Sans cesse mise en avant, la solitude du dirigeant semble faire partie intégrante de la mission du dirigeant. Comment assumer le fait de devoir être sur tous les fronts, de tout harmoniser, de prendre les bonnes décisions… et tout cela seul ? Conseils et quelques expériences de ceux qui nous enchantent par leur réussite et leur modestie.
1. S’associer avec le meilleur
Avoir un ou plusieurs associés est le meilleur moyen pour alléger le poids de la solitude. Cela permet de partager avec au moins une personne de confiance, et engagée autant que vous dans le projet, vos doutes et questionnements.
2. Fréquenter un club d’entrepreneurs
Les rencontres, soirées business et autres conférences sont autant d’occasions pour le dirigeant de fréquenter ses pairs. Bonne façon de se sentir moins seul dans l’aventure entrepreneuriale.
3. Se confier à son entourage
Votre entreprise connaît des difficultés ? Il vous sera difficile alors de vous confier sur votre peur ou sur le stress que vous ressentez à votre banquier ! Cherchez plutôt à parler avec votre meilleur ami ou votre conjoint(e). Ils auront le recul nécessaire pour être de bon conseil.
4. Faire appel à un expert
Vous ne pouvez pas tout savoir tout seul, c’est normal. N’hésitez pas à consulter votre expert-comptable ou un avocat qui vous aideront à prendre les bonnes décisions.
5. Prendre du recul
Pour alléger le poids de la solitude, essayez au maximum de vous sortir la tête du guidon. Vous pourrez ainsi mieux vivre cette solitude et même la percevoir comme un atout.
Andrei Chevtchouk, Chef d’orchestre
« Les musiciens savent très bien jouer sans moi. Mais mon rôle est d’harmoniser les différents instruments et d’apporter ma vision de l’interprétation de l’opéra ou de la symphonie. Je dois guider les musiciens dans cette vision générale. Quand les musiciens sont mal portés, ça se sent. Bien sûr, je sens la pression liée au fait que tout repose sur mes épaules.
Mais avec l’expérience, j’ai acquis de la confiance. Je dirige des orchestres depuis que j’ai 24 ans et il y a certains opéras comme Carmen par exemple sur lesquels j’ai déjà travaillé plus de dix fois ! J’ai appris à ne plus ressentir de trac avant un concert, car le mauvais trac, celui qui est lié à la peur, se transmet aux musiciens, ce qui n’est pas bon. Bien sûr, il y a de la solitude dans mon métier, mais on s’y fait. Lorsqu’on dirige un concert, c’est vrai qu’on est seul, mais on se sent aussi faire partie d’un grand ensemble collectif, avec l’orchestre, le chœur, les acteurs… »
Jérémie Beyou, navigateur en solitaire sur le Vendée Globe
« Je déjà vécu quatre fois l’expérience du Vendée Globe et j’ai fait de nombreuses transats et courses en solitaire. La solitude n’est pas un poids pour moi, au contraire, je la recherche. Sur une course comme le Vendée Globe, on est en autonomie totale et il faut être capable de faire seul les bons choix.
Pour cela, avant de partir, on s’entraîne beaucoup et on prépare la course avec des experts. On cherche un maximum de conseils, on anticipe, on travaille toute la stratégie. Mais, une fois sur le bateau, il faut assumer le fait de porter seul la responsabilité de la course.
S’il y a un souci, il faut être prêt à encaisser et se dire qu’on est seul responsable face à cela. Mais, quand ça fonctionne, c’est très gratifiant, car on sait qu’on doit le succès à personne d’autre que nous. L’important est de bien maîtriser les aspects techniques. Si ce n’est pas le cas, on réduit le potentiel du bateau, on se stresse et on se fatigue, ce qui pousse à prendre les mauvaises décisions. »
Eric Guirado, réalisateur de talent
« Je manie l’expression “se sentir seul” avec prudence car elle est immédiatement soupçonnée de trahir un état mélancolique ou triste, ce qui est loin d’être toujours le cas.
Depuis mes premières expériences de cinéma en court métrage je dois dire qu’en effet je me sens de plus en plus seul face à un film, mais cet état n’est pas permanent. Le travail de réalisateur est constitué de tellement d’étapes qu’on a largement l’occasion d’expérimenter une grande quantité d’états émotionnels différents.
Mais, d’une certaine manière, on ne peut que se sentir seul, puisque pour moi la solitude est la matrice même du désir et du besoin de faire un film. La solitude, ni je la recherche, ni je la fuis, elle est là comme compagnon parfois un peu lourd, parfois plus léger. Je pense qu’il est essentiel d’être le seul porteur de l’intention du film, de revendiquer même le caractère unique de cette vision. C’est là que sont ancrés la motivation, l’enthousiasme, la pugnacité, la combativité, et donc personnellement je le ressens comme une force, comme une vraie source d’énergie. »