Les publicitaires sont souvent à la recherche de nouvelles idées pour atteindre et surprendre le public lorsqu’ils doivent créer une nouvelle publicité, sous forme d’affiches, de jingles radio ou de spots télévisés. Entre humour second degré, humour noir ou trash, contenus pour adultes, choquants ou décalés, images ou informations mensongères et trompeuses, ils dépassent parfois volontairement ou non les limites pour les organismes de régulation, les associations ou voire même pour certains spectateurs. Avec la plupart du temps, des conséquences importantes comme l’interdiction de la publicité et une réputation particulièrement entachée. Tour d’horizon de ces publicités en tout genre venues de différents pays, interdites cette année.
Pas touche à l’avocat
On ne plaisante pas avec les avocats. La chaîne britannique de café Costa début octobre 2018 l’a appris à ces dépens. Elle a créé une publicité pour la radio dans laquelle elle se moque avec insistance du fruit de l’avocatier. Avec l’objectif de promouvoir ses produits et de conseiller au public de consommer ses petits déjeuners sandwich au bacon et muffin à l’œuf. L’entreprise a insisté sur les défauts de l’aliment en déclarant « « Il y a beaucoup à dire pour la défense des avocats mûris à la maison. Bien sûr, ils seront durs comme du bois pendant les 18 premiers jours, 3 heures et 20 minutes et là ils seront prêts à être consommés pendant environ 10 minutes, puis ils seront fichus. »
Un trait d’humour qui n’a pu l’air de faire rire grand monde. Des auditeurs ont alors porté plainte, dénonçant des remarques diffamatoires insistant à décourager la population de consommer des fruits et légumes frais. Pour sa défense, Costa a insisté sur le délicat problème du mûrissement de l’avocat et qu’elle ne voulait en aucun cas pousser les consommateurs à choisir entre différents types de petit-déjeuner. Une argumentation qui n’a pas convaincu puisque l’ASA (Advertising Standards Authority, l’autorité réglementant la publicité au Royaume-Uni, ndlr) a décidé de l’interdire et demander à la chaîne de café que ses publicités « n’encouragent pas de mauvaises habitudes alimentaires et ne dénigrent pas de saines pratiques diététiques ».
Un portable pas vraiment étanche
Pour promouvoir son nouveau téléphone, le HTC U11, High Tech Computer, fabricant taïwanais de Smartphones a exagérer quelque peu sur les qualités de son bijou technologique. Dans un spot publicitaire télévisé d’une durée d’environ 50 secondes et intitulé « Extreme Selfies with Tom Daley », l’entreprise vante l’étanchéité et la résistance de celui-ci à l’eau, permettant de faire des selfies immergés. Pour renforcer cette idée, elle a fait appeler à Tom Daley, le plongeur olympique britannique spécialiste du 10 m. Pendant toute la durée de la vidéo, le sportif tient le Smartphone dans ses mains, se laissant tomber plusieurs fois du plongeoir.
Tout en s’enfonçant dans l’eau de la piscine, il presse les bords du téléphone pour réaliser des photos. L’appareil en ressort à chaque fois complètement intact et fonctionnel. Or contrairement à ce que fait croire la publicité, le HTC U11 ne résiste qu’à l’eau douce, donc impossible de l’utiliser dans une piscine, et surtout, n’a pour certification que le IP67 (indice de protection relatif à l’étanchéité, ndlr), c’est à dire une résistance à l’eau durant 30 minutes et uniquement à moins d’un mètre de profondeur. La publicité devient donc mensongère. En conséquence, l’organisme d’autoréglementation publicitaire britannique a décidé de l’interdire en avril dernier, dénonçant des exagérations sur le produit présenté et HTC a dû supprimer la vidéo publicitaire de tout ses sites.
Bien loin du jackpot
En Belgique, début janvier, une campagne d’affichage publicitaire de Starcasino, opérateur de jeux en ligne a fait scandale et a fait réagir de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux notamment sur Twitter. Elle représentait une jeune femme nue allongée sur un lit, baignant dans une mare de billets qui cache ses parties intimes. Au-dessus de celle-ci, un slogan « La sensation de gagner ». Une affiche jugée sexiste et misogyne pour beaucoup. Les plaintes se sont multipliées particulièrement envers la STIB (Société des transports intercommunaux de Bruxelles, ndlr) qui affichait cette publicité dans ses stations. La société de transports bruxellois a donc décidé de l’enlever au bout de 24h. Les mécontentements se sont également accumulés auprès du JEP (Jury d’Éthique Publicitaire, organe d’autodiscipline du secteur publicitaire), l’équivalent belge du CSA en France ou de l’ASA au Royaume-Uni.
L’organisme a décidé d’interdire cette campagne et demande à ce que le site lui soumet ses prochaines campagnes avant la diffusion. Pour celui-ci, « l’utilisation de la femme ainsi représentée (que ce soit elle qui éprouve la sensation de gagner ou non) est déplacée pour faire passer un message commercial relatif aux services concernés, à savoir des jeux de hasard, qui ne présentent aucun lien avec le corps de la femme » puis ajoute « que l’image de la femme transmise par la publicité est dénigrante pour la femme et porte atteinte à sa dignité humaine ».
Le site de casino en ligne n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il a eu des sanctions pour ses précédentes campagnes publicitaires. En mai 2017, le même organisme avait déjà émis un avis péjoratif quant à une affiche présentant une femme tatouée en maillot de bain et mettant en évidence sa poitrine avec la mention « Joueuse ».
Publicité pour le tabac interdite depuis janvier 2021
À partir du 1er janvier 2021, la publicité pour le tabac est totalement interdite dans l’hexagone. En outre, l’assemblée nationale a approuvé cette mesure à l’unanimité. Un pas important vers une société sans tabac. La loi Evin a déjà 30 ans.
La loi du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme est liée à une prise de conscience des risques sanitaires de produits de grande consommation, l’existence de politiques de santé efficaces, le besoin de politiques publiques en matière de santé pour protéger la santé des Français. est ainsi que la publicité est interdite pour le tabac, la vente aux mineurs encadrée, l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif mis en place, l’augmentation du prix tabac rendue possible en interdisant sa prise en compte dans le calcul des indices de prix à la consommation et que les associations peuvent se porter partie civile en cas de non-respect de la loi.
Cette loi est un cadre qui a ouvert la voie à des décisions sans précédents comme celles d’augmenter le prix du tabac lors du premier plan cancer et d’atteindre aujourd’hui 10 euros pour un paquet de cigarettes qui est un prix effectivement dissuasif.