Prendre sa carrière en patience pour mieux réussir

Sylvie Boyer, c’est un parcours du combattant avec pour seules armes : les chiffres. Son terrain ? La comptabilité. L’entrepreneure ne manque ni de mérite ni de détermination. Entretien sur le vif avec la fondatrice de Boyer Audit & Conseil

Employée avant l’heure, les aléas du salariat.

En 1988, la jeune femme commence des études de Gestion des Entreprises et des Administrations à l’IUT de Paris V dont elle obtient un DUT en 1992.  Elle enchaine avec un DUTA de gestion financière en alternance de 2 ans, au service comptable d’un cabinet. Ils la gardent 7 mois supplémentaires en CDD en qualité de collaboratrice, quand SIF, un de leur clients, propose à Sylvie un poste de gestionnaire de portefeuilles de produits défiscalisés chez eux, qu’elle accepte. Elle marque une pause de 4 ans dans ses études pour entrer pleinement dans la vie active mais ne s’épanouit pas. « N’étant plus satisfaite sur les plans éthique et intellectuel, je préférais partir ». Elle profite de ce petit passage à vide pour consolider ses bases théoriques et préparer l’examen d’expertise comptable qui ne trouvait pas son équivalence à l’université qu’elle fréquentait à l’époque. Sylvie reprend le chemin de l’école à trente ans pour effectuer un stage de 3 ans, obligatoire dans son cursus et obtenir son diplôme final, expérience qui durera finalement plus longtemps que prévu. « En 1998 je repars de zéro chez Marque & Gendrot où je suis resté finalement dix ans ! » Le cabinet fusionne avec Deloitte en juin 2006, qui l’envoie en Algérie pour développer leur filiale et étendre leur réseau. Cette expérience outre-Méditerranée l’incite à son insu, à prendre du recul sur son parcours et lui offre une vision élargie de son avenir.

L’entreprenariat, une liberté retrouvée.

Elle solde son retour en France par une démission et enclenche le processus de création d’entreprise. Deux mois auront suffi à Sylvie pour mettre sur pied Boyer Audit & Conseil. Elle s’installe à Levallois Perret, en proche région parisienne en octobre 2008. Elle revient plus déterminée et performante que jamais. « J’ai dédié les vingt premières années de ma carrière aux autres, les vingt prochaines seront pour moi ! » Elle finance sa structure en fonds propres et se donne ainsi les moyens de s’affranchir du statut de salarié qui ne lui suffisait plus. Elle rêvait d’indépendance, elle l’a acté. Désormais commissaire aux comptes, elle se spécialise en audit contractuel, expertise comptable et judiciaire, conseil et gestion administrative et financière. Polyvalente et accomplie, elle peut « travailler en parfaite  autonomie ». Les deux premières années, Sylvie les consacre à de la sous-traitance, « pour commencer doucement mais sûrement »

Un nouvel horizon.

Une fois la machine lancée, elle passe à une vitesse supérieure et se rend compte qu’il lui manque l’essentiel, son carburant à elle : une clientèle. Elle s’impose  un petit bilan et conclut : « Je dois changer de l’ordre de mes priorités, sans perdre de vue mes objectifs ».  Aussi, elle s’acharne et ne manque pas de persévérance, convaincue que « l’effort paye toujours.  La fondatrice n’est pas pour autant bornée  et nous confie que « Rien n’est jamais acquis, je peux toujours m’améliorer ». Ce qui lui fait défaut ? Un répertoire fourni. Elle décide d’y remédier en reléguant la publicité et le marketing au premier plan et établit une stratégie de communication afin de se faire connaître. Elle n’hésite pas à participer à des salons pour démarcher des publics plus divers et étendre ainsi ses champs de réputation et d’action pour constituer son réseau et, à terme, fidéliser sa clientèle. Cette dirigeante n’en démord pas facilement quitte à « ne pas compter ses heures ». Consciente d’avoir « choisi un métier de responsabilités et d’avoir à y faire face tous les jours. J’ai littéralement à rendre des comptes à mes clients ! » (Rires.) Néanmoins, un quotidien d’aussi dur labeur ne laisse pas indemne : « J’ai à déléguer afin de m’aménager du temps libre et de souffler, tout simplement ». Sylvie donne une leçon de courage à tous ceux qui craignent de ne pas avoir le tempérament et le leadership nécessaires à la création d’une société. Bien que parfois dépassée par les événements, elle ne retournerait pour rien au monde à sa vie de salariée. « On ne réalise pas ses rêves en dormant » conclut-elle.

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