Interview de Raphaël Di Meglio, cofondateur de l’entreprise Matera, qui a connu une expansion très rapide depuis ses débuts en 2017 et compte aujourd’hui plus de 200 salariés.
Quel a été votre parcours jusqu’à la création de Matera ?
Je sortais tout juste d’école. J’ai fait des études de droit et après une école de commerce et j’ai commencé à entreprendre pendant ma dernière année d’étude. Nous étions alors en 2017 et nous nous sommes lancés avec mes deux cofondateurs, l’un que j’avais rencontré à l’école de commerce et l’autre que nous avons recruté sur LinkedIn car nous recherchions un profil technique pour développer la plateforme.
Comment vous est venue l’idée de créer Matera ?
J’ai acheté un appartement en banlieue parisienne à Saint-Ouen et j’ai rencontré moi-même des problèmes de syndic. C’est-à-dire que je recevais des appels de fonds, un document qui est envoyé par le syndic pour calculer nos charges et qui était assez illisible. J’avais du mal à joindre mon syndic et je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire sur ce secteur.
Quelles ont été les grandes étapes à partir de là ?
Nous avons d’abord commencé par concevoir le produit, lever des fonds, nous développer en France et désormais à l’international puisque nous avons ouvert un bureau à Berlin. Nous sommes passés de trois personnes en 2017 à 200 aujourd’hui. La levée de fonds de 35 millions d’euros en 2021 n’était pas la première puisque nous en avons réalisé deux autres auparavant. On peut également les considérer comme des étapes.
Nos étapes essentielles ont été de signer notre premier client, ensuite signer notre centième, et aujourd’hui, nous avons 4 500 copropriétés clientes. Il y a également les levées de fonds et le développement en Allemagne. Il y a eu eu d’autres comme des lancements de produits comme notamment le fait de devenir nous-mêmes une néo-banque. En l’occurrence, nous développons une plateforme pour la gestion des immeubles et chaque immeuble doit avoir un compte de paiement par immeuble. Nous avons obtenu une autorisation auprès de l’ACPR pour devenir nous-mêmes une néo-banque et permettre à nos clients de gérer l’argent de la copropriété directement sur la plateforme. Il s’agissait d’un énorme enjeu technologique.
Quelles ont été les levées de fonds successives ? À quoi ont-elles servi ?
Nous avons réalisé une première levée de fonds, ce qu’on appelle en seed de 1,5 million d’euros. Ensuite, nous avons fait une série A de 10 millions d’euros et dernièrement la série B de 35 millions d’euros. Les levées de fonds ont servi au développement de la société, à la fois en termes de développement de la plateforme puisqu’il fallait recruter des développeurs pour améliorer le produit constamment et aussi en termes de commercial pour effectuer les dépenses en marketing et recruter des commerciaux. Il s’agissait également lors de ces levées de fonds de nous développer en termes de parts de marché. Enfin, elles ont également servi à recruter des experts, des gens en supports, des juristes, des comptables et certaines personnes du bâtiment pour accompagner nos copropriétaires.
Vous avez réussi à vendre tout de suite ou vous avez rencontré des difficultés au début ?
Nous avons réussi à tout de suite vendre. Il y a toujours eu énormément d’appétence pour notre produit et notre modèle. Je pense que les difficultés que nous rencontrons sont plus liées à la réglementation et à la complexité du fait de pouvoir changer de modèle de syndic en France. C’est un marché qui est très sclérosé par le fait qu’il faille réaliser une assemblée générale avec une convocation qui est envoyée par le syndic, un vote en assemblée générale. Finalement, la procédure est très lourde pour des contrats qui vont parfois jusqu’à trois ans de durée.
Quels sont les principaux avantages aujourd’hui de votre solution par rapport à une autre ?
Il y en a deux principales. La première, c’est que les problèmes de la copropriété sont résolus plus rapidement, car nous aidons à trouver des solutions dans un temps record, pour les fuites d’eau, les problèmes d’ascenseur, les problèmes qui peuvent exister dans la copropriété. La deuxième, c’est de faire des économies dans la copropriété. En moyenne, sur notre parc client, il y a 30 % du budget total qui est économisé par rapport à ce qui se faisait.
Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées depuis le début ? Comment les avez-vous surmontées ?
La principale difficulté, c’est le comportement des acteurs traditionnels qui, pour conserver leurs contrats, ne respectent pas toujours les lois et les procédures. Nous avons un département juridique et nous travaillons avec des avocats pour faire respecter nos droits et ceux des copropriétaires. Nous avons réussi ce tour de force en internalisant les juristes pour réagir efficacement face aux pratiques du secteur.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris depuis que vous avez monté votre boîte ?
Qu’est-ce qui m’a le plus surpris ? C’est le décalage entre le discours des acteurs existants sur le marché et la réalité du terrain. C’est-à-dire qu’il existe un énorme décalage entre ce que comprennent les acteurs traditionnels et ce que les copropriétaires attendent en termes de qualité de service. Ils n’ont pas du tout de vision sur ce qu’attendent les copropriétaires.
Quels vont être les futurs défis à venir ?
C’est continuer à grandir sereinement et de manière efficace. D’ici à la fin de l’année, nous aurons 8 000 copropriétés clientes. Il faut donc réussir à recruter, bien exécuter, placer notre argent comme il faut et continuer à grandir sereinement. Il s’agit de continuer à grandir tout en maintenant notre satisfaction client et notre exécution et nous développer en Allemagne.
