Le partage était lié à la location de vêtements (déguisements ou cérémonie), d’outils pour réaliser son bricolage, de la location de voiture ou de véhicules utilitaires. L’enjeu était de posséder quitte à parfois dépasser son budget. Dans le cercle familial ou amical, il arrivait de se prêter des outils pour dépanner et ainsi les outils qui dormaient plus souvent au fond d’un garage ou d’une cave avaient une utilité. Mais aujourd’hui le partage est entré dans une nouvelle ère.
L’économie de partage, une nouvelle manière de consommer
Souvent regardé il y a encore peu de temps avec un regard suspicieux, les idées qui jaillissent de l’économie du partage arrivent en flots continus. Elles sont l’apanage des start-up et de réussites incontestables.
Depuis quelques années, nous sommes passés d’une économie, enfermée dans le désir posséder un objet et qui traduisait la réussite sociale à une économie où le partage prend, petit à petit, une place prépondérante. Le prêt existait ! Il se faisait au sein des familles ou dans certaines circonstances exceptionnelles où l’achat était impossible pour la majorité. La moissonneuse batteuse, qui réunissait les villageois de différentes communes pour économiser non seulement sur le coût de machines imposantes mais aussi par nécessité de réduire la masse salariale pour assurer la pérennité ou la rentabilité d’une activité, représente un bon exemple.
Surtout, les cartes de la symbolique de la réussite sociale sont, aujourd’hui, rebattues et chacun semble pouvoir les redistribuer autrement. Cette nouvelle économie remet du sens au mot de « solidarité » mais aussi « respect » notamment celui de l’écologie. Celle-ci est devenue le souci de chacun. Alors les idées fusent et vont sûrement continuer à se propager comme il en fut pour l’évolution de la bicyclette à la voiture. Chaque évolution semble avoir pour objectif de rendre la vie plus agréable mais aussi curieusement se fait le chantre du partage. La bicyclette pour une ou deux personnes, la voiture pour quatre à dix personnes …Plus rien ne semble impossible à partager.
Le partage ouvert à tous les secteurs
Le partage des transports, le premier pas
C’est d’abord le partage des transports (voiture, livraison…) qui a pris le pas, peut-être parce que déjà ancré dans les habitudes du grand public. Il a ensuite touché des possessions dont nous n’avions pas besoin quotidiennement mais qui nécessitaient des investissements. Ce sont ensuite les logements qui ont été touchés et notamment les résidences secondaires et globalement le partage d’espaces disponibles (une pièce en plus pour le rangement des stocks, coworking, colocation…). Désormais, ce sont des objets de plus en plus variés tels que les équipements de sport (que ce soit les vêtements pour la neige ou la planche à voile, matériel pour organiser fêtes ou réceptions, appareils photos, perceuses, échelles…).
A bien y réfléchir, c’est peut-être avant tout le savoir-faire qui a été concerné. Celui-ci se propage notamment sur internet où l’on peut facilement accéder à travers des tutoriaux, les fameux « comment ça marche » et « les vidéos YouTube ». Tout y passe : les langues, l’informatique, le bricolage…et devient à votre disposition. Partager ses connaissances, son savoir-faire permet alors de créer une communauté qui acceptera de payer si elle veut compléter sa formation. Et surtout elle crée notoriété…et une visibilité. Aujourd’hui, force est de constater que personne n’hésite plus à partager. Ainsi, les freins au partage sont vite anéantis par la popularité de la pratique. Car partager c’est avant tout s’ouvrir et avoir la possibilité, dans un monde cloisonné, de connaître d’autres personnes.
Partager, pourquoi ?
Partager résulte aussi de la volonté des détenteurs d’objets ou de ceux qui les désirent de supprimer des crédits inutiles et fort coûteux.
Qui dit posséder un objet, dit le plus souvent faire un crédit pour un usage souvent limité. Celui qui partage peut alors avoir un retour sur investissement et celui qui en profite, éviter cet endettement. Finalement non seulement cela coûte moins cher mais cela peut aussi rapporter de l’argent.
Quelques principes de base à respecter
– Une mentalité à changer
Développer le partage ne se fait pas tout seul. Si certaines start-up sont devenues des success story, de nombreuses autres ont échoué.
Arrivé au bon moment, il représente l’un des challenges fondamentaux car il faut bien le comprendre que le partage est, avant tout, un changement d’habitude. Les premières réussites dans le domaine du partage en sont les premiers témoins et il aura souvent fallu souvent, quelques années, à ces entreprises pour aider au changement des mentalités.
La communication a souvent représenté, pour ces entreprises, un enjeu fondamental. Pour réussir, elles ont souvent commencé, pour aider au changement des habitudes, à établir une communauté inconditionnelle d’ambassadeurs, de fans… Ces early adopters qui ont permis de démocratiser la pratique et d’avoir à la fois des premiers consommateurs mais également témoins de la faisabilité du partage.
Devenir un pro des réseaux sociaux ne sera pas inutile. Les nouvelles générations et les early adopters sont souvent connectées en permanence à Internet et sont de plus en plus sensibilisés sur les nouveaux enjeux de développement durable et communiquent leurs idées, leurs découvertes. Il vous faudra donc prendre en compte cet univers.
– Un élargissement à réussir
Par la suite, le défi concerne souvent l’élargissement à un public plus large, une opération souvent délicate et qui nécessite la mise en place un service après-vente rodé car une réputation peut se défaire en un instant à l’ère d’internet et des réseaux sociaux. Pour fonctionner le partage doit souvent s’adresser largement à toutes les générations et à tous les publics car c’est l’augmentation de l’offre qui augmente la demande, et la demande celui de l’offre car celle-ci doit devenir exponentielle sous peine de s’étioler. L’élargissement de la cible comme en témoigne la publicité de Blablacar, qui s’adresse aux jeunes pour finalement toucher les parents, montrent bien ce principe.
– Une confiance à créer
La confiance demeure, en ce sens, centrale dans cette aventure car le partage est, avant tout, basé sur une relation de confiance et vous ne pourrez réussir en vous contentant de mettre à disposition votre plateforme. C’est dans ce cadre que la communauté d’ambassadeurs de la marque prend toute sa signification et que les utilisateurs doivent être impliqués dans une démarche d’amélioration de la qualité du service rendu. Cette confiance se traduit souvent par la possibilité aux membres de s’évaluer à chaque partage de service et de faire des retours sur les améliorations possibles. Au fond, c’est bien l’humain qui est au centre de la relation.
– L’atteinte de la masse critique
Comme nous vous l’avons signalé plus haut, l’offre fait la demande et la demande l’offre. Pour réussir dans l’économie du partage, vous devrez souvent faire un travail d’équilibriste pour atteindre « une masse critique » comme l’explique Antonin Léonard. Car il faut bien le comprendre trop peu d’offres, entraîne une désertion des utilisateurs et trop peu de demandes entraîne celle des possesseurs de biens. C’est également dans la qualité que se joue le développement du partage car avoir trop d’offres non qualitatives peut faire fuir les utilisateurs.