Aussi difficiles à remarquer que le « e » d’ « entrepreneures », les femmes sont pourtant bel et bien présentes dans l’univers des start-up à travers le monde. Voici le portrait de trois entrepreneures pour montrer la voie qui sont venues de continents différents et prouvant aux autres que rien n’est impossible !
Selon le baromètre Infogreffe, l’entrepreneuriat des femmes est resté particulièrement stable pendant la crise sanitaire. La dernière édition du baromètre Infogreffe consacré à l’entrepreneuriat des femmes s’appuie sur les données des 611 000 entreprises immatriculées au registre du commerce et des sociétés en 2021, dévoilée à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
32,3 % de femmes entrepreneures en 2021. Près d’un tiers des dirigeants des 611 264 entreprises immatriculées au registre du commerce et des sociétés en 2021 sont des femmes.
L’équilibre de la gouvernance des entreprises qui ont vu le jour en 2021 reste stable, avec près d’une entreprise sur cinq (19,9 %) dirigée exclusivement par une ou plusieurs femmes, contre 63 % par des hommes. Seules 17 % de ces entreprises ont aujourd’hui à leur tête des dirigeants des deux sexes.
La part de femmes entrepreneures varie fortement suivant les statuts juridiques des entreprises créées. Ainsi, si plus de 40 % des sociétés civiles et des SCI créées en 2021 sont dirigées par des femmes, ce taux tombe à 28 % pour les entreprises individuelles, 25 % pour les SARL et 23 % pour les SAS.
Difficile d’ignorer la discrimination rencontrée par les femmes dans le milieu professionnel. En France, elles représentent seulement 20% des créateurs de start-up alors qu’elles affichent de meilleures performances que leurs concurrents masculins. Une détermination sans faille et une passion sincère constituent des éléments essentiels ! Mercedes Erra, fondatrice de BETC et d’Euro RSCG, deux agences de publicité très célèbres en France, déclare à ce sujet : « je ne sais pas m’arrêter, quand ça m’intéresse, ça m’intéresse… Je ne suis pas très heureuse couchée sur une plage. »
Les difficultés qui se résorbent
Certaines sont pénalisées par leur difficulté à fonder et entretenir un réseau solide. Depuis quelques années, on observe toutefois le développement d’une réelle solidarité féminine entrepreneuriale : l’arrivée de réseaux d’entrepreneurs au féminin ou encore d’incubateurs dédiés, comme « ParisPionnières » en 2005, représentent de bons exemples de ce développement. Mais c’est dans le financement que semble résider le principal frein et beaucoup d’entrepreneures ayant réussi deviennent Business Angel pour aider leurs consœurs à mener leur projet à bien. Céline Lazorthes, fondatrice de la start-up française Leetchi, a fait ce choix : « C’est une chose très importante à mes yeux et mon rôle de Business Angel me tient à cœur. Je suis ravie de donner un peu de mon temps dès que je le peux pour aider et soutenir de jeunes créatrices d’entreprise. C’est aussi une manière de redistribuer à l’écosystème ce que j’ai reçu à mes débuts. » Les femmes se lancent de plus en plus dans l’aventure entrepreneuriale à travers le monde, à l’image de la chinoise Cher Wang, de l’indienne Kiran Mazumdar Shaw ou de la nigériane Uche Eze, qui ont bâti des empires.
Cher Wang : la cofondatrice et PDG de HTC
Née à Taipei en 1958, cette célèbre femme d’affaires s’est illustrée dans le domaine de l’informatique et occupe la 54è place dans le classement Forbes des femmes les plus puissantes au monde. Elle décroche son premier emploi à la First international computer américaine en 1982, suite à sa maîtrise en économie obtenue à l’université de Berkeley, Californie. En 1987, Cher Wang fonde VIP Technologies, un fabricant de circuits intégrés, de chipsets de cartes mères, de processeurs, processeurs graphiques, GPU et de mémoire. L’entrepreneure taïwanaise monte sa deuxième société dans le domaine de l’informatique dix ans plus tard : HTC, avec la collaboration de Peter Chou. Aujourd’hui encore elle demeure présidente de ces deux sociétés, et a lancé le forum des femmes de l’ABAC en 2010. Cette entreprise a pour but de mettre en valeur le potentiel des femmes afin de faciliter leur accès au monde des affaires. Leader dans la téléphonie mobile, HTC a connu une forte croissance au moment de son association avec Microsoft en 2005, et Cher Wang présente le premier Smartphone Android au monde en 2008, le HTC G1. Si l’entreprise a connu l’année dernière le chiffre d’affaires le plus bas de son histoire, elle a très longtemps fait partie des plus grands vendeurs de téléphones mobiles. Cher Wang se décrit comme une passionnée et déclare même qu’elle « ne comprend pas le concept de loisir » car elle a toujours un projet en tête.
Kiran Mazumdar Shaw : l’entrepreneure de la santé
Décrite par le magazine Forbes comme la « self-made-woman » la plus riche d’Inde, Kiran Mazumdar Shaw demeure une pionnière dans le domaine des biotechnologies. Elle fonde Biocon, entreprise de production industrielle d’enzymes, en 1978, suite à son master en sciences obtenu à l’université de Melbourne, avec la ferme intention de permettre à tous les indiens de pouvoir se soigner. Le succès de cette femme réside dans sa capacité à avoir transformé son entreprise en compagnie biopharmaceutique focalisée sur la recherche sur le diabète, l’oncologie et les maladies auto-immunes. Partie de rien, elle a su repérer le secteur d’avenir que constituaient les biotechnologies et s’est attaché à promouvoir son travail, ce qui lui a valu de remporter de nombreux prix comme le Padma Bhushan en 2005 et de figurer dans la liste des 100 personnes les plus influentes du monde du Time Magazine. L’entrepreneure ne s’arrête jamais et lance deux filiales à Biocon : Syngene en 1994 pour fournir un service de soutien au développement pour la recherche et Clinigene en 2000 pour les services de développement clinique. Son entreprise, classée dans le Top 15 de la biotech mondiale, emploie 3000 personnes sur son immense campus et affichait un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros en 2007. Au sujet de son entreprise, Kiran Mazumdar Shaw insiste : « J’ai beaucoup d’idées et je n’aurai sans doute pas le temps de toutes les appliquer, mais le plus important pour moi, aujourd’hui, reste que chaque citoyen dans ce pays puisse se soigner. Or c’est sans fin, la population est énorme, les besoins aussi, et, à mon sens, la seule façon d’y parvenir, c’est d’innover… »
Uche Eze : magnat de la presse nigériane
La cadette de ces trois personnalités exceptionnelles, Uchenna Jennifer Eze, a démarré sa carrière d’écrivaine sur internet, après l’obtention de son diplôme en business administration à l’université d’Ontario au Canada. A seulement 32 ans, elle figure déjà dans le classement Forbes des 30 jeunes entrepreneurs africains les plus prometteurs. Son blog, BellaNaija, a fait décoller sa carrière de façon inattendue. Pensé au départ comme la page d’une étudiante en économie passionnée de mode nigériane, BellaNaija s’est transformé en magazine de référence dans le domaine de la mode, du divertissement et du style de vie nigérian. Depuis 2006, Uche Eze dirige Bainstone Limited, la société de presse qu’elle a fondée et côtoie des journalistes comme OprahWinfrey, qui l’a reçu sur son plateau alors qu’Uche n’avait que 25 ans. Avec 10 millions de pages vues chaque mois sur son site, elle remporte en 2013 le Future Awards de « Meilleur jeune entrepreneur médiatique » et reçoit le Nigeria entrepreneurs award for creativity& leadership en 2016.