« Ce jour-là, j’ai eu de la chance », … Cette phrase symbolise le genre de pensées qui hantent certains dirigeants qui connaissent le succès. Le principe est simple : plus leur société marche, plus les dirigeants vous soulignent qu’ils ne sont pas à l’origine de leur succès. Jusque-là, aucun souci me direz-vous mais certains ressentent profondément un sentiment d’illégitimité, une impression de tromper l’entourage, … Or, le syndrome de l’imposteur se manifeste de bien des façons. Mais pourquoi douter de sa propre réussite ? Les entrepreneurs seraient-ils réellement des imposteurs ?
Pensez-vous être un imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur désigne une tendance psychologique, mais non pathologique, à nier toute réussite personnelle et à l’attribuer à des éléments extérieurs. Les personnes atteintes prétendent que leur succès repose sur le hasard, la chance, leurs collaborateurs…
Ces personnes, qui paraissent extrêmement humbles au premier abord, souffrent parfois d’un réel complexe de culpabilité par rapport à leur réussite. D’après le psychologue Kevin Chassangre, coauteur du « Syndrome de l’Imposteur », ces personnes rejettent les compliments autant que les encouragements, se déprécient en permanence en se comparant aux autres, pratiquent l’autodénigrement à haute dose et refusent toute aide extérieure de peur de ne pas se montrer à la hauteur.
Ils possèdent, en effet, l’intime conviction que leur réussite résulte d’autres facteurs et craignent que cette supercherie soit détectée. La moindre faille, si elle apparaît au grand jour, pourrait révéler leur vraie nature… Humaine ! Ces « charlatans » auto-présumés ressentent une culpabilité exagérée lorsqu’ils commettent la moindre erreur et ne supportent pas l’échec.
Les sept caractéristiques pour détecter si vous en souffrez
Kevin Chassangre décrit 7 comportements typiques de l’entrepreneur qui se prend pour un charlatan.
- Cet individu rejette les compliments et pense que « c’est normal, je fais juste mon travail et encore, je devrais le faire mieux ! ».
- Il se compare systématiquement aux autres pour justifier ses défauts et ses lacunes : « Tommy reste un bien meilleur commercial que moi, il aurait dû être choisi ». Ce genre de réflexions traduit un sentiment de tromperie caractéristique d’une personne atteinte du syndrome de l’imposteur.
- Il se sert des critiques à son égard, qui renforcent cette impression, pour justifier son statut de tricheur. Il utilise les reproches, qu’il considère comme des vérités absolues, pour se dénigrer. Ce personnage n’a toutefois pas besoin de critiques pour se détruire tout seul, il passe son temps à ressasser ses échecs et à dire qu’il est nul.
- Celui qui présente ce profil refuse également toute aide extérieure. Accepter ou demander un coup de main revient à avouer sa faiblesse. Pire encore, un tel geste pourrait dévoiler sa vraie nature de « tricheur » !
- Les pseudo-charlatans ne tolèrent pas non plus l’improvisation, situation qui les met en danger, et ont besoin d’apporter absolument réponse à tout.
- La chance, enfin, est la seule et unique responsable de leur réussite. Ils se sont simplement trouvés au bon endroit au bon moment, sont tombés sur la bonne personne ou le bon collaborateur.
- Ils attribuent systématiquement leur réussite à des tiers, des collègues ou au hasard. La caractéristique dominante de l’« imposteur » demeure sa conviction qu’il ment à tout le monde sur ses capacités réelles.
Jusqu’à quel point l’entrepreneur ment aux autres ?
Il va de soi qu’un chef d’entreprise doit parfois mentir, au moins par omission, ne serait-ce que pour valoriser certains membres de son équipe. Mais à partir de quand devient-il réellement un imposteur ?
Les petits « oublis » ne présentent pas forcément un grand risque. En revanche, les mensonges du style « nous n’avons aucun concurrent » pour justifier la réussite, surtout quand l’entrepreneur a de l’expérience, peuvent être de bons indicateurs. Surtout quand ils sont d’une telle absurdité que celui qui l’énonce en devient ridicule et peu crédible. Mentir semble pour eux quasi-indispensable, que ce soit pour garder ses investisseurs ou motiver ses équipes, mais il existe une différence entre une omission légère et une vaste tromperie.
Les personnes atteintes du syndrome de l’imposteur ne font tout simplement pas la différence. Comme en cuisine, tout reste une question de dosage… Un mythomane chronique n’inspire aucune confiance donc gare à ne pas souffrir de ce syndrome à outrance ! Il s’agit d’un individu qui se prend pour un charlatan et pense, au plus profond de lui-même, que toutes ses réussites cachent des faiblesses et reposent sur des mensonges inqualifiables. Véritable handicap professionnel, il existe heureusement des solutions pour guérir de ce complexe, ou en tous cas pour l’atténuer.
Apaiser les esprits présentant un complexe d’imposture
Un « imposteur » craindra toujours de ne pas arriver à accomplir ce qu’il désire. Il convient tout d’abord pour toute personne présentant ce complexe d’accepter ses limites.
Il faut donc se fixer des objectifs atteignables car courir après un objectif qui ne l’est pas confère évidemment un sentiment d’échec. Se contraindre à en faire toujours plus pour se prouver ses limites peut, à terme, avoir des conséquences particulièrement néfastes. Il faut donc se fixer des buts réalistes. Identifier des axes de progression réalisables représente une première étape dans la guérison du complexe de l’imposteur.
Une fois les limites personnelles établies, définir des perspectives d’amélioration se révèle plus simple. Les doutes irrépressibles des « imposteurs » peuvent enfin trouver une issue positive. A force de se remettre en question en permanence, ceux-ci finissent par perdre totalement confiance en eux, mais sans aller jusque-là, entretenir le doute sur certains points permet des avancements. Une traversée du désert donne lieu à des questionnements susceptibles d’aboutir à des solutions positives pour l’entreprise.