Librement accessibles, les formations de la CGPME Paris Ile-de-France à l’Intelligence économique (IE) proposent aux dirigeants de PME d’acquérir de nouvelles compétences, pour protéger et booster le développement de leur entreprise. Explication par Abdellah Mezziouane, secrétaire général de la CGPME Paris Ile-de-France…
L’intelligence économique (IE) appliquée à l’entreprise est-elle suffisamment soutenue en France ?
On constate depuis plus de quatre ans une véritable prise de conscience des pouvoirs publics, pour protéger davantage nos entreprises. Il y a des retards à combler. Par exemple, nous restons un des seuls pays où la publication des comptes est obligatoire. N’importe quel concurrent étranger dispose d’informations stratégiques sur votre entreprise, mais l’inverse n’est pas possible. Il faut que cela change et c’est une des raisons pour laquelle notre confédération est très active au sein de la Délégation Interministérielle à l’Intelligence Economique (D2IE).
Reste que si des avancées législatives sont obtenues, il faut encore travailler à leur appropriation par les PME sur le terrain. Notre action est en cohérence avec le Schéma Régional d’Intelligence Economique, piloté par Daniel Canépa, Préfet de la région Ile-de-France. Nous participons à la mise en place d’initiatives à destination des PME. Un des objectifs est aussi de mobiliser ainsi toutes les ressources déjà disponibles, puisque de nombreux acteurs publics comme La Défense ont déjà des compétences à faire partager aux entreprises.
Les PME sont-elles réceptives à l’Intelligence économique (IE) ?
Les PME ont intérêt à intégrer l’intelligence économique (IE), car en période de tensions économiques fortes, il faut être sûr que son entreprise est protégée. Mais cela ne se limite pas à des mesures de sécurité. L’IE comporte aussi une partie plus offensive, des solutions pour rebondir, trouver de nouveaux marchés jusqu’alors négligés par exemple. Pourtant il est vrai que ce vocable à du mal à passer chez les dirigeants. L’IE est mal connue et souffre d’a priori négatifs : elle serait réservée aux grands groupes, demanderait des démarches coûteuses ou proposerait des démarches proches de l’illégalité. Il faut casser ces préjugés et démystifier l’IE.
Quelles actions proposez-vous aux dirigeants ?
La difficulté est toujours de trouver des solutions de formation appropriées pour les dirigeants.
Ils disposent de peu de temps et souhaitent être accompagnés pour un retour sur investissement immédiat. Ce projet pédagogique doit pouvoir être démultiplié facilement auprès des salariés, s’adapter aux spécificités de l’entreprise et s’appuyer sur un échange de bonnes pratiques. C’est pourquoi nous avons développé deux types d’actions, qui permettent une appropriation très individualisée. Nous ciblons à la fois les filières stratégiques et proposons des formations adaptables à tout type d’entreprise.
Que proposez-vous aux filières stratégiques ?
Certains secteurs sont plus perméables à ce type de démarche. Nous avons élaboré un programme d’accompagnement destiné aux entreprises à potentiel de développement et/ou d’innovation s’inscrivant prioritairement sur des filières stratégiques : éco-activités, industries de la création, optique et systèmes complexes, sciences de la vie, transport et mobilité, mécanique, contenus numériques…
Tout commence par un diagnostic dans l’entreprise. En une journée d’entretien avec le dirigeant, on met en regard les facteurs clés de succès de l’environnement (ce qu’il faut faire) avec les compétences distinctives de la PME-PMI (ce que l’on sait faire), afin de mettre en lumière d’éventuelles inadéquations.
Par la suite, le dirigeant bénéficie d’une action de conseil individualisé et d’ateliers collectifs, pour combler les lacunes identifiées. Des indicateurs de résultat pertinents sont établis afin d’évaluer régulièrement la progression des actions. Un plan de formation spécifique IES en faveur du dirigeant et ses collaborateurs est également proposé. Au final, l’avantage concurrentiel et les capacités de développement de la PME sont renforcés, ainsi que les capacités managériales du dirigeant, pour démultiplier des bonnes pratiques auprès de son équipe.
Mais les filières stratégiques ne sont pas les seules à avoir besoin d’IE…
Tout à fait, c’est pourquoi nous complétons cette approche par une formation accessible à l’ensemble des PME, sur le thème Créer son radar, sa veille concurrentielle. Les participants découvrent des solutions simples et gratuites pour surveiller leur marché et leurs concurrents. à l’issue de la session, le dirigeant dispose d’un outil de veille directement utilisable. Toutes les entreprises peuvent également consulter sur notre site, www.cgpme-paris-idf.fr, à la rubrique Intelligence Economique, notre Guide Le dirigeant de PME et l’intelligence économique, qui liste les précautions d’usage dans l’activité de la PME/PMI. Son originalité est de présenter la vie d’une PME fictive, Ventili. Comment, en situations concrètes, ses salariés peuvent-ils utiliser l’intelligence économique ? A travers l’ensemble de ces outils, nous espérons atteindre notre but de vulgarisation de l’intelligence économique, qui n’est pas un domaine réserver aux experts, mais doit aider concrètement les PME franciliennes à sortir de la crise.