Le télétravail est envisagé souvent sous l’angle de l’amélioration de la qualité de vie. Plus de transports bondés, gains de temps du trajet…Possibilité d’aménager ses horaires selon le rythme familial… Mais le télétravail a un revers qui ne peut être sous-estimé, celui de la solitude et de la difficile séparation vie privée et professionnelle. Focus sur le télétravail.
SFL vient de publier les résultats du 6e baromètre Paris Workplace, réalisé en partenariat avec l’Ifop (1 600 salariés interrogés, travaillant dans un bureau, à Paris et première couronne) pour mesurer l’impact des interactions entre les salariés sur leur performance et leur bien-être et donc ce qui est particulièrement intéressant son corollaire le télétravail.
Le télétravail est souvent plébiscité par les salariés. 46 % souhaitent pouvoir avoir l’opportunité d’y recourir ponctuellement. Il s‘impose petit à petit dans les habitudes de l’entreprise. Il apparaît comme un facteur de bien-être mais aussi de confiance avec la hiérarchie. On peut constater que 41 % des salariés franciliens interrogés travaillent au moins une fois par semaine en dehors de leur bureau, que ce soit à leur domicile ou dans un tiers-lieu. C’est donc bien une nouvelle réalité.
Or, force est de constater que les effets du télétravail sur le sentiment d’appartenance et la vie sociale en entreprise se trouve dans l’enjeu de ce Paris Workplace 2019. Celui-ci ne se contente pas d’analyser les motivations ou éléments de satisfaction des télétravailleurs. Il compare de façon systématique cette population avec les non-télétravailleurs sur plus de 50 items. C’est- dire qui ne se contente pas d’idées reçues et qui va plus loin que ceux énoncés de manière systématique.
Le télétravail ? Sentiment d’isolement ?
Il ressort de l’étude que les salariés qui pratiquent régulièrement le télétravail (au moins une fois par semaine) sont plus nombreux à ressentir l’isolement . Les télétravailleurs sont aussi deux fois plus susceptibles de « s’ennuyer souvent » au travail (34 %).
Le télétravail : peur du licenciement
L’éloignement de l’entreprise produit des effets que rencontre souvent l’entrepreneur quand il part en vacances, celui de manquer une opportunité ou de ne pas être là au moment crucial. Ainsi, les télétravailleurs réguliers sont trois fois plus nombreux à « avoir peur de se faire licencier » (24 % contre 8 % pour la moyenne des autres salariés).
Or, l’enquête ne permet pas d’établir de retombées du télétravail sur le bien-être et la performance des salariés. Les télétravailleurs réguliers affichent exactement la même note de bien-être au travail que les autres (6,6/10). Ils sont aussi plus nombreux à ressentir le stress. Plus surprenant : ils ont autant de mal que leurs collègues à se concentrer. En conséquence de quoi, les télétravailleurs s’attribuent en moyenne la note de 7,4/10 pour leur performance, légèrement inférieure à la moyenne des autres salariés (7,6/10).
Comment optimiser le télétravail ?
Le nouveau rapport Working anytime, anywhere: The effects on the world of work (Travailler en tout temps, en tout lieu: les effets sur le monde du travail) propose une synthèse fort significative des recherches menées par les deux organisations dans quinze pays, dont dix Etats membres de l’UE (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Finlande, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède), ainsi qu’en Argentine, au Brésil, en Inde, au Japon et aux Etats-Unis. Celle-ci a établi un constat à partir de salariés utilisant les nouvelles technologies (TIC) :
– les salariés qui travaillent hors des locaux de l’employeur, y compris les télétravailleurs réguliers, – – les salariés qui recourent occasionnellement au télétravail et au travail nomade numérique (T/TNN)
Quelles sont les recommandations proposées ?
Ce rapport encourage le télétravail formel à temps partiel afin d’aider les télétravailleurs à entretenir des liens avec leurs collègues et à améliorer leur bien-être. Cependant, il souligne qu’il est nécessaire de restreindre le télétravail informel et supplémentaire qui implique de longues heures de travail.
Se déconnecter, un principe
Si le télétravail se développe, il s’avère nécessaire de se déconnecter pour maintenir une séparation entre travail rémunéré et vie personnelle. La France et l’Allemagne commencent à envisager des aménagements au niveau des entreprises, dans le cadre de la législation en vigueur ou de nouvelles lois. A l’avenir, des mesures concrètes pourraient être envisagées afin d’éviter que la vie professionnelle ne devienne source de difficultés : extinction des serveurs informatiques en dehors des heures de travail afin d’empêcher l’envoi de courriels pendant les temps de repos et les vacances. Il faut reconnaitre que certaines entreprises conscientes des enjeux l’appliquent déjà.