TRIBUNE – Le futur du travail : L’ère de la flexibilité

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Il en faut aujourd’hui peu pour être convaincu que l’ère de la flexibilité au travail approche. Dans celle-ci, la rigidité des horaires de travail et des lieux de travail fixes cède la place à un paradigme plus fluide. Les travailleurs ont de plus en plus la possibilité de personnaliser leur emploi du temps et de définir leur lieu de travail en fonction de leurs besoins et de leurs préférences. Il faut dire que les avantages sont légion et que plusieurs facteurs ont contribué à cette transformation. Cependant, contrairement à ce que certains pensent, elle ne sera pas totale. En tout cas, pas prochainement. 

Pourquoi le travail s’est transformé ?

En y réfléchissant, il n’y a pas un facteur mais toute une somme de facteurs qui ont contribué à rendre le travail plus flexible au fil du temps. Certains vous diront que la pandémie de COVID-19 a été le tournant. Certes, cette dernière a précipité la transition vers le travail à distance et a montré aux entreprises et aux travailleurs que la flexibilité était possible. Elle a même été nécessaire pour assurer la continuité des activités et les entreprises ont dû bon gré mal gré accepter ce bouleversement qui les a contraintes à envisager un nouveau management. Cependant, ce n’est pas, selon moi, le facteur principal. 

Certains vous diront que nous sommes dans un monde de plus en plus globalisé, ce qui a conduit à la nécessité d’adopter des modèles de travail flexibles. D’autres vous diront que c’est peut-être la réduction des coûts car, pour nombre d’entreprises, le recours au travail à distance ou à des horaires flexibles ont pu les réduire ou encore la prise de conscience environnementale. Cependant, ces trois facteurs sont loin de toucher toutes les entreprises et tout le monde (même si pour le dernier point ce ne serait loin d’être une mauvaise chose). 

Une transformation de la composition  du marché du travail

Surtout, au cours des 20 dernières années, la France a promu activement plusieurs secteurs économiques en réponse aux évolutions technologiques, environnementales et économiques. Tout d’abord, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont connu une croissance significative, créant de nombreuses opportunités d’emploi dans des domaines tels que le développement de logiciels, la cybersécurité et l’intelligence artificielle. Ensuite, le secteur des énergies renouvelables et de l’environnement a été encouragé pour répondre aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, générant des emplois dans la production d’énergie verte et la recherche environnementale. Enfin, la France a soutenu les domaines de la santé et de la biotechnologie, de l’industrie aérospatiale et spatiale, de l’économie numérique avec les start-ups, et de l’économie créative, stimulant ainsi la création d’emplois dans ces secteurs qui ne nécessitent pas forcément la présence physique (téléconsultation).

Ces secteurs ont ainsi bénéficié d’investissements, de politiques gouvernementales favorables à l’innovation, et d’une forte demande de la part des professionnels et des entrepreneurs. Cela a eu un impact significatif sur la composition du marché du travail français au cours des deux dernières décennies. Or, ce sont des métiers qui sont en général davantage susceptibles d’être exercés de manière flexible qu’une autre

Une évolution technologique qui a entraîné une évolution 

Le premier facteur est très certainement l’essor des technologies de l’information et de la communication (TIC). Les ordinateurs, smartphones, applications de collaboration en ligne, outils de vidéoconférence et les plateformes de gestion de projet ont littéralement envahi le monde. Ils permettent de rester connectés et de réaliser les tâches de manière efficace, quelle que soit leur localisation géographique. 

Ces technologies ont naturellement entraîné une évolution de la nature du travail. De nombreux emplois sont devenus moins dépendants d’une présence physique constante au bureau et les avantages procurés par le travail à distance ou asynchrone ont fait le reste du changement. Naturellement, la demande des travailleurs a changé surtout lorsqu’ils doivent utiliser des transports en commun bondés, affronter des embouteillages qui grignotent leur temps et leur énergie. Ces derniers expriment ainsi de plus en plus le désir d’une plus grande flexibilité. 

De plus, les nouvelles générations, en particulier les milléniaux et la génération Z, attachent une grande importance à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ainsi qu’à la possibilité de personnaliser leur expérience de travail.

Les avantages plus que non négligeables 

Le travail asynchrone et hybride (donc flexible) a connu un succès croissant en raison de plusieurs facteurs convergents. Tout d’abord, ces approches permettent aux salariés de gérer leur temps de travail de manière autonome. Cela favorise un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, améliorant ainsi la satisfaction des employés. De plus, le travail hybride, en particulier, permet de réduire les trajets domicile-travail, ce qui se traduit par des économies de temps et d’argent pour les travailleurs et une diminution de l’empreinte carbone due aux déplacements.

En outre, l’adoption du travail asynchrone et hybride élargit considérablement le bassin de talents auquel les entreprises peuvent accéder. En supprimant les contraintes géographiques, les organisations peuvent recruter des professionnels qualifiés provenant de différentes régions et cultures, renforçant ainsi leur diversité et leur résilience. De plus, ces modèles encouragent la gestion efficace du temps, en incitant les travailleurs à hiérarchiser leurs tâches et à communiquer de manière claire. Cela favorise une meilleure productivité et une planification de projet plus efficace.

Une ère de la flexibilité… 

Lorsque nous évoquons l’avenir du travail, il est ainsi difficile de ne pas être enthousiasmé par l’idée d’une transformation radicale. Le monde du travail a toujours été en constante évolution, mais aujourd’hui, nous assistons à un bouleversement qui pourrait bien définir une nouvelle ère : l’ère de l’asynchronicité.

L’asynchronicité, c’est la capacité à travailler indépendamment du temps et de l’espace, permettant aux individus de gérer leur emploi du temps de manière autonome. Il s’agit d’une tendance qui prend de l’ampleur à une époque où les technologies de l’information nous connectent à un monde toujours plus globalisé.

Pour de nombreux travailleurs, la journée de travail traditionnelle, de 9h à 17h, est en voie de disparition. Les innovations technologiques ont éliminé les contraintes de temps et d’emplacement. Le télétravail en est un exemple probant. Plus besoin de se rendre au bureau tous les jours. Les travailleurs peuvent accomplir leurs tâches de n’importe où, que ce soit depuis leur salon, un café ou même une plage exotique.

… Oui mais pas pour tout le monde 

La flexibilité au travail, bien qu’elle soit devenue une tendance importante, ne sera pas adoptée uniformément par toutes les entreprises. Plusieurs raisons expliquent cette diversité d’approches. Premièrement, la nature de l’activité joue un rôle crucial. Les secteurs nécessitant une présence physique constante, comme la santé ou la production industrielle, ne peuvent pas toujours adopter des modèles de travail flexibles. Deuxièmement, des préoccupations liées à la confidentialité et à la sécurité des données peuvent dissuader certaines entreprises, notamment celles opérant dans des domaines sensibles. Troisièmement, le besoin de créer du lien social et de dialoguer et d’échanger.

Enfin, la culture d’entreprise, les besoins de contrôle, les investissements technologiques et les conventions collectives sont autant de facteurs qui influencent la décision d’une entreprise quant à l’adoption de la flexibilité au travail. 

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