Le permis de conduire représente le premier examen de France avec plus de 1,5 million de candidats chaque année. Depuis l’arrivée d’internet, le secteur de l’apprentissage de la conduite connaît une véritable mutation. Les codes ont changé, de nouvelles entreprises ont vu le jour. Focus.
Quels chiffres pour le secteur ?
Selon une étude de l’Insee datant de 2008, le nombre d’entreprises dans le secteur de l’enseignement de la conduite a diminué de 16 % entre 1998 et 2008 passant de 10 184 à 8 590. Paradoxalement, le nombre de salariés a quant à lui augmenté de 43 % sur la même période. Depuis, le nombre d’entreprises est reparti à la hausse puisqu’il existait 10 592 auto-écoles en France en 2013. Si ce marché n’est pas très connu du grand public, il représentait tout de même un chiffre d’affaires d’1,677 milliard d’euros en 2011. En 2007, ce secteur employait 21 829 salariés en France selon les chiffres de l’Unedic. Parmi eux, il existait autant d’hommes que de femmes et la moyenne d’âge atteignait les 40 ans.
La taille moyenne des entreprises du secteur en augmentation
En 2007, ce secteur reste fortement composé de petites structures. En effet, 43 % des salariés du secteur travaillaient dans une entreprise de moins de 5 salariés. Au fil des années, cette tendance commence à s’inverser avec une augmentation du nombre d’entreprises qui comptent plus de 10 salariés. Entre 1998 et 2008, la part de ces sociétés a été multipliée par trois, passant de 1,2 % à 3,9 %. Si cette part reste encore dérisoire, il demeure important de noter son augmentation et d’en déterminer les causes. Deux explications peuvent être données : le rachat des petites entreprises par les grandes structures et la plus grande polyvalence des activités au sein des auto-écoles. Celles-ci ne se limitent plus seulement à la formation du permis de conduire mais proposent également des activités de sensibilisation à la sécurité routière ou des séances de formation professionnelle.
Un marché qui mise sur la proximité…
Aujourd’hui, la part des entreprises de moins de 10 salariés représenterait encore 96,1 % de l’ensemble des entreprises du secteur. Pour la plupart, il s’agit de TPE isolées dans des zones rurales qui misent avant tout sur le bouche-à-oreille pour se faire connaître, ainsi que sur la convivialité avec ses clients pour entretenir son image. La proximité joue également un rôle prépondérant pour les candidats dans le choix de leur auto-école. L’assiduité aux cours étant primordiale dans la formation, favoriser un établissement proche de son lieu d’étude, de travail ou d’habitation reste souvent un facteur privilégié par les clients. S’installer près d’un lycée ou dans un village semble donc constituer une bonne stratégie pour les entreprises du secteur.
… Mais qui est tombé dans une guerre des prix
Toutes les auto-écoles ont pour obligation d’afficher leurs prix sur la vitrine de l’établissement afin que ceux-ci soient visibles depuis l’extérieur. Chaque auto-école a le droit de pratiquer les tarifs qu’elle veut mais lorsque ces derniers s’avèrent trop élevés face à la concurrence, certains établissements préfèrent ne pas l’afficher. Cette pratique illégale concernerait 10 % d’entre eux selon une étude datant de 2013, menée par l’association de consommateur CLCV. L’affichage des prix demeure indispensable pour une transparence totale vis-à-vis du client. Si le coût moyen du permis de conduire s’élève aujourd’hui à 1 067 euros, il existe une réelle disparité selon les territoires. Selon cette même étude, le coût varie du simple au double en fonction du lieu d’habitation du candidat. Un client qui habite à Lille payera en moyenne 780 euros, quand un candidat qui passe son permis à Paris devra débourser 1 425 euros. Une situation difficile pour les clients. Le passage du permis de conduire serait devenu un luxe.
Des start-up qui donnent un coup de pied dans la fourmilière
En plus des tarifications à la hausse, ce marché demeure vieillissant ou en tout cas n’a pas connu d’évolution majeure depuis des dizaines d’années. L’arrivée d’internet au début des années 2000 ne semble pas avoir modifié la donne. Certaines écoles proposent encore les cours de théorie de la conduite sous format papier alors que des boîtiers électroniques qui enregistrent directement les réponses existent ! Il faut attendre l’année 2014 pour qu’une mini-révolution se produise dans ce secteur avec l’arrivée d’Ornikar, une entreprise qui propose de passer son permis de conduire sans se rendre dans une auto-école physique. Tout le processus d’inscription est géré en ligne et les tarifs semblent imbattables. Dès le lancement de la start-up, d’autres auto-écoles en ligne sont progressivement apparues, comme la start-up lyonnaise PermiGo ou l’entreprise Auto-ecole.net, à la seule différence qu’elles disposent d’un local commercial permettant l’inscription des candidats.
Grogne des acteurs traditionnels et réglementations
L’arrivée de ces nouveaux acteurs ne plaît évidemment pas aux auto-écoles dites traditionnelles. En juin 2014, des associations et syndicats de moniteurs d’auto-école ont porté plainte contre Ornikar pour « exercice illégal de l’enseignement de la conduite ». Si la start-up a gagné la première bataille en 2014, elle a perdu en appel l’année et a été condamné à 10 000 euros d’astreinte. L’entreprise, qui diffusait jusqu’à présent uniquement des cours théoriques sur son site internet a également été condamné à l’arrêt de son activité, jusqu’à l’obtention de l’agrément préfectoral indispensable au lancement de son activité de conduite. En somme, si les start-up du secteur semblent face à un potentiel de développement certain, elles ne parviennent pourtant pas à développer leur business model.