Nathaniel BERN, Elie Dan MIMOUNI et Charles MIMOUNI cofondateurs de MEDADOM, souhaitent devenir les leaders de la télémédecine et développer leur offre sur le territoire national afin de lutter contre les déserts médicaux et l’engorgement des urgences.
Ils proposent aujourd’hui une offre globale de télémédecine au service des patients et des professionnels de santé. Déjà plus de 150 000 téléconsultations ont été réalisées par des médecins partenaires de MEDADOM.
Comment vous est venue l’idée de MédaDom ?
Nous sommes trois cofondateurs initialement dont deux parmi les trois qui sont l’un médecin et l’autre, interne en médecine. Personnellement, je suis ingénieur et je m’occupe de la partie tech et l’idée nous est venue à partir du constat médical que les patients ont besoin de soins non-programmés et donc de médecins dans l’urgence. Or, le système de santé en France n’est pas du tout adapté et de nombreuses personnes se retrouvent à devoir aller aux urgences car il n’y a pas d’autres solutions en dehors d’appeler SOS Médecins. Il existe en conséquence une réelle carence dans le système de santé.
Nous avons débuté avec la volonté de mettre en relation des patients qui souhaitaient avoir des visites à domicile. Au début, notre idée était que le médecin se déplace auprès du patient en digitalisant cet mise en relation. Nous sommes donc partis la digitalisation des soins non-programmés mais très rapidement nous avons décidé de pivoter vers de la téléconsultation. La réglementation avait changé et avait autorisé le remboursement de la téléconsultation, ce qui représentait une véritable opportunité pour mettre en œuvre notre projet.
Quand avez eu l’idée initiale ?
C’était en septembre 2018 où nous nous sommes dit que la télémédecine était un secteur porteur mais personne n’en avait une connaissance précise, ni les médecins, ni les patients à l’époque. Nous trouvions que celle-ci répondait à des problématiques rencontrées avec les soins non-programmés. L’avantage est qu’elle est abordable pour les patients car elle correspond au prix d’une consultation classique et que pour les médecins, cela correspondait aux nouvelles mentalités car elle possédait le côté flexible, innovant et digital. Et finalement, tous les « astres » se sont alignés pour que les patients et les médecins s’y intéressent.
Quand a eu lieu le lancement ?
Nous avons lancé en janvier 2019 un pilote avec la possibilité, sur notre site, de faire les téléconsultations. Ensuite nous est venue l’idée pour favoriser l’accès aux soins d’installer des bornes et des cabines de téléconsultation partout sur le territoire et notamment dans les pharmacies. Nous avons commencé par installer quelques pharmacies en Île-de-France et en septembre 2019 à commercialiser nos bornes et cabines de télémédecine. Nous sommes finalement à la fois BTOC et BTOB car les patients peuvent aller sur notre site ou faire une demande dans une cabine ou sur une borne de téléconsultation dans une pharmacie ou à la mairie. Aujourd’hui, nous avons équipé près de 800 pharmacie en France soit en bornes soit en cabines. Nous sommes devenus les leaders dans ce domaine.
A quel besoin répondez-vous ?
A la suite, nous avons proposé une offre aux pharmaciens qui correspond à leurs besoins et aux besoins de leurs patients. En tant que patient, vous entrez dans une pharmacie. Vous vous adressez au pharmacien en lui disant « là je tousse, qu’est-ce que je peux prendre ? » et là vous ajoutez « je n’ai pas trouvé de médecin ». C’est compliqué de trouver des médecins dans les déserts médicaux et notre solution permet aux pharmaciens de proposer une téléconsultation. Ce déploiement d’une offre de soins digitalisée et territorialisée est unique en France. Il permet de répondre au plus près aux demandes de soins des patients, dans les territoires, et ce conformément à la règlementation et aux souhaits des pouvoirs publics. Ainsi, les patients seront pris en charge dans le respect des différents avenants aux conventions médicales, et pourront être réintégrés au sein du parcours de soins.
Les cabines ont dû demander un gros effort technique ?
