Le sacro-saint CV est-il toujours un bon critère de recrutement ? Quels avantages apportent son utilisation et quelles sont les limites à connaître ? Recruter sur CV, est-ce toujours dans les mœurs ? Enfin, quelles sont les méthodes alternatives de recrutement ?
Un objectif détourné
Un curriculum vitæ (CV) devrait être une synthèse objective et standardisée du parcours et des compétences acquises d’une personne. Ce résumé devrait servir de support d’échange lors des entretiens entre recruteurs et candidats. La réalité est tout autre, puisque le CV sert en fait de filtre de pré-sélection, bien en amont de cette rencontre-là. Cela justement pour écarter ceux qui ne seront pas en adéquation avec le poste. C’est à ce stade que les questions affleurent. En effet, un filtre efficace est un filtre bien calibré par rapport au besoin et à l’usage.
Or il est juste impossible de discriminer des candidats sur la base d’un simple CV, qui ne saurait représenter exhaustivement une personne en quelques lignes. Et à supposer que tous les candidats savent rédiger un CV pertinent, que dire des menteurs qui trichent sur leurs références ? Voici donc un outil imparfait, mal maitrisé, voire carrément contrefait. Pourtant, il s’utilise pour sélectionner les futures forces vives de nos entreprises.
Les limites du CV
Le CV donne une représentation partielle du passé, au mieux du présent, mais absolument pas du potentiel futur ni de la motivation du candidat. L’indéboulonnable paragraphe sur les diplômes perpétue la discrimination née lors du parcours scolaire de tout candidat, et incite à privilégier les personnes affichant les meilleures écoles et diplômes, meilleures selon, là aussi, des critères qui pourraient être discutés. Ce prisme déformant des diplômes désavantage de fait les profils atypiques ou autodidactes, qui peuvent pourtant se révéler extrêmement compétents, à condition de leur laisser une chance de passer le filtre … De la même façon, les candidats sans expériences se voient rejetés au profit des CV les plus fournis. Pas étonnant que dans ces conditions, selon plusieurs études réalisées par des cabinets de recrutement, 75 % des CV comportent des tromperies.
Les méthodes alternatives au CV
Pour redonner au CV sa juste place de support de discussion, il est alors nécessaire de mettre en place de nouveaux filtres. L’une des méthodes complémentaires les plus répandues consiste en l’utilisation de questionnaires adaptés au poste et à l’entreprise. L’intérêt de cette méthode est de maitriser les questions posées, et de pouvoir y glisser des questions comportementales simples, qui pourront être confirmées par la suite en entretien. Les résultats bousculent nos idées reçues et nos formatages. Comme le révèle le site qapa.fr, les recruteurs mettent beaucoup de barrières entre les métiers, et ces questionnaires permettent de les casser. Par exemple, pourquoi un soudeur devrait-il être soudeur toute sa carrière, alors qu’il pourrait faire un excellent plombier ?
D’autres sites existent, tels que scoring-line.com. Certains sont en expérimentation, d’autres opérationnels et ont déjà permis de recruter plusieurs milliers de personnes. En général, un tiers des candidats embauchés via ces méthodes n’auraient jamais passé le tri du CV. D’autres méthodes plus pointues, et plus couteuses aussi, existent : mises en situation de type challenge, évaluation des compétences en centres, véritables études de cas en ligne … l’imagination des recruteurs est sans limite. Mais toutes ces méthodes ne sauraient se suffire à elle-même, et rien ne remplace l’indispensable entretien avec un manager ou un responsable RH.