« Lorsque l’on crée son entreprise, on passe beaucoup de temps à faire face aux tracas administratifs qu’autre chose » , explique Jean-Hugues Zenoni. Créée il y a trois ans et demi avec zéro consultant et zéro chiffre d’affaires, la société de portage salarial représente en 2013 plus de 3 millions d’euros de factures pour plus de 70 consultants.
Après avoir créé 6 entreprises et une expérience forte de 23 ans dans le monde du sales et du business développement dans le secteur international et télécoms, Jean-Hugues Zenoni décide de se lancer dans une nouvelle aventure. Suite à sa rencontre avec le président du Monde Après, il se voit proposé de rejoindre l’équipe. Dès lors, un nouveau chapitre commence.
Associé à Jean-Pierre Cointre et Fabien Salicis, il dirige aujourd’hui Le Monde Après, une société de portage qui constitue une véritable passerelle entre deux mondes : le monde salarial et entrepreneurial.
Nous sommes donc je suis !
Le concept de l’entreprise est simple : après une trentaine d’années en tant directeur technique et DSI, Jean-Pierre Cointre constate que l’administratif prend une place considérable dans le temps d’un indépendant. Il réalise également que le fait de ne pas être salarié peut représenter un véritable frein pour celui qui souhaite tout de même être protégé par un statut salarial. Il décide de résoudre ces soucis et crée une offre : celle-ci permet à des consultants indépendants de facturer – grâce à Le Monde Après – leurs services à des sociétés et d’obtenir le statut de salarié.
Le consultant conserve sa casquette d’entrepreneur, puisqu’il va chercher ses missions et qu’il est propriétaire de ses clients, mais n’en a pas pour autant le statut puisqu’il jouit des mêmes caisses sociales que tout salarié. Le Monde Après met l’accent sur le relationnel et le côté humain qui manquait au portage salarial. L’ambition de la société n’est pas seulement d’attribuer un statut salarial, elle se veut être un véritable intermédiaire entre les consultants et les entreprises.
Une envie certaine de se démarquer
La société de portage décide d’accentuer sa différence par le développement d’un écosystème vivant qu’elle génère à travers des évènements qu’elle met en place pour ses consultants. La mise à disposition de 8 ateliers de formation assurés par des professionnels de haut niveau. Cela permet au Monde Après de développer un réseau de consultants formés et émancipés. Le portage salarial est un métier à faible marge et Le Monde Après pratique un taux agressif d’intermédiation de 7 % plafonné à 600 euros.
Bien que ce taux soit faible, il permet à l’entreprise d’avoir un chiffre d’affaires conséquent puisqu’il est multiplié par le nombre constitué par la communauté de consultants. C’est un business d’échelle. Les ressources financières du Monde Après reposent sur un BFR négatif d’où une trésorerie constamment positive. Anecdote assez particulière puisque l’on est loin de la traditionnelle course aux financements connue par bon nombre d’entrepreneurs. Cela garantit aussi aux consultants de bien toucher leurs salaires à la fin du mois.
« Quand on commence à partir dans la notion de moyens, on a jamais assez de moyens ! »
La stratégie initiale consiste à être une société internet avec une plateforme collaborative, l’idée était de tisser 80 % de son réseau sur internet et 20% par le bouche-à-oreille. Toutefois, les choses ne se passent pas comme prévues. Même si internet reste un outil efficace, il fait le constat que les consultants ne donnent leur confiance que si quelqu’un de leur réseau à déjà bénéficié de ses services. Malgré une participation active aux salons aux débuts de la société, le directeur général et son équipe favorisent l’utilisation de leurs réseaux personnels afin de se faire connaître.
S’ajoute à cela une présence massive sur les réseaux sociaux comme Linkedin, Viadeo, Le Guide du Portail Salarial. Les différents membres de la société mêlent plusieurs générations toutes issues de la même culture d’entreprise : le lean start-up. Leur devise est donc de faire beaucoup de choses avec peu de moyens. Le financement de l’entreprise est d’ailleurs l’exemple le plus criant, puisqu’ils prennent le parti de dire « on n’a pas d’argent ».
Désormais, le Monde Après a pour projet de développer sa croissance externe et de continuer à être une force de proposition dans des secteurs divers et variés en devenant une réelle communauté d’intérêts. Dans la continuité d’entrepreneurs innovants et décalés comme son ancien camarade de classe Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée.com), Jean-Hugues Zenoni veut sortir des sillons préétablis en France.
3 questions à Jean-Hugues Zenoni :
Qu’avez-vous appris de la création de vos entreprises ?
Le piège absolu qu’il faut vraiment éviter lorsque l’on démarre un business, c’est de s’associer avec son alter égo, avec quelqu’un qui a les mêmes compétences que vous. C’est très séduisant parce qu’on se comprend très vite puisqu’on a les mêmes engouements, mais manque de chance, c’est là où on n’apporte pas du tout de plus-value.
Comment percevez-vous l’entrepreneuriat en France ?
En France, on a tendance à considérer une entreprise comme une prolongation de soi-même. Souvent, tout l’écosystème familial et social participe indirectement, ce qui est très prenant parce malheureusement, il arrive que la société ne fonctionne pas et là, ce sont toutes ces références qui s’écroulent. C’est excessivement pesant. Les Anglo-saxons ont une vision plus simple et voient une entreprise comme un tournevis : si le tournevis casse, vous en prenez un autre, vous recommencer et vous n’avez pas d’état d’âme, ça ne vous empêche pas de dormir la nuit. Le modèle américain, par exemple, met en avant la capacité d’adaptation, le savoir-faire et l’accomplissement de l’individu à travers le travail. Il faut « décorréler » l’entreprise de soi-même, c’est un outil !
Selon vous, pourquoi faut-il entreprendre ?
Parce que c’est tout simplement le plus beau métier du monde. C’est la gratification personnelle d’avoir créé quelque chose à votre image. C’est une incertitude certes, mais qui fait aussi partie de la vie de tous les jours et qui peut être contrôlée en faisant les bons choix. En France, il y a un réservoir très fort. Les gens ont compris que c’était plus simple de s’approprier sa propre force de travail plutôt que de la donner à quelqu’un qui s’en occupe à sa place. Je pense qu’il y a un changement de paradigme et de comportements qui permet aux entrepreneurs en France d’avoir plus de poids.