Pour une mère chef d’entreprise, l’équilibre entre les trois mandats de femme, mère et chef d’entreprise représente un réel enjeu. Dans les faits, cet équilibre n’est pas a priori toujours vérifié sur le plan quantitatif mais bien souvent, compensé sur l’aspect qualitatif.
Le « mandat » de chef d’entreprise
Ce mandat occupe la majeure partie de la journée, voire la soirée. Les journées démarrent aussi très tôt par des plages horaires consacrées aux réseaux, qui sont de mise dans le « pack chef d’entreprise » (petits déjeuners business, participations à des tables rondes, ou à une sélection de dossiers dans des jurys).
Après une journée de travail, au bureau ou en clientèle, la femme chef d’entreprise est sollicitée bien davantage que l’homme, pour des raisons de parité, de quotas ou tout simplement parce que le nombre de femmes chefs d’entreprise demeure plus restreint. Ainsi, elle se retrouve systématiquement dans les fichiers d’invitations. Les journées se prolongent donc par des cocktails, des remises de trophées ou encore par des soirées de clubs de dirigeants.
Le « mandat » de femme
Ce mandat est double : celui de la femme épouse et celui de la femme amie. Il faut donc faire au mieux avec le temps qu’il reste pour remplir ce mandat. S’il n’existe pas de règles précises, il demeure, toutefois, essentiel de se garder du temps pour soi. Qu’il soit question d’une simple séance en salle ou de running, ou encore d’un soin bien-être en institut tel qu’un massage, ces activités permettent de se ressourcer lorsqu’on est sujet, régulièrement, au stress, face à une charge de travail conséquente. « Ces moments de solitude permettent aussi de prendre du recul sur les dizaines de sujets à traiter et favorisent la créativité ainsi que la clairvoyance dans les futures décisions à prendre », explique Claire Lanneau, fondatrice de Babychou. Se faire plaisir est également synonyme de disponibilité. Un détail d’autant plus important lorsqu’on a un conjoint et/ou des enfants. Pour les autres, prendre du temps pour soi peut aussi, et tout simplement, signifier : voir ses amis, ses proches !
Le « mandat » de mère
Comme les instants passés en famille sont plus rares, il faut apprendre à consacrer des jours ou des moments pour lesquels on n’acceptera aucune sollicitation. Ainsi, par exemple, réserver deux soirées par semaine pour arriver à l’heure du dîner mais aussi le déjeuner du mercredi pour manger avec les enfants puis les accompagner à leurs clubs de sport. Les week-ends également, consacrer le maximum de temps aux enfants.
Vous l’aurez bien compris, gérer ces 3 mandats n’est pas chose aisée ! Mais le secret est de se fixer des règles : savoir faire preuve de souplesse, utiliser tous les outils et les moyens qui peuvent vous faciliter la vie (PC, téléphone portable, GPS, PDA).
Le secret est de trouver une personne dévouée et de confiance qui garde vos enfants pour leur assurer un relais affectif, déléguer le soutien scolaire, entretenir un vivier de baby-sitters, prendre un « personal assistant » pour gérer l’administratif, souscrire un abonnement illimité pour les dépannages informatiques et le bricolage, faire ses courses sur internet. Il ne faut surtout pas tenter de se prendre pour « Wonder Woman » en voulant tout assumer : ceci nécessite à la fois d’accepter de confier et de déléguer, mais aussi d’investir financièrement. Pour autant, cette solution est fortement préconisée.
Pour décider de déléguer ou non, un concept très simple : j’aime ou je n’aime pas ? Je sais faire ou non ? J’apporte une valeur ajoutée ou non ? Par exemple : je n’aime pas faire le ménage, donc je délègue, une sortie de classe de mes enfants est organisée, j’aime leur faire plaisir, donc je fais. Il s’agit de fixer des règles de bon sens et de s’y tenir.
