Interview de Mickael Froger, Cofondateur de Lengow

Interview de Mickael Froger, cofondateur et président de l’entreprise Lengow, qui offre des solutions technologiques globales aux e-commerçants qui entendent rayonner sur Internet.

Quel est votre parcours personnel ?

Je n’ai aucun diplôme à part le bac ! J’ai d’ailleurs commencé à travailler 4 jours après l’avoir obtenu. Au mois de février de l’année de mon bac, j’ai participé à l’open des webmasters, qui correspond aujourd’hui aux « startups week-ends ». Le principe était simple, nous nous réunissions par équipe de 3 et il fallait créer un projet web de A à Z. Coup de chance, le chef de projet de M6 Net était en vacances dans le coin, et il en a profité pour chasser quelques têtes, car il n’existait à l’époque pas de formation de développeurs comme c’est le cas aujourd’hui. Il m’a proposé un entretien la semaine d’après et j’ai été pris chez eux, à la seule condition que j’obtienne mon baccalauréat. J’ai donc eu mon bac un jeudi, et j’ai commencé à travailler le lundi d’après ! J’ai d’abord intégré pendant quelques mois M6, puis j’ai travaillé pour Europe 2/RFM en tant que webmaster. J’ai également fait un passage très rapide chez TF1 avant de créer ma première entreprise, une agence web, au Mans en 2002. J’avais seulement 22 ans. L’aventure a duré deux ans, avant que je ne décide de rentrer travailler à Paris en 2004. C’est à ce moment là que j’ai intégré Leguide.com, un comparateur de prix au niveau européen.

Comment a été créée la société Lengow ?

Mon associé Jérémie Peiro et moi-même, nous nous sommes rencontrés chez Leguide.com. Nous avions isolé ensemble des besoins des e-marchands, notamment en matière de référencement et diffusion de leurs produits. Nous en sommes restés sur ce constat, puis nous avons entamé nos carrières respectives, jusqu’à devenir directeur commercial pour lui, et directeur technique pour ma part. C’est à ce moment là que nous nous sommes lancés dans la création de cet outil dont le but était d’aider n’importe quel marchand à diffuser ses produits n’importe où sur la toile. Nous avons quitté nos postes respectifs en février 2009 et la société a vu le jour le 1er juillet de la même année.

Pourquoi l’entrepreneuriat ?

Je ne corresponds pas au profil de l’entrepreneur traditionnel, dans le sens où je n’ai aucun membre de ma famille qui est dans le milieu. Entreprendre, ce n’est pas une passion à proprement parler. Par contre, je possède un caractère qui m’incite à vouloir réaliser les choses par moi-même, avec ma manière de faire en fédérant tout un groupe autour de moi. J’apprécie la liberté qui découle du statut d’entrepreneur, c’est-à-dire la liberté d’échouer, mais également celle de réussir ! Je possède une culture très sportive, car j’ai pratiqué le tennis de table à haut niveau, en sport-études. Cela contribue à mon caractère aujourd’hui, et au fait que je développe une culture assez autonome tout en souhaitant réussir avec une équipe autour de moi. J’ai sans doute un peu d’entrepreneuriat dans le sang, c’est certain. Peut-être que dans quelques années, je créerai à nouveau quelque chose, qui sait ?

C’est le sport qui vous donne cette maturité et cette vision lucide du business ?

Le sport vous apprend à vous prendre des claques. Lorsque je jouais, je m’entraînais six heures par jour, 7  jours sur 7. Ce passage par le haut niveau m’a apporté une culture du résultat et de la hiérarchie naturelle. Mon côté terre à terre provient sans doute de là. Le sport m’a également appris à gérer mon stress. Aujourd’hui, je ne suis pas du tout stressé par la boîte, je dors même très bien ! Je gère également mes humeurs, car je sais m’énerver quand il le faut et me calmer immédiatement si c’est nécessaire.

Comment fait-on pour réussir dans un domaine aussi concurrentiel que l’e-commerce et le webmarketing ?

L’enjeu dans ces secteurs, c’est de développer la R&D en priorité. Le marché du e-commerce est en croissance parce qu’il évolue tout le temps ! C’est donc un travail au quotidien de s’adapter et de suivre la tendance. Il faut que l’on soit toujours à la page et pour y parvenir, nous devons rester actifs technologiquement parlant.

Quel genre de manager êtes-vous ?

J’attache une importance particulière à l’autonomie, tout en demeurant très exigeant sur la manière dont les choses sont exécutées. Je possède une culture de designer. Dès qu’il y a un pixel de travers, je le vois immédiatement ! Lorsque je travaillais chez Leguide.com, le PDG de l’entreprise disait que « l’exigence est le premier pas vers l’excellence. » et je m’inscris totalement dans cet état d’esprit. Mon caractère me pousse aussi à faire confiance facilement, mais je garde un œil sur tout, pas pour surveiller, mais pour maîtriser ce qui se passe dans l’entreprise et ne pas découvrir les choses après qu’elles aient eu lieu. Sur le plan du caractère, mon associé me complète bien, car il est plus calme, plus posé alors que je suis plutôt nerveux.

Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle ?

J’ai une fille de 3 ans donc forcément, je suis beaucoup plus détendu du côté du travail. Mais il ne faut pas se leurrer, je vis pour Lengow et c’est dur d’en réchapper. Quand je pars en vacances, le premier critère, ce n’est pas la piscine, c’est le wifi ! Cela fait rire tout le monde autour de moi, mais ça illustre bien mon ultra-connexion. Je travaille constamment, notamment quand ma fille est couchée. Même si j’arrive à couper de temps en temps, cela ne dépasse jamais 72 heures. Mais ne vous méprenez pas, je l’ai bien voulu ! Travailler reste un plaisir, pas une contrainte. L’avantage, c’est qu’en tant qu’entrepreneur, j’ai la liberté de choisir le moment où je vais travailler.

La famille et les amis, ce sont des soutiens importants en tant qu’entrepreneur ?

Oui, bien sûr. Il faut que ce soit un soutien. Mais d’un autre côté, je ne parle jamais de ma boîte en famille. C’est toujours un peu délicat, car ils ne comprennent pas bien, et en parler constamment devient un peu malsain. D’ailleurs, j’attache de l’importance à placer une barrière financière entre la vie de famille et la vie professionnelle. Je n’ai jamais mis plus de 1 000 euros dans une entreprise. Ma première boite a récolté 500 euros d’apport de ma part et nous avons monté Lengow à 3 avec 300 euros chacun. Avec mes associés, nous nous sommes toujours interdits de placer trop de billes personnelles dans le projet, pour ne pas vivre avec une épée de Damoclès au dessus de la tête et ne pas mettre en danger nos familles.

Auriez-vous quelques conseils à donner aux entrepreneurs ?

Ne pas s’isoler au démarrage ! C’est essentiel. Il faut écouter ce que vous disent les autres et si possible se trouver un mentor, un expert dans votre milieu qui vous guidera dans le projet. Restez vous-même, bien sûr, mais n’oubliez pas d’entendre ce que votre entourage a envie de vous dire. Cela constituera une aide précieuse. Et pensez également que pour entreprendre, il faut travailler. Psychologiquement, il faut être assez fort et posséder un caractère affirmé.

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