Pourquoi ce pays en particulier ?
Parce que c’est le pays avec la France qui a la plus grande taille de marché en Europe. Il y a 800 000 immeubles en copropriétés en Allemagne. Il y a un avantage certain dans ce pays, c’est que les copropriétaires peuvent prendre une décision à l’unanimité hors assemblée générale. Si tous les propriétaires sont d’accord, ils peuvent devenir client Matera sans passer par une assemblée générale.
Vous avez grandi assez vite puisque vous êtes déjà à 200 personnes au bout de quatre ans. Est-ce que ça a été facile d’intégrer toutes ces personnes au sein de l’équipe ?
Cela s’est fait de manière plutôt saine, puisque nous avons une équipe assez forte. Les gens sont animés par la mission de faire passer des copropriétaires insatisfaits dans leur situation précédente à des copropriétaires particulièrement heureux d’avoir plus de transparence et d’efficacité. Ce sont des choses qui soudent tout le monde et qui permettent aux gens de s’intégrer très rapidement.
Quelles sont les grandes valeurs de l’entreprise ?
Notre proposition de valeurs se résume un peu par une copropriété heureuse. Nous voulons vraiment permettre aux gens de bien gérer leur logement, de manière efficace et transparente. Cela, nous voulons le faire en France et en Europe et c’est ce qui nous anime aussi mutuellement.
« On veut vraiment permettre aux gens de bien gérer leur logement, de manière efficace et transparente. Cela, nous voulons le faire en France et en Europe et c’est ce qui nous anime aussi mutuellement. »
4 questions à François Xavier Préaut, Directeur Général d’Outbrain France, dont la solution est utilisée par Matera pour se faire connaître
- Dans quel cadre intervient votre collaboration ?
Notre collaboration intervient au niveau du « discovery ». Qu’est-ce que c’est ? C’est l’inverse du search, c’est-à-dire que nous mettons les internautes dans des situations où ils découvrent des choses qui sont susceptibles de les intéresser et qu’ils ne connaissent pas encore. C’est finalement l’inverse de quelque chose que tout le monde connaît, qui s’appelle le « search », plus communément appelé la recherche qui s’effectue généralement via les moteurs de recherche tels que Google. Nous sommes très heureux puisqu’en fait, nous collaborons beaucoup et de plus en plus avec des start-up comme Matera, même si ce ne sont plus vraiment des « startups » au sens des premiers pas. Ce sont les nouvelles licornes qui seront les futurs géants de demain. Nous les aidons finalement à accélérer plus fortement, à s’engager efficacement et rapidement à trouver des nouvelles audiences, à être connus, à lutter contre un certain déficit d’image puisqu’ils ne sont pas encore suffisamment gros pour être connus de tous. C’est-à-dire que peu de gens connaissent déjà Matera et ils ont besoin de recontrer un nouveau public. Certes, la notoriété commence à apparaître mais cela prend du temps et les internautes ne cherchent pas forcément à découvrir le nouveau modèle du syndic. - En quoi consiste exactement votre action ?
C’est notre job à Outbrain d’aller sur TF1 ou voir Le Monde pour expliquer aux internautes que « Matera révolutionne le concept du syndic » et de dire « Découvrez-le ». Ce qui est très intéressant, c’est que d’une certaine manière, un peu comme Google à l’époque, il y a un temps pour créer les futurs géants de l’e-commerce. Nous espérons participer à aider les nouveaux acteurs très agiles à devenir des géants. Nous ne sommes, bien évidemment, pas l’unique outil car Matera est déjà présent en télé. - Quel est l’apport principal pour eux ?
Nous sommes engagés avec eux et cela marche plutôt bien parce que nous avons une force de frappe très importante et nous pouvons délivrer des millions de visiteurs très efficacement. Pour citer un « case study » que nous avons publié ensemble avec Matera, nous arrivons même à délivrer des taux de conversion et des leads plus efficaces que les réseaux sociaux comme Facebook. Nous sommes souvent deux à trois fois plus efficaces. Nous touchons des audiences CSP+ qui ont un panier moyen intéressant et qui correspondent probablement à la cible de Matera. Notre intervention se réalise dans tous les grands groupes médias du monde entier. C’est cela d’ailleurs, l’intérêt pour une société comme Matera, surtout si vous avez des ambitions très internationales. Notre plateforme l’est, donc si demain, ils veulent révolutionner les syndics aux USA par exemple, nous pouvons capter les internautes de CNN, du Washington Post,… Évidemment cela fonctionne en Europe également. Nous lançons des actions d’ailleurs en Allemagne en ce moment avec Matera. Nous avons commencé avec eux par la France et désormais nous nous implantons plus fortement dans un pays où nous sommes bien installés. Notre action finalement se déroule sur les sites web, mobiles, les applications… - Cela se passe comment concrètement ?
Une fois que l’internaute a consulté un premier article, nous lui faisons découvrir d’autres contenus avec un flux de recommandations à la façon des réseaux sociaux. C’est là où un annonceur comme Matera va pouvoir s’afficher et être présent dans le flux de recommandation. Cette action ne s’arrête pas au site média, mais s’étend aux différents types de supports comme des sites e- commerces, des opérateurs téléphoniques… Notre enjeu, c’est de générer des découvertes auprès des internautes partout où c’est possible de le faire.