Les licornes à impact (ou « impact unicorns » en anglais) sont des entreprises à croissance rapide qui ont pour objectif de générer un impact social ou environnemental positif tout en réalisant des bénéfices financiers. Valorisées à plus d’un milliard de dollars et ayant moins de 10 ans d’existence, elles sont souvent financées par des investisseurs en capital-risque qui sont à la recherche de rendements élevés sur leur investissement.
La distinction licornes et licornes à impact
Elles se distinguent ainsi des entreprises traditionnelles qui cherchent principalement à maximiser leurs profits. Certaines des licornes à impact les plus connues sont des entreprises telles que Tesla, Patagonia, Beyond Meat, ou encore Airbnb. Ces entreprises ont réussi à concilier impact social ou environnemental positif avec une croissance économique rapide, ce qui a contribué à leur succès. Elles peuvent opérer dans différents secteurs, tels que l’énergie propre, l’agriculture durable, la santé, l’éducation, etc. Elles cherchent surtout à résoudre des problèmes sociaux ou environnementaux en proposant des solutions innovantes et durables. Par ailleurs, elles apparaissent comme les fers de lance dans la transition vers une économie plus durable et équitable. Elles montrent qu’il est possible de générer des bénéfices financiers tout en ayant un impact positif sur la société et l’environnement.
Un nouveau critère de valorisation
Désormais la question se pose d’une nécessité de développer de nouveaux critères de valorisation pour les entreprises, afin de mieux refléter leur impact social et environnemental ainsi que leur capacité à créer de la valeur à long terme. Il faut dire que les critères de valorisation traditionnels, tels que le bénéfice net, le chiffre d’affaires ou le multiple de valorisation, ne prennent pas en compte celui-ci. Ils ne tiennent pas non plus compte de la capacité d’une entreprise à créer de la valeur à long terme, au-delà des bénéfices financiers à court terme.
Des critères de valorisation alternatifs, tels que la création de valeur partagée, la mesure de l’impact social et environnemental, ou encore l’analyse de la durabilité financière et environnementale, sont en train d’émerger. Ces critères permettent de mieux évaluer la performance globale d’une entreprise, au-delà de ses seuls résultats financiers. De plus en plus d’investisseurs, de régulateurs et de consommateurs y attachent de l’importance. Cette pression est en train de transformer le paysage de l’investissement et de la gestion d’entreprise, en faveur d’une approche plus durable et responsable. Les entreprises qui parviennent à intégrer ces critères de valorisation alternatifs dans leur stratégie ont de plus en plus de chances d’obtenir des financements.
De nouveaux indicateurs apparaissent.
Dans le deuxième volet d’une étude de BCG et du Mouvement Impact France, en collaboration avec le Laboratoire d’Evaluation et de Mesure de l’Impact Social et Environnemental (E&MISE) de l’ESSEC Business School, de nouveaux indicateurs concrets pour quantifier la création de valeur pour la société de ces start-ups sont en train d’émerger. Parmi eux, celui du montant des coûts que ces entreprises évitent à la société, ramenés en euros. On pensera notamment aux coûts épargnés en évitant l’émission de tonnes de CO2 ou en sortant une personne du chômage. Sur les entreprises du panel étudiés, le constat est qu’elles permettent (en moyenne) d’éviter « des coûts équivalents à 30 % de leur chiffre d’affaires ».
Mais pourquoi ce nouveau critère peut-il être pris en compte ? Déjà parce que les engagements pris par la France, notamment au niveau européen (Green deal européen, CSRD, objectifs du développement durable) vont inciter les états à favoriser ce genre de projet qui devront se déployer à grande échelle. Elles bénéficieront donc surement de politique fortement incitative qui devrait leur permettre de répondre avec la force et le timing adéquat aux objectifs. Selon Quentin Decouvelaere, Directeur Associé au BCG et co-auteur de l’étude « L’indicateur des coûts évités amorce un changement de paradigme en ce qui concerne la valorisation financière des start-ups à impact. Il nous permet de quantifier concrètement la valeur ajoutée de ces entreprises pour la société, en les évaluant sur le cœur de leur raison d’être : l’impact environnemental et social. »
Quelques mesures qui pourraient favoriser le changement
De cette étude, 3 propositions ont émergé pour aider les licornes à impact à émerger et notamment :
- une partie des fonds de France 2030 devrait aller directement vers les start-ups à impact
- la mise en place d’un programme spécifique dit « Next Impact » par la French Tech.
- l’apparition d’un nouveau statut de « Jeune Entreprise à impact » à l’instar du statut Jeune Entreprise Innovante, permettant de bénéficier de crédit d’impôt sur leurs cotisations sociales qui serait proportionnel au montant annuel des coûts évités.
Mais quand verrons-nous ces mesures ?