Une récente enquête menée par l’ONG suisse Public Eye et le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN) a mis en lumière des pratiques de Nestlé concernant ses produits destinés aux bébés.
Une étude montrant des disparités
Selon cette étude, les produits pour bébés de Nestlé vendus dans les pays à revenus faibles et moyens contiennent des niveaux de sucre inquiétants. Alors que le géant de l’alimentation respecte les restrictions en vigueur en Europe, il semble tirer profit de lacunes dans les réglementations des pays en développement. L’enquête a examiné environ 150 produits et a révélé que, dans de nombreux cas, des niveaux de sucre dangereux étaient présents dans des pays tels que les Philippines, l’Afrique du Sud et la Thaïlande, alors que les mêmes produits n’avaient pas de sucre ajouté en Suisse, en Allemagne, en France et au Royaume-Uni.
Par exemple, une portion de Cerelac pour bébés de six mois vendue en Thaïlande contenait 6 grammes de sucre, soit l’équivalent d’un cube et demi de sucre. En revanche, les mêmes céréales en Allemagne et au Royaume-Uni étaient sans sucre ajouté.
Des niveaux de sucre inquiétants ?
Nigel Rollins, scientifique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a qualifié cette disparité de « deux poids deux mesures qui ne peut être justifiée », soulignant l’absence de légitimation à cette pratique. Or, les risques pour la santé des bébés liés aux sucres ajoutés sont alarmants. En effet, l’OMS met en garde contre les risques des sucres ajoutés, qui peuvent entraîner l’obésité et des maladies cardio-vasculaires, principales causes de mortalité dans le monde. Elle appelle depuis 2019 à une réduction des « sucres libres » dans les aliments destinés aux enfants de 6 à 36 mois.
L’enquête, de son côté, met en exergue également le danger que représente l’exposition précoce au sucre, pouvant influencer les préférences alimentaires des enfants tout au long de leur vie. De plus, l’obésité, un problème en constante augmentation dans le monde, touche désormais également les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’OMS note une tendance inquiétante, où ces pays font face à une montée rapide des maladies non transmissibles telles que l’obésité, en parallèle des défis de santé traditionnels liés aux maladies infectieuses et à la sous-nutrition.
Des pratiques controversées de Nestlé
En outre, l’enquête soulève des questions éthiques concernant les pratiques marketing de Nestlé, notamment l’utilisation d’influenceurs sur les réseaux sociaux pour promouvoir ses produits auprès des parents. La critique porte aussi sur le fait que l’entreprise utilise son réseau d’experts et de professionnels de la santé pour fidéliser les consommateurs dès le plus jeune âge.
Une réponse peu satisfaisante
Nestlé a répondu aux critiques en signalant des variations légères dans les recettes selon les réglementations, les tendances de consommation et la disponibilité des ingrédients locaux. La société affirme également avoir réduit de 11 % les sucres ajoutés dans ses céréales pour bébés à l’échelle mondiale.
Cependant, ces explications ne suffisent pas à convaincre les détracteurs. Ils soulignent que Nestlé est capable de produire en Europe, mais semble négliger cette pratique dans d’autres régions du monde avec des réglementations moins strictes.
La publication de l’enquête a incité plusieurs pays à réagir, avec notamment une enquête lancée par les autorités indiennes sur les aliments pour bébés de Nestlé. De plus, une pétition exsite qui demande à Nestlé de remédier à cette situation.
A propos de Nestlé
Nestlé détient 20 % du marché mondial des préparations pour bébés, et 15 millions de bébés consomment ses produits, soit presque l’équivalent de la population des Pays-Bas. Cela inclut des marques emblématiques telles que les céréales de blé Cerelac et le lait en poudre Nido, dont les ventes ont dépassé les 2 milliards d’euros en 2022.