Que ce soit le secteur bancaire si stable habituellement, les grèves qui impactent l’économie, les inquiétudes de l’hôtellerie, les plans sociaux et le taux de chômage, les décisions du gouvernement, les rachats, les changements de comportements des collaborateurs, il est difficile de s’y retrouver dans cette jungle de nouvelles plus éclectiques les unes que les autres. Focus sur l’actualité économique en France.
Les banques centrales relèvent encore leurs taux
Les banques centrales cherchent à ce que l’inflation soit restreinte à 2 %, à travers le monde malgré une spirale inflationniste très élevée. Après la Réserve fédérale américaine (la Fed), les banques centrales en Suisse et en Norvège, la Banque centrale européenne (BCE) qui a remonté son taux de 0,50, la Banque d’Angleterre (BoE) vient de resserrer pour la onzième fois consécutive son taux de 0,25 point. Comme l’a montré le rachat du Crédit Suisse par le Groupe UBS, le secteur bancaire est dans la tourmente. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a reconnu et a aussi évoqué de « nouveaux risques » pour l’économie. Cependant, la BoE n’a pas revu à la baisse ses prévisions de croissance, envisage même des mesures budgétaires favorables et pourrait remonter son taux encore une fois.
Plans sociaux : le Conseil d’État précise
La haute juridiction administrative vient de résorber les incertitudes du Code du travail sur la rupture conventionnelle collective (RCC) et les risques psychosociaux. Celle-ci vient de déclarer qu’une RCC ne peut être validée en cas de cessation d’activité par un établissement. Le Conseil d’État, qui a la charge des contentieux relatifs aux plans sociaux, vient ainsi de rendre trois décisions majeures.
En l’occurrence, il a estimé qu’une séquence de différentes propositions peut empêcher les salariés de décider de partir de leur plein gré, s’ils ne connaissent pas les conditions de leur licenciement, celui-ci étant inéluctable dès lors qu’ils refuseraient de profiter de la RCC. Il y aurait un manque d’informations qui irait à l’encontre de la liberté de choix. Les décisions ont également clarifié la question des risques psychosociaux dans le cadre des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) où l’employeur doit désormais évaluer les risques ainsi que prendre des mesures. Il faut donc désormais que l’administration vérifie que les élus ont bien été consultés et que le plan d’actions n’est pas bancal.
Le « conscious quitting » prend de l’ampleur
Si aujourd’hui on parle moins de grande démission et plus de rotation, il reste que les salariés dont la démission arrive faute de sens dans leur emploi, est un phénomène qui s’est largement accentué. Ainsi, selon une étude Odoxa réalisée pour Oracle, un salarié sur quatre serait « prêt à démissionner pour rejoindre un employeur correspondant davantage à leurs valeurs ». La recherche d’un emploi cohérent avec les valeurs et le sens dans le travail n’est pas anodine. Ainsi Paul Polman, ancien PDG d’Unilever, a réagi à la suite d’une étude réalisée auprès de 4 000 employés aux États-Unis et au Royaume-Uni, qui indique que « près de la moitié » des personnes interrogées pourraient démissionner si leur employeur ne partage pas leur valeur.
Le taux de chômage au plus bas
L’Insee vient de publier un portrait du marché du travail en 2022. Selon ses statistiques, 68,1 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ont un emploi, selon la définition du Bureau international du travail (BIT). Le taux d’emploi a augmenté de 0,9 point en moyenne sur l’année. Celui-ci atteint ainsi son plus haut niveau depuis 1975, date où l’Insee a commencé à le mesurer. Il s’agit ainsi de la septième année consécutive où le taux de chômage diminue. Il n’est plus qu’à 7,3 % sur 2022, soit 3 % de moins par rapport à 2015. Même si on pourrait se réjouir de ces chiffres, il faut noter que la part de personnes en emploi à durée limitée (CDD, intérim) augmente. Cependant une baisse du travail à temps partiel est à noter.
L’hôtellerie-restauration inquiète des tensions sociales dues aux retraites
Le principal syndicat patronal de la filière des restaurateurs, indique que la situation sociale est « très dégradée » et qu’elle créerait des difficultés pour les professionnels. Alors que la réforme des retraites a créé de larges mouvements sociaux en France, les hôteliers et les restaurateurs seraient directement affectés par les tensions. Avec les poubelles qui se sont entassées, particulièrement à Paris et des tensions dans tout le pays, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), Thierry Marx, a déclaré dans un communiqué : « Nous dressons un état des lieux d’une situation sociale et économique très dégradée sur l’ensemble du territoire qui nous empêche d’exercer notre activité » et d’ajouter « Aujourd’hui, nous demandons à pouvoir travailler en accueillant dignement et en toute sécurité nos clients (…) Nos entreprises sont prises au piège d’une contestation sociale alors qu’elles sont dans une situation d’extrême fragilité économique ».
Le gouvernement en passe de revaloriser le barème de l’indemnité kilométrique
Plus de deux millions de Français seraient concernés par une revalorisation de l’indemnité kilométrique, notamment pour ceux qui se servent de leur voiture à des fins professionnelles. Pour lutter contre l’inflation, le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, invité de « C à Vous » sur France 5, a, en effet, parlé d’une revalorisation qui serait de 5,4 %.
Si cette mesure fiscale aurait un caractère exceptionnel, selon Bercy via l’AFP, elle toucherait essentiellement la classe moyenne et « peut représenter plus de 100 euros pour un célibataire qui gagne 2.900 euros ». Elle pèserait 140 millions d’euros sur les finances de l’État et comme le précisait Gabriel Attal « Je pense que notre action doit être dirigée avant tout vers ces Français, cette classe moyenne qui travaille, qui a le sentiment qu’on lui en demande toujours plus, soit pour d’autres qui eux ne peuvent pas travailler, soit pour des services publics qui se dégradent alors que c’est financé par leurs impôts ».
Vers un meilleur partage des richesses
François Perret, directeur général de Pacte PME, en charge de promouvoir un meilleur partage de la richesse avec les salariés, plaide pour l’intéressement et la participation. Initiée en 2019 et renouvelée depuis trois fois sa mission a été prolongée jusqu’à l’été 2024 et sert à mettre en avant les outils de partage de la valeur, mais aussi la prime de partage de la valeur (PPV). Celui-ci, dans une interview dans Les échos, pensent que le travail de sensibilisation n’est pas fini avec des actions nécessaires : « Je pense qu’il faut remettre de la cohérence entre les différents outils et guider davantage l’employeur, qui ne sait pas par où commencer et comment s’y prendre, surtout dans les PME (…). »
Rachats d’actions : le patronat mitigé
L’annonce surprise, faite par Emmanuel Macron, d’une contribution exceptionnelle pour les grands groupes qui souhaiteraient racheter des actions, ne leur a pas fait plaisir. Il oblige dans ce cadre à augmenter l’intéressement, la participation ou l’émission de primes défiscalisées mais ceci ne concerne que 60 à 70 entreprises. Il faut dire que ce processus de rachats n’est pas anodin puisque pour les sociétés du SBF120, il représentait 27,2 milliards d’euros. Des difficultés techniques sont avancées pour justifier un agacement sur une mesure qui contribue au partage de la valeur. Il y a également des questionnements sur le seuil et le montant de rachats d’actions que ce dispositif va déclencher ainsi qu’une nécessité de faire un tri sur les raisons du rachat d’actions.