Mutum se veut le 1er site de prêt entre particuliers, fonctionnant grâce à une monnaie virtuelle : les mutums, et à un ingénieux principe de réciprocité.
Des archétypes de chefs d’entreprises, il y en a beaucoup. Parmi eux, le cliché du jeune homme diablement dynamique, récemment sorti d’une école de commerce, voulant monter un projet innovant. Frédéric Griffaton, cofondateur de Mutum, en fait partie. Mais avec quelque chose en plus.
Le roi du lycée
Le jeune dirigeant a en effet un parcours très commercial, en étant notamment sorti de l’Ecole supérieure de vente de la chambre de commerce. Il s’y est aguerri de secteurs assez généraux comme le droit, le marketing et la gestion financière. Plus personnellement, Frédéric Griffaton est un homme d’action, aux qualités organisationnelles. Dès le lycée, il construit un festival pluri-culturel, fait « par les étudiants, pour les étudiants ». Une bonne expérience, qui a rassemblé près de 1500 personnes, et s’est retrouvée lucrative de surcroit. Il a ensuite enchainé l’organisation d’évènements jusqu’à ses 22 ans, en montant plusieurs projets de solidarité international et mouvements de jeunesse. « J’ai la fibre entrepreneuriale, certes, mais surtout des convictions » corrige Frédéric, qui est passé par de nombreuses TPE pour y appréhender la réalité du monde du travail et le sens de l’effort.
Il travaille actuellement en tant que commercial chez Booster Academy. Un poste qu’il ne compte pas lâcher de sitôt malgré ses projets, à l’inverse peut être d’un archétype cité plus haut. A 25 ans, Frédéric est lucide : le salariat est précieux, lui permettant de monter en compétences, construire un réseau et de s’assurer.
Une nouvelle tendance
Auprès de Mathieu Jeanne-Beylot (de 2 ans son cadet), avec qui il travaille depuis 1 an et demi dans une association, le futur entrepreneur ressent une bonne entente professionnelle et l’envie de monter un projet. L’idée de base des 2 associés est de faire échanger des robes de soirées… Puis, après une longue étude de marchée, ils arrivent sur un benchmarking de sociétés comme Zilok (site de location entre particulier et professionnel), OuiCar (site de location de voitures entre particuliers) ou ILokYou (site de location, vente et service entre particuliers). Ce travail leur fait visualiser un énorme marché en pleine croissance et une des nouvelles tendances du web : simplifier et humaniser les rapports et échanges entre internautes.
« Plus tu partages, plus tu possèdes »
Les deux jeunes hommes créent dès lors Mutum, qui se définit comme le 1er site de prêt et d’emprunt d’objets, valorisé par une monnaie virtuelle. La solution se distingue d’une simple plateforme de prêt, et se rapproche du troc grâce aux mutums, qui représentent les crédits. Seulement les particuliers restent propriétaires. Le concept est audacieux : plus l’internaute référence d’objets à prêter sur le site, plus il amasse de crédits, et plus il augmente son pouvoir d’achat d’emprunt. L’invention d’une monnaie virtuelle avec les mutums a plusieurs utilités pour Frédéric. C’est d’abord la base du concept car elle enclenche le principe de réciprocité entre utilisateurs, ce qui les pousse à « jouer le jeu », et donc à améliorer le référencement. Le slogan de la marque l’explique bien : « Plus tu partages, plus tu possèdes ». C’est ensuite un moyen de rémunération : le business model, qui consiste en une commission, repose entièrement dessus. Enfin, la monnaie virtuelle représente un bel outil marketing, qui permet d’exposer le projet. Mais Mutum a d’autres caractéristiques ! Dotée d’un système de géolocalisation et d’une garantie bancaire sur les objets de plus de 20€, la solution écarte la « peur du virtuelle », et humanise et sécurise les échanges. Les utilisateurs vont ainsi se rencontrer physiquement, ce qu’on retrouve peu sur Ebay ou Leboncoin.
« Moutoum » est à suivre
Encore en phase d’amorçage, la stratégie de financement est bien orchestrée. Frédéric et Mathieu ont démarré en fonds propres, et lancent une opération de love money. Ils organiseront pour le tout début de l’été une campagne de crowdfunding (ils demandent 10 000€ sur le site KissKissBankBank). Le but est de décupler leur capital pour aller chercher -grâce aux 1ers travaux et 1ers résultats- des subventions. Encore une fois lucides et prévoyants, les cofondateurs ont une politique de sous-traitance sur « tous ce qu’ils ne maîtrisent pas », pour ne prendre aucun risque avec Mutum. A prononcer « moutoum », précise Frédéric, le nom venant du latin, et faisant référence au premier contrat en tant que mutuelle de l’antiquité romaine…
Questions choisies :
Qu’est ce qui va être le plus dur pour votre démarrage ?
Arriver à une masse critique suffisante pour démarrer. La difficulté sur ce genre de solution est d’atteindre les 20, 30 000 utilisateurs. Mais nous sommes optimistes : la plateforme n’est pas encore lancée, et nous avons déjà bon nombre de pré-inscrits alors que nous n’avons pas encore communiqué ! Il y a aussi des pièges à éviter. Il nous faut faire attention à la stratégie de communication, ne pas aller « à tout va » mais être qualitatif. Cela ne sert à rien de compter 10 000 inscrits la 1ère année. Il nous faut des personnes qui utilisent bien la solution, pour montrer que ça fonctionne.
Quelle est votre différence sur le marché ?
Là où tous nos concurrents sont à 5 ou 10 000 utilisateurs après deux ans d’activité, la différence est qu’ils ont assez peu d’objets référencés. Car ils n’ont pas ce principe de « donnant-donnant » qui pousse les gens à proposer plus d’objets. Notre idée est, avec seulement 2000 utilisateurs, d’avoir autant d’objets référencés que nos concurrents. De plus, la personne est remboursée si sont objet est cassé ou autre. Plus rien ne l’empêche de référencer son appareil de cuisine particulier, son nettoyeur haute-pression, etc…
Un entrepreneur qui t’inspire ?
Jeff Bezos. Super intelligent, super pragmatique, et doté d’une impressionnante vision à long terme. Ce serait beau d’avoir le même profil « futuriste » que lui !