Parmi les pratiques méconnues lors de l’embauche des salariés, la médecine du travail reste encore trop marginale. Parfois oubliée, elle demeure néanmoins nécessaire pour prévenir et informer les comportements à risques ainsi que les mauvaises habitudes en entreprise. Et en janvier 2018, les ordonnances réformant le Code du travail ont aussi affecté cette obligation des employeurs. Explications.
Les obligations de l’entreprise
Avant le 1er janvier, la visite médicale d’embauche était obligatoire pour tous les salariés d’une entreprise dans le but de considérer l’aptitude ou l’inaptitude de chacun d’entre eux. Depuis les ordonnances réformant le Code du travail, seules les professions à risque sont concernées. Ces dernières comprennent l’exposition à l’amiante, à un certain niveau de plomb, à des agents cancérigènes ainsi qu’à des agents toxiques ou biologiques. En plus de toutes ces substances pouvant impacter la santé d’un salarié, les professions impliquant des charges lourdes et des activités dangereuses doivent aussi être contrôlées. Le salarié en question doit effectuer cette visite avant son embauche afin que le médecin l’ausculte et déclare son aptitude à travailler. Pour les salariés avec un poste à risque, la visite doit être renouvelée tous les deux ans maximum, pour vérifier que l’aptitude du salarié est encore valable.
Pour ceux en dehors des professions à risque, la visite médicale doit être réalisée dans les trois mois suivant l’embauche. Elle relève davantage de l’information et de la prévention envers les salariés de sorte à ce qu’ils soient conscients des risques au quotidien. Étant seulement préventive, elle n’est pas toujours réalisée par un médecin mais peut être pratiquée par une infirmière ou encore un interne. Si la personne du corps médical ou le salarié juge judicieux de s’entretenir avec un médecin pour des raisons médicales, il sera, en revanche, redirigé chez un médecin du travail. Pour ceux ayant effectué la visite d’information et de prévention, une attestation leur sera remise ainsi qu’à l’employeur. Elle ne détermine pas pour autant l’inaptitude d’un salarié, seul le médecin du travail peut se prononcer en ces termes.
Comment procéder ?
En tant qu’employeur, se renseigner sur la médecine du travail reste primordial pour l’arrivée de vos futurs salariés. Différents services sont alors possibles pour réaliser la visite de prévention ou même la visite médicale dans le cas de professions à risque. Dans les grandes entreprises, il arrive que des médecins ou des infirmières soient présents régulièrement. Ils peuvent ainsi réaliser eux-mêmes la visite médicale. Pour les structures comportant un nombre moins élevé de salariés, il existe des médecins communs à plusieurs entreprises pouvant se déplacer dans vos locaux. Et dans le cadre des TPE, il est plus courant d’avoir recours à un service de santé interentreprises, qui pourra recevoir vos salariés sur rendez-vous.
Le suivi, indispensable pour la santé de vos salariés
Même si les salariés ont réalisé une visite lors de leur embauche, un suivi reste nécessaire. La médecine du travail peut déceler des pathologies chez certains salariés et il ne faut pas les prendre à la légère. Pour ceux avec des postes à risque, la visite se doit d’être renouvelée tous les quatre ans et, pour les autres, tous les cinq ans.
La médecine du travail aide les salariés avec des conseils, des pratiques à mettre en place au bureau comme pour les positions du dos à adopter sur sa chaise de bureau. Pour les tâches difficiles, les infirmiers ou les médecins leur montreront le bon comportement à adopter face à des charges lourdes et des tâches affectant les muscles et les os.
En entreprise, la visite médicale constitue un droit pour le salarié. S’il souhaite voir un médecin du travail, vous ne pouvez l’en empêcher. Ne pensez pas forcément à un mauvais présage, il s’agit parfois seulement d’un mal de dos et de petits problèmes du quotidien. Votre salarié sera informé des risques physiques ou psycho-sociaux qui peuvent l’impacter et pourra être pris en charge en cas de pathologie grave. Quoi qu’il en soit, si une visite avec un médecin du travail peut soulager votre salarié, organisez-la.
La médecine du travail demeure utile pour informer des bonnes pratiques ou pour prévenir un comportement à risque chez un salarié. Si jamais, à la suite d’une visite médicale, vous n’êtes pas d’accord avec la décision du médecin du travail concernant un salarié, sachez qu’il reste toujours possible de contester l’avis du médecin devant le Conseil des Prud’hommes en référé, dans les quinze jours suivant la notification.