Faisant longtemps partie des « mauvaises élèves » de l’Union européenne en matière de déficit et après des années de récession, le Portugal a redressé la barre. De 2011 à 2014, le taux de chômage atteignait des niveaux records avec 18 % de la population active. Depuis l’an dernier, il est retombé à 6,7 % et l’économie portugaise a enregistré une croissance de 2,7 %, la plus forte en dix-sept ans. Ce nouveau dynamisme économique attire les entrepreneurs de toutes nationalités notamment des Français, les démarches administratives facilitées et les avantages fiscaux y étant pour beaucoup. Zoom sur ce pays de la péninsule ibérique.
Le Portugal se place comme la nation la « plus accueillante du monde », selon un sondage réalisé par le réseau InterNations en 2017 (site allemand ayant pour objectif de guider et aider les expatriés dans 420 villes à travers la Planète, ndlr) auprès de treize mille étrangers représentant 166 nationalités. Ils ont jugé les pays parmi quarante-trois facteurs comme la qualité et le coût de la vie, la facilité à se loger, la sécurité et l’univers professionnel. 93 % des personnes interrogées se disent comblées par leur existence au Portugal, 89 % soulignent leur équilibre complet entre activités de travail et vie privée et 47 % souhaitent s’y établir définitivement. Des entrepreneurs s’y installent également pour développer leur société, profitant d’une effervescence économique, des démarches de création d’entreprises simplifiées et des dispositions fiscales intéressantes.
Des démarches administratives simplifiées
Pour créer une entreprise au Portugal, il faut d’abord choisir un statut juridique. Il en existe plusieurs dont la SA (« Sociedade Anonima », soit la « Société Anonyme », en français, ayant un capital social composé d’actions et de cinq actionnaires, ndlr) et la SUQ (« Sociedade Unipessoal por Quotas », soit la « Société Unipersonnelle », en français, ne comptant qu’un unique associé et un capital supérieur à 5 000 euros, ndlr). La mise en œuvre se fait avec l’envoi de documents administratifs et l’enregistrement auprès d’entités comme le registre du commerce et le fisc. Il est possible, pour l’entrepreneur, de choisir un représentant légal sur place afin qu’il se charge des différentes étapes. Une solution pratique pour celui qui n’a pas le temps de rester longtemps dans le pays. Mais il existe une autre possibilité pour fonder rapidement son entreprise. Le dispositif « Empresa na Hora », mis en place depuis 2007, le permet en moins d’une heure et s’avère destiné aux sociétés de petite taille ou familiales. Disponible dans les Centres de formalités des entreprises ainsi qu’au sein des conservatoires du registre foncier, le service permet d’ouvrir une firme « pro quotas » ou « uni-pessoal » (les équivalents de la Société À Responsabilité Limitée et en nom individuel en France, ndlr). L’entrepreneur doit alors choisir son nom, son siège social et définir le capital avant de signer les statuts devant un notaire. À la suite de cela, il devra déclarer, via internet, l’activité auprès de l’administration fiscale et sélectionner un comptable.
Des mesures fiscales avantageuses
Le pays attire également les entrepreneurs et investisseurs étrangers par le biais d’avantages fiscaux attractifs. Un statut RNH (Résident Non Habituel, ndlr) mis en œuvre depuis 2013 permet aux expatriés résidant au Portugal plus de 183 jours par an et n’ayant pas habité à l’intérieur de celui-ci dans les cinq années précédant son installation de disposer de impôts réduits. Les retraités peuvent être exonérés, tandis que les dirigeants d’entreprise, les ingénieurs, les professions libérales et de la santé ne sont imposés que de 20 % sur leur revenu produit et perçu sur le territoire portugais. L’État propose d’ailleurs, depuis 2012, des Vistos Dourados (« Visas d’Or », en français, ndlr) afin de compenser la fuite des capitaux nationaux par ceux venant de l’étranger pour relancer l’économie et promouvoir la culture ibérique. Ce programme permet aux entrepreneurs expatriés de s’intégrer plus simplement dans le pays avec un permis de séjour accordé pour cinq ans avec la possibilité de faire une demande de nationalité portugaise à la fin de la période ainsi que la probabilité d’un regroupement familial. Afin d’y accéder, ils doivent investir, au minimum, un million d’euros dans une entreprise ou cinq cent mille euros dans l’immobilier et créer ou maintenir au moins dix emplois.
Un berceau pour les start-up
À la suite de la crise économique, un écosystème de start-up s’est progressivement formé au Portugal. Aujourd’hui, le pays en dispose 2 300, dont 34 % sont étrangères. 121 incubateurs sont également intégrés pour favoriser leur développement. Des villes comme Porto ou Lisbonne restent les plus appréciées par les entreprises. La capitale portugaise est surnommée la « San Francisco européenne » de par sa force en matière de numérique avec notamment l’organisation du Web Summit (conférence sur les technologies qui se tient au Portugal depuis 2016, ndlr). Le poids des start-up à Lisbonne était évalué à plus de 1,3 milliard de dollars il y deux ans, selon le Global Startup Ecosystem Report. Des entreprises françaises comme Seeqle, spécialisée dans le e-recrutement s’y sont installées en 2017 notamment pour la forte digitalisation. Les start-up peuvent également intégrer un programme intitulé le « StartUP Visa ». Celui-ci est ouvert aux fondateurs de jeunes pousses n’appartenant pas à l’Union européenne ainsi qu’à l’espace Schengen. 65 incubateurs répartis dans tout le pays sont certifiés pour les aider. Afin d’en faire la demande, les dirigeants devront faire état d’un casier judiciaire vierge, avoir plus de dix-huit ans et être en possession d’un compte bancaire au montant total de 5146,08 euros pour douze mois. Leur projet devra également être innovant, axé sur la technologie et avoir le potentiel d’atteindre, trois ans après la période d’incubation, un chiffre d’affaires de plus de 500 000 euros.
Le Portugal devient donc, depuis quelques années, une destination européenne privilégiée pour les jeunes entreprises et expatriés notamment grâce à ses avantages fiscaux et à ses démarches administratives simplifiées. Selon la CCIFP (Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Portugaise, ndlr) 30 000 à 60 000 Français et plus de 582 entreprises tricolores y résideraient.