Le management à la cool a voulu prendre le contrepied des siècles de hiérarchie et d’autorité pyramidale, de l’entreprise dite familiale qui avait pignon sur rue et qui donnait des droits aux dirigeants et qui par leur seule présence intimait l’obéissance. Aujourd’hui il est nécessaire de remettre l’humain et son potentiel au cœur des entreprises car si souvent l’ignorance a permis de laisser la hiérarchie s’imposer, aujourd’hui avec les multiples canaux de l’information, l’éducation offerte à tous, chacun peut regarder l’entreprise et son travail d’une autre manière. Et pour les dirigeants de cette nouvelle époque, manager n’est guère une sinécure.
Le management, l’art de diriger les hommes, fait partie des fondamentaux de l’entrepreneuriat. Il est des managers nés tandis que d’autres, pourtant non dénués de qualités relationnelles, auront plus de mal à se positionner vis-à-vis de leurs collaborateurs. L’importance du bien être en entreprise et l’esprit start-up peuvent laisser à croire que le « management à la cool » constitue la solution idéale pour mener les hommes et les femmes de la boîte vers un objectif commun. Vraie fausse bonne idée ?
Les temps ont changé
La société a évolué et avec elle les rapports en entreprise. Les salariés sont devenus des collaborateurs et leur épanouissement est un objectif essentiel pour la réussite de l’entreprise. Le temps des barons de l’industrie est révolu. Ces entrepreneurs pratiquaient la plupart du temps un management empreint de distance et d’autorité. Si dans la tradition démocrate-chrétienne, certains de ces barons ont œuvré pour améliorer le quotidien de leurs salariés, leur paternalisme ne laissait cependant aucune place à l’initiative personnelle au sein de l’entreprise. Pire, les rapports sociaux étaient encore empreints d’une lutte des classes aiguës. Aujourd’hui certaines structures sont plus petites, les salariés beaucoup plus instruits et la matière grise une valeur fondamentale de l’entreprise.
L’esprit start-up, forgé par de très jeunes entrepreneurs, s’apparente bien souvent au commencement à une bande de copains animés par une passion commune. La tentation est grande de passer d’un extrême à l’autre, c’est-à-dire de l’autorité paternaliste au management détendu voire autorégulé !
Une entreprise a besoin de leadership
Le management c’est avant tout composer avec des personnalités et des talents différents. Il s’agit comme dirait Rabelais de tirer la substantifique moelle de chacun au service de la réussite collective. Cet art est d’autant plus facile qu’il s’applique à un nombre très restreint d’individus. Mais voilà, vient le temps où il faut grandir ! Avec l’accroissement de l’effectif, la maturité du projet et les incontournables choix non consensuels, la nécessité du leadership s’impose chaque jour de façon évidente. En l’absence de ce dernier, la paralysie s’installe dans une recherche vaine de consensus introuvables. Pire, les situations conflictuelles, inhérentes à tout groupe humain, ne sont pas tranchées et risquent de prendre des proportions injustifiées et conduire l’entreprise à l’échec. Une entreprise demeure avant tout une société avec des objectifs commerciaux qui imposent des choix clairs et rapides., avec des obligations juridiques et fiscales.
Partir du bon pied
Il est important dès le début de l’aventure de construire son leadership. L’installer en cours de route s’apparenterait à un changement de posture peu crédible. Il s’agit de savoir poser les limites autant avec les collaborateurs associés que les autres salariés. Ne craignez point de vous affirmer naturellement. Le leadership n’empêche nullement la convivialité et il n’est point une dictature d’entreprise. Il rassure plus qu’il n’insupporte. Vos collaborateurs apprécieront d’avoir un boss qui sait trancher et initier un cap précis. Le flou et le mou sont les ennemis de la bonne gouvernance !
Le management à la cool n’est tout simplement pas du management. Il s’agit tout au plus d’une posture pour le groupe et pour le projet. Il est confortable pour ceux qui par nature ont du mal à imposer leur leadership mais place tôt ou tard la relation avec les collaborateurs dans une zone inappropriée.
Le management à la cool supprime souvent les frontières entre travail et loisir, et plus largement entre vie professionnelle et vie personnelle. Si la flexibilité des horaires ou le nomadisme semblent appréciables et appréciés, ils génèrent souvent le fait de ne pas se déconnecter et donc à la longue s’avérer néfaste pour le collaborateur et pour l’entreprise.