L’apprentissage des langues étrangères comporte de nombreux avantages. Exercice bénéfique pour le cerveau et la mémoire, opportunité de faire des rencontres et de s’ouvrir au monde, la pratique de nouveaux dialectes améliore également les perspectives de carrière. Aujourd’hui, de plus en plus d’écoles et entreprises exigent de pratiquer plusieurs langues afin d’interagir avec des interlocuteurs étrangers. Des start-up surfent ainsi sur la vague de l’apprentissage pour développer le savoir-faire de leurs utilisateurs.
Sur 65 millions d’habitants en France, les deux tiers de la population ne parlent aucune langue étrangère couramment, tandis qu’un tiers n’en pratique pas du tout, selon un sondage Insee/Le Monde publié sur le site Digischool en 2013. Seulement un Français sur cinq parle couramment l’anglais. La maîtrise d’un autre dialecte est pourtant un atout indispensable dans une carrière professionnelle. Plateformes de mise en relation, séjours linguistiques et formations accélérées, autant d’idées dont les start-up se sont emparées.
Lingvist : facilite l’apprentissage des langues en un temps record
Créée en 2013 par Mait Müntel, Ott Jalakas et Andres Koern, la start-up estonienne Lingvist propose avec sa plateforme en ligne de faire apprendre une langue en 200 heures. Disponible depuis juin 2015, sur application mobile, l’entreprise propose un apprentissage du français, de l’espagnol et du russe pour les anglophones. Une formation à l’anglais est seulement offerte pour les francophones. L’idée est venue de Mait Müntel, ancien physicien du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire, ndlr) lorsqu’il a tenté d’apprendre le français par ses propres moyens sans utiliser de livres. Son équipe a développé des méthodes d’analyse linguistique basées sur les mots les plus utilisés en fonction des centres d’intérêt de chacun.
Objectif : proposer le vocabulaire le plus pertinent et le plus utile pour la formation des utilisateurs. L’outil, basé sur l’intelligence artificielle, sait donc s’adapter au niveau de chaque membre selon son âge et ses compétences, lui permettant de faire des progrès rapidement. Lingvist se divise en trois types d’exercices. Tout d’abord, un programme de cartes à trous en vue de mémoriser le lexique. Basé sur un quiz ludique autour de 150 questions par jour, le logiciel est animé par des commentaires et des encouragements afin de motiver l’individu. Des textes à lire sont ensuite proposés quotidiennement pour comprendre le style et la syntaxe de la langue étudiée.
La compréhension orale n’est pas oubliée avec des conversations à écouter afin de se familiariser avec la prononciation. Un tableau de statistiques est mis en place pour suivre les progrès et les erreurs à ne pas répéter. Des investisseurs ont d’ailleurs été séduits par le concept. En 2014, un million d’euros ont ainsi été levés auprès de SmartCap et Nordic VC Inventure.
L’entreprise a également reçu une subvention européenne de 2,2 millions d’euros dans le cadre du programme Horizon 2020.
Vivalanga : échanger avec des interlocuteurs natifs
Lancée par Chantal Bonner et Ludwig Zerbib en 2016, la start-up Vivalanga offre une application gratuite d’échange linguistique qui permet de matcher avec des interlocuteurs natifs, proches de soi pour exercer une langue de façon dynamique et vivante. Leur but est de faire sortir les étudiants de leurs livres de cours afin de pratiquer à l’oral et favoriser les échanges ainsi que le partage des cultures. Le programme, qui utilise la géolocalisation, connecte les membres avec des personnes étrangères à proximité de leur lieu de domicile, de travail ou de loisir. Les locuteurs natifs peuvent ensuite accepter ou refuser d’aider l’utilisateur qui souhaite apprendre leur langue. Les deux parties ont la possibilité de se rencontrer dans un café. S’ils n’ont pas le temps, Vivalanga met à leur disposition une messagerie instantanée avec des outils didactiques et linguistiques pour faciliter les conversations comme des propositions de correction et de traduction.
TalkTalkBnb, le Airbnb du séjour linguistique
Fondée en mars 2016 par Hubert Laurent, la start-up bretonne TalkTalkBnb propose une plateforme collaborative basée sur un système d’échange, qui met en relation des voyageurs du monde entier avec des personnes souhaitant s’améliorer en langue. Des étrangers sont ainsi hébergés et nourris chez des hôtes. En contrepartie de cette hospitalité, ils doivent parler leur langue maternelle durant toute la durée du séjour pour permettre à leurs logeurs de la pratiquer sérieusement.
Les deux parties sont gagnantes : l’une est logée gratuitement, tandis que l’autre reçoit un apprentissage dans un contexte convivial, sans avoir à payer de formation spécifique. La firme compte, depuis sa création, plus de 30 000 inscrits dans 130 pays. Du Vietnam au Sénégal en passant par le Canada et la Chine, les membres peuvent pratiquer de nombreuses langues comme l’espagnol, l’anglais, le japonais ou même l’hindi. La société propose également un espace professionnel et privatif pour les salariés d’une entreprise afin de faciliter les échanges linguistiques entre collaborateurs à l’international.
D’autres start-up réinventent l’apprentissage des langues dans des domaines aussi variés que le soutien scolaire et l’aide à l’orientation. Ce secteur de l’éducation s’avère d’ailleurs en plein essor. Depuis 2015, sept milliards d’euros y ont été investis, dont 90 % aux États-Unis et en Chine. L’Europe ne représente, elle, que 8 % des investissements.