Se vanter et donc en quelque sorte mentir n’est jamais une bonne idée. Il faut dire que dans les méandres de l’entrepreneuriat, il faut toujours prouver sa valeur et la tendance peut être d’en rajouter face aux clients, partenaires, banquiers ou investisseurs. La vérité, il vous arrive de l’arranger quelque peu pour séduire un investisseur, convaincre un partenaire, attirer un client… ou tout simplement pour essayer de vous faire croire à vous-même que votre entreprise cartonne ! Petit florilège de ces fausses promesses qu’il vous arrive de prononcer sans jamais culpabiliser « parce que c’est pour le bien de votre entreprise » croyez-vous !
Nous allons bientôt signer avec tel client grand compte
Enfin il y a l’ami d’un pote qui vous a certifié qu’il connaissait le responsable achat d’une grande boîte et qu’il y a des chances pour qu’il arrive à vous le faire rencontrer, entre deux rendez-vous, peut-être. Vous suivez ? Nous non ! Rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule start-up à certifier être à deux doigts de signer avec L’Oréal ou Amazon ! Ce syndrome est assez répandu chez les jeunes entrepreneurs essayant de tirer leur crédibilité d’un hypothétique gros contrat… Par contre, ce qu’il faut savoir c’est que, quand un investisseur entend 10 entrepreneurs de suite lui certifier qu’ils sont en pourparlers avec Apple ou Louis Vuitton, il risque de finir par les prendre légèrement pour des mythomanes !
Notre équipe est composée de 10 salariés
De 10 stagiaires surexploités vous voulez dire ? N’essayez pas de jouer au grand. Ou alors, si vous mentez, faites-le finement : avoir 10 salariés un mois après la création de l’entreprise, il faut être clair, cela fait louche ! Parlez par exemple de vos deux salariés imaginaires hyper motivés et avouez avoir embauché des stagiaires. Si vous voulez pousser le vice un peu plus loin, certifiez à votre interlocuteur que vous comptez les recruter en CDI dès que leur stage sera fini. Tout le monde saura que c’est impossible, mais on notera votre bonne volonté !
Nous sommes les leaders sur notre marché
Oui, c’est vrai, pour une fois vous n’avez pas menti. Mais vous n’avez pas tout dit… Sur votre marché d’ultra-niche, dans votre petite ville, ça c’est sûr que vous êtes les premiers. Et de loin. D’ailleurs faut-il préciser que vous êtes les seuls ? Enfin, la seule entreprise quoi ! Sans compter bien sûr le bar-tabac-buvette-boulangerie de votre village. Un petit conseil : l’argument dit du « nous sommes leaders » est un peu démodé. Seuls les vrais leaders ne se présentent pas ainsi (et c’est d’ailleurs comme cela qu’on les reconnaît !).
Nous sommes en train de signer avec un gros partenaire, un leader mondial
Nous ne pouvons encore rien dire mais, c’est sûr, vous allez en entendre parler ! Ah oui ? Vous ne pouvez pas encore en parler ? C’est peut-être qu’il y a des raisons à cela… En tout cas, sachez-le, vos interlocuteurs, eux, comprendront pourquoi vous ne pouvez pas en parler. Par politesse, ils n’oseront rien dire. Face à leur simili-intérêt vous en rajouterez trois tonnes. Et là… c’est le drame !
Nous avons plusieurs propositions de différents fonds, américains
Si vous êtes vraiment en train de négocier avec plusieurs fonds qui se battent pour investir chez vous, 3 solutions :
1/ Vous êtes le fils caché de Steve Jobs et Marissa Mayer (ex Google, PDG de Yahoo !) et vous avez hérité du génie cumulé de vos parents, et même un peu plus.
2/ Vous avez trouvé la recette secrète permettant de convaincre les investisseurs. Dans ce cas-là, merci de faire partager aux lecteurs de Dynamique Entrepreneuriale vos astuces ! (Pour l’instant la seule technique connue pour trouver des financements est de galérer patiemment jusqu’à ce qu’un fonds accepte gentiment de vous recevoir !)
3/ Vous êtes pris en flagrant délit de gros mensonge.
Google nous a approchés pour nous racheter
Vous êtes sûr que, si Google vous a approché, ce n’était pas plutôt pour vous faire acheter des campagnes AdWords ?! Petite astuce : faire croire qu’on veut racheter votre start-up, pourquoi pas… Mais encore faut-il que ce soit un minimum crédible ! Visez moins prestigieux, vous aurez peut-être une chance d’être cru et surtout de ne pas passer pour un plouc !
Nous sommes les seuls à proposer cette solution
Un mensonge qui peut passer, mais pas face à n’importe quel public. Face à un client novice, en B to C, vous aurez des chances de convaincre. Le client sera alors ravi d’avoir déniché une pépite que personne ne connaît et il n’hésitera pas à mettre la main au porte-monnaie. Par contre, face à un partenaire en B to B, ou pire, face à un investisseur, ouille… Si vous faites face à un interlocuteur un minimum conscient de la réalité du marché, il y a fort à penser qu’il vous prendra pour un inculte qui ignore qu’une idée nouvelle est, au minimum, en train d’être travaillée par 2 entrepreneurs dans le monde au même moment.
Nous devrions faire 1 million de chiffre d’affaires cette année
Vous avez dit chiffre d’affaires ou volume d’affaires ? Ah ben non, ce n’est pas pareil… Si cette donnée pouvait bluffer votre grand-mère, elle ferait glousser un investisseur ! Inutile de chercher à mettre de la poudre aux yeux. Soyez franc et précis. C’est peut-être par votre franchise et votre humilité que vous pourrez vous démarquer et séduire un investisseur !
Nous allons faire trembler Facebook !
D’ailleurs, ils nous surveillent car ils savent le mal qu’on peut faire à leur business… : savez-vous ce que votre interlocuteur aura dans la tête quand vous lui sortirez ce gros mensonge ? Il imaginera un petit bateau télécommandé pour enfant qui essaierait de casser la coque d’un énorme pétrolier. Vous passerez au mieux pour un prétentieux, au pire pour quelqu’un n’ayant aucun sens des réalités.
Nous venons de signer avec un gros distributeur à New York
Pour dire vrai, vous avez supplié votre beau-frère qui vit là-bas de parler de vos produits à Jack, le vendeur de hot-dogs ambulant du coin de la rue. Encore une fois, enrober la vérité, pourquoi pas. Mais, essayez davantage d’attirer la curiosité de votre interlocuteur en abordant de manière évasive un réseau influent américain conquis par votre produit. Après tout, ce n’est pas faux, Jack, le roi des hot-dogs, connaît tout le monde sur la 5e avenue !