Le repreneur de Vélib’, Smovengo crée l’inquiétude dans la capitale. L’entreprise en début d’année rencontrait des difficultés à atteindre l’objectif affirmé auprès de la Mairie, depuis les choses se compliquent. Une grande partie des stations sont désormais installées mais restent complètement vides… Les problèmes annoncés par l’entreprise se multiplient et les Vélib’ disparaissent au fur et à mesure. Un véritable coup dur pour Smovengo qui peine à remonter la pente.
Des difficultés techniques
Lors de l’annonce de la reprise de Vélib’ par Smovengo, la mairie de Paris était plutôt confiante pour les débuts de l’entreprise. Remplaçante de JC Decaux, elle a fait face à des soucis de production et d’installation dès son arrivée dans la capitale. En début d’année 2018, elle annonçait 1400 stations opérationnelles pour le printemps. Depuis, les stations se sont bel et bien multipliées mais l’absence de vélos fait preuve d’un réel dysfonctionnement. Dans un premier temps, il s’agissait d’un problème d’installation de stations, depuis les vélos subissent des soucis de batterie. Sur l’ensemble de la capitale seulement 2 000 vélos sont présents et deux tiers ne peuvent pas être empruntés par les usagers. Les problèmes ne cessent de se multiplier entre les vélos bloqués en station, le déchargement des bornes et les problèmes d’automates. Les usagers avec un abonnement se retrouvent donc pour une majorité dans l’incapacité de se procurer un vélo. Un problème qui pèse lourd pour Smovengo et la mairie de Paris. Face à des grandes difficultés, l’entreprise s’est vue dans l’obligation de se contraindre à un plan d’urgence imposé par les élus parisiens.
Les chiffres liés au dysfonctionnement de l’entreprise sont impressionnants et inquiétants. 6 000 vélos sont en réparation et la maintenance ne suit pas. Peu performant pour répondre à ce problème, le service se voit submergé. L’entreprise a remplacé 3 000 vélos déchargés à cause d’une mauvaise électrification des bornes par 3 000 vélos neufs devant répondre à un manque considérable de Vélib’ en station. Mais ils furent vite retirés de la circulation pour des causes similaires. Les diapasons, les bornes uniques de chaque Vélib’ rencontrent un dysfonctionnement au niveau du contact entre le vélo et la borne. Il s’agit d’un bug du cadenas, engendrant des difficultés pour les utilisateurs. Pour la plupart, ils sont dans l’incapacité de garer leur vélo auprès de la borne à cause du cadenas qui ne se verrouille pas. L’entreprise Smovengo avec ses divers soucis n’arrive plus à convaincre les utilisateurs, excédés des dysfonctionnements récurrents. En somme, l’ensemble des stations ne fonctionnent pas correctement et une majorité des vélos présents auparavant sont en réparation. Un véritable coup dur pour l’entreprise dans l’incapacité de maintenir le cap. À cela, vient s’ajouter des problèmes de management au sein même des équipes. La crise s’accentue au fil des jours.
L’entreprise au bord du gouffre
Les stations sans batterie rendent le chargement des vélos, impossible. Ils peuvent tout de même être empruntés par un utilisateur mais ce dernier sans le savoir use la batterie du véhicule. À court de batterie le vélo se bloque définitivement nécessitant alors d’être rapatrié, manutentionné et changé. La conséquence de ce dysfonctionnement majeur entraîne la réparation de 150 vélos par jour, une logistique non prévue par l’entreprise créant des difficultés en interne.
Face au challenge gigantesque à relever pour Smovengo, les problèmes techniques et opérationnels se répercutent sur l’entreprise en interne. Depuis le mois d’avril, l’entreprise fait face à des difficultés avec ses équipes. Engagée dans une procédure aux prud’hommes, elle souhaite licencier des salariés pour une grève jugée illégale. En cause, les avantages sociaux des salariés modifiés. Smovengo dans ses équipes a conservé des salariés de l’entreprise JC Decaux détentrice de Vélib’ de 2007 à 2017. Expérimentés, ils ont les qualités requises pour aider l’entreprise à sortir de la crise. Mais la réduction de leurs avantages en passant d’une entreprise à une autre a engendré des réclamations de leurs parts. Au nombre de trente-sept, les grévistes vont être remerciés par l’entreprise à la suite d’une grève jugée illicite, faute de préavis par le tribunal de Grande Instance de Paris.
La nécessité d’organiser une survie
Entre les failles industrielles et les failles sociales, l’entreprise voit la crise s’accentuer sans avoir des solutions efficaces. Pour la stopper au plus vite, les actionnaires ont fait le choix de nommer un manager de crise pour améliorer le dialogue au sein de l’entreprise. Arnaud Marrion appelé à la rescousse a plusieurs redressements à son actif. Nommé délégué général de l’entreprise, les élus parisiens et la direction de Smovengo espèrent remonter la pente. Si la sortie de crise semble encore lointaine pour Vélib’, elle devrait avoir un impact considérable sur la politique parisienne. Ce fiasco monumental s’accompagne également des difficultés financières d’Autolib’. Face aux pertes conséquentes de l’entreprise, la Mairie de Paris et Bolloré devraient résilier leur contrat. Le pari de la mobilité en libre-service à Paris commence à s’effriter. Serait-ce un marché pertinent à exploiter pour de possibles concurrents ?