Une société qui rend plus belle

Interview de Viriginie Vinet, fondatrice de Lady Green, la 1ère marque de cosmétiques bio entièrement dédiée aux jeunes filles.

Quel est votre parcours (estudiantin, professionnel et personnel) avant la création de votre entreprise ?

Passionnée du marketing depuis l’âge de 16 ans, j’ai étudié à l’ESC Toulouse (aujourd’hui TBS) de 2002 à 2004. A la fin de mes études, après un stage en marketing direct à Disneyland Paris, je suis partie vivre au Canada avec mon conjoint (il venait de trouver un laboratoire près de Montréal pour faire sa thèse en immunologie et biologie cellulaire).

Installée à Laval près de Montréal, j’ai trouvé du travail en un mois à peine. J’ai d’abord travaillé pour une petite agence de marketing direct (Pinnacle Direct), puis j’ai été Chef de Publicité chez Publicis Montréal en charge de plusieurs marques du Groupe L’Oréal (Garnier, Biotherm…). C’est là que je me suis découvert une passion pour l’univers des cosmétiques. Souhaitant approfondir cet univers et le vivre de plus près, j’ai ensuite intégré Lise Watier Cosmétiques (marque de luxe leader au Canada) en tant que responsable webmarketing.

Quand avez-vous créé votre propre entreprise ? Dans quel secteur ? Et surtout pourquoi (anecdote, déclic) ?

Mes 5 années passées en Amérique du Nord m’ont fait découvrir le secteur des cosmétiques et m’ont ouvert à l’esprit d’entreprendre.

De retour en France en 2009, j’ai d’abord créé mon auto-entreprise de conseil en communication spécialisée dans la beauté. C’est alors qu’en rencontrant des créateurs de jeunes marques cosmétiques et en les aidant dans les différentes étapes de leur lancement que j’ai eu le déclic : je devais moi aussi créer ma propre marque de cosmétiques. C’est devenu une évidence !  Suivant le marché cosmétique de près depuis plusieurs années, j’ai réalisé qu’aucune marque ne s’adressait spécifiquement aux jeunes, notamment aux jeunes filles, et qu’il y avait un gros décalage entre leurs attentes et les produits qu’on leur proposait sur le marché. Une étude de marché et un business plan plus tard, je me lançais dans l’aventure fin 2010 pour créer Lysea en avril 2011 et lancer Lady Green fin 2012. Lady Green est la 1ère marque de cosmétiques bio dédiée aux jeunes filles. Avec ses packagings girly, ses formules bio et son approche participative, elle révolutionne l’univers des soins pour les peaux jeunes.

Pouvez-vous me donner les chiffres de votre entreprise (date de création, nombre de salarié, chiffre d’affaires…) ?

J’ai créé la société Lysea en avril 2011 et lancé la marque Lady Green en  novembre 2012. Aujourd’hui l’entreprise comporte 8 personnes : 4 temps plein et 4 alternants. C’est surtout près de 180 000 produits vendus depuis le lancement de Lady Green ! Nous distribuons dans 600 points de vente dans 14 pays (France, Europe, Asie).

Que représente l’entrepreneuriat pour vous ?

Plus qu’une envie de liberté et le souhait « d’être son propre patron », l’entrepreneuriat a répondu en ce qui me concerne à un réel besoin de créer, de fédérer autour d’un projet, de vivre une passion. L’entrepreneuriat c’est ce qui m’anime chaque jour, me donne envie de me lever le matin ! C’est loin d’être facile, il faut beaucoup de persévérance, mais je n’échangerais ma place pour rien au monde ! J’adore mon travail et je pense que c’est une grande chance de pouvoir faire ce qu’on aime.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ? Et inversement les principales satisfactions ?

La principale difficulté rencontrée a été la trésorerie. Je pense que la plupart des start-up sont dans ce cas ! La trésorerie reste le nerf de la guerre… Tant que l’entreprise n’est pas rentable, il faut sans cesse chercher de nouveaux financements. D’autant plus que nous sommes dans un secteur qui nécessite des stocks importants et des dépenses conséquentes en marketing-communication.

