Pendant longtemps, les agences publiques comme la NASA et l’Agence spatiale européenne dominaient le marché de l’aérospatial. Mais avec l’apparition de nouvelles techniques et technologies, le secteur privé s’impose de plus en plus, séduit par la conquête de l’espace. Des milliardaires audacieux s’investissent dans des projets d’envergure comme Elon Musk, dirigeant de Tesla, avec SpaceX, ou encore Jeff Bezos, PDG d’Amazon avec Blue Origin. Des start-up du monde entier partent, elles aussi, à l’assaut de cet univers en proposant leurs solutions. Zoom sur trois d’entre elles.
La concurrence est féroce entre les États-Unis et l’Europe dans les programmes spatiaux. Outre-Atlantique, les moyens de la NASA (National Aeronautics and Space Administration, pour « Administration Nationale de l’Aéronautique et de l’Espace », en français, ndlr) atteignent les 18 milliards de dollars, tandis que le continent européen représente le deuxième plus gros budget mondial avec douze milliards d’euros et prévoit de passer à seize milliards sur sept ans. En attendant, sur le « Vieux Continent », le marché de l’observation spatiale a provoqué la création de 450 jeunes pousses qui ont réalisé 900 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Les start-up se lancent à la conquête de l’espace. Et, depuis 2000, elles ont reçu près de 13,3 milliards de dollars pour se développer, d’après la banque d’investissement Goldman Sachs.
Made In Space : fabriquer des structures sur orbite
Créée en août 2010 par Aaron Kemmer, Jason Dunn, Mike Chen et Michael Snyder, la start-up californienne Made In Space veut mettre en place des usines sur orbite, capables de produire ou d’imprimer en 3D des structures et des matériaux pour les expéditions spatiales. Tout cela serait rendu possible grâce à leurs solutions technologiques, des imprimantes tridimensionnelles efficaces pour une utilisation en apesanteur. La société a déjà envoyé deux modèles sur la station spatiale internationale depuis 2014. Intégrées dans une boîte à gants compatible avec la microgravité, elles peuvent fabriquer des composants et des pièces importantes sur un vaisseau. Près de 200 objets ont déjà été conçus. Ce système apporte des avantages notables pour les agences spatiales notamment au niveau financier. Un kilo d’équipements envoyé sur une station coûte plus de 89 000 dollars. La possibilité de les confectionner sur place s’avère, elle, plus économique. En parallèle, l’entreprise travaille sur un programme de la NASA dénommé « Archinaut » afin de développer des androïdes en mesure d’assembler et de réparer des structures. Dans le futur, la start-up prévoit également d’utiliser son impression 3D pour transformer les astéroïdes en vaisseaux spatiaux autonomes permettant d’atteindre les ressources minières de l’espace. Un robot intitulé « Seed Craft » y serait intégré pour récolter ces matériaux naturels et les utiliser comme source de propulsion et d’énergie.
ispace installe des publicités sur la Lune
Lancée en septembre 2010 à Tokyo par Takeshi Hakamada, la start-up japonaise ispace souhaite explorer la Lune et développer des infrastructures sur celle-ci en jouant sur le marketing avec l’intégration de publicités sur les engins et véhicules spatiaux. Les entreprises souhaitant faire leur promotion sur ce satellite de la Terre le pourront moyennant finances. À l’occasion du concours Lunar X de Google et par le biais de l’équipe Hakuto, la société a mis au point un mini véhicule d’exploration spatiale disposant de caméras HD et 3D ainsi que d’une Intelligence Artificielle qui détecte les dangers. La start-up a levé, fin 2017, 90 millions de dollars auprès d’entreprises du Japon comme la compagnie aérienne Japan Airlines et la chaîne de télévision Tokyo Broadcasting System Holdings, ainsi qu’avec la participation de la DBJ (Development Bank of Japan, structure gouvernementale de services d’investissement et de prêt, ndlr). Avec ce financement, elle envisage de mener deux expéditions spatiales. La première mission, à compter de 2019, devrait consister à mettre en orbite un vaisseau autour de la Lune afin de tester la technologie de collecte de données et celle du service de transports. La deuxième, prévue pour 2020, permettrait à l’engin de se poser sur ce satellite naturel. Objectif : s’y installer et entreprendre des forages pour trouver de l’eau.
ThrustMe : développer un système de propulsion spatiale
Fondée en février 2017 par Ane Aanesland et Dmytro Rafalskyi après dix ans de recherche et développement à l’École Polytechnique et au CNRS, la start-up française ThrustMe développe un système de propulsion pour des satellites de petite taille. Leur solution électrique permettrait de générer une pression et une impulsion plus forte qu’une structure classique afin d’exécuter des missions à delta-V (mesure utilisée pour estimer la quantité de carburant nécessaire afin d’accomplir différentes actions, ndlr). L’entreprise innove dans le fait que le propergol (produit de propulsion constitué d’un mélange de substance chimique et de combustible, ndlr) est contenu, conditionné puis accéléré grâce à un propulseur ionique. Celui-ci combine les technologies des industries spatiales et des semi-conducteurs. Tout petit, il fait 40 % de la taille d’un système classique, mais offre des performances similaires, voire deux fois supérieures. En juin 2017, la start-up a levé 1,7 million d’euros auprès de Business Angels et d’un fonds d’investissement KIMA Ventures dans le but de doubler son effectif et accélérer la production de son produit.
Grâce à leurs solutions technologiques innovantes, ces start-up veulent conquérir le marché toujours aussi fascinant qu’est celui de l’espace. Des entrepreneurs passionnés et des experts de l’aéronautique tentent de faire développer ces entreprises en créant des fonds d’investissement et des incubateurs. C’est notamment le cas de Global Space Ventures et Starburst Accelerator. Le premier est une société mondiale de capital risque dotée d’un portefeuille particulier de sociétés, de technologies et d’infrastructures aérospatiales. Fondée par Laetitia Garriott de Cayeux, David Giger, Bulent Altan et Jean-Jacques Dordain, elle souhaite lever 250 millions de dollars afin de dénicher des jeunes pousses qui perfectionneront les prévisions métrologiques et fabriqueront des satellites sophistiqués. Le deuxième est un incubateur mondial créé en France en 2012 par François Chopard et dédié aux start-up de l’aéronautique et du spatial. Revendiquant plus de 1 200 entreprises, dont 15 % provenant de l’Hexagone, il est parvenu, en novembre 2017, à lever plus de deux cents millions de dollars. Avec l’ambition d’investir dans de multiples domaines comme celui des drones et des fusées.