Oui car nous avons tout internalisé. C’est nous qui assemblons les bornes, avons créé le logiciel et intégré les objets connectés à celui-ci. Nous avons tout créé à partir de zéro et cela nous a finalement permis de créer un parcours utilisateur extrêmement simple et qui correspond aux besoins du terrain. Cela offre la possibilité à une personne non-technophile de se retrouver devant la borne avec un parcours facile à suivre. Nous nous sommes mis à la place des patients pour comprendre au plus près leurs problématiques.
Quelles ont été les grandes étapes depuis que vous vous êtes lancés ?
L’idée était d’aller le plus vite possible. La réglementation pour les pharmacies venait de sortir et nous sommes arrivés juste au bon moment. Celle-ci autorisait les pharmaciens à recevoir des subventions et des rémunérations pour l’installation d’une borne de télémédecine, ce qui représentait une opportunité. Par conséquent l’enjeu, c’était d’aller vite, de solidifier le produit, la techno et l’offre commerciale. Il s’agissait d’avoir un positionnement qui avait du sens et de renforcer notre service médical qui a toujours été une proposition de valeur. Certainement parce que deux des trois associés sont médecins.
Je suppose qu’il y a eu une accélération avec la Covid ?
Exactement. Du jour au lendemain les médias ont commencé à parler de télémédecine. Beaucoup de règles ont été déverrouillées et cela a vraiment favorisé le déploiement de la télémédecine telle qu’elle existe aujourd’hui. Cela s’est pérennisé à cause des différentes vagues. S’il n’y avait eu uniquement qu’un pic, je ne sais pas si cela aurait été pérennisé de façon aussi rapide mais cela aurait, tout de même, donné un coup de booster. En tout cas avec une seule vague, c’était déjà entré dans les mentalités. Alors avec une troisième voire une quatrième, c’est devenu une évidence dans l’esprit des Français.
Les déserts médicaux, un problème national
Alors que le nombre de médecins baisse fortement, l’accès aux soins pour tous et partout sur le territoire est plus que jamais au cœur des préoccupations des Français. Beaucoup de praticiens arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite et les nouvelles générations ne sont pas assez nombreuses pour compenser ces départs.
Pour les patients, ceci se traduit par des difficultés croissantes à trouver un médecin traitant. Ceux qui en disposent obtiennent difficilement des consultations sans rendez-vous et voient dans tous les cas les délais d’attente s’allonger.
Vous venez de lever 40 millions pourquoi ?
Il s’agit d’accélérer notre développement car la levée nous permet de nous déployer beaucoup plus rapidement sur le territoire des bornes ou des cabines que ce soit dans les entreprises, les mairies, les pharmacies ou encore les collectivités territoriales. Il nous faut pour réaliser notre défi recruter toutes les équipes au niveau marketing, technique… L’idée c’est de donner une accélération très forte à notre modèle qui fonctionne bien et devenir celui de l’avenir.
La levée de fonds, une reconnaissance de sa croissance exceptionnelle sur un marché à fort potentiel, dans la lignée du Plan Ma Santé 2022.
La levée de fonds de 40 millions d’euros permettra à MEDADOM de mailler l’intégralité du territoire par son réseau de bornes et cabines médicales télé-connectées : près de 25 000 dispositifs sont en préparation de déploiement d’ici 2024. Dans le cadre de la poursuite de sa croissance, MEDADOM prévoit également de recruter près de 250 salariés.
Quels ont été les défis que vous avez rencontrés ?
Les défis ont d’abord été sur l’utilisation car quand nous sommes arrivés sur le marché il n’y avait pas encore la Covid. Personne ne savait ce qu’était une téléconsultation donc nous avons eu beaucoup de difficultés à convaincre les médecins à se mettre à la télémédecine. Les patients avaient peur et ils se demandaient comment ferait le médecin s’il ne pouvait pas les toucher ou encore comment obtenir l’ordonnance. Il y avait beaucoup de sensibilisation à faire aussi bien auprès des médecins que des patients.
Une grande majorité des médecins étaient contre la téléconsultation.
Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés contraints par la COVID. Finalement, tout le monde se trouve du processus et l’applique aujourd’hui. Il faut prendre conscience qu’il y avait beaucoup de médecins réfractaires à l’époque et que cela s’est débloqué d’un coup. Heureusement, nous sommes arrivés en avance par rapport à cette phase et quand nous regardons un an avant l’épidémie, notre défi était alors de convaincre de la pertinence de notre projet.
