Créer une entreprise, ce n’est pas créer une association bénévole. L’objectif de tout entrepreneur est de s’attirer des clients qui soient intéressés par son ou ses produits ou services. Pour le conquérir, il va tout faire pour le conquérir. C’est pourquoi, il communiquera entre autres sur les réseaux sociaux, par des campagnes publicitaires pour vanter les mérites de qu’il propose mais il peut essayer de le convaincre en passant par le biais de la gratuité.
Le 100 % gratuit est un mythe et ce n’est pas un scoop. Pourtant, à l’heure du développement du web et de ses « free services », l’illusion persiste. Voilà pourquoi.
Combien de fois avons-nous dit et entendu cette phrase ? Tellement fréquente et banale qu’on pourrait croire qu’elle incarne une vérité absolue. Pis, on a comme l’impression qu’elle s’appliquerait désormais à tout, au-delà des frontières du web. Mais en y réfléchissant à deux fois, on sait bien que le 100 % gratuit n’existe pas…même si internet véhicule l’imaginaire du « grand village global de la connaissance accessible à tous », ce qui nous en a peut-être donné l’illusion.
Dans le monde marchand, il y a toujours quelqu’un qui paye !
Il faut rester bien conscient que le fond ne change pas : dans le monde marchand, la production d’un bien ou d’un service génère un coût qui doit être supporté par quelqu’un à un moment ou à un autre ! Dans une chronique parue sur le site web du journal L’Opinion début avril, le professeur de sciences économiques à l’Université de Paris 1, Emmanuel Combe, faisait ce rappel : « Dans le cas d’une offre marchande, la gratuité consiste pour l’essentiel à faire payer autrement (…). Un journal « gratuit » pour les lecteurs sera largement diffusé, ce qui permettra ensuite de vendre aux annonceurs des pages publicitaires. » L’économiste poursuit sa démonstration en expliquant le problème de la gratuité : « Elle distend le lien entre paiement et consommation. Le payeur n’est pas toujours celui qui consomme ; le consommateur n’a plus idée de ce que coûte réellement la production, rendant ainsi difficile toute appréciation. »
L’illusion de la gratuité…
Il n’est pas simple de se défaire de l’illusion du tout gratuit. Même en observant notre vie quotidienne, on se rend compte qu’il existe de nombreux domaines dans lesquels le consommateur possède l’illusion du gratuit. C’est le cas des services publics français. Ceux-ci sont payés par les impôts des citoyens. Mais bien souvent, on oublie ce paramètre… jusqu’au jour où un service public gratuit devient payant ! Et qui n’a pas entendu un membre de son entourage se plaindre de la sorte : « Mais où passent nos impôts ? C’est un scandale que ce service devienne payant ! » Ainsi, n’oubliez jamais qu’à un moment où à un autre, quelqu’un paye ! La gratuité totale n’existe pas. Ce système est d’autant plus valable sur la toile.
… En particulier sur le web ! Il est vrai que l’esprit de départ de cet outil fabuleux qu’est le « World Wide Web » était cette gratuité de la connaissance. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui. En témoignent les blogs, sites web et autres encyclopédies en ligne qui exposent le savoir de manière accessible. Mais le web actuel ne se résume bien évidemment pas à cela. En particulier sur internet, le consommateur a accès en quelques clics, en apparence gratuitement, à tout un florilège de biens et de services. Pourtant, à bien y regarder, le gratuit sur le net est sous-tendu par pléthore de business models (publicité, modèle hybride, commercialisation des données…).
Certains, ayant fait la fortune de jeunes start-uppers à l’aube des années 2000, comme les fondateurs du moteur de recherche et navigateur Google, pour ne citer qu’eux. Ne nous y trompons pas, dans le secteur des biens et des services, numériques ou pas, derrière le gratuit se cachera toujours un business model et des payeurs. Nos grands-parents avaient raison : « Dans la vie rien n’est gratuit ! »