La 7ème vague du baromètre Empreinte Humaine de la santé psychologique des salariés en période de crise a souhaité s’interroger sur l’évolution de la détresse psychologique des salariés français depuis le début de la crise. Il interroge aussi le taux de salariés en burn-out, l’impact du confinement avec enfants, la confiance des salariés envers leur direction générale, les effets du télétravail dans la durée notamment à l’égard du management, et enfin le retour dans les locaux et ses effets (nouvelles attentes, craintes, besoins d’accompagnement).
Ces chiffres sont très inquiétants. Si la détresse psychologique n’évolue pas beaucoup elle demeure à un niveau très important. Mais le taux de burnout a doublé en un an culminant à 2 000 000 de personnes en burnout sévère. Avec de tels chiffres, dans un contexte de retour dans les bureaux, on peut s’attendre malheureusement à une nouvelle explosion des arrêts maladie dans les prochains mois.
Christophe NGUYEN, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine,
et Jean-Pierre BRUN, co-fondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil.
Les chiffres obligent les chefs d’entreprise à se poser la question pour leur propre entreprise et de savoir comment manager leurs équipes dans cette période inédite et pour laquelle on n’a pas de points de repères identiques dans des expériences passées.
Si la détresse psychologique est d’un niveau élevé cela signifie que pour le dirigeant il va falloir y être attentif . Cela devient complexe quand on doit développer son entreprise dans un contexte de crise nationale mais aussi internationale : les impératifs de l’entreprise et de son développement se heurtent à la souffrance des salariés qu’il est incontournable de prendre en compte. Il va donc falloir aux dirigeants apprendre la reconnaître et l’anticiper ce problème et ne pas fermer les yeux devant une souffrance qui pourrait faire l’effet d’un jeu de dominos au sein de l’entreprise.
Les dirigeants et les managers, prisonniers d’une situation imprévue
Le cas des dirigeants est vraiment préoccupant et des actions de prévention doivent être mises en œuvre pour les soutenir spécifiquement et compléter les mesures de soutien économique. Les DRH sont touchés depuis un an car ils sont au centre de la crise dans les entreprises : au croisement des enjeux économiques, humains, sociaux et juridiques
Jean-Pierre Brun
Parmi les fonctions les plus exposées à la détresse psychologique, le top management tient le haut du pavé avec 80 % pour les directions générales, devant les présidents et les DRH à 61 % et les managers avec 52 % souffrant de détresse psychologique. C’est particulièrement vrai chez les dirigeants de PME/TPE.
Qu’en est-il pour les dirigeants ?
L’étude réalisée par l’observatoire Amarok montre que 22,9 % des dirigeants de la CPME interrogés sont en risque de burn-out. A titre de comparaison, l’enquête réalisée l’an dernier sur un échantillon représentatif de l’entrepreneuriat français indiquait 17,5 % de dirigeants en risque de burn-out avec un score moyen de 2,89 (sur une échelle de 1 à 7). Ainsi, il est possible de dire que le risque de burn-out au sein de la CPME reste donc très proche de celui des dirigeants de PME en France.
Le sentiment d’impuissance ainsi que les difficultés à dormir augmentent en cette période de confinement où l’économie tourne au ralenti, voire est totalement arrêtée pour certains secteurs ou métiers. C’est la raison pour laquelle les dirigeants ne doivent pas hésiter à se faire accompagner et à rechercher des conseils auprès de personnes compétentes pour éviter le burn-out.