Les formes d’emploi alternatives au salariat séduisent les cadres. Le micro-entrepreneuriat, le portage salarial, les coopératives d’activité et d’emploi (CAE), les groupements d’employeurs et les entreprises de travail à temps partagé sont signes d’autonomie et de liberté. Mais là elles ne rencontrent pas leur enthousiasme si elles ne sont pas liées à une sécurité financière.
Selon une enquête en ligne de l’Apec auprès d’un échantillon de 2 000 cadres, 42 % des moins de 35 % ont ainsi envie d’une reconversion professionnelle. 47 % pourraient renoncer au salariat. Par ailleurs, seules 22 % des entreprises interrogées pensent que l’absence de télétravail constitue un frein au recrutement, alors que c’en est un pour 47 % des cadres.
« 2022, malgré des incertitudes sanitaires, pourrait être une année record pour l’emploi cadre, dépassant l’avant-crise ! », a énoncé le directeur de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) lors d’une conférence de presse organisée le 24 janvier dernier.
Pourtant, une majorité de cadres pourraient se projeter dans l’une ou l’autre de ces formes d’emploi : 16 % des cadres seraient prêts à s’engager avec certitude dans une forme d’emploi alternative au salariat dans les trois prochaines années et 40 % le seraient probablement. Les cadres pourraient recourir en complément de leur activité salariée et pourraient ainsi harmoniser le besoin d’autonomie dans le travail et la sécurité de revenus. Pourtant, malgré un attachement fort au salariat, 57 % pourraient envisager d’y renoncer. 17 % l’auraient d’ailleurs déjà fait dans le passé au profit d’une forme d’emploi alternative, essentiellement le micro-entrepreneuriat.
Mais pourquoi donc ?
Volonté de redevenir acteur de sa vie professionnelle, d’être maître de son temps et de son organisation de travail, en sont des moteurs majeurs. Cependant, la sortie du salariat n’est le plus souvent imaginée que sous condition. Les critères pour s’engager concernent d’une part l’existence d’un projet solide et motivant, et d’autre part la garantie de revenus suffisants et réguliers.
Les cadres ayant expérimenté eux-mêmes les formes alternatives d’emploi en ont une image nettement plus positive que les autres. 82 % des cadres ayant testé le micro-entrepreneuriat en ont une image positive contre 75 % de ceux qui n’ont en aucune expérience. Pour le portage salarial, les taux sont respectivement de 81 et 73 %.
Le micro-entrepreneuriat et le groupement d’employeurs sont ceux qui rencontrent le plus d’adhésion. Ainsi, les cadres en emploi envisagent plus facilement de s’orienter vers un groupement d’employeurs, en faisant même un choix premier par rapport au micro entrepreneuriat.
Quelles sont les formes d’emploi alternatives ?
Le micro-entrepreneuriat, plébiscité
Instauré par la loi de modernisation de l’économie (LME) et est entré en vigueur au 1er janvier 2009 (appelé régime de l’autoentrepreneur avant décembre 2014). Ce régime offre des formalités de création d’entreprises allégées (inscription en ligne gratuite) ainsi qu’un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu. L’entrepreneur bénéficie ainsi du régime microsocial simplifié, du régime microfiscal (acquittement des cotisations sociales par un prélèvement libératoire calculé sur la base d’un pourcentage du chiffre d’affaires encaissé), d’une exonération temporaire de la cotisation foncière des entreprises, d’une exonération ou d’une franchise de TVA du fait de son activité.
L’inscription au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers est obligatoire pour les activités artisanales et commerciales, mais pas pour les professions libérales. Depuis la loi de finances 2018, les plafonds de chiffre d’affaires permettant d’inscrire une activité dans le régime du micro-entrepreneuriat ont été rehaussés. Ces seuils sont de 170 000 euros HT pour les activités de commerce et de fourniture de logement et de 70 000 euros HT pour les prestations de services.
Le portage salarial, la sécurité
Le portage salarial est une relation contractuelle tripartite dans laquelle un salarié porté, ayant un contrat de travail avec une entreprise de portage salarial, effectue une prestation pour le compte d’entreprises clientes. Le salarié porté est rémunéré par l’entreprise de portage, tout en étant autonome dans l’organisation de sa mission. En contrepartie de la gestion administrative, de l’apport de formation, d’accompagnement, la société de portage perçoit une commission.
Les coopératives d’activité et d’emploi (CAE), le vent en poupe
Les CAE sont constituées sous la forme de sociétés coopératives. Leur fonctionnement est assuré par un gérant et des chargés de mission. Les coopératives s’appuient sur un concept permettant à un porteur de projet de tester son activité en toute sécurité. L’originalité de la CAE est d’offrir un statut d’ « entrepreneur salarié » qui permet de percevoir un salaire et de bénéficier de la couverture sociale d’un salarié classique. Chaque mois, il est demandé aux salariés entrepreneurs d’assister à une réunion sur la gestion de la CAE.
Les groupements d’employeurs, la protection de l’emploi
Le groupement d’employeurs permet aux entreprises de se regrouper pour employer une main-d’œuvre qu’elles n’auraient pas, seules, les moyens de recruter. Il s’agit d’une des formes d’exercice de la pluriactivité : les salariés du groupement d’employeurs effectuent des périodes de travail successives auprès de chacune des entreprises adhérentes au groupement. Ce dernier est l’employeur des salariés via un contrat de travail. Ne pouvant effectuer que des opérations à but non lucratif, le groupement n’exerce pas d’activité commerciale, met ses salariés à la disposition de ses seuls adhérents et en aucun cas auprès d’entreprises extérieures.
Les entreprises de travail à temps partagé (ETTP), une nouvelle synergie
Les ETTP ont été créées dans le but exclusif de mettre à disposition d’entreprises clientes du personnel qualifié qu’elles ne peuvent recruter elles-mêmes en raison de leur taille ou de leurs moyens. La mission du salarié ainsi mis à disposition peut être à temps plein ou à temps partiel. Un contrat doit être signé, pour chaque mise à disposition, entre l’ETTP et l’entreprise cliente, un contrat de travail étant par ailleurs signé entre le salarié mis à disposition et l’ETTP.