Le secteur de la coiffure : un marché en évolution ?

Deuxième secteur d’activité de l’artisanat français, le secteur de la coiffure fait bel et bien partie des incontournables. Depuis quelques années, ce secteur subit la baisse du pouvoir d’achat et doit faire face à un contexte économique difficile. Analyse. 

Un secteur économique à part entière

Parmi les services, le secteur de la coiffure a su trouver sa place. Ce marché affichait plus de 6,16 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l’année 2015, selon l’UNEC (Union Nationale des Entreprises de Coiffure). Il constitue un véritable gisement d’emplois. Au sein de l’hexagone, ce sont plus de 83 200 établissements de coiffure qui ont été recensés en fin d’année dernière. Avec près de 188 000 actifs incluant 95 370 salariés, 17 700 apprentis et 2 350 contrats de professionnalisation, la profession compte parmi les acteurs majeurs du commerce de proximité. à cette même période, le Régime Social des Indépendants (RSI) enregistrait 20 249 auto-entrepreneurs, ce qui représentait 27,9 % des travailleurs non-salariés.

Une progression en perte de vitesse

Depuis l’année 2014, le nombre d’établissements de coiffure progresse moins rapidement, alors qu’entre 2009 et 2013, celui-ci avait connu une forte hausse. L’année dernière, ce sont 6 906 entreprises de coiffure qui ont vu le jour en France, et 1 125 qui ont été reprises. Au total, 8 031 immatriculations, dont 1 225 pour l’Ile-de-France. à compter de 2010, leur nombre a enregistré une baisse régulière (ndlr : hormis pour l’année 2013). Par rapport à l’année précédente, il a diminué de 5,2 % en 2014, contre 7,2 % en 2015. Et en termes de chiffre d’affaires, le secteur connaît une quasi-stagnation de celui-ci en valeur, mais aussi une baisse en volume.

Une clientèle plus volatile

Malgré une tendance à la stabilisation chez les femmes, une baisse continue du recrutement et de la fidélisation des nouveaux clients est constatée. Cette diminution a eu pour conséquence un rétrécissement des fichiers clients à la fin du premier semestre 2016 (ndlr : selon une analyse basée sur 700 828 clients de salons équipés du logiciel Shortcuts, en France métropolitaine). Une note positive se fait toutefois sentir du côté de la gente masculine qui progresse à la fois en quantité et en volume de visites, ainsi qu’en chiffre d’affaires. Globalement, ils représentent 35 % du fichier clients pour 24 % du chiffre d’affaires. Les femmes, quant à elles, représentent 55 % de la clientèle ainsi que 72 % du chiffre d’affaires. Enfin, les juniors représentent 10 % du fichier clients pour 4 % du chiffre d’affaires.

Des disparités entre les professionnels

D’un point de vue structurel, le secteur de la coiffure connaît certaines disparités qui profitent aux réseaux sous enseigne, lesquels poursuivent leur politique de maillage territorial. De leur côté, les indépendants font état d’une image de marque vieillissante. L’émergence de ces réseaux, qui fait suite à l’évolution des modes de consommation du marché, rend la concurrence rude. Il faut savoir que leur succès découle en grande partie de leur capacité d’adaptation. Les réseaux sous enseigne détiennent une capacité d’investissement plus importante, qui leur permet de proposer des prestations plus techniques que celles de leurs confrères, de moderniser leurs salons… Des espaces de soins et détente sont également proposés. Un panel de prestations qui présente une valeur ajoutée non négligeable aux yeux de leur clientèle. En parallèle avec ce constat, l’on remarque que cette forme de diversification des services tend à stimuler la vente de produits liés à la coiffure et aux soins. D’ailleurs, ce type de produits est vendu majoritairement en grandes surfaces et non dans les salons, leur potentiel de développement s’avère élevé.

Une tendance tournée vers les réseaux sous enseigne ?

