Le textile connecté : des entreprises françaises s’engagent dans ce nouveau marché

Objets domotiques, Smartphones, assistant personnel intelligent… Le marché des objets connectés est en pleine expansion. En 2017, il a réalisé une croissance de 33%, un chiffre d’affaires annuel d’un peu plus d’un milliard d’euros et un volume de vente de 5,2 millions d’euros en croissance de 31%, selon le cabinet GfK (Gesellschaft für Konsumforschung, institut d’études de marché et d’audit marketing d’Allemagne, ndlr). En France, ce secteur recrute en très grand nombre, principalement des consultants spécialisés IoT (Internet Of Things, l’Internet des objets connectés en français, ndlr) des développeurs et des chefs de projet afin de consolider sa croissance. Le nombre d’offres d’emploi en France a été multiplié par quinze entre les neuf premiers mois de l’année 2017 et la même période en 2014, selon Indeed (moteur de recherche d’emploi américain, ndlr). De nombreuses entreprises et start-up se lancent dans un domaine particulier des objets connectés, celui du textile connecté.

Le domaine mondial des vêtements connectés devrait atteindre 1,5 milliards d’euros en 2021, selon   Kamitis (société spécialisée en expertise scientifique, en intelligence économique et en veille stratégique et technologique, ndlr). Un chiffre moindre par rapport au secteur mondial de l’habillement et de la chaussure, qui a progressé de plus de 4%, avec 1700 milliard de dollars en 2017. Jugés trop chers, encombrants, pas confortables, inutiles, voire fantaisistes, les vêtements connectés n’ont pas encore convaincu les utilisateurs. Pourtant, plusieurs entreprises et start-up s’engagent dans l’aventure du textile intelligent dans des domaines spécifiques notamment celui de la santé.

Mulliez-Flory : des vêtements professionnels connectés et autonomes en énergie

Créé depuis plus de deux cents ans, le groupe Mulliez-Flory, leader de l’habillement professionnel sur-mesure a misé sur l’innovation pour se démarquer du secteur compétitif du vêtement professionnel. Au sein d’un consortium de treize entreprises et centres de recherches, le groupe dirigé par Jacques Gindre, a créé plusieurs vêtements connectés sous la marque Autonotex. Développé en 2016 avec l’aide de Altran (entreprise de conseil en ingénierie, ndlr), leur premier habit de travail intelligent intègre des capteurs dans le textile permettant de mesurer la pénibilité d’une personne lors de sa journée de travail. Le vêtement possède dix capteurs qui mesurent en direct les données de posture d’un salarié selon les critères décrits par un décret du décembre 2015 relatif à la simplification du compte personnel de prévention de la pénibilité et à la modification de certains facteurs et seuils de pénibilité. En effet, lorsqu’un employé est exposé à des facteurs de pénibilité au-delà de certains seuils, l’employeur doit établir une déclaration et mettre en place un compte professionnel de prévention. Ce compte a pour but de permettre aux salariés exposés à des facteurs de risques de bénéficier d’une formation, d’un complément de revenu ou de valider des trimestres pour partir en retraite plus tôt. Le vêtement va ainsi identifier le maintien des bras au-dessus des épaules, l’équilibre du torse à 30 ou 45 degrés, les positions accroupies et à genoux ainsi que les gestes répétitifs. Les données sont transmises à une interface, qui proposent de transformer les informations sous forme de silhouette ou de graphiques. L’habit peut aussi mesurer la pression atmosphérique et le niveau de stress par le biais du rythme cardiaque et de la température du corps. L’autre vêtement, à l’aide de nouvelles fibres composites aux propriétés dites « piézoélectriques » (propriété que possèdent certains corps pour générer un champ ou un potentiel électrique sous l’action d’une contrainte mécanique, ndlr) permet de sécuriser les professionnels qui ont un métier à risques et les patients médicalisés. Par exemple, lors d’un incendie, un pompier pourra ainsi être informé du seuil de chaleur par le biais de sa tenue, si la situation devient beaucoup trop critique. Une alarme, visuelle ou sonore, lui annoncera s’il doit sortir ou continuer son intervention, afin d’éviter de périr dans les flammes. Dans le cas des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, le vêtement permet de contrôler leur qualité de sommeil et leur température ainsi que détecter la déshydratation et avertir les soignants en cas de chute.

BioSerenity, l’habit pour améliorer le diagnostic des patients épileptiques

Fondée en 2014 par le docteur neurophysiologue Hala Nasser et l’ingénieur dans le diagnostic médical Pierre-Yves Froui, la start-up Bioserenity a développé « Neutronaute » un dispositif de santé intelligente pour le suivi et le diagnostic de l’épilepsie. Pour surveiller et comprendre ses crises, le patient doit souvent se diriger dans un centre hospitalier spécialisé, possédant un équipement nécessaire à l’enregistrement. La durée de l’hospitalisation peut alors varier de plusieurs heures jusqu’à sept jours. Le dispositif de la start-up permet au patient de rester chez soi et de mesurer les crises, de jour comme de nuit. Sous la forme d’un t-shirt et d’un bonnet où sont intégrés trente-cinq capteurs biométriques, le dispositif enregistre la fréquence des crises par le biais de l’activité cérébrale du malade. Les signaux physiologiques sont envoyés depuis une carte mémoire intégrée au systéme puis vers une application smartphone. Ils seront alors stockés ensuite vers un Cloud accessible 24h/24 et 7j/7 permettant aux médecins d’identifier les données de crises dans les signaux enregistrés et d’apporter un diagnostic et un traitement rapide et personnalisé. Quant au patient, il peut visualiser tout ce processus et communiquer avec les professionnels de santé à travers l’application installée sur son téléphone portable. La plupart des clients de la start-up sont des hôpitaux, dont celui de la Pitié-Salpêtrière à Paris, qui ont achetés ce dispositif afin de le proposer à leurs patients. L’entreprise travaille à l’élaboration d’autres vêtements connectés sur trois pathologies : les maladies cardiologiques, les grossesses et les troubles du sommeil.

Les marques de vêtements se sont également lancées dans ce secteur du textile intelligent. Ralph Lauren a lancé en 2015 le polo Tech. Par le biais de bio-capteurs, il enregistre certaines données comme la température, le niveau de stress et la tension artérielle. Elles sont ensuite envoyées vers un boîtier intégré à l’habit, qui le transmet directement sur le Smartphone de son utilisateur. Quant à l’entreprise Levi’s, elle a sorti en 2017, une veste en jean connectée à 300 euros, capable de commander des objets à distance comme un téléphone portable, en tapotant simplement sur un bouton intégré sur sa manche.

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