Avec l’élection d’Emmanuel Macron, les Français ont souhaité renouveler la classe politique. À la suite des législatives de juin 2017, ce constat s’est renforcé avec la sortie d’anciens leaders politiques. Face aux échecs électoraux, de nombreuses personnalités ont décidé de changer de carrière et de tirer un trait sur la politique, ou presque. Si certaines ont repris leur ancienne profession, d’autres ont choisi la voie de l’entrepreneuriat. Zoom sur ces hommes et femmes politiques qui ont quitté la politique pour entreprendre.
76 % des Français n’ont pas confiance dans la politique et 85 % sont d’accord avec l’idée que leurs responsables politiques ne se préoccupent pas de leur vie, selon l’édition 2018 du baromètre de la confiance politique du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po, ndlr). Ce désamour a poussé certaines personnalités, balayées aux élections, à changer d’horizon professionnel. Pour tourner la page, d’anciens candidats à la présidentielle, d’anciens ministres ou députés se sont reconvertis dans le domaine entrepreneurial.
Arnaud Montebourg
Arnaud Montebourg, ex-ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique sous le mandat Hollande, est un entrepreneur dans l’âme. Après son départ du gouvernement en 2014, il décide de retourner sur les bancs de l’école en intégrant l’INSEAD (Institut européen d’administration des affaires, ndlr) pendant un mois en vue de créer sa propre entreprise. En janvier 2015, il lance sa société, Les équipes du made in France, avec ses économies, soit plus de 100 000 euros. Objectif : rassembler des équipes financières, industrielles, productives et de management pour, soit reprendre, soit créer des entreprises « Made in France ». Il devient vice-président du conseil de surveillance de la chaîne d’ameublement Habitat et président de celui de New Wind, une start-up conceptrice d’éoliennes domestiques. Mais la passion de la politique le rattrape : il décide de participer à la primaire citoyenne du Parti socialiste en janvier 2017, en vue des élections présidentielles. L’avocat de profession échoue et décide de tourner la page. Il se lance dans plusieurs projets en 2018, dans le secteur des amandes et du miel avec ses entreprises Compagnie française de l’amande méditerranéenne (Cofram) et Société d’élevage et de repeuplement des abeilles de France (Seraf). Ces firmes ont pour ambition de mettre à l’honneur le métier de viticulteur et d’apiculteur ainsi que leur production toujours « Made in France ». Dans cette optique, l’entrepreneur vient de mettre en place L’École nationale des Hautes Études Apicoles à Dijon pour former des personnes en reconversion professionnelle.
Nathalie Kosciusko-Morizet
Suite à son échec à la primaire de la droite et du centre ainsi qu’aux législatives de juin 2017 dans la deuxième circonscription de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet décide de prendre du recul avec la vie politique française. Elle choisit de se reconvertir dans le domaine privé. L’ancienne ministre de l’Écologie et secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement numérique sous Sarkozy met alors le cap aux États-Unis. Depuis février 2018, elle a rejoint le siège new-yorkais de Capgemini, une entreprise française de services du numérique créée par Serge Kampf en 1967. L’ancienne élue Les Républicains est ainsi à la tête de l’activité Projet & Consulting de la division Cloud Infrastructure et cybersécurité du groupe. Elle a été choisie pour son expertise en matière d’ingénierie, ayant effectué ses études à L’École polytechnique.
Fleur Pellerin
Fleur Pellerin, l’ex-ministre de l’Économie numérique ainsi que de la Culture et de la Communication sous François Hollande, s’est engagée à investir dans les entreprises. En 2016, la femme d’affaires quitte la fonction publique et crée un fonds d’investissement, Korelya Capital. Son but : accompagner les investissements coréens dans l’Hexagone dans le secteur de la Tech et financer les start-up françaises en leur donnant accès aux marchés asiatiques. Auprès du groupe Naver, société sud-coréenne de contenu web, elle a également procédé à une levée de fonds de 100 millions d’euros. La quadragénaire a ainsi pu venir en aide à plusieurs jeunes entreprises comme Devialet, spécialisée dans l’ingénierie acoustique, AB Tasty, éditrice d’une solution d’optimisation pour les sites e-commerce et JobTeaser, plateforme de recherche de stage et d’emploi, destinée aux étudiants et jeunes diplômés. Depuis fin 2016, Fleur Pellerin a également rejoint le conseil d’administration de KissKissBankBank, une entreprise française de crowdfunding.
François Fillon
François Fillon s’était déjà projeté dans l’entrepreneuriat avec sa société de conseil, 2F Conseil, fondée en juin 2012. Son entreprise est notamment venue en aide à Axa, groupe spécialisé dans l’assurance, sur les négociations de la directive européenne « Solvabilité 2 », consacrée à la nouvelle réglementation des assureurs. Fragilisé par sa défaite à la dernière élection présidentielle et par l’affaire « Penelopegate », l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy s’est retiré de la vie politique pour se destiner au milieu financier. Depuis septembre 2017, l’ancien leader du parti Les Républicains est rentré chez Tikehau Capital. Édifiée par Antoine Flamarion et Mathieu Chabran en 2004, la firme gère le marché des actifs financiers et de l’investissement.
Si des personnalités quittent le monde politicien pour l’entrepreneuriat, des chefs d’entreprise partent aussi en politique. 87 % des Français estiment qu’une expérience professionnelle en entreprise devrait être un prérequis indispensable pour exercer des responsabilités électorales, selon une étude de l’institut de sondage Ifop fin 2016. Pour 68 % d’entre eux, un entrepreneur pourrait être un bon président de la République. Lors de l’élection présidentielle de 2017, de nombreux dirigeants ont été sollicités par plusieurs équipes de campagne notamment celle d’Emmanuel Macron. C’est notamment le cas de Bruno Bonnell, ex-président de la société Ataris (anciennement Infogrames SA, ndlr), spécialisée dans l’édition et la distribution de jeux vidéo, et à la tête de Robopolis, experte dans la robotique personnelle. Référent du mouvement « En marche ! » du Rhône, il est devenu député LREM en juin 2017, dans la sixième circonscription de ce même département.