Après une riche carrière dans le conseil marketing, Françoise Govare fonde Renaissance Factory, un « agitateur » et « accélérateur» qui se lance pour mission de rebooster les start-up.
Une marketing woman
A la sortie de l’ESCP dans les années 1980, Françoise Govare passe une première partie de sa vie professionnelle (à peu près douze ans) au service du marketing de Jacques Vabre, Danone ou encore L’Oréal. Elle se dirige ensuite dans l’univers de la distribution, attirée par la problématique du client et sa fidélisation. Son poste chez Prisunic -qui deviendra plus tard Monoprix- la fait s’atteler au concept « comment redéployer la consommation dans les centre-ville ? ». Françoise s’oriente vers la cosmétique, et rentre chez LVMH puis Sephora, et participe à son rapide et heureux développement international (Europe et Japon notamment) La relation client et le CRM sont au centre des débats.
« Toutes ces expériences ont été bien utiles ont forgé mes connaissances et ma passion du retail et des marques» affirme la marketing woman, qui a fait un passage de quelques années en Suisse dans l’univers Richemont ( Baume et Mercier) Puis Françoise G., peut être essoufflée par l’international, décide enfin de rentrer en France pour accompagner opérationnellement les marques et enseignes de distribution. Elle aide les groupes de mode et cosmétique à initier le virage du e-commerce dans les années 2005, un nouveau canal de distribution déjà essentiel. « J’ai exercé un métier qui s’est perpétuellement renouvelé et qui a toujours été au cœur de la stratégie d’entreprise » s’enthousiasme-t-elle.
Développer les nouvelles start-ups
Après un passage de 2 ans à Casablanca en 2010 /2011 pour ouvrir le plus grand mall commercial et luxe d’Afrique (Le Morocco Mall avec l’arrivée d’un grand nombre de marques à forte notoriété internationale et notamment des Galeries Lafayette et Fnac en franchise), Françoise Govare a une « intuition de carrière » : lors d’une discussion avec un ami nait l’idée d’une structure de conseil et d’accompagnement venant en aide aux start up en difficulté. Elle se fera alors entourer de 3 « digital natives » et encourager par un serial entrepreneur et président d’un fond d’amorçage, lui aussi sensibilisé au taux d’échec de start-ups aux idées innovantes, qui n’arrivent pas à passer le cap de la 2nde année. C’est sur ce socle qu’elle fonde Renaissance Factory avec le soutien financier de fonds d’investissement.
Quel est précisément le concept ? « Nous ne sommes pas un fonds d’investissement et pas vraiment un accélérateur. Nous ne sommes pas uniquement une plateforme de mise en relation et de coaching » indique le site web de la société. Renaissance Factory se présente plutôt comme un agitateur stratégique, qui ne cherche pas à déstabiliser la start-up, mais à la rebooster et l’accompagner sur toute sa chaîne de valeur. « On part du principe que la clé de la réussite, c’est une bonne stratégie et une excellente exécution. On aide à appliquer de nouvelles stratégies avec les équipes adéquates. Nous sommes très pragmatiques » complète Françoise Govare.
Un changement de modèle
Le premier modèle de la société était assez différent. Au démarrage les cofondateurs s’étaient mis d’accord pour racheter directement les sites marchands grâce a des levées de fonds, se fixant sur 2 à 4 rachats par an. Il y eut un unique rachat au cours des 8 premiers mois, insuffisant pour poursuivre sur cette voie. Renaissance Factory, devant les difficultés de cette solution (trop complexe, risqué et chronophage) a revu sa copie et pivoté vers un nouveau modèle.
Renaissance Factory n’intervient pas en « early stage » et oriente ses actions vers les start-ups qui ont une preuve de concept et un historique d’au moins 12 à 24 mois. Elle ne se limite pas au numérique, et accompagne également des PME dont les leviers de croissance sont liés à une véritable stratégie digitale et les aide à implémenter ce basculement et à renforcer l’équipe. Francoise et Aurélia Denoual (cofondatrice de RF, spécialisée dans le marketing d’acquisition et la stratégie digitale,) sont très à l’écoute de ces jeunes start-up en difficulté. Elles profitent déjà d’un bouche à oreille positif qui leur a amené de nouveaux clients.
Questions choisies :
Comment voyez-vous le développement de Renaissance Factory ?
Dans 5 ans, on aimerait travailler pour des entreprises qui nous fassent confiance sur toute la chaîne de valeur du repositionnement jusqu’à la constitution de l’équipe de fondateurs. On souhaite s’inscrire dans la durée, pour les aider à croitre. Aujourd’hui, les start-ups se font aider de différentes façons : pour faire des levées de fonds, pour développer leur stratégie, pour faire de la RH ou se faire coacher en tant que dirigeant, etc. Mais à chaque fois, c’est isolé. Nous cherchons à constituer un réseau d’experts idépendants et un écosystéme suffisamment riche pour aider de façon fluide les start-ups sur tous ces domaines et leur permettre de se développer harmonieusement. Et bien sur nous pouvons lur proposer des associés ou des bras droits en phase avec leurs besoins réels. Adieu la solitde du créateur !
Quel est votre conseil envers une start-up en amorçage ?
-Que les fondateurs gardent leur « drive »et leurs ambitions même s’ils doivent changer de cap, tout en ayant l’humilité de se remettre en question et de se faire aider dans les domaines qu’il ne maîtrise pas. Etre lucide si les résultats ne viennent pas et réfléchir au pivot avant qu’il ne soit trop tard
-Apprendre à ne pas travailler seul. Imaginer tout de suite de s’associer avec un talent complémentaire ou à un mariage avec une autre start-up. Beaucoup de retours d’investisseurs nous expriment leur sentiment de gâchis devant toutes ces jeunes pousses prometteuses qui, à défaut de s’associer, foncent droit dans le mur…