Le marché du livre d’occasion est en plein essor ces dernières années notamment grâce à internet. L’apparition des sites de revente et des marketplaces en ligne à partir de 2000 a apporté une importante visibilité à un business jusqu’alors peu représenté. Afin de profiter de cette dynamique favorable, des start-up se lancent dans le secteur avec des plateformes et des applications qui offrent une nouvelle façon de se procurer des ouvrages ou de les vendre. Découvrez plusieurs d’entre elles.
Le marché français du livre d’occasion pèse près de 850 millions d’euros. Il se concentre sur quelques plateformes et sites de vente comme celui de Gilbert Joseph, Decitre ou encore la Fnac. Mais c’est surtout Amazon et Rakuten-PriceMinister qui prennent l’avantage, avec environ 35 % des achats en volume sur toute la période 2014-2016, d’après un sondage réalisé par GfK (Gesellschaft für Konsumforschung, société pour la recherche sur la consommation en français, institut d’études de marché, ndlr). Pour rivaliser avec ces enseignes en ligne, des start-up créent des sites et des applications innovantes pour attirer les amateurs et passionnés de lecture.
RecycLivre : la plateforme de vente et collecte solidaire
Créée en 2008 par David Lorrain, la start-up RecycLivre a mis en place une plateforme de vente d’ouvrages d’occasion atypique, solidaire et écologique. Elle propose aux entreprises, aux particuliers, aux associations et aux collectivités, un système gratuit de récupération de livres afin d’éviter de les jeter. La société vient directement chez eux afin de les récupérer, lors de tournées effectuées en véhicule électrique. Une fois collectés, ils sont triés grâce à un algorithme, selon leur état, en scannant leur code-barres. Ceux en bonne condition seront revendus et les autres, recyclés. Le prix minimum d’un livre dans la boutique en ligne débute à quatre euros, frais de port inclus.
10 % des revenus nets générés par les ventes sont, par ailleurs, reversés à des associations et des programmes d’action de lutte contre l’illettrisme, pour l’accès à la culture et la préservation des ressources comme Lire et faire lire (plan national d’ouverture à la lecture et de solidarité intergénérationnelle, ndlr) et Etc Terra. Sur leur site, un compteur délivre, chaque seconde, des chiffres sur les actions réalisées par la start-up. Depuis sa création, elle a transféré plus de 1 119 290 euros à des associations, sauvé 23 399 arbres qui auraient dû être coupés s’il avait fallu produire en neuf des livres d’occasion, et économisé plus de 926 976 960 litres d’eau pour la conception du papier. L’entreprise dispose de bureaux implantés dans de grandes villes françaises comme Paris, Lyon, Strasbourg et Lille, ainsi qu’à l’étranger, à Madrid.
Swapbook et son application pour les étudiants
Fondée en 2016 par Laure Desegaulx, la start-up parisienne Swapbook est une application conçue pour les étudiants. Elle permet de les mettre en relation à travers l’achat et la vente de livres d’occasion. La créatrice a eu l’idée de ce concept en tentant de revendre ses manuels scolaires chez Gibert Jeune (librairies parisiennes, ndlr). Face à une attente démesurée et un bénéfice moindre, elle s’est aperçue que troquer ses ouvrages était difficile. L’objectif de l’application est de mettre en place un service d’économie collaborative permettant à tout étudiant d’acheter des livres à bas prix et d’obtenir un gain plus rentable en cas de vente.
L’utilisateur a ainsi accès à une page d’accueil où deux rubriques, « Achat » et « Vente », lui sont proposées. En cliquant sur la première, il peut chercher un livre et découvrir les recommandations d’autres personnes le concernant. En cas de vente, l’étudiant n’a qu’à scanner le code-barres de son manuel à l’aide de son Smartphone.
Selon l’état et les prix du marché, un algorithme indique un tarif pratique pour le vendeur et l’acquéreur. Une section « Discussion » est alors disponible afin que les membres puissent dialoguer pour se donner rendez-vous pour l’échange. La start-up prend une commission de 10 % lors de la transaction. Soutenue par de nombreux organismes comme l’Université Paris Diderot et Schoolab (accélérateur dédié aux étudiants entrepreneurs, ndlr), elle a participé au projet Smile to School avec l’association Carlton Smile Charity, qui permet à des orphelins du Cameroun d’être scolarisés. Elle s’est également engagée à reverser 10 % de ses profits à des associations.
KiwiBook donne une seconde vie aux livres
Lancée en 2017 par Benjamin Augros et Benjamin Lointier, la start-up nîmoise KiwiBook se place comme une plateforme d’e-commerce spécialisée dans les biens culturels d’occasion. Aujourd’hui consacrée au secteur du livre, elle souhaite étendre son offre à d’autres produits comme les CD, DVD, Vinyles et jeux vidéo. Avec son site affilié, vendre-livre.fr, la société vient en aide aux particuliers en leur permettant de revendre des ouvrages en un clic. Le client n’a qu’à renseigner le code-barres du livre. Grâce à un algorithme qui trie des millions de références de produits toujours vendables, le prix de rachat est directement fixé.
Une fois la décision validée, le client envoie ses produits gratuitement avec l’étiquette d’expédition fournie et reçoit un virement sous une vingtaine de jours. Alors que plus de 5 000 ouvrages sont réceptionnés chaque mois par l’entreprise, celle-ci ambitionne de recevoir 100 000 livres d’ici fin 2018. En janvier dernier, elle a levé 180 000 euros auprès d’entrepreneurs de l’e-commerce et de Kima Ventures, le fonds d’investissement de Xavier Niel. Avec cette somme, la start-up veut déployer des applications mobiles sous Android et iOS ainsi que renforcer son équipe, d’un développeur et de préparateurs de commandes.
Si le secteur du livre d’occasion connaît un franc succès, celui du neuf a subi un léger recul en 2017 par rapport à l’année précédente, passant d’environ 2,8 à 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec une diminution du nombre d’exemplaires vendus, soit 430 millions, selon le SNE (Syndicat national de l’édition, ndlr). Le secteur du livre numérique continue, quant à lui, sa progression en générant un chiffre d’affaires de 201,7 millions d’euros en 2017, soit une évolution de 9,8 % par rapport à 2016. Il représente ainsi 7,60 % du chiffre d’affaires des ventes d’ouvrages des éditeurs.