Manager des freelances et des salariés : mêmes règles ou approche différente ?

Dans le paysage actuel des entreprises, où la flexibilité et l’adaptabilité sont souvent la clé de la réussite, de plus en plus de dirigeants jonglent avec des équipes composées à la fois de salariés et de freelances. Cette tendance se renforce particulièrement avec le développement du télétravail et la montée en puissance des plateformes de freelances. Si cette configuration permet de profiter des avantages de la flexibilité, elle soulève également une question importante : faut-il adopter une approche différente pour manager des freelances et des salariés, ou bien les mêmes règles s’appliquent-elles à tous ?

La question mérite d’être examinée de près. Les managers doivent-ils ajuster leur style de gestion en fonction du statut de leurs collaborateurs ? Ou bien les principes fondamentaux du management, tels que la motivation, la communication et l’engagement, sont-ils les mêmes pour les deux types de travailleurs ?

Un cadre légal et contractuel différent

Tout d’abord, il convient de rappeler que la différence fondamentale entre un salarié et un freelance réside dans leur relation contractuelle avec l’entreprise. Le salarié bénéficie d’un contrat de travail, souvent à durée indéterminée, avec des obligations et des droits définis par le Code du travail. Il travaille sous la direction de son employeur, qui lui impose un cadre précis concernant son emploi du temps, ses missions et ses objectifs. En revanche, le freelance est un travailleur indépendant, qui intervient pour une entreprise dans le cadre d’une mission bien précise, généralement via un contrat de prestation de services. Il a donc plus de liberté, tant en termes de gestion de son temps que de choix des missions.

Cela implique, en toute logique, une première différence de management. Le salarié est intégré dans une structure hiérarchique où la relation est souvent plus directe et impliquante. Le freelance, de son côté, conserve son autonomie. C’est ici que le rôle du manager prend toute son importance : il doit gérer cette diversité tout en respectant les particularités de chacun.

La question de la communication : entre supervision et autonomie

Lorsque l’on manage des freelances, la communication prend une forme bien particulière. Contrairement à un salarié, qui évolue généralement dans un environnement de travail où la communication est quotidienne et informelle, le freelance doit souvent être guidé par des échanges plus structurés et formalisés. En effet, le freelance, en raison de son indépendance, a une relation plus distante avec l’entreprise et nécessite parfois des retours plus réguliers et explicites sur l’avancement de ses missions.

Une étude de la plateforme Malt, réalisée en 2023, révèle que 68% des freelances jugent une bonne communication avec leurs clients essentielle à la réussite de leur mission. Cette étude souligne également que la fréquence des échanges, et en particulier la clarté des attentes et des objectifs, est un élément central pour garantir l’efficacité du freelance.

Ainsi, pour un manager, cela signifie qu’il doit instaurer un mode de communication bien précis avec ses freelances, en s’assurant de bien définir les attentes dès le début de la mission. En revanche, pour les salariés, la communication peut être plus informelle, en raison de la proximité physique et des interactions quotidiennes dans l’entreprise. Bien sûr, la communication reste importante pour les deux types de collaborateurs, mais elle prend des formes et des rythmes différents.

La gestion des objectifs : une approche commune ou spécifique ?

La gestion des objectifs est un autre domaine où les différences entre freelances et salariés se font sentir. Pour un salarié, les objectifs sont souvent définis dans le cadre d’une évaluation de performance annuelle et sont généralement alignés avec la stratégie de l’entreprise. La réévaluation des objectifs se fait sur une période plus longue et, souvent, sur une approche collective, au sein d’une équipe ou d’un département.

Pour un freelance, la gestion des objectifs est plus ponctuelle. Les missions sont souvent à court ou moyen terme, et les objectifs doivent être précis et mesurables, car les freelances sont rémunérés par mission. Une étude menée par BPI France en 2023 montre que 53% des freelances préfèrent travailler sur des missions à court terme, car cela leur permet de mieux maîtriser leur emploi du temps et de s’adapter à des projets variés. Cette temporalité plus courte impose aux managers une approche plus agile et dynamique, pour garantir que les objectifs sont clairs et atteignables dans un laps de temps défini.

Pour les managers, cela implique d’adopter des méthodes différentes. Pour les salariés, des évaluations régulières et des réunions d’équipe sont souvent suffisantes pour suivre l’évolution des projets. Mais pour les freelances, des points de contrôle fréquents et une clarification des attentes dès le début de la mission sont nécessaires. Le manager doit savoir adapter son approche, avec une souplesse accrue dans le suivi des freelances.

La motivation et l’engagement : des leviers à ajuster

L’une des difficultés majeures dans la gestion des freelances est la question de la motivation et de l’engagement. Les freelances, bien qu’ayant la liberté de travailler pour plusieurs clients en même temps, peuvent parfois manquer de l’implication émotionnelle que l’on trouve chez les salariés. En effet, un salarié est souvent plus intégré dans la culture de l’entreprise et bénéficie d’une relation à long terme avec son employeur, qui crée un engagement plus profond envers les objectifs de l’entreprise.

Pour un freelance, la motivation est principalement extrinsèque : elle réside dans la rémunération, le type de mission et la réputation professionnelle. Le manager doit donc prêter une attention particulière à ces éléments pour maintenir l’implication du freelance, en lui offrant des missions stimulantes et en valorisant son expertise. L’instauration d’un cadre de travail flexible, où les freelances peuvent évoluer à leur rythme tout en respectant les objectifs, est également un facteur de motivation important.

Pour les salariés, l’engagement peut être renforcé par la culture d’entreprise, les avantages sociaux, les opportunités de développement de carrière, et un environnement de travail stimulant. Le manager aura ici un rôle important en termes de gestion de l’équipe, de reconnaissance du travail et de mise en place d’un environnement collaboratif.

La fidélisation : une approche bien différente

La fidélisation des salariés repose souvent sur des leviers traditionnels : augmentation de salaire, évolution de carrière, avantages sociaux, etc. Pour un freelance, la fidélisation est un enjeu différent. Comme le freelance travaille avec de nombreux clients, la fidélisation repose davantage sur la qualité des missions, les relations de confiance et la récurrence des missions.

Une étude de l’Observatoire des Freelances réalisée en 2023 montre que 42% des freelances estiment que leur relation avec leurs clients à long terme repose avant tout sur la clarté des missions et la reconnaissance de leurs compétences. Le manager doit donc, pour fidéliser un freelance, veiller à maintenir une relation de confiance, à offrir des missions intéressantes et à reconnaître la valeur de son travail.

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