L’édition 2020 du salon Consumer Electronics Show, événement consacré à l’innovation technologique en électronique grand public à Las Vegas, a eu droit à ses moments insolites. Sur le stand de la French Tech, un compatriote s’est fait particulièrement remarquer en proposant une invention des plus farfelues : « Potato », une patate connectée avec laquelle on peut connecter son portable en Bluetooth ou lui poser des questions comme Siri et Alexa. Réelle invention ou simple blague ? À vous de juger !
Potato, la pomme de terre connectée.
Nicolas Baldeck, entrepreneur grenoblois, a réussi à décrocher un stand avec d’autres start-up de la French Tech. Les visiteurs ont ainsi pu admirer son invention atypique dénommé « Potato », une simple pomme de terre qui se voit attribuer d’un dispositif doté d’un capteur, d’une puce électronique et d’une antenne wifi. Celui-ci ne nécessite pas de batterie étant donné qu’il exploite les électrolytes présents dans la patate comme source d’électricité. Connecté par Bluetooth, le dispositif transforme alors le légume en sorte d’assistant connecté qui répond à vos questions, par l’intermédiaire d’une application mobile comparable au Siri d’Apple, à Alexa d’Amazon ou au Google Home. Son créateur a mis en lumière son invention comme étant « l’une des innovations les plus disruptives du CES 2020 », capable « de décoder le langage de la pomme de terre et de connaître son état de ‘’ santé ’’ ».
Une initiative jugée comme humoristique.
La plupart des médias et commentateurs voient l’initiative du jeune homme originaire d’Annecy comme une simple blague, avec un but principal, celui de souligner les outrances du phénomène des startup technologiques, l’absurdité voire le ridicule d’innovations de l’industrie de la High Tech comme les produits connectés présentés au CES, qui sont parfois vides de sens par rapport au quotidien du commun des mortels. Il a ainsi réussi à tromper la vigilance du salon avec l’aide d’un simple formulaire, de l’utilisation de termes à la mode dans le monde des start-up comme « intelligence artificielle » et de la conception d’un kit de presse avec « photos techniques » et « vidéo YouTube de présentation ».
Pour Nicolas Baldeck, son projet reste sérieux et présente une réelle invention technologique et n’est « pas un canular pour ridiculiser le CES » mais plutôt « une performance artistique pour pousser les gens à réfléchir à la mode actuelle du “ tout connecté ”. Je ne pense pas que mettre une puce Bluetooth à 5 $ dans un produit et le vendre trois fois son prix le rende innovant ou utile. Il ne s’agit pas d’innovation technologique.
Il s’agit d’innovation marketing ». Le dispositif est en vente pour la somme de 29,99 euros sur la plateforme de financement Indiegogo : à l’heure actuelle, 172 personnes l’ont précommandé. Pour ce français qui a fondé son entreprise, BPZ Labs, en 2015 en proposant une balise météo pour les parapentistes, le coût de cette performance lui revient quand même à 4 000 dollars, dont 1 000 dollars déboursés pour la location du stand au sein de la zone Eureka Park et 3 000 dollars pour le déplacement et l’hébergement à Las Vegas. Son initiative a pourtant attiré l’attention, car le jeune entrepreneur a ensuite reçu plusieurs propositions d’entreprises pour travailler notamment sur la connectivité d’une montre suisse.
D’autres objets insolites se sont fait la part belle.
Les allées du Consumer Electronics Show ont vu apparaître plusieurs produits insolites, atypiques ou totalement improbables. Notamment le cas du RollBot, un petit robot en forme de tête d’ours qui n’a pas peur du ridicule. Sa principale mission : livrer du papier toilette à l’utilisateur qui le demande. C’est Charmin, la marque de papier toilette de la multinationale américaine Procter & Gamble. Possédant deux roues et une surface pour stocker le papier toilette, le RollBot répond aux urgences pressantes via la connectivité Bluetooth et se dirige de façon autonome vers les WC, grâce à ses capteurs infrarouges intégrés. D’abord bannis du grand salon high-tech de par leur caractère jugé « immoral et en contradiction avec l’image de la CTA (organisme de normalisation et syndicat professionnel américain pour l’industrie de l’électronique grand public, ndlr) », les sex-toys ont pour la première fois cette année, foulés le tapis du CES.
Une revanche pour Lora Haddock qui s’était vu retirer un Innovation Award pour son sex-toy baptisé « Osé » en 2019 et qui revient aujourd’hui avec deux nouveaux produits connectés, dénommés « Onda » et « Baci-baci ». Utilisant la micro-robotique, ces deux stimulateurs de plaisir ont chacun empoché le prix de l’innovation du CES 2020.