Les boutiques applicatives de Google et Apple devraient dépasser en 2018, les 100 milliards de revenus ! Un chiffre vertigineux annoncé par « App Annie », l’un des spécialistes du marché des applications mobiles. La croissance devrait rester soutenue avec une hausse des dépenses des consommateurs de 30% par rapport aux prévisions de 2017. En 2015, ce sont 111,2 milliards d’apps qui ont été téléchargées, en 2016 (147,3 milliards), et en 2020, App Annie prévoit 284,3 milliards de logiciels mobiles téléchargés.
Dans le même temps, les réseaux sociaux explosent faisant émerger de nouvelles formes de relations et d’interactions entre les individus et les citoyens. Force est de constater que désormais le web fixe et mobile et les technologies collaboratives font partie de notre quotidien tant personnel que professionnel et se sont banalisées du fait de leur généralisation.
Il va sans dire que ni Google ni Apple ne sont à l’origine de ces très nombreuses applications car ces entreprises auraient été incapables d’en développer et d’en commercialiser autant en si peu de temps. Quel est donc leur secret ? Elles se contentent d’accueillir sur leur plateforme des applications développées par d’autres, à savoir des entreprises (RATP, Accor, Carrefour…), des éditeurs spécialisés (Microsoft, Ubisoft…) et des développeurs indépendants, et prennent au passage 30 % du prix de vente…
Le crowdfunding
Autre pratique, le « crowdfunding » (ou financement communautaire et participatif) mise quant à lui sur le très grand nombre de personnes susceptibles d’être intéressées par la production d’un contenu (film, disque, livre, jeu vidéo, sciences citoyennes…) et de contribuer à sa production en investissant une petite somme d’argent en contrepartie d’un service ou d’un reversement ultérieur sur les bénéfices futurs.
Ces deux exemples montrent, en même temps que l’émergence de nouvelles formes économiques, l’importance croissante du rôle que veulent désormais jouer les individus et les citoyens dans notre société. Les choix d’investissement et la capacité productive n’émanent plus uniquement des salariés ou des décideurs dans les entreprises, mais également et de plus en plus de communautés ouvertes d’individus et de citoyens très bien informés, autonomes et décidés à faire valoir leurs préférences et à contribuer au cycle de production des produits et services : on les appelle les consomm’acteurs.
Management 2.0 : de quoi s’agit-il ?
Le Management 2.0 ouvre l’entreprise à ses partenaires, ses fournisseurs, ses clients et ses salariés, ce qui vient percuter de plein fouet les anciens modèles de management hérités du XIXe siècle. Il est d’ailleurs surprenant de constater que, si beaucoup de choses ont changé dans les entreprises (que ce soient les outils de production, les techniques d’information et de communication, la logistique…), le management est quant à lui resté figé dans ses anciennes pratiques.
Pour autant, bon nombre d’entreprises ont déjà choisi ce nouveau modèle se présentant comme une véritable révolution managériale qui casse la logique descendante jusqu’alors prédominante pour la création de l’offre et accompagne la « nouvelle économie ».
Les nouveaux modèles économiques qui en résultent s’appuient sur l’innovation ouverte, la coconception de l’offre (conception de l’offre par des acteurs externes à l’entreprise) et la notion de lead users (utilisateurs précurseurs qui influeront l’évolution de l’offre tout en influençant les consommateurs).
Management 2.0 : pour quels usages ?
Les quatre principaux usages dans le Management 2.0 sont :
• La prédiction : il s’agit de prévoir le succès d’un nouveau produit ou service et son incidence sur le chiffre d’affaires ou l’évolution de la demande. Ainsi des sites web permettent aux entreprises de mettre en ligne des marchés prédictifs sur lesquels les utilisateurs ou les salariés parient. BestBuy a ainsi demandé à ses salariés de donner leur avis et s’en est ensuite servi pour déterminer ses objectifs de vente.
• La résolution de problèmes : des places de marchés virtuelles proposent aux entreprises de soumettre leurs problèmes de recherche et développement à des communautés de chercheurs. Elles s’appuient ce faisant sur l’intelligence collective et l’expérience immédiatement disponibles. Les forums en constituent également une autre forme dédiée plus particulièrement aux particuliers.
• La créativité : une communauté en ligne peut aussi être sollicitée pour définir de nouveaux produits ou services. Wikipédia constitue un très bon exemple de cette approche avec près de 84 000 contributeurs bénévoles pour une édition de 1 416 790 articles. Des entreprises telles qu’IBM et Dell ont fait appel à la créativité de leurs salariés pour collecter des idées d’amélioration de leurs activités et repenser leur offre.
• Le financement : des communautés d’internautes peuvent être sollicitées sur des plates-formes pour devenir producteurs de nouveaux artistes et financer leurs projets : c’est le cas de MyMajorCompany. Il existe aussi d’autres formes de financement collectif telles que le peer-to-peer bancaire qui permettent à des particuliers d’emprunter de l’argent selon un taux d’intérêt fonction du profil de remboursement de chaque emprunteur.
En conclusion
Comme on peut aisément l’imaginer, ces usages vont venir concurrencer directement certaines fonctions de l’entreprise qui devront, du moins en partie, être repensées. Cela nécessitera aussi une plus grande ouverture d’esprit de la part des managers, certains n’acceptant pas de voir leurs prérogatives leur échapper. Pour autant, une chose est sûre, c’est que le modèle de l’entreprise tel que nous l’avons toujours connu est en train de subir une transformation profonde qui donnera nécessairement lieu à des formes d’organisation inédites.
Article par Danielle Gance