On s’y attendait, dans la foulée de l’annonce du premier ministre sur un nouveau plan pour les PME, Fleur Pellerin a présenté son plan pour l’innovation. 40 mesures qui ne font pas forcément l’unanimité.
Innovation ou communication?
« Nouvelle donne », tels étaient les mots à retenir de l’intervention du premier ministre ce lundi à Saint-Etienne. Dans la foulée, le trio Arnaud Montebourg, Geneviève Fioraso, Fleur Pellerin, par la voix de cette dernière, a présenté à Bercy ce mardi, son plan pour l’innovation. Ceux qui attendaient du pur neuf vont être déçus. Et pour cause, ce fameux plan pour l’innovation, date en réalité du printemps dernier. En effet, le 30 mai la ministre des PME et de l’Innovation publiait une tribune dans Le Monde ou elle détaillait déjà les 4 axes majeurs repris lundi par le premier ministre. A savoir :
« Stimuler la culture d’entreprendre dans notre système éducatif ». Citation de mai, cette idée est réaffirmée avec le plan pour l’entrepreneuriat féminin, et a été largement évoquée lors des Assises de l’entrepreneuriat.
« Valoriser la circulation » entre chercheurs et les entreprises. Pourtant, la collaboration entre la recherche et le privée n’est-elle pas l’enjeu et le rôle précis des pôles de compétitivité ?
« L’innovation c’est aussi le flux des talents ». Attirer les investisseurs et les talents est certes louable, mais ne dépend malheureusement pas d’un décret, même ministériel. Car, pour être attractif, il faut un écosystème ou un environnement favorable aux chefs d’entreprises. Avec l’instabilité fiscale actuelle, on a des doutes…
Mettre en place des politiques d’évaluation. En gros, une méthode qui ne relève pas, à proprement parler de l’innovation.
Bis repetita
On l’aura compris, le gouvernement se répète… dans les mots en tous cas. En ce qui concerne les moyens mis en place, on constate aussi que les budgets alloués semblent relever du « repackaging ».
Dans les 4 grands axes du plan par exemple, les 240 millions d’euros mis en place sont en fait un fléchage d’une partie des montants consacrés au programme d’investissement mis en place sous le patronage de Louis Gallois. Ainsi, sur 240 millions, 20 iront aux programmes liés à l’éducation, 100 pour « un fonds souverain de propriété intellectuelle » afin de développer « des savoirs faire français nés en France » précise Le Figaro dans son édition du jour. Les 120 restant serviraient à faire des « avances remboursables » pour des innovations non technologiques comme les dépenses en marketing par exemple.
Un autre mot pour parler de d’un crédit d’impôt, levier favori du gouvernement en cette période de réduction des déficits. On pense bien sûr au CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) mais dans ce cas, plus particulièrement au CII (crédit impôt innovation) et au CIR (crédit impôt recherche) pour lequel ce dernier fait l’objet, dans le projet de Budget 2014, d’un prolongement et d’un élargissement de périmètre… aux financements non technologiques comme le design et le marketing.
Les mesures de ce plan, viennent s’ajouter à d’autres déjà conséquentes : les investissements d’avenir, les 34 plans pour » la nouvelle France industrielle » et les sept défis thématiques de la commission Lauvergeon. Sur un chemin de l’innovation bien embouteillé, on ne peut s’empêcher d’avoir un sentiment de « réchauffé ».
Une note positive pour terminer. Les startups peuvent se réjouir, car parmi les dispositifs présentés, figure « une bourse avec une dizaine de millions d’euros par an pour accompagner des projets, avec des tickets de 50 à 70.000 euros », a annoncé Fleur Pellerin.