Lancées tout d’abord en 1984 par le ministère français de la Culture, sous le nom de « Journée portes ouvertes dans les monuments historiques », les Journées européennes du patrimoine sont aujourd’hui des événements nationaux instaurés dans plus d’une cinquantaine de pays et qui attirent des millions de visiteurs chaque année. Ce grand rendez-vous permet de dévoiler les richesses, beautés et mystères des monuments culturels. La 35ème édition de cette manifestation se déroulera ce week-end, les 15 et 16 septembre, avec pour thème, « l’art du partage ». En cette circonstance particulière, zoom sur quelques start-up qui valorisent et cherchent à ouvrir l’accès au patrimoine culturel à l’ensemble de la population.
Les Français ont un lien de plus en plus fort avec leur héritage culturel. 9 personnes sur 10 se disent attachées à celle-ci et 65 % d’entre eux ont déjà participé ou comptent se joindre aux journées consacrées au patrimoine d’après un sondage réalisé en 2016 par l’institut Odoxa pour le journal Le Parisien. Le patrimoine hexagonal suscite également un intérêt pour les téléspectateurs, qui devant leur écran regarder par millions des émissions, magazines et reportages notamment Le Village préféré des Français ou encore Secrets d’Histoire diffusés sur France Télévisions. Selon un sondage effectué par l’IFOP en 2010, 93 % des personnes interrogées seraient favorables à une chaîne complètement dédiée à cette thématique. Pour valoriser ce patrimoine culturel français, des start-up tentent de le promouvoir et d’en ouvrir avec simplicité son accès grâce à leurs solutions numériques.
Histovery et ses solutions de « visite augmentée »
Cofondée en 2014 par Bruno de Sa Moreira, la start-up Histovery propose des solutions de mise en valeur pour les sites et monuments culturels ainsi que les musées grâce aux technologies numériques novatrices. Avec une mission ambitieuse, celle de donner la possibilité au public français de découvrir ou de revoir la valeur du patrimoine culturel via des moyens interactifs qui frappe l’imagination, accessibles pour petits et grands, tout en respectant avec rigueur les connaissances scientifiques et historiques. L’équipe de l’entreprise composée d’experts chercheurs, artistiques et techniques, accompagne à chaque étape, ses clients partenaires dans leur projet de « visite augmentée » en offrant un dispositif sur-mesure. Tout se concentre sur un objet innovant, une tablette intitulée l’HistoPad. Centrée sur la technologie Huawei (entreprise chinoise spécialisée dans les solutions technologiques de l’information et de la communication, ndlr), elle fonctionne par Bluetooth et dispose d’un dispositif traduit en six langues dont l’Anglais et le Chinois. Casque sur les oreilles, l’utilisateur est ainsi plongé dans le passé, en découvrant la reconstitution identique des lieux il y a quelques siècles, modélisés en 3D. Par le biais d’un système de géolocalisation, il peut se déplacer dans les différentes pièces et obtenir des informations sur les œuvres d’art ou éléments autour de lui en tenant sa tablette près d’eux. Un bon moyen de remplacer l’audioguide ennuyeux. La jeune pousse a déjà a permis à plusieurs lieux historiques du patrimoine tricolore de redonner une nouvelle jeunesse à leurs visites comme le château Edmond de Rothschild situé à Boulogne-Billancourt, le Palais des Papes à Avignon ou le domaine de Bois-Héroult en Seine-Maritime.
Rendr et sa technologie de réalité virtuelle
Transformer son Smartphone en machine à remonter le temps et percevoir des lieux et bâtiments détruits ou complètement disparus. C’est la prouesse qu’à réaliser la start-up Rendr lancée en 2015 par Laurent Lefebvre et Nicolas Mondange. Pendant dix ans, elle a développé une technologie assemblant des algorithmes d’imageries de synthèse, de l’intelligence artificielle & du cloud computing pour faire renaître un environnement, visible à 360 degrés via un casque de réalité virtuelle. L’entreprise propose sa solution à des communes et des villes, mettant à leur disposition des expériences de visites sur-mesure. Elle a ainsi reconstitué le château des Ducs d’Alençon en 1592 pour l’Office de Tourisme de la ville normande. Grâce à une application développée par la start-up intitulée VRLIB, l’utilisateur est guidé dans sa visite de la municipalité durant les siècles derniers en redonnant vie aux lieux disparus ou inaccessibles tout en étant ponctué lors de sa balade par des anecdotes et des petits détails historiques. Un autre service est disponible, dénommé VisionR, destiné aux architectes et acteurs de l’immobilier, qui permet de découvrir de futurs projets de politique urbaine.
Dartagnans et sa plateforme de financement participatif
La start-up Dartagnans créée fin 2015 par Romain Delaume et Bastien Goullard a développé une plateforme de crowdfunding qui permet au public de soutenir financièrement des projets d’acteurs du patrimoine et de l’art afin de sauvegarder des lieux et des monuments menacés de destruction ou de détérioration. Elle accompagne les protagonistes dans leur développement de leur campagne et offre également plusieurs services pour favoriser l’accès de la culture pour tous avec une agence de communication et un cabinet d’expertise afin de rendre celle-ci plus attractive. Tout cela se faisant par le biais de la numérisation en 3D, la réalisation de vidéos, la création de sites internet et l’organisation d’événements. L’année dernière, la société a réussi à récolter 1,6 million d’euros pour sauver le château de la Mothe-Chandeniers, en Nouvelle-Aquitaine, auprès de 20 000 contributeurs de 115 pays autour du monde en moins de 2 mois. Une façon intelligente et engagée de faire participer les particuliers à la préservation du patrimoine culturel, tout en disposant d’avantages comme des visites privées et la défiscalisation de leur don.
Avec ces start-up et leurs solutions, chacun peut découvrir le patrimoine culturel français et ouvrir son esprit à la culture. D’autres initiatives sont mises en place dans l’univers entrepreneurial pour contribuer activement à son rayonnement et à sa sauvegarde. Le Centre des monuments nationaux (établissement public sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, opérateur culturel et touristique, ndlr) vient de lancer en juin dernier, son incubateur du patrimoine afin d’accompagner six jeunes pousses, porteurs de projets culturels, souhaitant apporter leur contribution au secteur et mettre en valeur l’histoire, l’architecture, l’existence des monuments historiques et sites patrimoniaux tricolores via des solutions numériques innovantes.