créateurs continuent de travailler durant cette période même si cela affecte la rapidité de développement. Vous vous contentez, en général, de toucher vos indemnités chômages jusqu’à ce qu’elles se terminent ou de ne rien toucher afin de pouvoir vous investir totalement dans votre société.
Dans le cas des indemnités, vous touchez alors environ 56% de votre ancien salaire. Pour obtenir un peu plus, vous avez l’opportunité d’établir vos notes de frais professionnelles même si parfois vous pouvez décider de ne pas utiliser cette possibilité pour que la trésorerie de la société supporte le choc. Mais pourquoi agirez-vous ainsi ? Car il vous apparaîtra comme évident que vous préférerez utiliser l’argent disponible à employer une nouvelle personne ou à obtenir des services utiles au développement de votre société… plutôt que de récupérer un salaire qui serait par ailleurs taxé (et que vous n’avez pas le droit au chômage de toute manière).
2e temps : salaire minimum ou arrêt d’activité
Au bout d’1 ou 2 ans si vous avez été prévoyants, vos indemnités se terminent et la nécessité d’obtenir des revenus se fait sentir (surtout si vous n’avez rien touché depuis plusieurs mois). Trois possibilités s’imposent à vous (et non s’offrent). Elles dépendent davantage de l’activité de votre entreprise que de votre bon vouloir :
- Dans le premier cas (5% environ des entreprises), vous dégagez suffisamment de bénéfices pour vous rémunérer avec votre ancien salaire.
- Dans le second (45%) pas assez mais vous pouvez vous rémunérer à un niveau inférieur.
- Dans le dernier (50%), vous ne pouvez pas du tout vous rémunérer.
Disons-le tout de suite : vous serez le plus souvent dans le deuxième et le troisième cas que dans le premier qui reste assez exceptionnel et lié en général à des activités à « faibles risques » ou à des entreprises qui connaissent une croissance fulgurante.
Si vous tombez dans le dernier cas, il s’agit en général de la mort ou de la suspension d’activité de l’entreprise : vous privilégierez le fait de rechercher à nouveau un emploi car vous aurez investi toutes vos économies et qu’il faut bien se nourrir !
En cas de non arrêt définitif de l’entreprise, il s’agit souvent du moment charnière, au cours duquel vous devez malheureusement choisir entre mieux faire vivre l’entreprise d’un côté, ou vous payez plus de l’autre. Après tant d’efforts et de risques consentis en termes de charge de travail et de salaire, la tendance est en général à la prudence et donc à se rémunérer ce qu’il suffit et non ce que l’entreprise peut au maximum.
3e temps : augmentation légère du salaire
Au bout de 3 ans en moyenne, vous commencez à augmenter légèrement votre salaire. Il sera dans la plupart des cas compris entre le SMIC et 2000 euros nets. Donc si vous êtes cadre, vous n’aurez toujours pas récupéré votre salaire antérieur, sauf cas exceptionnel. Cette situation durera en général encore une année ou deux, ce qui peut vous paraître long si vous vous êtes endetté ou si vous ne voyez pas de perspective de croissance.
20% des entrepreneurs initiaux toujours présents environ décident d’arrêter à ce stade.
Dans cette période où tout se joue, vous privilégierez en moyenne de pouvoir investir un maximum dans l’entreprise et de conserver un salaire un peu plus décent (relativement à vos 80 heures de travail) mais rarement égal au SMIC horaire (sans les heures supplémentaires bien entendu).
4e temps : la phase d’augmentation (enfin)
Entre la cinquième année et la septième année, vous êtes en général (pour les 30% d’entrepreneurs restants), proche de votre ancien salaire, vous l’atteignez voire le dépassez. Dans les autres cas, l’arrêt est souvent privilégié du fait de la pression et de la fatigue accumulée par plusieurs années à un rythme de travail trop important.
Deux typologies se dégagent alors :
• soit vous avez opté pour un business model moins risqué, vous vous rémunérez mieux qu’auparavant, et vous vous êtes assuré un salaire récurrent.
• soit vous avez opté pour un business model risqué, vous avez gagné en valorisation ainsi qu’en perspective de salaires voire peut-être en salaire.
Précisions que ces deux cas restent des cas généraux et qu’ils ne sauraient comprendre l’ensemble des typologies existantes.
Attention : ces chiffres ne montrent qu’un aspect (le salaire) et ne prennent pas en compte d’autres aspects fondamentaux de la direction d’une entreprise : liberté de choix, réalisation de soi, passions (…)