Ces dernières années, le marché de la coiffure tend, de fait, de plus en plus vers le développement des réseaux sous enseigne. Les multi-salons, groupements, franchises locales ou nationales prennent le pas et affichent une progression de leur chiffre d’affaires. De leur côté, les indépendants, isolés, peinent, pour la plupart, à maintenir leur activité. Certes, ils demeurent majoritaires, mais le niveau concurrentiel est tel qu’il devrait pousser ces derniers à rejoindre progressivement ce type de réseaux. En parallèle, avec l’essor et le développement de la coiffure à domicile, les organisations professionnelles exigent un alignement des qualifications professionnelles ainsi que l’application d’un taux de TVA réduit. Des requêtes qui devraient se révéler une fois de plus profitables aux réseaux sous enseigne.

Du côté de l’emploi de salariés

Entre 2008 et 2015, le nombre de salariés de la coiffure connaît une baisse inquiétante. Pour l’année dernière, l’effectif moyen annuel s’élevait à 95 372, contre 108 374 en 2008. Autrement dit, une perte de 13 200 salariés en six ans, soit une diminution de 12,2 %. Une légère hausse peut toutefois être constatée entre 2014 et 2015, de l’ordre de 0,22 %, soit une augmentation de 212 salariés. De manière plus générale, l’on remarque que, pour l’année précédente, la région Ile-de-France est celle qui concentre le plus de salariés, au nombre de 20 269. Une telle attractivité s’explique sans doute par un important regroupement d’offres d’emploi à proximité de la capitale.

Des établissements qui recrutent moins

Allant de pair avec la baisse du nombre de salariés, le nombre d’établissements qui emploient connaît une période de déclin. Sur quatre années d’affilée, le secteur a subi une perte de 1 632 unités. En comparaison avec 2014, une perte estimée à 116 établissements employeurs est enregistrée pour l’année dernière, soit une diminution de 0,3 %. Toujours pour l’année 2015, l’on recense par ailleurs près de 52 % d’établissements qui ne comportent aucun salarié. Enfin, passant de 2,38 à 2,39 salariés en moyenne (hors intérimaires, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle), l’effectif moyen des établissements employeurs repart légèrement à la hausse avec + 0,1.

La formation, au service des jeunes

Juste derrière celui du bâtiment, la coiffure se positionne comme le second secteur artisanal français à former des jeunes par le biais de la filière apprentissage. Ce sont environ 28 000 jeunes qui sont actuellement formés aux métiers de la coiffure. Ces formations concernent aussi bien celles dispensées en alternance (en apprentissage et contrat de professionnalisation) que par voie scolaire. Parmi ces jeunes, on compte 17 700 apprentis et 2 350 contrats de professionnalisation pour l’année 2015.

Le modèle de « l’ubérisation », l’avenir de la coiffure ?

Devenue en l’espace de sept ans un incontournable, la société de services Uber donne le ton. Ces dernières années, ce phénomène s’est vu accentuer par plusieurs facteurs, et particulièrement l’explosion d’internet, l’essor des Smartphones et tablettes, la qualité des services, mais également la possibilité pour certaines entreprises de se développer sans avoir recours à un investissement particulier. Pour ce qui concerne le secteur de la coiffure, il est important de noter que la création ou la reprise d’un établissement représente une lourde part de charges au démarrage de l’activité. Il faut aussi considérer le fait que la qualité des prestations proposées varie d’un salon à l’autre. Des salons de coiffure vont même jusqu’à proposer la location de certains de leurs espaces de coiffure aux indépendants. Une sorte d’espace de coworking dédié aux coiffeurs ! Autant d’éléments qui pourraient pousser les entreprises, au même titre que les clients, à se tourner vers des applications similaires à celle d’Uber. La nécessité de disposer de qualifications et diplômes, pour les clients, et la contrainte de mettre son logement aux normes, induite par le travail à domicile, pourraient néanmoins freiner l’émergence de ce nouveau modèle économique.

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