Le développement d’une entreprise, surtout quand elle en est à ses débuts, requiert souvent un investissement financier important sans revenus à court terme (développement d’un nouveau produit par exemple). Même s’il s’agit d’une option très alléchante et qui est parfois vue comme un succès, elle comporte de nombreux écueils et contraintes qu’il faut prendre en compte avant de vous lancer dans cette opération. Pourquoi ne pas lever des fonds ?
La dilution de capital
La levée de fonds est une nécessité et peut sembler une solution idéale pour les entreprises en démarrage. Cependant, il est facile de tomber dans les pièges tendus par cette dernière. Le plus évident d’entre eux est le risque managérial induit par la dilution du capital.
Les investisseurs ayant apporté leur contribution dans le capital et ont certaines attentes non seulement en termes de revenus, mais aussi parfois en terme de gestion d’entreprise. Cela peut amener certaines sociétés à s’éloigner considérablement de leurs objectifs initiaux et de leurs valeurs, au risque de perdre leur motivation et leur capacité de décision. Une telle évolution de l’entreprise conduit souvent à une issue dramatique. Aussi, il faut prendre en compte si vous levez vos fonds, un peu trop tôt, vous aurez tendance à devoir attendre la rentabilité qui peut mettre du temps à arriver et les actionnaires risquent de faire pression pour obtenir des revenus au plus tôt.
Deux exemples sur la perte de contrôle
Par exemple Antoine Brenner et Benjamin Lévy, fondateurs d’Alinka et de Gymglish ont levé en 2000 des millions de francs alors qu’ils étaient déjà rentables. Malgré une hausse de l’activité et du chiffre d’affaires, ils ont subi une période difficile humainement, en raison d’objectifs imposés par les actionnaires à l’exact opposé de leurs pratiques professionnelles. Ils ont fini par démissionner après deux ans et ils ont fini par attaquer leur maison mère en justice.
Weekendtour, une société spécialisée dans la vente de coffrets-cadeaux week-ends, en a fait l’amère expérience. En 2011, suite à une baisse brutale de son chiffre d’affaires, le fondateur de l’entreprise cherche à revendre son entreprise. Cependant, les actionnaires refusent de vendre leurs obligations, même à un prix raisonnable, jusqu’à amener la société en défaut de paiement et obliger son président à la céder pour un euro symbolique.
Un investissement en temps conséquent
Attention également au moment choisi pour lever des fonds : il s’agit d’une activité très chronophage qui nécessite un employé à plein temps (souvent le dirigeant) pour une durée allant de 6 mois à 1 an. Cela peut empêcher de se dédier à plein temps au développement de l’entreprise au moment où elle en aurait davantage besoin de votre présence ou de la ressource dédiée à la recherche de fonds.
Le bon moment pour une levée de fonds
Si vous levez trop tôt de l’argent, le risque est de dépenser trop et trop vite alors que votre entreprise n’y est pas prête et que vous n’avez pas eu le temps de rechercher les meilleurs investissements. Elle peut ainsi très vite s’écrouler car vous pouvez avoir tendance à aller dans toutes les directions et à investir massivement parfois sans réelle utilité.
Si vous le faites trop tard, vous aurez déjà commencé à être rentable et vous ne réussirez pas à valoriser cet investissement à son potentiel maximum. La difficulté reste de définir le moment exact où vous avez besoin de ces revenus même si vous risquez de ne trouver que des investisseurs frileux ou trop exigeants sur les conditions… Ce qui peut plomber le développement de votre entreprise alors que vous souhaitiez la faire décoller. N’oubliez jamais, les investisseurs sont des professionnels qui ne cherchent qu’à rentabiliser leur apport, quel que soit le scénario.
Les inconvénients de la levée de fonds sont nombreuses et ne peuvent être anticipés qu’avec une préparation minutieuse, de l’organisation et une vision lucide de son entreprise. Il s’agit d’une option qui ne doit être envisagée qu’en dernier recours.