Enfin, pour garder l’équilibre entre les mandats, un dernier conseil : il serait peut-être bon d’avoir la sagesse d’inverser régulièrement les priorités entre les trois afin de n’en négliger aucun, et que ceux-ci puissent durer et cohabiter : exercice difficile mais non impossible !
Conseils !
• Il faut absolument savoir prioriser pour ne pas se laisser envahir et se préserver ; la sélection se fait en fonction des engagements entrepreneuriaux, sociétaux ou bien des différentes implications et investissements dans ses clubs et ses associations. Le tri doit également prendre en compte l’intérêt de la sollicitation. Enfin, le lieu géographique est un critère déterminant ; en effet, en tant que mère, pouvoir faire un détour par la maison pour embrasser ses enfants entre le bureau et un cocktail si le lieu de rendez-vous est proche de votre domicile va influencer le choix de votre participation.
• La femme chef d’entreprise doit ,par définition, garder la forme au quotidien – être pétillante, dynamique, positive puisqu’elle représente l’image et le baromètre de son entreprise. N’allez donc jamais à un cocktail si vous observez une baisse de forme.
Au final, gérer ces différents mandats renvoie à « équilibrer, à faire des réglages en permanence et à ne jamais se sentir contraint d’accepter quelque chose que l’on a pas décidé soi-même ou en collaboration avec ses équipes », conclut Claire Lanneau. À méditer !
L’exemple de Sandra Le Grand : un mandat plus fort que les autres
« Si un mandat devait avoir une prépondérance sur les deux autres, je mettrais en priorité mon rôle de maman. J’ai créé ma société quand mes enfants avaient respectivement un et trois ans, ce qui s’est avéré être un bon choix. À cet âge-là, les enfants dorment, mangent, gazouillent. Entre six et quatorze ans, en revanche, ils ont énormément besoin de vous et vous sollicitent pour les emmener au sport, chez des copains, pour les inscrire à des stages ; ils réclament une grande écoute, sont sensibles au suivi scolaire ou à votre présence à une sortie d’école. À défaut de pouvoir aller les chercher à 16h30, le pain au chocolat dans le sac à main ! Avec les enfants, il y a certains rituels ou rendez-vous qui revêtent une importance extrême à leurs yeux et que nous nous devons de respecter : être présent le jour choisi pour déjeuner avec eux, organiser leur anniversaire, aller aux fêtes d’école et surtout, ne pas trouver de mauvaises excuses pour se décommander. »
L’exemple de Bertile Burel : un équilibre du couple
(Interview extrait de « Être entrepreneur aujourd’hui ». Editions Eyrolles)
« Je ne suis pas forcément un bon exemple de la séparation vie privée et vie professionnelle car je suis mariée à mon associé. La vie privée peut devenir professionnelle et inversement. Personnellement, je ne fais pas de différence entre les deux. J’ai beaucoup de mal à travailler hors du bureau alors que James, n’arrête pas vraiment de travailler qu’il soit au bureau ou non. Le meilleur moyen de déconnecter c’est d’avoir des enfants car ils requièrent 100 % de notre attention et cela fait penser à autre chose. J’ai bien sûr d’autres occupations et activités mais je trouve qu’en tant qu’entrepreneure il y a moins de différence. Un des avantages de l’entreprenariat, c’est que l’on peut ramener notre vie privée au boulot et on peut gérer sa vie professionnelle à distance. Pour moi, le meilleur exemple, c’est celui de Richard Branson qui ne fait aucune différence. Si on regarde mon emploi du temps, on s’aperçoit qu’à certains moments c’est le travail, à d’autres c’est le jeu et parfois le travail plus le jeu. En revanche, je suis convaincue qu’il faut prendre de la distance par rapport à ce que l’on fait et que le travail ne doit pas devenir obsessionnel. La règle reste d’avoir une vie équilibrée avec des passions, des amis, des relations. Au final, plus que lever la frontière c’est de faire soi-même le break, d’avoir d’autres centres d’intérêt. »