Nous avons participé à l’évolution des mentalités en la matière car nous avions déjà réussi à voir un nombre de médecins et de patients. Une fois qu’ils avaient effectué une téléconsultation et qu’ils avaient été rassurés, la téléconsultation allait de soi mais il a fallu travailler sur ce point en amont. C’était une des principales difficultés. Nous avons une proposition de valeur qui est opérationnelle qui est de proposer un médecin en moins de 10 minutes en tiers payant, sans avance de frais ce qui est une offre unique sur le marché. Nous sommes les seuls à le faire et à partir du moment où vous avez une proposition de valeur, cela fonctionne naturellement.
Le patient conscient de la capacité des médecins en téléconsultation
Le patient se rend compte que vous avez effectivement un médecin inscrit à l’ordre des médecins en France, qu’il est compétent, formé à la pratique de la téléconsultation, qu’il délivre les bons documents et qu’il arrive à diagnostiquer à distance. Ils vont naturellement refaire des téléconsultations quand ils en auront fait une fois l’expérience. Le plus difficile cela a été le début car vous devez faire tourner un peu le moteur. Une fois que les patients connaissent, ils en parlent autour d’eux et il y a un effet « boule de neige ». Cette solution technique apportée par la téléconsultation bénéficie aux patients et aux professionnels de santé en limitant la propagation du virus et en démocratisant l’accès aux soins.
Quels vont être vos plus grands défis à venir ?
Cela va être de déployer notre force de vente et de continuer à convaincre les pharmaciens sur le terrain que la télémédecine c’est l’avenir. Ce n’est pas parce que vous l’avez entendu que vous allez acheter une borne du jour au lendemain. In fine, vous en avez besoin car les patients en ont besoin et le service est innovant. C’est un des services que tout le monde proposera demain et que tous les professionnels de santé devront avoir.
Notre défi va être de nous déployer rapidement et de devenir les leaders français voire européens de la télémédecine dans le temps le plus court possible. Il s’agit, pour nous, de remplir notre mission qui est de donner accès à tous, partout sur tout le territoire, que la personne soit technophile ou non, âgée ou jeune, de manière égalitaire à la médecine. Pour le moment nous allons concentrer notre développement en France car il y a beaucoup de territoires à couvrir.
Comment vous êtes-vous répartis les rôles ?
Charles s’occupe particulièrement de la partie RH, des finances et de la partie opérationnelle alors que Elie Dan est plus axé sur la partie médicale et logistique. De mon côté, je suis ingénieur de formation donc c’est plus la partie technique, produits et marketing vers laquelle je suis allé. Au début, nous étions trois et nous faisions un peu de tout. Au fur et à mesure de l’évolution de la société, la répartition s’est faite de manière naturelle en fonction de nos appétences et de nos compétences.
Nous avons à la fois l’ADN médical et digital, ce qui nous permet aujourd’hui d’allier les deux domaines qui se révèle une valeur ajoutée au sein de l’entreprise. D’autre part, nous nous apercevons que même s’il y a beaucoup de travail, avec une vision claire et de la persévérance, cela avance très vite. Nous y croyons à fond et toutes les équipes aussi donc nous ne voyons pas le temps passé. C’est vraiment une question de motivation et de croyance en la mission de l’entreprise qui nous fait avancer plus vite.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris depuis le début ?
Cela dépend de notre parcours à chacun d’entre nous. Pour, ma part, je ne sais pas si on peut parler de surprise mais le constat est que, contrairement à un grand groupe, il faut toujours être dans l’action car le point principal c’est l’action. Si on ne fait rien dans une start-up, il ne se passe rien ! Dans un grand groupe même si on ne fait pas grand-chose la machine fait que les projets avancent.
3 Conseils De Nathaniel BERN
- Croire en sa vision
- Persévérer
- Se remettre en question
Il s’agit, pour nous, de remplir notre mission qui est de donner accès à tous, partout sur tout le territoire, que la personne soit technophile ou non, âgée ou jeune, de manière égalitaire à la médecine.