Ce n’était au départ qu’une idée. Aujourd’hui, le collectif HappyTech regroupe plusieurs dizaines d’entités qui partagent toutes le même objectif : améliorer le bien-être dans les entreprises grâce à l’innovation technologique. Son président, Samuel Metias, revient sur l’origine comme sur l’enjeu d’un tel mouvement dans notre société.
Comment l’idée de la HappyTech s’est-elle imposée à vous ?
Je travaillais à la direction stratégique de Microsoft France et exerçais un mandat d’élu en tant que maire adjoint de la ville de Colombes (dans les Hauts-de-Seine). Dans les mairies, les agents ne me semblaient pas très heureux voire tristes. D’un autre côté, chez Microsoft, leur politique bien-être suscitait un réel enthousiasme. Cette différence entre les deux m’a frappé. Je me suis dit qu’il fallait améliorer le bien-être dans les entreprises et, en regardant le fonctionnement de Microsoft, l’idée d’y incorporer la technologie m’est venu.
Mais je constate aussi que l’excès de technologie peut avoir un impact négatif. En open space, par exemple, nous nous parlons par chat. C’est l’effet métro : vous êtes absorbé par votre téléphone et, seulement après être arrivé à destination, vous relevez les yeux et remarquez une personne que vous connaissez, assise en face de vous. Je comprends à ce moment-là que la technologie n’est pas là pour dresser des murs mais pour connecter les personnes et créer du lien.
PEUT-ON faire un lien avec Comeet, dont vous êtes le cofondateur ?
L’idée de départ de Comeet est d’utiliser l’intelligence artificielle pour amener du bien-être en organisant des rencontres entre salariés. Quatre mois après sa création, nous sommes sélectionnés pour participer au salon VivaTech. Au moment de s’inscrire, nous nous rendons compte qu’aucune catégorie ne correspond à notre activité. Nous avons alors décidé de la créer et avons déposé le label de la HappyTech. Lors du salon, le président de la République me dit : « Il faut faire de la France le leader mondial du bien-être ». Le lendemain, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, passe nous voir et, après une conférence de presse organisée chez Station F, des Français vivant à l’étranger nous contactent pour intégrer le mouvement. Un mois plus tard, nous créons une structure coordinatrice pour accompagner le rayonnement de la France un peu partout dans le monde. Un comité international, que j’ai la chance de présider.
Concrètement, qu’est-ce que la HappyTech ?
La HappyTech, c’est trois choses : un collectif, un label et des partenariats. Le label modélise des solutions, pour les entreprises, basées sur des critères précis afin d’apporter du bien-être grâce à l’innovation technologique. C’est avant tout une boîte à outils ayant pour vocation de faire grandir le sujet sur le marché et le principal facteur demeure les connexions entre les personnes. Si vous ne vous entendez pas avec votre manager ou vos collègues, vous pouvez vous trouver au sein de locaux magnifiques, avoir un babyfoot dans la cafèt’ et même une salle de sieste, vous n’aurez pas envie de venir travailler le matin.
Quels intérêts pour les entreprises ?
Le bien-être est la clé pour les entreprises. Quelle société peut espérer survivre sans remettre l’Humain au centre ? L’enjeu s’avère de digitaliser le bien-être et d’humaniser le digital. Les entreprises engagées bénéficient d’un gain de 30 % de productivité en plus, soit un trimestre en plus ! Aujourd’hui, dans la course économique, celles qui n’incluent pas cette dimension ont tendance à devenir moins performantes que celles de la HappyTech. Miser sur l’Humain attire également les jeunes talents puisque les nouvelles générations mettent au même niveau le bien-être et le salaire.
Les maladies professionnelles font-elles partie des causes à l’origine de la HappyTech ?
Oui et non. Nous sommes tous marqués par les vagues de suicides notamment chez Orange mais la HappyTech n’est pas issue du mal-être. Ce dernier représente un coût alors que le bien-être rapporte. Nous avons une vision positive et importons une valeur complémentaire au service de l’Économie et des entreprises. Nous ne voulons pas simplement corriger le mal-être, nous voulons aller bien au-delà.