Les entreprises sont des lieux de vie et certains collaborateurs ne peuvent s’empêcher de colporter des ragots au travail, une pratique qui demeure trop usitée. En effet, 45 % des travailleurs estiment que certains collègues en ferait trop selon une étude “Workplace Boundaries”, réalisée par Udemy.
Une dernière étude révélatrice de la plaie au travail
Selon une étude menée par l’Ifop pour Compte Pro, réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 20 au 31 octobre 2023 auprès d’un échantillon de 948 salarié(e)s, 69 % des salariés et trois quarts des managers indiquent que les commérages, potins, ragots sont leurs sujets favoris au bureau.
Les salariés aiment également critiquer leur entreprise. Les deux tiers des sondés confient ainsi qu’ils aiment se plaindre de la politique de leur employeur et 69 % s’en prennent même à leurs collègues en les critiquant derrière leur dos. Une majorité des personnes interrogées (55 %) n’hésite ainsi pas à critiquer les compétences de leurs collaborateurs, jetant ainsi le discrédit sur eux.
Mais de sujets tabous
En effet, les salariés évitent pour 68 % d’entre eux de parler de rémunération. Ils sont également 52 % à laisser de côté les relations sentimentales ou sexuelles entre collègues et 46 % à éviter les questions de religion ou de laïcité. Les personnes interrogées affirment dans leur ensemble que les liens tissés au sein de leur entreprise sont précieux. Près des trois quarts des salariés ont un collègue préféré avec qui ils peuvent évoquer toutes sortes de sujets, même les plus intimes.
Cette étude souligne l’effet positif ou a contrario négatif du fait que les discussions entre collègues peuvent parfois avoir fonction de « défouloir ».
Si l’environnement de travail a fortement évolué avec notamment l’arrivée du travail à distance, il semblerait que quelques mauvaises habitudes aient la vie dure. Les tenues vestimentaires strictes comme le costume-cravate ont été délaissées au profit du jean. Cependant, malgré l’arrivée de la génération Y et la génération Z, qui représenteront environ 50% de la population active en 2020, les ragots persistent au sein des entreprises.
Une évolution liée en partie à l’entreprise
S’il y a plus de ragots aujourd’hui, c’est d’abord parce que les employés sont influencés par la nouvelle habitude et tendance du partage d’informations. Les réseaux sociaux, les open space, le travail à distance ou encore la présence de lieux de vies ont favorisé les échanges entre les collaborateurs. Mais s’ils bavardent davantage, ce n’est pas forcément pour le plaisir de tous puisque 45% des personnes interrogées estiment que « leurs collègues bavardent excessivement au travail ». Certains sujets mettent particulièrement mal à l’aise comme la politique (39 %) et même les relations amoureuses (32 %). L’utilisation d’un vocabulaire familier (31%) et donc parfois inadapté à l’environnement de travail semble être également considéré par un tiers des interrogés comme inapproprié.
Les situations gênantes les plus fréquentes.
Si discuter n’est pas en soi quelque chose de négatif, les comportements inappropriés peuvent affecter les performances commerciales, la satisfaction des employés ou encore leur productivité. Pour les managers pas de doute, partager une chambre d’hôtel avec un collègue lors d’événements organisés par l’entreprise n’est pas une bonne chose puisque 41% d’entre eux reconnaissent qu’ils sont mal à l’aise. De la même manière prendre soin de l’enfant ou de l’animal du collaborateur n’est pas forcément au goût du jour puisque le même pourcentage se sent gêné. Dernière situation parmi les plus gênantes, celle de partager les transports avec un collègue quand le voyage n’a pas de rapport avec le travail.
Les solutions à mettre en place
Pour éviter les dérapages, les bonnes vieilles réunions restent une des pratiques à privilégier. Lors de celles-ci, vous pouvez définir les normes afin que le travail reste respectueux de la vie personnelle et professionnel. Ce n’est pas parce que vous avez une ambiance à la cool que vous devez tout admettre. S’il est toujours bon pour le moral d’avoir nos bêtes près de nous, il faut prendre en compte que 66% des répondants de l’étude estiment qu’il s’agit d’un comportement inacceptable tout comme les vêtements de sport dans les bureaux (65%). Vous pouvez ainsi définir les limites de ce que vous trouvez acceptable ou non dans l’entreprise ainsi que les limites que chacun ne doit pas franchir.
L’exemplarité avant tout
Les limites étant propres à chacun, c’est bien entendu à vous de montrer l’exemple. Inutile d’exiger des autres ce que vous ne faites pas vous-même ou encore de vouloir définir des limites si vous passez vous-même votre temps à les franchir. Il ne s’agit pas de tout accepter et de tout faire comme à la maison. Vous restez dans un cadre de travail et certaines tenues, par exemple, peuvent ne pas être au goût de tout le monde. Il vous faudra également respecter l’intimité de vos collaborateurs en ne posant pas, par exemple, de questions indiscrètes sur leur vie personnelle si l’information n’est pas utile dans le cadre professionnel. Rien n’empêche d’échanger mais dans l’idéal, garder une frontière permet d’éviter les écueils comme le fait d’être invasif et de franchir le pas de la familiarité et du manque de respect.
Des cours et un code ?
Certaines entreprises n’hésitent plus à former aujourd’hui les salariés et à mettre en place un code de bonne conduite afin d’éviter les débordements. Au cours de ces séances ou à la lecture du code de conduite, vous transmettez votre culture d’entreprise et les limites à ne pas dépasser. A défaut, vous pourriez vite vous retrouver dans une situation difficile avec des salariés par exemple pour qui la frontière vie privée– vie professionnelle ne doit pas être remise en question. Il reste difficile d’interdire ou de promouvoir car en réalité tout dépend énormément de la sensibilité de chacun. Une personne trouvera acceptable la présence d’animaux alors que d’autres non. Certains tolèreront les claquettes, les shorts et bermudas alors que d’autres trouveront que cela va trop loin.
Dans tous les cas, c’est par votre attitude et vos réactions que vous fixez les limites.