Si les open space ont fait longtemps parler d’eux comme la panacée, ils ne font pas l’unanimité dans les entreprises. Nombre de dirigeants les verraient même d’un très mauvais œil. Zoom sur les critiques adressées à cette nouvelle méthode de travail.
Selon une première étude de la DARES en 2029, 3,2 millions de salariés, soit deux salariés de bureau sur cinq, travaillent en open space. C’est-à-dire dans un espace de travail collectif où les bureaux ne sont séparés ni par des murs ni par des cloisons.
La deuxième étude de la DARES, en décembre 2023, a approfondi les conditions de travail des salariés en open space en comparaison avec ceux en bureaux classiques. Il apparaît que les travailleurs en open space se trouvent notamment davantage exposés au bruit et à la chaleur, avec des conséquences sur le travail (distraction accrue, difficultés de concentration).
Cependant, la DARES note que les selariés en open space sont moins nombreux que les salariés en bureaux classiques à se trouver dans un lieu de travail sale, humide et à subir des courants d’air ou des mauvaises odeurs.
Enfin, l’étude met en évidence que les arrêts maladie sont plus fréquents ainsi que les absences pour raisons de santé. La DARES l’explique par deux causes principales. La première : une exposition au bruit et aux virus plus importante. La deuxième : des facteurs de risques psychosociaux tels que le manque d’autonomie.
L’impossibilité de se concentrer
C’est la première des critiques faite aux open space en terme général puisque les perturbations ambiantes seraient fort nombreuses. La possibilité d’être dérangé à tout moment par un collaborateur qui a une demande ou encore par une distraction environnante comme une personne qui renverse son café ou parle trop fort au téléphone serait la raison numéro 1 de ne pas adopter ce type d’aménagement. Tout le monde n’est en effet pas à même de rester concentré dans un endroit qui ne serait pas calme.
Un aménagement non optimisé
Chaque fonction a besoin d’éléments divers pour effectuer ses missions. L’open space qui met tout le monde dans le même environnement peut rapidement s’avérer inefficace en termes d’outils de travail. Si le matériel reste souvent disponible, l’organisation peut se retrouver chamboulée par ce fonctionnement. Notamment, si vous aimez que l’ordre et le rangement et que vous aimez par exemple les classeurs. Ceci est d’autant plus vrai si les places ne sont pas attribuées et que vous ne pouvez avoir à portée de main tous les outils qui vous sont utiles.
L’éclatement de la hiérarchie
Si certains voient d’un bon œil l’éclatement de la pyramide hiérarchique, d’autres non. Cela est particulièrement vrai dans les sociétés où les signes distinctifs de réussite sont présents comme celui d’avoir une voiture 4 places, un bureau attribué d’une taille plus ou moins grande ou le fait de ne pas partager son bureau. Les open space éclatent les niveaux hiérarchiques de manière naturelle en mettant tout le monde au même niveau. Dans le cas où c’est le but, il se peut que les dirigeants qui sont les seuls, par exemple, se retrouvent isolés par la même de l’ensemble du groupe. Une manière de fonctionner qui peut vite se révéler à double tranchant.
La sensation du regard de l’autre
Les open space peuvent créer le sentiment d’avoir toujours quelqu’un derrière son dos qui observe ce que vous faites au travail. Même si vous n’avez rien à cacher, cela peut vite se révéler pesant. Cela peut également être déplaisant si vous souhaitez faire quelque chose de personnel temporairement entre deux tâches. Vous ne souhaitez pas forcément partager votre vie privée pendant les 3 minutes où vous allez faire vos courses par internet. En effet, vous n’aurez pas le temps de les faire car vous devez finir tard ce soir au bureau. Il peut aussi s’avérer, tout simplement, que vous ne vous sentiez pas à l’aise quand quelqu’un passe derrière vous par exemple.
Le manque de confidentialité
Certaines fonctions impliquent une confidentialité renforcée et ne peuvent se permettre de laisser filtrer des informations confidentielles. Si de nombreuses entreprises font de la transparence une clef de voûte, d’autres préfèrent laisser au secret bon nombre d’informations notamment stratégiques de l’entreprise. Même dans le cadre où vous effectuez vos coups de fils dans des salles spécifiques, la confidentialité peut rapidement être mise à mal par un document qui traîne ou un coup d’œil sur l’écran de votre collaborateur.
Une déco pas au goût de tous
La décoration fait partie de l’ambiance de travail. Les uns adorent les plantes, d’autres les détestent. Il y a ceux qui sont fans de décors de type moderne et ceux qui n’aiment que l’ancien. Difficile de plaire à tout le monde alors que « chacun ses goûts » comme on le dit. La difficulté à personnaliser un open space peut se révéler un obstacle dans le fait de se sentir bien dans l’entreprise. Certains salariés portent une particulière attention et s’implantent dans leur lieu de travail avec leur différence. Ils sont d’ailleurs nombreux à amener des photographies de leurs enfants ou leurs derniers grands chefs-d’œuvre.
Le besoin d’isolement
Nombre de personnes ressentent le besoin de ne pas être toujours en présence des autres. Ils se ressourcent lorsqu’ils sont seuls. Même s’ils peuvent apprécier leur compagnie, ils peuvent souhaiter ne pas les voir tout le temps. Il arrive que des collaborateurs ne s’entendent pas. Or, les mettre sans arrêt dans le même bureau peut vite virer au cauchemar intellectuel. Vous êtes alors dans l’obligation de voir toute la journée quelqu’un que vous détestez sans jamais pouvoir le quitter. Il peut aussi s’avérer bénéfique d’avoir son propre bureau en cas de conflit temporaire afin de se calmer, plutôt que faire bénéficier aux autres d’une ambiance délétère. Parfois le temps fait son travail et les choses peuvent se calmer d’elles-mêmes.
Le squat des salles de réunion
Cela peut paraître impensable mais dans les locaux avec les open space, les salles de réunion sont très souvent suroccupées. Il en devient difficile de trouver une salle au moment opportun afin de préparer une présentation par exemple ou de trouver un endroit isolé pour passer ses coups de téléphone. Il n’est pas rare de voir des comportements déplacés où des personnes occupent toute la journée une salle sous prétexte d’appel afin de ne pas se retrouver avec les autres. Cela peut bien évidemment générer des tensions au sein des équipes. Notamment pour ceux qui utilisent peut souvent ces salles et qui s’en trouvent privés lorsqu’ils en ont besoin.