J’avais aussi sous-estimé la difficulté de la distribution. Je pensais qu’il suffisait de créer le produit parfait répondant aux besoins des consommateurs pour se distribuer facilement. Or j’ai réalisé que le marché de la cosmétique est très concurrentiel et commence à être « saturé », même si je n’aime pas ce mot car il reste de la place pour de petites marques innovantes comme la nôtre mais les places sont chères en magasin, les acheteurs des grandes chaines sont assez frileux et mettent beaucoup de temps à référencer de nouvelles marques…

La satisfaction se trouve dans le fait d’avoir créé des produits de qualité. Dès le lancement, notre eau micellaire Fraîcheur Céleste a remporté une Victoire de la Beauté (après avoir été testée à l’aveugle par 80 jeunes filles). 6 de nos produits sont recommandés par le très strict Observatoire des Cosmétiques. Plusieurs de nos produits ont une efficacité prouvée scientifiquement.

Mais aussi d’avoir créé une des premières marques participative. J’ai impliqué plus de 200 jeunes filles de 12 à 25 ans dans la création de la marque et des produits afin de créer les produits de leurs rêves ! Nom de la marque, logo, décor des packagings, formules… elles ont tout validé. Aujourd’hui notre panel de testeuses est très actif et compte plus de 400 jeunes filles !

Comment vous êtes-vous financé ?

J’ai financé la création de Lysea avec 2 prêts d’honneur (30K€ du Réseau Entreprendre Alsace et 15K€ de la plateforme Sud-Alsace Initiatives) et 1 prêt bancaire de 200K€ (CIC).

En 2014, nous avons obtenu un nouveau prêt bancaire de 100K€ (CIC). Début 2015, nous avons ouvert notre capital pour la 1ère fois. Nous avons levé 362K€ en crowdfunding sur la plateforme Anaxago.

Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle ?

Quelques jours après avoir créé Lysea, j’apprenais que j’étais enceinte. Je me suis alors posé tout un tas de questions : est-ce le bon moment pour créer mon entreprise ? Pour avoir un enfant ? J’ai finalement mené les deux de front. Aujourd’hui je suis maman de 2 jeunes enfants : 1 fille de 4 ans et 1 garçon de 13 mois. C’est parfois du sport, mais on y arrive. Il suffit d’une bonne organisation !

Il y a 2 ans, mon mari a quitté son poste de chercheur pour rejoindre l’entreprise à temps plein. Depuis il codirige l’entreprise, ce qui nous donne une plus grande flexibilité. Non seulement il peut me relayer quand je m’absente du bureau, mais il peut aussi s’occuper des enfants quand je pars en déplacement. Généralement je vais très tôt au bureau et je récupère les enfants à l’école/la crèche le soir, tandis que mon mari les dépose le matin et reste plus tard au bureau le soir. Mais on est flexibles, on s’organise selon nos emplois du temps, on a beaucoup de chance de pouvoir faire ainsi. On travaille beaucoup c’est sûr, mais on arrive quand même à profiter de nos enfants. Ce qui compte c’est de passer du temps de qualité avec eux. Avoir des enfants, c’est aussi la meilleure façon de garder les pieds sur terre et de décompresser le soir ! Cela  permet de relativiser et de ne pas penser qu’à l’entreprise.

Avez-vous une anecdote à partager ?

Pas particulièrement.

Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui se lance pour réussir ?

  • Bien ficeler son business plan dès le départ se révèle porteur de réussite,
  • S’entourer rapidement. Ne pas hésiter à présenter son projet à un maximum de personnes, les avis extérieurs permettent de le faire évoluer, de l’améliorer mais aussi de se rassurer,
  • S’entourer c’est aussi accepter de ne pas être bon dans tout et aller chercher les compétences qu’il nous manque,
  • Ne pas se décourager, ne jamais baisser les bras. Il faut beaucoup de persévérance pour entreprendre mais cela  vaut la peine d’aller jusqu’au bout !

Quelles sont les perspectives d’avenir pour votre entreprise ? Pensez-vous vous développer à l’international ? Pensez-vous  effectuer des levées de fonds ?

Aujourd’hui nous sommes présents dans 600 points de vente dans 14 pays. Nous voulons continuer à développer notre présence à l’international, notamment sur le continent américain (Etats-Unis, Canada, Brésil…) où nous ne sommes pas encore implantés. Nous souhaitons aussi devenir une référence sur le marché des cosmétiques pour peaux jeunes en France.

Nous allons d’ailleurs lancer une nouvelle marque dédiée aux jeunes hommes en 2017… mais chut !

Aujourd’hui comment fais-tu pour développer ton réseau ?

Aujourd’hui, j’échange surtout avec d’autres dirigeants de start-up cosmétiques. Nous sommes confrontés aux mêmes problématiques donc nous avons tout intérêt à nous aider entre marques non concurrentes. Mais j’aimerais développer un peu plus mon réseau en dehors du secteur cosmétique, c’est toujours très enrichissant d’avoir des regards extérieurs !

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