Avec plus de 2,9 millions de Français sans emploi l’année précédente, soit 10 % de la population, le chômage reste conséquent. Le contexte économique se révélant plus favorable, les entreprises se montrent davantage promptes à embaucher et à recruter dans des secteurs divers et variés. Paradoxalement, l’entreprise sans salariés se développe également.
Des entreprises sans salariés
En 2012, près de 67 % en France des 3,6 millions de sociétés fonctionnaient sans salariés alors qu’aux États-Unis celles-ci représentaient 80 % des entreprises. Elles étaient 2,4 millions d’entreprises a fonctionné sans employés, un chiffre qui a quasiment doublé selon l’Insee depuis 2003. Seules 8 % embauchent des salariés lors de leur création et les 250 plus grandes nationales emploient 30 % des effectifs salariés du pays. Phénomène de masse appelé « nonemployer puzzle » aux États-Unis, l’entreprise sans salariés outre-Atlantique a explosé, passant de 15 à 22 millions d’unités au cours des dix dernières années. Un phénomène qui s’est également amplifié en France puisqu’avec 525 100 entreprises créées au sein de l’hexagone au cours de l’année 2015, la part des entreprises individuelles a augmenté de près de 28 %, selon les données de l’Insee. Auto-entreprise, EIRL, EURL, portage salarial, l’entreprise à dirigeant unique se développe de façon exponentielle, notamment grâce à l’intérim et à l’externalisation des services.
Le CDD devient la norme
Aujourd’hui, constat est fait qu’il existe bel et bien un recours massif aux Contrats à Durée Déterminée (CDD). 87 % des nouvelles embauches enregistrées sur l’année 2015 se sont faites par ce biais. Il s’agit de toute évidence d’un renforcement certain de la précarisation des travailleurs traduisant un besoin des flexibilités des entreprises. Afin de juguler ce développement pléthorique, les politiques se sont emparés de la question en proposant une taxation supplémentaire sur les CDD pour décourager les entrepreneurs à y avoir recours. Cette tendance montre bien la difficulté que rencontre les entreprises à utiliser le Contrat à Durée Indéterminée (CDI), qui se révèle inadapté dans un contexte économique où la visibilité reste faible. Et, il faut bien le dire, le droit qui s’appliquait dans un contexte économique de croissance constante a été conçu pour une période qui semble pour l’instant révolue. De nombreux entrepreneurs soulignent que ce type de contrat de travail ne prend pas en compte le fait que l’entreprise peut vivre même momentanément la décroissance.
Les contrats d’apprentissage ou de professionnalisation : solutions pour les entreprises et l’emploi ?
Afin de contourner l’impasse de l’emploi pour les jeunes (15 – 24 ans) en France, avec un taux d’activité au plus bas (proche de 24 %), les différents gouvernements ont créé des contrats et des aides à l’insertion pour les entreprises. Le recours des entreprises aux formations professionnalisantes permet d’expliquer une hausse d’activité sur le marché de l’emploi pour cette tranche de la population : plus de 16 % des moins de 25 ans détiennent un statut d’apprenti, 27,4 % sont des emplois aidés depuis de nombreuses années. De toute évidence, les entreprises utilisent largement cette solution. Les contrats d’apprentissage et de professionnalisation, rencontrent à la fois un succès chez le jeune, qui acquiert une expérience essentielle pour son futur professionnel, et dans l’entreprise, qui profite d’une main d’œuvre à bas coût mais qu’elle a pour mission de former.
Le stage comme pratique courante
Si une pratique s’est bien démocratisée, c’est bien celle du stage. Et le dernier chiffre officiel de 2008 affiche un réel engouement : les stages étaient utilisés par 1,2 million de personnes sur l’année. Depuis, le gouvernement n’a plus jamais voulu communiquer de chiffre officiel pour évaluer le recours des entreprises aux stages. Celui-ci a plus que probablement continué à suivre un rythme continu et on estime que les entreprises ont fait appel à plus de 2 millions de stagiaires sur l’année 2015. Le gouvernement actuel a même été dans l’obligation de limiter la durée des stages à six mois afin d’éviter les abus potentiels ainsi que le nombre de stagiaires. Ils ne peuvent ainsi dépasser 15 % de l’effectif dans les entreprises de 20 salariés ou plus et 3 stagiaires dans celles plus petites. Rappelons que la rémunération d’un stagiaire demeure très avantageuse pour l’entreprise. Elle est fixée à 3,60 € par heure, correspondant à 15 % du plafond de la Sécurité sociale.
Une externalisation de plus en plus poussée
Autre manière de fonctionner utilisée par les entreprises : l’externalisation. Cette stratégie de développement leur permet de confier la réalisation d’une partie de leurs activités, jugées peu productrices de revenus ou dont ils ne possèdent pas la compétence, à d’autres acteurs. à la clé, les avantages sont multiples : flexibilité liée à la hausse ou baisse d’activité, baisse des coûts par mutualisation, appel à une expertise dans un métier que l’entreprise ne maîtrise pas, aucune obligation d’embauche ou de gestion du personnel… Face à un droit relativement statique, cette stratégie pourrait devenir la norme au sein de toutes les sociétés désireuses de se concentrer sur leur cœur de métier et de simplifier la gestion des ressources humaines. Avec la réussite sans précédent de business models à l’instar d’Uber, les entreprises qui n’emploient plus directement de salariés représentent une part non négligeable de l’économie française. Du fait du développement du portage salarial, de la multiplication des auto-entreprises ou encore de l’externalisation des activités, développer son entreprise sans recourir au salariat représente une pratique de plus en plus courante pour les entrepreneurs.